18 juillet 1840 — Faust de Goëthe, suivi du second Faust. Choix de ballades et poésies de Goëthe, Schiller, Burger, Klopstock, Schubart, Kœrner, Uhland, etc. Traduits par Gérard, Paris, Charles Gosselin, 9 rue St-Germain-des-Prés, 1840.

Tandis que Méphistophélès poursuit ses tours de charlatan devant la cour de l'empereur (tableau résumé par Nerval), Faust, dans le vide, assiste à une «fantasmagorie » où lui apparaissent Pâris et Hélène enlacés. Fou de désir, Faust est récupéré in extremis par Méphistophélès qui le ramène dans son cabinet d'étude, où Vagner, son disciple est en train de donner naissance à Homonculus, «bébé éprouvette » né de la science. Désormais le réel ne se dissocie plus de la fantasmagorie, et à Chiron, Faust déclare son besoin irrépressible de retrouver Hélène qu'il a entraperçue (séquences résumées par Nerval). Désormais la temporalité de l'Hélène antique et celles de Faust vont se mêler..

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UNE SALLE DU PALAIS.

Faust a disparu dans l’abîme du vide. Méphistophélès, qui vient de lui donner les moyens d’accomplir courageusement son épreuve, retourne près de l’empereur qui, dans une salle richement éclairée, attend le résultat de cette fantasmagorie. Le chambellan exprime à Méphistophélès l’impatience du souverain. Réduit à un rôle secondaire, le Diable semble ici chargé d’amuser le tapis en attendant le retour de l’illustre magicien. On l’accable de questions, de prières ; on lui demande des secrets de physique, de médecine, et même de toilette. Une jeune blonde se plaint des rougeurs qui tachent sa blanche peau dans la saison d’été. Méphistophélès lui donne la recette d’un onguent de frai de grenouilles et de langues de crapauds. Une brune expose piteusement son pied frappé de rhumatisme, qui ne peut ni danser ni courir. Le Diable applique seulement son pied fourchu sur le pied de cette belle, qui s’enfuit en criant, mais guérie. Bientôt ne sachant plus auquel entendre, le Diable se dérobe à cette cohue.

Dans la salle des chevaliers, l’empereur assis continue d’attendre ; le héraut exprime les vœux de l’assemblée, préparée aux plus étranges apparitions. L’astrologue, qui jusque-là a toujours sondé l’espace de son œil et de sa pensée, annonce enfin ce qu’aperçoit sa clairvoyance surnaturelle.

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DANS LE VIDE.

 

FAUST, d’un ton solennel.

J’invoque votre nom, ô Mères qui régnez dans l’espace sans bornes, éternellement solitaires, sociables pourtant, la tête environnée des images de la vie active, mais sans vie. Ce qui a une fois été se meut là-bas dans son apparence et dans son éclat, car toute chose créée se dérobe tant qu’elle peut au néant ; et vous, forces toutes puissantes, vous savez répartir toutes choses pour la tente des jours ou la voûte des nuits. Les unes sont emportées dans le cours heureux de la vie ; l’enchanteur hardi s’empare des autres, et se confiant dans son art, il prodigue noblement les miracles à la foule émerveillée.

L’ASTROLOGUE, sur le théâtre.

La clef ardente touche à peine le vase du trépied, qu’une vapeur épaisse s’en exhale et remplit l’espace. Elle roule, partage, dissipe et ramasse tour à tour les flocons nébuleux. Et maintenant, écoutez le sublime chœur des esprits ; leur marche répand l’harmonie autour d’eux, et quelque chose d’inexprimable s’exhale de ces son aériens. Les sons qui s’éloignent se déroulent en mélodies ; la colonnade et le triglyphe résonnent, et il semble que le temple chante tout entier. la vapeur s’affaisse ; du sein de ses plus légers nuages, s’avance un beau jeune homme dont les mouvemens sont réglés par l’harmonie. Ici s’arrête ma tâche, et je n’ai nul besoin de le nommer. Qui ne reconnaîtrait le gracieux Pâris ?

UNE DAME.

Oh ! quel éclat de forte et brillante jeunesse !

UNE AUTRE.

Frais et plein de sève comme une pêche nouvelle.

UNE AUTRE.

J’admire le doux contour de ses lèvres finement coupées.

UNE AUTRE.

C’est une coupe où tu t’abreuverais volontiers.

UNE AUTRE.

Il est charmant, mais il a peu d’élégance.

UNE AUTRE.

Ses membres n’ont pas toute la souplesse qu’il faut.

UN CHEVALIER.

C’est le pâtre qui se trahit dans toute sa personne. Rien de la dignité du prince ni des manières de la cour.

UN AUTRE.

Eh ! c’est un beau jeune homme dans sa demi-nudité ; mais je voudrais bien voir la figure qu’il ferait sous le harnois.

UNE DAME.

Il s’assied à terre mollement, gracieusement.

UN CHEVALIER.

Sur son sein..... vous vous trouveriez bien, n’est-ce pas ?

UNE AUTRE DAME.

Il courbe son bras si gracieusement sur sa tête.

LE CHAMBELLAN.

Un homme sans usage. J’en suis révolté...

UNE DAME.

Vous autres seigneurs, vous trouvez à redire à tout.

LE CHAMBELLAN.

En présence de l’empereur, s’étendre ainsi !

LA DAME.

C’est une pose qu’il prend ; il se croit seul.

LE CHAMBELLAN.

L’acteur même doit ici suivre l’étiquette.

LA DAME.

L’aimable jeune homme est plongé dans un doux sommeil.

LE CHAMBELLAN.

Le voilà qui ronfle à présent ; c’est naturel ! c’est parfait !

UNE JEUNE DAME, ravie.

Quel est ce parfum mêlé d’encens et de rose... qui, en le rafraîchissant, descend jusqu’au fond du cœur ?

UNE AUTRE PLUS VIEILLE.

Il est vrai, un souffle divin répand dans l’air une odeur douce et pénétrante. C’est son haleine !

UNE PLUS VIEILLE.

C’est le sang frais de la croissance..... qui circule comme ambroisie par tout le corps de ce jeune homme et s’exhale dans l’atmosphère autour de lui !

MÉPHISTOPHÉLÈS.

C’est donc elle enfin !... Eh bien ! je ne sens pas mon repos compromis. Elle est parfaite ; mais sa beauté ne me dit rien !

L’ASTROLOGUE.

Pour moi, je n’ai cette fois rien à faire davantage. Je l’avoue en honneur et le reconnais. La beauté vient là en personne ; et quand j’aurais une langue de flamme..... On a beaucoup chanté de tous temps la beauté. Celui à qui elle apparaî se sent saisi, hors de lui-même. Celui à qui elle appartient possède le suprême bien !

FAUST.

Ai-je encore mes yeux ? Il semble qu’à travers mon âme s’épanche à flots la source de la beauté pure ! Ma course de terreur aura-t-elle cette heureuse récompense ? Combien le monde m’était nul et fermé ! Qu’il me semble changé depuis mon sacerdoce ! Le voilà désirable enfin ! solide, durable !... Meure le souffle de mon être si je vais jamais habiter loin de toi ! L’image adorée qui me charmait jadis dans le miroir magique n’était que le reflet vague d’une telle beauté ! — Tu deviens désormais le mobile de toute ma force, l’aliment de ma passion ! A toi désir, amour, adoration, délire !...

MÉPHISTOPHÉLÈS.

Contenez-vous ! Ne sortez pas de votre rôle.

UNE VIEILLE DAME.

Grande, bien taillée. Seulement, la tête trop petite !

UNE PLUS JEUNE.

Regardez donc le pied... comment ferait-il pour être plus lourd ?

UN DIPLOMATE.

J’ai vu des princesses de cette beauté.Des pieds à la tête elle me paraît accomplie !

UN COURTISAN.

Elle s’approche doucement du jeune homme endormi.

UNE DAME.

Qu’elle est laide encore près de cette pure image de la jeunesse !

UN POÈTE.

Il est éclairé de sa beauté.

UNE DAME.

Endynion et la Lune. C’est un vrai tableau.

LE POÈTE.

C’est juste. La déesse semble descendre et se pencher sur lui pour boire son haleine. O sort digne d’envie... Un baiser ! La mesure est pleine.

UNE DUÈGNE.

Quoi ! devant tout le monde ! C’est trop d’extravagance !

FAUST.

Redoutable faveur pour le jeune homme !

MÉPHISTOPHÉLÈS.

Silence ! Laisse l’image accomplir sa volonté.

LE COURTISAN.

Elle s’éloigne en glissant légèrement. Il s’éveille.

UNE DAME.

Elle regarde tout à l’entour. Je l’avais bien pensé.

LE COURTISAN.

Et s’étonne ! C’est un prodige que ce qui lui arrive.

UNE DAME.

Mais pour elle, il n’y a là nul prodige, croyez-moi.

LE COURTISAN.

Elle revient vers lui avec une attitude pleine de pudeur.

UNE DAME.

Je remarque qu’elle semble lui apprendre quelque chose. En pareil cas, les hommes sont bien sots. Il croit vraiment qu’il est le premier...

UN CHEVALIER.

Laissez-moi l’admirer... Délicate avec majesté !

UNE DAME.

L’impudique ! Cela est de la dernière inconvenance.

UN PAGE.

Je voudrais bien me trouver à sa place.

UN COURTISAN.

Qui ne se prendrait en une telle nasse !

UNE DAME.

C’est un bijou qui a passé par toutes les mains ! Aussi la dorure en est bien usée.

UNE AUTRE DAME.

Depuis sa dixième année, elle n’a plus rien valu.

UN CHEVALIER.

Chacun choisit ce qui lui plaît le mieux. Je me contenterais bien de ce beau reste.

UN SAVANT.

Je la vois clairement ici ; cependant j’avoue que je doute si c’est bien là véritablement Hélène, la réalité mène à l’absurde..... Je me tiens avant tout à la lettre des textes. Je lis donc : qu’elle a en effet séduit par sa beauté toutes les barbes grises de Troie. Et, comme il me semble, le fait s’accomplit même ici. Je ne suis pas jeune ; et cependant elle me plaît.

L’ASTROLOGUE.

Ce n’est plus un jeune homme, c’est maintenant un hardi héros, qui la saisit sans lui laisser la force de se défendre ; il la soulève de son bras puissant. Serait-ce qu’il veut l’enlever ?

FAUST, s’élançant.

Fou ! téméraire ! que fais-tu ? Tu ne m’entends pas ! Arrête ! c’est trop !

MÉPHISTOPHÉLÈS.

Cette fantasmagorie est cependant ton ouvrage.

L’ASTROLOGUE.

Un mot seulement. D’après tout ce que j’ai vu, j’appellerais cette scène : L’ENLÈVEMENT D’HÉLÈNE.

FAUST.

Quel enlèvement ? Suis-je pour rien à cette place ? N’ai-je point dans la main cette clef ! elle m’a guidé à travers l’épouvante, et le flot et la vague des espaces solitaires, et m’a ramené sur ce terrain solide. Ici je prends pied ! ici est le domaine du réel, et ici l’Esprit peut lutter avec les esprits, et se promettre l’empire du double univers !... Elle était si loin ; comment la vois-je maintenant si près ? Je la sauve, et elle est doublement à moi. Courage ! ô Mères ! Mères, exaucez-moi ! Celui qui l’a connue ne peut plus se détacher d’elle !

L’ASTROLOGUE.

Que fais-tu ? Faust ! Faust ! — De force il la saisit ; déjà l’image s’est troublée. Il attaque le jeune homme avec la clef ; il le touche. Malheur à nous, malheur !... Hélas ! hélas !

(Explosion. Faust tombe à terre. Les Esprits se fondent en vapeur.)

MÉPHISTOPHÉLÈS, relevant Faust et le chargeant sur ses épaules.

Voilà ce que c’est ; se charger d’un tel fou, c’est de quoi arriver à mal, fût-on le Diable lui-même !

(Ténèbres, tumultes.)

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LA CHAMBRE D’ÉTUDE DU DOCTEUR FAUST.

Méphistophélès a reporté le docteur Faust dans son ancienne demeure, il l’a couché sur le lit de ses pères ; et pendant que son corps endormi repose, le Diable retrouve tout en place, tel qu’ils l’ont laissé, jusqu’à la plume qui a servi au pacte, et où brille encore la goutte de sang tirée aux veines du docteur. C’est une pièce rare, et qui se vendra cher aux antiquaires, dit Méphistophélès.

Un chœur d’insectes salue le maître, et court, bourdonne et danse autour de lui ; la vieille fourrure de la robe doctorale bruit de ces chants légers. Méphistophélès revêt encore une fois ce costume, et voit la cloche pour appeler les gens de la maison. Un serviteur arrive, et s’effraie de voir cet hôte inattendu. Méphistophélès le reconnaît. — Vous vous appelez Nicodème ? lui dit-il. — Vous me connaissez ? — Je vous reconnais : vous avez vieilli beaucoup, et vous êtes étudiant encore, respectable sire !...

Le vieil étudiant a passé au service du docteur Vagner, qui se livre à de graves expériences de chimie transcendante. Un bachelier entre à son tour la tête haute et fier de son nouveau grade. Il parle et raisonne sur tout, et prétend argumenter contre le Diable lui-même, qu’il trouve arriéré, suranné, et sentant la vieille école. On reconnaît dans ce fier personnage l’humble étudiant de la première partie.

La scène se passe ensuite au laboratoire de Vagner, qui, las de la chimie et de la physique expérimentale, a imaginé de dérober le secret de la création. A force de combiner les gaz, les fluides et les plus purs éléments de la matière, il est parvenu à concentrer dans une fiole le mélange précis où doit éclore le germe humain. De ce moment, la femme devient inutile ; la science est maîtresse du monde… mais au moment où déjà la flamme reluit au fond de la fiole, Méphistophélès entre brusquement. — « Silence ! arrêtez-vous, dit Vagner. — Qu’y a-t-il ? — Un homme va se faire. — Un homme ? Vous avez donc enfermé des amans quelque part ? — Bon ! dit Vagner : une femme et un homme, n’est-ce pas ? C’était là l’ancienne méthode ; mais nous avons trouvé mieux. le point délicat d’où jaillissait la vie, la douce puissance qui s’élançait de l’intérieur des êtres confondus, qui prenait et donnait, destinée à se former d’elle-même, s’alimentant des substances voisines, d’abord, et ensuite des substances étrangères, tout ce système est vaincu, dépassé ; et si la brute s’y plonge encore avec délices, l’homme doué de plus nobles facultés doit rêver une plus noble et pure origine... »

En effet, cela monte et bouillonne ; la lueur devient plus vive, la fiole tinte et vibre, un petit être se dessine et se forme dans la liqueur épaisse et blanchâtre ; ce qui tintait prend une voix. Homonculus, dans sa fiole, salue son père scientifique. Il se réjouit de vivre et craint seulement que le père en l’embrassant ne brise trop tôt son enveloppe de cristal : c’est là la loi des choses. Ce qui est naturel s’étend dans toute la nature ; mais le produit de l’art n’occupe qu’un espace borné.

Homonculus salue aussi le Diable, qu’il appelle son cousin, et lui demande sa protection pour vivre dans le monde. Le Diable lui conseille de donner tout de suite une preuve de sa vitalité. Homonculus s’échappe des mains de Vagner, et s’en va voltiger sur le front de Faust, endormi. Là, il semble prendre part au rêve que fait le docteur dans ses aspirations vers la beauté antique ; il assiste avec lui à l’image de la naissance d’Hélène. Léda se baigne sous de frais ombrages, dans les eaux pures de l’Eurotas. Un bruit se fait entendre dans la feuillée ; des femmes s’échappent à demi nues, et la reine restée seule reçoit dans ses bras le cygne divin.

C’est par ce dénouement que la scène se lie à l’intermède qui va suivre. Il semble que dans cette partie l’auteur ait voulu donner un pendant à la Nuit du Sabbat de la première partie, en créant cette fois une sorte de sabbat du Tartare antique. Erichto ouvre la scène, et décrit les terreurs de cette nuit orageuse, qui se passe aux champs de Pharsale. Faust et Méphistophélès passent bientôt, portés sur le manteau magique, et guidés par Homonculus, qui voltige dans l’air en les éclairant, comme le follet du premier sabbat. Les sages de la Grèce, les sphynx et les syrènes, rêvent leurs pensées et chantent leurs chants. Méphistophélès les interroge curieusement, et discute avec eux sur des points d’histoire et de philosophie.

Pendant ce temps Faust se transporte aux rives du Pénéios et se plonge dans ses flots en interrogeant les nymphes qui l’habitent. Il rencontre Chiron, qui l’invite à sauter sur son dos et lui fait traverser le fleuve ; ce centaure l’emporte aux champs de Cynoscéphales, où Rome vainquit la Grèce.

Chiron parle à Faust avec enthousiasme des héros de son temps, de Jason, d’Orphée et d’Achille, son élève. mais Faust ne veut entendre parler que d’Hélène, la belle des belles, le type le plus pur de l’antique beauté.

Mais la beauté n’est rien selon Chiron, la grâce seule est irrésistible. Telle était Hélène quand elle s’assit sur son dos de coursier. — Tu l’as portée ? — Elle ? dit Chiron ; oui, sur ce dos même où tu es assis. Elle se tenait comme toi à ma chevelure où elle plongeait ses blanches mains, rayonnante de charmes, jeune, délices du vieillard. — Elle avait à peine sept ans alors, n’est-ce pas ? dit Faust. — Prends garde, observe Chiron, les philologues se trompent souvent et trompent les autres. C’est un être à part que la femme mythologique ; le poète la crée selon sa fantaisie. Elle ne sera jamais majeure, jamais vieille, elle a toujours l’aspect séduisant qui éveille les désirs. On l’enleva jeune, et vieille on la désire encore. En un mot, pour le poète, le temps n’existe pas.

— Ainsi, dit Faust, le temps n’eut sur elle aucun empire ! Achille la rencontra bien à Phéra, en dehors de tout espace de temps. Quel étrange bonheur ! cet amour fut conquis sur le destin. Et ne puis-je, moi, par la seule force du désir, rappeler à la vie les formes abstraites et uniques, la créature éternelle et divine, aussi grande que tendre, aussi sublime qu’aimable ? Tu la vis jadis, et moi aujourd’hui je l’ai vue, aussi belle que charmante, aussi belle que désirée ; maintenant tout mon esprit, tout mon être en sont possédés. Je ne vis point si je ne puis l’atteindre.

Ici Chiron juge que Faust a perdu la raison, il le renvoie à Manto, la fille d’Esculape, qui, moins sévère que Chiron, admire ce noble esprit humain possédé de la soif de l’impossible. Elle promet à Faust son aide puissante, et le guide vers l’antre obscur de Perséphone, creusé dans le pied du mont Olympe.

Méphistophélès parcourt d’un autre côté les vagues régions du monde des ombres ; de l’entretien des sages, ils passe à celui des lamies, qui tentent de le séduire en lui offrant des charmes analogues à sa nature diabolique. Il en veut saisir une petite qui lui glisse dans les mains comme une couleuvre ; et une grasse plus appétissante, qui au toucher tombe en morceaux comme un champignon.

Le chœur des ombres antiques finit par reconnaître Méphistophélès pour un fils de sorcière, fille elle-même de sibylle, et Méphistophélès humilié se met à railler l’antiquité comme le temps présent. Il quitte enfin le séjour des ombres et retourne prendre pied sur la matière, formulée par un roc nommé Oréas, qui se prévaut de sa qualité pour mépriser les rêves des poètes et les fantômes des âges évanouis.

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