28 décembre 1845 — Vers dorés, dans L’Artiste-Revue de Paris, 4e série, t. V, p. 139.

Le sonnet sera repris sous le titre : Daphné dans Petits châteaux de Bohême, Troisième Château, Mysticisme, et : Delfica dans Les Chimères.

Comme un écho sonore à L’Illusion et au Temple d’Isis qu’il vient de publier, Nerval nourrit le sonnet Vers dorés (autrement dit sacrés) de souvenirs personnels secrets liés aux voyages en Italie de 1834 et de 1843, étroitement liés aux mythes de l’Antiquité et à la méditation sur le thème pythagoricien de l’éternel retour.

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VERS DORÉS.

 

Ultima Cumaei venit jam carminis aetas.

 

La connais-tu, Daphné, cette ancienne romance,
Au pied du sycomore ou sous les lauriers blancs,
Sous les myrtes en fleur ou les saules tremblans,
Cette chanson d’amour qui toujours recommence ?
 
Reconnais-tu le temple au péristyle immense,
Et les citrons amers où s’imprimaient tes dents,
Et la grotte fatale aux hôtes imprudens,
Où du dragon vaincu dort l’antique semence ?...
 
Ils reviendront ces Dieux que tu pleures toujours :
Le Temps va ramener l’ordre des anciens jours ;
La terre a tressailli d’un souffle prophétique !
 
Cependant la Sibylle au visage latin
Est endormie encor sous l’arc de Constantin
Et rien n’a dérangé le sévère portique.

 

Tivoli, 1843.

 

GÉRARD DE NERVAL.

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