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REPÈRES BIOGRAPHIQUES
1808
Naissance de Gérard Labrunie le 22 mai, 96 rue Saint-Martin. Il est baptisé le lendemain à Saint-Merri. Sa marraine est sa grand-mère Laurent, son parrain son grand-oncle Gérard Dublanc, dont la pharmacie est au 98 de la même rue. Sa mère, Marie-Antoinette Marguerite Laurent, est la fille aînée de Marguerite Victoire Boucher et de Pierre Charles Laurent, lingers rue Coquillière. Son père, Étienne Labrunie, né à Agen, est médecin. Quinze jours après la naissance de son fils, il reçoit sa nomination de médecin militaire pour laquelle il avait postulé le 8 janvier. Il part rejoindre l’Armée du Rhin en juin. On a dit à Gérard, et il le répétera, que sa mère avait accompagné son mari en Allemagne. L’enfant a dû être mis en nourrice en Valois, près de Mortefontaine, dont sa famille maternelle est originaire.
Le chevet de l'église Saint-Merri où Nerval fut baptisé, et le château de Mortefontaine tel qu'il la connu
1810
Étienne Labrunie a rejoint en avril l’Armée d’Allemagne. En juin, il prend la direction de l’hôpital militaire de Glogau, en Silésie. C’est là, dit-on, que meurt Mme Labrunie, le 29 novembre, mais aucune preuve de ce décès en Silésie n’a été apportée. Gérard est pris en charge par sa famille de Mortefontaine et vit chez son grand-oncle Antoine Boucher, dont la maison jouxte le domaine de Mortefontaine, acquis en 1798 par Joseph Bonaparte.
1812
Le 10 décembre, durant la campagne de Russie, Étienne Labrunie est blessé à Vilnius, après le passage de la Bérésina, et fait prisonnier. Toutefois, un avis du ministère de la guerre informe sa famille qu’il a été fait prisonnier aux environs de Smolensk, en Russie.
1814
Première abdication de Napoléon, licenciement de la Grande Armée en juin. Retour en France du Dr Labrunie en août.
1815
Gérard enfant assiste à la cérémonie du Champ de Mai à Paris le 1er juin, et se souvient encore en 1854 du spectacle qui a frappé son imagination: « Je vis ce spectacle sublime dans la loge des généraux. On distribuait aux régiments des étendards, des aigles d’or (…) Un soir, je vis se dérouler, sur la plus grande place de la ville, une immense décoration qui représentait un vaisseau en mer. La nef se mouvait sur une onde agitée et semblait voguer vers une tour qui marquait le rivage. Une rafale violente détruisit l’effet de cette représentation. » (Promenades et Souvenirs, chapitre V, qui devait primitivement s’intituler "Le Champ de Mai".)
Après les Cent-Jours, le domaine et le village de Mortefontaine sont pillés et dévastés par les Russes et les Prussiens. Rendu à la vie civile, Étienne Labrunie reprend avec lui son fils et se réinstalle à Paris comme médecin, probablement gynécologue, 96, puis, à partir de 1822, 72 rue Saint-Martin
1820
En mai, décès d’Antoine Boucher et de son épouse Jeanne Robquin à Mortefontaine
1822
En octobre, première inscription de Gérard au collège Charlemagne. Les registres de notes du collège montrent qu’il est en 4e cette année-là. Il aura pour condisciple Auguste Maquet (futur Augustus Mac Keat, ami du petit Cénacle), Alexandre Pierre Duponchel, à qui sont dédiées deux Épîtres que Gérard a composées en 1824, et surtout Théophile Gautier, de trois ans son cadet.
Le Collège Charlemagne tel que l'a connu Nerval
1824
Gérard est en seconde. Il fait figure de poète prodige parmi les élèves de Charlemagne et de l’atelier de dessin du peintre Muller, en lisant les compositions dont il a déjà noirci deux cahiers. Premières inquiétudes du Dr Labrunie sur l’avenir de son fils qu’il a inscrit à la pension Barbette, mentionnée dans l’Almanach du Commerce à partir de l’année 1822, avec cette précision: « école spéciale de mathématiques pour le génie, le commerce et la marine ». Autant dire que les projets d’avenir du père et du fils diffèrent déjà radicalement.
1824, premiers manuscrits de poésies, dessins à la plume de la main de Nerval
1826
Tout en suivant de façon intermittente les cours du collège Charlemagne, qu’il quittera en avril, Gérard devient auteur. En février, paraît chez Ladvocat son premier recueil poétique: Napoléon et la France guerrière. Élégies nationales. En mai, c’est chez Touquet qu’il publie deux petits drames satiriques sous le pseudonyme de Beuglant, poète ami de Cadet Roussel, Monsieur Dentscourt ou le Cuisinier d’un grand homme, et Les Hauts faits des Jésuites. Affirmation sans ambiguïté, sous un tel pseudonyme, et chez un tel libraire, de convictions anticléricales et antigouvernementales, dans la droite ligne des satires multipliées alors par l’opposition libérale contre le ministère Villèle par Méry et Barthélemy. En décembre, Touquet publie une autre satire, signée cette fois Gérard, dirigée contre la vieille Académie, L’Académie ou les membres introuvables.
1826, premières publications chez Ladvocat et Touquet
1827
Gérard compose un début de pièce de théâtre imitée du dramaturge espagnol Moratin, Le Nouveau genre ou le Café d’un théâtre, dans laquelle il affirme, comme dans ses Épîtres à l’ami Duponchel, son goût classique en matière littéraire, et son aversion pour la vulgarité du « nouveau genre » (entendons le romantisme). L’ébauche, donnée à son ami Papion de Château, en restera là, de même qu’un autre essai dramatique intitulé Erreur de nom, également offert à Papion du Château.
Dans le même temps, Gérard découvre la littérature allemande, d’abord à travers le personnage de Faust. Il publie en novembre chez Dondey-Dupré la traduction du premier Faust de Goethe: Faust, tragédie de Goethe, nouvelle traduction en prose et en vers, par Gérard. L’ouvrage connaît un grand retentissement. Delacroix en fait une série de lithographies, et Berlioz utilise la traduction de Gérard pour ses Huit scènes de Faust dès 1828, puis pour la Damnation de Faust en 1846.
Édition de Faust et manuscrit autographe d'un Faust demeuré inachevé
1828
En août, décès de Marguerite Victoire Boucher, la grand-mère maternelle de Gérard, qui va éprouver par elle les « intermittences du cœur » en écrivant trois ans plus tard l’odelette Voici trois ans qu’est morte ma grand-mère… Il héritera d’elle pour moitié la terre du Clos Nerval à Mortefontaine, dont il prendra le nom comme pseudonyme définitif en 1836, après avoir signé ses publications sous d’autres pseudonymes, ou sous son simple prénom Gérard.
1829
Par le biais des romantiques anglais (Walter Scott et Byron,) et allemands (Goethe, Bürger, Richter, dont il multiplie les traductions, adaptations ou imitations), Gérard se rallie au romantisme français et entre dans la cohorte des satellites de Victor Hugo. Il adapte Han d’Islande pour le théâtre, adaptation demeuré manuscrite et jamais jouée, mais le premier pas est fait, Gérard est introduit chez le maître. En août, il est reçu au baccalauréat.
Page de titre autographe de l'adaptation de Han d'Islande par Nerval et bataille d'Hernani
1830
En février, Gérard publie un premier volume de Poésies allemandes dans la collection de la Bibliothèque choisie de Laurentie. Le deuxième, prévu, ne verra pas le jour pour cause de révolution sans doute. Gérard participe activement le 25 février à la bataille d’Hernani, et en juillet, aux Trois Glorieuses (Le Peuple et Les Doctrinaires, odes à la gloire des insurgés de juillet). Il a découvert également les ressources prosodiques de la poésie de la Renaissance et publie un Choix de Poésies de Ronsard, du Bellay, Baïf, Belleau, Dubartas (sic), Chassignet, Desportes, Régnier en octobre, dans la même collection que les Poésies allemandes.
1830, publication des Poésies allemandes et du Choix de Poésies de Ronsard chez Laurentie. Plaquette du Peuple
1831
Gérard, bien que rallié à Victor Hugo, ne semble pas avoir fréquenté son cénacle. Il crée en revanche autour du sculpteur Jehan Duseigneur, qui ouvre son atelier de la rue de Vaugirard aux réunions, un « petit » cénacle, dont Gautier a retracé l’image dans son Histoire du romantisme. C’est l’époque des « excentriques », Auguste Mac Keat (Auguste Maquet), Philothée O’Neddy (Théophile Dondey-Dupré), Joseph Bouchardy, Petrus Borel, et des Contes du Bousingo. Gérard se passionne pour le théâtre. Plusieurs pièces, si l’on en croit Gautier, sont proposées à la lecture ou reçues, mais non jouées à l’Odéon ou à la Comédie-Française: Lara, sujet tiré de Byron, La Dame de Carouges, en collaboration avec Gautier, Laforêt, qui mettait en scène Molière et sa servante, Tartufe chez Molière, Le Prince des sots, « une imitation des plus spirituelles et des mieux réussies des grandes Dyableries du Moyen Age », dit Gautier, dont Asselineau recherchera vainement le manuscrit. De tout cela, il ne reste rien aujourd’hui, que quelques scènes de Nicolas Flamel, publiées en juin-juillet dans le Mercure de France. Gérard fait un court séjour à la prison de Sainte-Pélagie, sans doute en novembre, pour tapage nocturne, dit-on, plus vraisemblablement pour raison politique, séjour qui inspirera l’odelette Cour de prison publiée en décembre dans Le Cabinet de lecture.
Portrait de Gérard Labrunie par Jehan Du Seigneur, février 1831
1832
En février, nouvel emprisonnement à Sainte-Pélagie dont on ignore la cause. En septembre, publication de La Main de gloire, histoire macaronique, contribution de Gérard aux Contes du Bousingo du petit Cénacle, qui sera repris en décembre 1852 dans le recueil Contes et Facéties. Gérard a quitté l’appartement paternel et s’est installé impasse du Doyenné, dans la cour du Carrousel, près du Louvre (emplacement de l’actuel Pavillon Mollien), avec Camille Rogier qui y a loué un appartement somptueux mais promis à la démolition. Arsène Houssaye se joint à eux, Gautier s’est installé à deux pas, 3 rue du Doyenné. C’est le temps béni de la bohème et des Cydalises, que Nerval évoquera avec nostalgie dans le feuilleton de La Bohême galante publié dans L’Artiste en 1852.
Le Doyenné, à l'emplacement de l'actuel Pavillon Mollien du Louvre er la "Cydalise", aimée de Rogier et Gautier: "Où sont nos Cydalises? Elles sont au tombeau..."
1834
En janvier, décès de Pierre Charles Laurent, grand-père paternel de Gérard, qui hérite d’une somme de 30 000 francs environ, et entre en possession pour moitié avec son cousin de la terre du Clos Nerval à Mortefontaine.
Gérard, qui a fait la connaissance d’Alexandre Dumas, sans doute dès 1830, au moment de la bataille d’Hernani, forme le projet d’un drame lyrique en commun, une Reine de Saba dont Meyerbeer ferait la musique. Le projet n’aboutit pas. La Reine de Saba deviendra un chapitre du Voyage en Orient, « Les Nuits du Ramazan ».
Gérard profite de sa fortune toute neuve pour entreprendre un voyage dans le sud de la France et en Italie, Gênes, Livourne, Florence, Rome, Civita-Cecchia, Naples, Pompéi, Herculanum, le Vésuve. Impressions dont la trace demeurera, de plus en plus fantasmatique, dans le sonnet de 1841 A J-Y Colonna, puis dans Un Roman à faire et Octavie. Au retour, Gérard passe par Agen, ville natale de son père.
La baie de Naples et le Pausilippe, par G. Gigante
1835
Gérard fonde avec Anatole Bouchardy, le frère de l’ami du petit Cénacle, une luxueuse revue consacrée au théâtre, Le Monde dramatique, qui le ruine en un peu moins d’un an et le laisse durablement endetté.
Il est tombé amoureux de Jenny Colon, actrice et chanteuse du Théâtre des Variétés: « Il se plaisait à disposer sa vie comme un drame; il proposait les aventures, arrangeait les situations, se passionnait pour l’héroïne, déployait beaucoup de ressources et d’éloquence, et au dénouement, il s’esquivait, soit timidité, soit lassitude ou crainte vague de voir son désir accompli. Sans posséder l’objet aimé, il avait obtenu ce qu’il charchait, l’émotion, l’enthousiasme, le déplacement du but de l’existence, et surtout un motif de rêverie amoureuse » écrit Gautier (Histoire du romantisme). Amour de tête passionné, auquel le temps et la folie donneront la dimension d’un mythe.
Le Monde dramatique, frontispice de Célestin Nanteuil, et Jenny Colon dans le rôle de Sarah-la- Folle
1836
La signature « Gérard de Nerval » apparaît confidentiellement en mars sur l’exemplaire-prospectus du journal Le Carrousel, censé renflouer Le Monde dramatique qui sera déclaré en faillite en juin.
Juillet à septembre, voyage en Belgique avec Gautier, pendant lequel Gérard est atteint pour la première fois avérée de « fièvre ».
Le Carrousel, exemplaire prospectus portant pour la première fois la signature Gérard de Nerval
1837
Octobre, première représentation de Piquillo à l’Opéra-Comique, livret de Nerval en collaboration avec Dumas, musique de Monpou. Jenny Colon tient le rôle principal de Silvia.
1838
Septembre-octobre, voyage en Allemagne. Nerval séjourne à Strasbourg et à Baden, puis rejoint Dumas à Francfort. Il s’agit de se documenter sur un projet de drame, Léo Burckart, à écrire en collaboration. Nerval publie dès octobre ses impressions de voyage en plusieurs articles publiés dans Le Messager, qui seront plusieurs fois remaniés avant d’être publiés en volume dans Lorely. Souvenirs d’Allemagne en 1852.
En novembre, il remet le manuscrit de Léo Burckart à la censure
1838, lettre envoyée par Nerval à Dumas, de Baden, et exemplaire de Léo Burckart remis à la censure
1839
Après de multiples démêlés avec la censure, en avril a lieu la première représentation de Léo Burckart au théâtre de la Porte-Saint-Martin sous le seul nom de Nerval, tandis que le Théâtre de la Renaissance donne, sous le seul nom de Dumas, L’Alchimiste, auquel Nerval a largement collaboré.
En juin, Le Messager publie Le Fort de Bitche. Souvenir de la Révolution française, sans signature. La nouvelle sera reprise dans Les Filles du feu sous le titre Émilie en 1854.
En août, La Presse publie une courte pièce, Les Deux rendez-vous, intermède, signée Gérard, qui sera reprise dans la Revue pittoresque en 1844, puis dans Petits Châteaux de Bohême en 1853 sous le titre Corilla, et enfin sous ce même titre dans Les Filles du feu en 1854.
En septembre, La Presse publie Biographie singulière de Raoul Spifame, seigneur des Granges, signé Aloysius, nouvelle qui sera reprise en 1844 dans le Magasin pittoresque sous le titre Le Meilleur des rois, puis en volume dans Les Illuminés sous le titre Le Roi de Bicêtre en 1852.
Fin octobre, Nerval part en mission semi-officielle pour Vienne où il séjourne jusqu’en mars 1840, visite Schönbrunn et fréquente l’Ambassade de France où il rencontre Marie Pleyel. Sur son voyage et sur l’hiver passé à Vienne, Nerval publie dès 1840 plusieurs Lettres de voyage dans La Presse et une Lettre sur Vienne dans L’Artiste.
1840
De janvier à juillet, publication de plusieurs articles d’impressions des voyages en Allemagne et en Autriche dans La Presse qui, remaniés, prendront place dans le feuilleton Al-Kahira. Souvenirs d’Orient publié dans La Silhouette à partir de janvier 1849, puis dans l’Introduction du Voyage en Orient en 1851.
Juillet, publication du Faust de Goethe, suivi du Second Faust, chez Gosselin.
Octobre à décembre, voyage en Belgique, Anvers, Liège, Bruxelles, où l’on donne le 15 décembre la première de Piquillo au Théâtre de la Monnaie. Nerval y revoit Jenny Colon, qui tient le rôle de Silvia, et Marie Pleyel, mais aussi Louise d’Orléans, fille de Louis-Philippe, qui a épousé le roi Léopold 1er de Belgique en 1832.
1841
Janvier, retour à Paris
Février-mars, crise nerveuse aiguë qui nécessite un internement rue de Picpus, chez Mme Sainte-Colombe, puis à Montmartre chez le docteur Esprit Blanche jusqu’en novembre. Nerval compose là six sonnets adressés à « Muffe » et sa Généalogie dite fantastique. Le 1er mars, Jules Janin consacre sa chronique du lundi au Journal des Débats à « l’épitaphe » de l’esprit de Nerval. Le 7 mars, la Revue de Paris publie Les Amours de Vienne.
Feuillet de la Généalogie dite fantastique et feuillet de six sonnets adressés à Muffe
1842
Décès de Jenny Colon en juin. Nerval publie Rêverie de Charles VI dans La Sylphide: « … Et viens à moi, mon fils, et n’attends pas la NUIT! »
Le 22 décembre, Nerval part pour l’Orient, laissant à la rédaction de La Sylphide deux nouvelles, Un Roman à faire, qui paraît en décembre, sans nom d’auteur, et Jemmy O’Dougherty, qui paraîtra en mars 1843, signée Gérard de Nerval, et sera reprise dans Les Fille du feu en janvier 1854.
1843
Nerval s’embarque à Marseille à bord du Mentor le 1er janvier, en compagnie de Joseph de Fonfrède. Il fait escale à Malte, Cythère et Syra. Il est à Alexandrie le 16, puis séjourne au Caire, où il tient un carnet de notes de début février jusqu’à début mai. Il poursuit son voyage vers Damiette et les côtes de Syrie sur la Santa-Barbara jusqu’à Beyrouth. Il arrive à Constantinople en juillet, retrouve Camille Rogier et y attend la fin du ramadan. En octobre, il assiste aux fêtes du Baïram. Il se rembarque pour Malte et arrive fin novembre à Naples, où il voit la Judith d’Artemisia Gentileschi (qui passe alors pour un Caravage), revisite Pompéi et Herculanum, et débarque enfin à Marseille le 23 décembre.
Premier feuillet du Carnet du Caire, sur lequel Nerval a dessiné un plan muet du Caire
1844
Retour à Paris en janvier. Dès février commence à paraître en articles le récit de la partie grecque du voyage en Orient dans L’Artiste, le journal de son ami Arsène Houssaye, avec qui Nerval fait en septembre un voyage en Belgique et en Hollande.
Publication en mars dans L’Artiste du Roman tragique, ébauche de roman dont le héros est Brisacier, qui sera repris dans la Préface des Filles du feu en 1854. Nerval donne également à L’Artiste les cinq sonnets du Christ aux oliviers.
1845
Mars, publication de Pensée antique (qui prendra le titre Vers dorés dans Les Chimères) dans L’Artiste.
Avril, Nerval donne en préface à l’édition du Diable amoureux, roman fantastique, par J. Cazotte, une étude sur Cazotte qu’il reprendra en volume dans Les Illuminés en 1852.
Novembre, publication du Temple d’Isis. Souvenir de Pompéi, dans La Phalange, repris sous le titre Isis dans Les Filles du feu en 1854.
Décembre, publication de Vers dorés, sonnet (qui prendra le titre Delfica dans Les Chimères), dans L’Artiste.
1846
De mars à juillet, refonte de la matière allemande sous le titre générique hoffmannien Sensations d’un voyageur entousiaste.
De mai à septembre, la Revue des Deux Mondes publie en articles le récit de la partie égyptienne du voyage en Orient sous le titre Les Femmes du Caire. Scènes de la vie égyptienne.
En juillet, voyage en Angleterre et en Flandre, sur lequel Nerval publie cinq articles sous le titre générique de Un Tour dans le Nord dans L’Artiste-Revue de Paris.
1847
De février à octobre, la Revue des Deux Mondes publie le récit de la partie syrienne et libanaise du voyage en Orient sous les titres Les Maronites, Les Druses, Les Akkals.
1848
En février, publication en volume de Scènes de la vie orientale. Les Femmes du Caire, chez Sartorius, qui imprime aussi le second volume Scènes de la vie orientale. Les Femmes du Liban, sans pouvoir le publier, du fait de la Révolution.
En juillet, publication en deux articles des Poésies de Henri Heine dans la Revue des Deux Mondes.
1848, publication des Scènes de la vie orientale et des poésies de Henri Heine, sur fond d'émeutes révolutionnaires
1849
En janvier, et jusqu’en janvier 1850, La Silhouette entreprend la publication en feuilleton de Al-Kahira. Souvenirs d’Orient, refonte à la fois de la matière allemande en Introduction et de la matière orientale.
À partir de mars, et jusqu’en mai, publication en feuilleton du roman inachevé Le Marquis de Fayolle dans Le Temps.
En octobre, Nerval publie dans Le Diable rouge, Almanach cabalistique pour 1850 la biographie de Cagliostro qui sera reprise en 1852 dans Les Illuminés.
Publication de l'étude sur Cagliostro dans Le Diable rouge
1850
De mars à mai, Le National publie en feuilleton Les Nuits du Ramazan, reprise sous forme de récit du projet de la Reine de Saba de 1835.
En mai, première à l’Odéon du Chariot d’enfant, drame inspiré de la littérature indienne, composé en collaboration avec Joseph Méry, et dont le demi-échec affecte beaucoup Nerval.
En août et septembre, voyage en Allemagne pour les fêtes de Weimar. en l’honneur de Goethe et Herder. Nerval est malade durant ce voyage. La Revue des Deux Mondes publie Les Confidences de Nicolas, biographie de Restif de la Bretonne, reprise en 1852 dans Les Illuminés.
Mort de Balzac en août et de Louise d’Orléans, reine des Belges, en octobre.
D’octobre à décembre, publication du feuilleton des Faux Saulniers dans Le National. Retours fréquents de Nerval dans le Valois de son enfance, dont les Faux Saulniers, et bientôt La Bohême galante, Sylvie, Les Nuits d’octobre, Promenades et Souvenirs et Aurélia porteront la trace.
Démolition de la place du Carrousel. Nerval évoque son expulsion de la rue Saint-Thomas-du-Louvre dans Les Faux Saulniers
1851
En juin, édition en deux volumes du Voyage en Orient, chez Charpentier
En novembre, la Revue de Paris publie Les Païens de la République, Quintus Aucler, étude reprise l’année suivante dans Les Illuminés.
En décembre, première au Théâtre de la Porte-Saint-Martin de L’Imagier de Harlem. La pièce est retirée de l’affiche au bout de 27 représentations : « Gérard lut et porta les deux mains à son front comme pour retenir la raison qui lui échappait. Puis un éclat de rire nerveux contracta son visage, mais les yeux gardaient une tristesse sombre et se mouillèrent de pleurs » (Joseph Méry, Les Uns et les autres).
Le théâtre de la Porte-Saint-Martin où furent joués Léo Burckart en 1839 et L'Imagier de Harlem en 1851
1852
23 janvier, Nerval est interné à la maison de santé Dubois, rue du Faubourg-Saint-Denis jusqu’au 15 février.
En mai, voyage en Belgique et en Hollande. Publication en volume des Illuminés, chez Lecou.
En juin, publication en volume chez Giraud de Lorely. Souvenirs d’Allemagne, avec une préface à Jules Janin rappelant l’article assassin de mars 1841 dans le Journal des Débats.
Frontispice de Lorely. Souvenirs d'Allemagne
Juillet, début de la publication de La Bohême galante en feuilleton dans L’Artiste, jusqu’en décembre, à la demande d’Arsène Houssaye.
Excursions dans les environs de Paris et en Valois avec Georges Bell durant l’été et l’automne : « Sa pensée allait sans cesse chercher dans les années antérieures des bonheurs évanouis. Il vivait comme dans un rêve perpétuel, au milieu de fantômes et de chimères qui lui plaisaient d’autant plus qu’ils revêtaient des formes plus idéales. J’étais devenu son confident (…) J’entrepris de le guérir, et, comme la belle saison était revenue, nous nous mîmes à faire de longues promenades, qui parfois duraient plusieurs jours, dans les environs de Paris. » (G. Bell, Études contemporaines. Gérard de Nerval).
D’octobre à novembre, L’Illustration publie Les Nuits d’octobre en cinq livraisons.
Décembre, publication de Contes et Facéties en volume chez Giraud.
1853
Janvier, publication de Petits Châteaux de Bohême, chez Didier
En février-mars, nouvel internement à la maison de santé Dubois. Le 15 août, la Revue des Deux Mondes publie Sylvie. Souvenirs du Valois.
Internement le 25 août à l’hôpital de la Charité, puis le 27 chez le docteur Émile Blanche, fils d’Esprit Blanche, à Passy. En octobre, on y installe le mobilier de Nerval. En novembre, toujours à Passy, il écrit à l’encre rouge Pandora, El Desdichado, Artémis.
Le docteur Émile Blanche. Manuscrit à l'encre rouge de El Desdichado et Le Ballet des heures (Artémis)
Le 30 novembre, Dumas publie dans son journal Le Mousquetaire le début du récit de Pandora, conçu par Nerval comme la suite des Amours de Vienne de 1841. Dumas omet de publier le raccord entre les deux textes demandé par Nerval, rendant Pandora incompréhensible pour le lecteur. Nerval s’en plaint vainement à Dumas. Le 10 décembre, Dumas récidive en publiant une Causerie avec mes lecteurs sur la « folie » de Nerval incluant El Desdichado, puis le 17, la nouvelle Octavie, qui sera reprise un mois plus tard, ainsi que l’ensemble des Chimères, dans le volume des Filles du feu.
1854
Janvier, publication en volume des Filles du feu, suivies des Chimères, avec une préface en forme de lettre adressée à Dumas, chez Giraud.
27 mai, sortie de la maison de santé du Dr Blanche.
Juin-juillet, voyage en Allemagne.
Début août, Nerval est de nouveau interné à Passy et n’en sortira en octobre que sur l’intervention de la Société des Gens de Lettres et de sa tante Jeanne Lamaure qui accepte de l’héberger.
30 décembre, première livraison de Promenades et Souvenirs dans L’Illustration.
Daguerréotype d'Adolphe Legros, page frontispice de la biographie de Nerval par Mirecourt annoté par Nerval, portaits de Nerval par les frères Tournachon
1855
1er janvier, publication de la première partie d’Aurélia ou Le Rêve et la Vie dans la Revue de Paris.
6 janvier, publication de la deuxième partie de Promenades et Souvenirs dans L’Illustration.
Au petit matin du 26 janvier, Nerval est retrouvé pendu rue de la Vieille-Lanterne à Paris : « Libre comme l’hirondelle, le pauvre Nerval sentait sourdement qu’il ne pourrait bientôt plus l’être. Il faut la jeunesse en sa vigueur première à l’existence du bohème. Vieilli avant l’âge, vieux de corps, (…), G. de N. pressentait d’instinct que ce corps allait devenir un boulet, ce cerveau une prison » (Rioux de Maillou, Souvenirs des autres)
Hiver 1854-1855 à Paris, le quai du Louvre sous la neige
La rue de la Vieille-Lanterne, dessin de Jules de Goncourt au lendemain de la mort de Nerval
30 janvier, cérémonie funèbre à Notre-Dame de Paris, aux frais de la Société des Gens de Lettres.
3 février, publication posthume de la troisième livraison de Promenades et Souvenirs dans L’Illustration.
15 février, publication posthume de la seconde partie d’Aurélia ou Le Rêve et la Vie dans la Revue de Paris.
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