item2
item1a1

LE SCÉNARIO DE SYLVIE, Lovenjoul D 741, fol. 102 et 120

 

Le texte de Sylvie que publie la Revue des Deux Mondes le 15 août 1853 est si fluide et lumineux qu’il semble couler de source sous la plume du poète. Il n’en est rien. Nerval avait d’abord imaginé pour sa nouvelle un scénario romanesque, dont on peut déchiffrer la trame sur deux feuillets de notes conservés dans le fonds Lovenjoul (D 741, fol. 102 et 120) de la Bibliothèque de l’Institut. Ce projet romanesque, inspiré du modèle littéraire du Paysan perverti (ou de La Paysanne pervertie) de Restif de La Bretonne, croise celui, demeuré inachevé, de son propre Roman tragique. Ces références sont explicitement indiquées au fol. 120. L’étude de Nerval sur Restif de La Bretonne intitulée Les Confidences de Nicolas, avait été publiée en trois livraisons, les 15 et 30 août et 1er septembre 1850, dans la Revue des Deux Mondes. Le Paysan perverti y est mentionné dans la 3e livraison, dans un chapitre intitulé « Les romans philosophiques de Restif ». Quant au scénario du Roman tragique, publié en mars 1844 dans L’Artiste, et dont le titre se réfère au Roman comique de Scarron, il met en scène une troupe de théâtre ambulant, dont le héros est Brisacier, « brillant comédien naguère, le prince ignoré, l’amant mystérieux, le déshérité, le banni de liesse, le beau ténébreux », rendu fou par l’amour qu’il porte à la jeune étoile de la troupe, Aurélie. Ce scénario inspire visiblement le chapitre XIII de Sylvie, où le narrateur convainc la troupe dans laquelle joue sa bien-aimée, l’actrice Aurélie, de faire une tournée en Valois.

Ce scénario romanesque, finalement en grande partie abandonné, fait affleurer, nouvel avatar de la névrose identitaire, le fantasme d’un Valois réapproprié, où celui qui dit je, devenu riche et puissant, rebâtit le royaume perdu. Nerval l’a-t-il mis en œuvre ? Une lettre inédite à Francis Wey, que l’on peut dater de mai 1851, inciterait à le penser : « [...] J’ai à peu près fini la nouvelle qui me préoccupait tant. Je voudrais bien te montrer la fin. » Il n’est pas impossible que cette nouvelle, objet de tant de préoccupation, soit la mise en œuvre du scénario des feuillets 102 et 120, dont l’aspect présente des analogies paléographiques évidentes avec les feuillets 115-119 et surtout 121 se rapportant à la rédaction de la préface des Illuminés, elle-même en étroit rapport avec Mortefontaine et le Valois en la personne du grand-oncle Antoine Boucher désigné ici sur le fol. 120 comme : « l’oncle maire », ce qui est rigoureusement exact, Antoine Boucher ayant été élu maire de Mortefontaine aux premières élections communales de 1792

 

Voir les notices AUX ORIGINES, L’ASCENDANCE MATERNELLE et RETOURS EN VALOIS, SYLVIE

Voir MANUSCRITS AUTOGRAPHES, Lovenjoul D 741, fol. 115-119 et 121

______

Sur le fol. 102 on peut déchiffrer :
 
Je viens revoir Sylvie
[rajouté à droite] : ces habits honnêtes
servent à
un déguisement
elle est entretenue par N
Les fêtes se prolongent. Je vais
chercher l’actrice
Elle est reçue par le prin[ce]
et la maîtresse du
pr[ince]
Je retrouve les blasons
Je me présente
Je fais rebâtir un pavillon
J’étourdis le village
J’excite l’admir[ation] et le
dépit de Sylvie
maison fatale
m’échoi[t]
Je revois Sylvie près du bal
elle est en deuil
Moi je suis un monsieur
nous nous embrass[ons]
en pleurant
La maison est détruite
mes ayeux  se sont
 
D741120copie1
D741120copie
Sur le fol. 120 :
 
Pays.[an(ne)] perv.[erti(e)]
oncle tableaux
 
[à droite de des quatre lignessuivantes:]  
tems des allers
oncle
 
Je reviens
Je suis un M[onsieu]r
Lettres de notaire
oncle de Paris 
 
Dem[oiselle] du couvent
Je reviens Je ren
contre une ganti[ère]
 
[en marge à droite de ces trois lignes et en plus gros:]
Rappeler le R[oman]
tragique
 
études
Je revois la même
ce sont 2 sœurs 
un baiser
Le vieux condé
serai-je pour l'époux [ à côté : (?) l'act[rice]
m'a ep[ousé] le (?) jour
pend[ant] ce t[ems] Sylvie
meurt (?)
Je viens refaire un
heritage Rebatir
le donjon
l’oncle maire
paysans : me dit
chansons du pays
Sylvain
je ou je revois
la belle
Sylvie
dernière ligne illisible]