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LE SÉJOUR AU CAIRE

Nerval sait très bien qu’il n’est pas le premier Français à visiter l’Égypte de Méhémet Ali. Parmi ses nombreux prédécesseurs, certains sont de vieilles connaissances, notamment le peintre orientaliste Prosper Marilhat, dont il a vu au Salon de 1834 La Place de l’Esbekieh, le peintre Adrien Dauzats, qui, en compagnie du baron Taylor, a fait en 1830, un voyage en Orient (Égypte, Syrie, Palestine, Judée) de six mois, prenant des notes dont Alexandre Dumas tirera en 1839 Quinze jours au Sinaï. Il est probable que Nerval et Fonfrède ont lu également l’Aperçu général sur l’Égypte (Paris, 1840) de Clot-bey, qu’ils rencontreront au Caire, et dont l’ouvrage donne beaucoup d’informations sur les mœurs égyptiennes, femmes, harem, mariages, et sur les multiples religions, qui seront précieuses pour Nerval, et qu'ils ont bien sûr consulté la Description de l'Égypte publiée au retour de la Campagne d'Égypte de Bonaparte.

Gérard de Nerval et Marie Joseph de Fonfrède sont arrivés au Caire début février 1843 et vont y demeurer trois mois. Le 2 mai en effet Nerval annonce son départ à son père : « Je pars aujourd’hui du Caire pour la Syrie ». On aura noté l’emploi de la première personne du singulier, alors que dans ses lettres précédentes, Nerval disait « nous », incluant ainsi Fonfrède. Il semble pourtant, d’après les lettres adressées de Constantinople à son père et à Gautier, que les deux voyageurs ne se soient séparés qu’une fois arrivés en Turquie.

Sur ces trois mois passés au Caire, nous avons le témoignage croisé de la correspondance adressée à son père et à Gautier, du carnet de notes que Nerval a tenu, pour ce qui concerne ses dépenses, depuis le 7 février jusqu’au 1er avril, et bien sûr des trois articles intitulés Les Femmes du Caire publiés dans la Revue des Deux Mondes.

Comme tous les voyageurs français visitant Le Caire, les deux amis commencent par loger au fort sympathique l’hôtel Domergue :

L’hôtel Domergue est situé au fond d’une impasse qui donne dans la principale rue du quartier franc ; c’est, après tout, un hôtel fort convenable et fort bien tenu. Les bâtiments entourent à l’intérieur une cour carrée peinte à la chaux, couverte d’un léger treillage où s’entrelace la vigne […] L’hôtel français possède en outre un jardin assez agréable ; sa table d’hôte lutte avec bonheur contre la difficulté de varier les mets européens dans une ville où manquent le bœuf et le veau […]

Je rencontrai à la table d’hôte un colonel, un évêque in partibus, des peintres, une maîtresse de langues et deux Indiens de Bombay, dont l’un servait de gouverneur à l’autre. Il paraît que la cuisine toute méridionale de l’hôte leur semblait fade, car ils tirèrent de leur poche des flacons d’argent contenant un poivre et une moutarde à leur usage dont ils saupoudraient tous leurs mets. Ils m’en ont offert. La sensation qu’on doit éprouver à mâcher de la braise allumée donnerait une idée exacte du haut goût de ces condiments.

On peut compléter le tableau du séjour de l’hôtel français en se représentant un piano au premier étage et un billard au rez-de-chaussée, et se dire qu’autant vaudrait n’être point parti de Marseille.

(1er mai 1846 – Revue des Deux Mondes, Les Femmes du Caire. Scènes de la vie égyptienne)

Arrivé au Caire « mortellement triste et découragé », Nerval, va pourtant très vite se plonger, se perdre dans le réseau inextricable des ruelles de la vieille ville, dont il a dessiné le plan, calqué sur le plan cadastral du Caire reproduit dans la Description de L’Égypte publiée en 1799. L’hôtel se révélant rapidement trop européen, et surtout trop cher pour un séjour prolongé, Nerval et Fonfrède se mettent en quête d’une maison à louer dans le quartier copte : « Nous avons commencé par nous loger à l’hôtel français, mais il fallait payer 7 fr. 50 par jour chacun, de sorte qu’on nous a dit qu’il valait mieux louer une maison et y faire notre cuisine, tout étant fort bon marché d’ailleurs. Après cinq ou six jours d’hôtel nous avons pris ce parti », écrit Nerval à son père le 14 février.

Ainsi fut fait, et, dès le 7 février, Nerval commence à noter sur son petit carnet la liste des dépenses quotidiennes du ménage. On peut lire à cette date : « pain, riz, bouteille salade, tabac, ail, vinaigre, choux, café, vin », le tout pour 10 piastres 25.

À ses lecteurs de la Revue des Deux Mondes, Nerval donne une version pittoresque de l’installation dans la maison du quartier copte :

Il ne suffit pas d’avoir la clef de bois de sa maison – qu’il serait impossible de mettre dans sa poche, mais que l’on peut se passer dans la ceinture : il faut encore un mobilier correspondant au luxe de l’intérieur ; mais ce détail est, pour toutes les maisons du Caire, de la plus grande simplicité. Abdallah m’a conduit à un bazar où nous avons fait peser quelques ocques de coton ; avec cela et de la toile de Perse, des cardeurs établis chez vous vous exécutent en quelques heures des coussins de divan, qui deviennent la nuit des matelas. Le bois du meuble se compose d’une cage longue qu’un vannier construit sous vos yeux avec des bâtons de palmier ; c’est léger, élastique et plus solide qu’on ne croirait. Une petite table ronde, quelques tasses, de longues pipes ou des narghilés, à moins que l’on ne veuille emprunter tout cela au café voisin, – et l’on peut recevoir la meilleure société de la ville. Le pacha seul possède un mobilier complet, des lampes, des pendules ; mais cela ne lui sert en réalité qu’à se montrer ami du commerce et des progrès européens.

Il faut encore des nattes, des tapis et même des rideaux pour qui veut afficher du luxe. J’ai rencontré dans les bazars un Juif qui s’est entremis fort obligeamment entre Abdallah et les marchands pour me prouver que j’étais volé des deux parts.

(1er mai 1846 – Revue des Deux Mondes, Les Femmes du Caire. Scènes de la vie égyptienne)

Reste à satisfaire le voisinage, dans un pays où le célibat est regardé d’un mauvais œil, en prenant femme. Dans le premier article adressé à la Revue des Deux Mondes, Nerval explique avec humour les différentes solutions qui lui sont proposées, et, se débarrassant provisoirement de son drogman, il se mêle avec délices à la population cairote, pour finalement se rendre chez un marchand d’esclaves et acquérir une Javanaise... pour sa ressemblance avec une peinture hollandaise : « Je poussai un cri d’enthousiasme ; je venais de reconnaître l’œil en amande, la paupière oblique des Javanaises, dont j’ai vu des peintures en Hollande ; – comme carnation, cette femme appartenait évidemment à la race jaune. Je ne sais quel goût de l’étrange et de l’imprévu, dont je ne pus me défendre, me décida en sa faveur. ». Notons toutefois que la lettre adressée à Gautier le 2 mai donne une version beaucoup moins poétique de l’affaire et en fait porter la responsabilité au compagnon de voyage : « Le Fonfrède est assez convenable. Il a acheté une esclave indienne, et comme il voulait me la faire baiser, je n’ai pas voulu, alors il ne l’a pas baisée non plus, nous en sommes là. » 

Comme à Vienne trois ans plus tôt, Nerval aime à suivre dans les ruelles cairotes de belles inconnues, et notamment deux jeunes femmes, qui lui paraissent tout à fait séduisantes, et se révéleront être l’épouse et la belle-sœur de l’ingénieur français Linant de Bellefonds. L’épisode trouve son écho – à peine moins pittoresque – dans la lettre qu’il adresse à son père le 18 mars : « M. Linant est le seul de ces messieurs qui ait une maison quasi-orientale. Nous avons été très étonnés, en venant en soirée chez lui, de rencontrer outre sa dame qui est syrienne et vêtue à la mode de ce pays, quatre ou cinq jeunes personnes blanches ou cuivrées, vêtues de costumes très brillants, nous pensions d’abord qu’on nous avait introduits par mégarde dans le sérail du maître de la maison, mais nous avons appris ensuite que c’étaient ses filles et filles à marier, on peut dire qu’il y en a de toutes les couleurs. » La réalité de cette visite est attestée par la carte, imprimée au nom de Joseph de Fonfride et portant, manuscrit, le nom de Gérard de Nerval, laissée chez Linant de Bellefonds.

En effet, avant son départ pour l’Orient, Nerval s’est muni de recommandations, probablement fournies cette fois encore par Joseph Lingay. Dans sa lettre du 14 février, il donne complaisamment la liste de ces rencontres qui ne peuvent que rassurer le docteur Labrunie : « Je t’ai dit que nous avions été parfaitement reçus par plusieurs Français haut placés dans le gouvernement : M. Lambert, directeur de l’École polytechnique, M. Linant, inspecteur général des Ponts et Chaussées, et M. Perron, directeur de l’École de médecine [...] Je me suis aussi rencontré avec le fameux Clot-Bey et M. Lubbert au dîners du consul général. » Le docteur Perron les a fait recevoir, Fonfrède et lui, à la Société égyptienne dont la bibliothèque leur fournit « tous les livres possibles ». Les notes prises dans le Carnet du Caire prouvent que Nerval a eu amplement recours à cette bibliothèque. Le docteur Perron tient les voyageurs au courant de l’état de l’épidémie de peste, dont la progression dans le Sud de l’Égypte, les feront renoncer à quitter le Caire. Une autre recommandation leur a été donnée auprès du Consul de France Gauttier d’Arc, alors déjà malade, qui décédera en avril 1844. Gauttier d’Arc ne leur en offre pas moins une superbe visite des plus beaux sites du Caire, et notamment des jardins d’Ibrahim Pacha, le fils du vice-roi Méhémet Ali. Nerval fait le récit de sa première visite au Consul dans le deuxième article (1er juillet 1846 – Revue des Deux Mondes, Les Femmes du Caire. Les Esclaves) et de la visite de l’île de Roddah et des jardins de Choubrah dans le troisième et dernier article (15 septembre 1846 – Revue des Deux Mondes, Les Femmes du Caire, Le Harem)

Mésaventures domestiques, vagabondages dans les rues populaires, excursions à dos d’âne aux alentours, rencontres avec des personnages pittoresques tels que le drogman Abdallah, le Juif Yousef, le Musulman Seyd-Aga, M. Jean le Mamelouk, Mme Bonhomme l’Européenne du cabinet de lecture, Abdel-Kérim le marchand d’esclaves, Mansour le Copte, visites plus protocolaires aussi à Gauttier d’Arc, à Linant de Bellefonds, longues heures de lecture à la bibliothèque de la Société égyptienne, tel semble être le fil des jours durant ces trois mois passés au Caire.

Mais au-delà de cet Orient lumineux et somme toute assez européanisé, Nerval en absorbe avidement la part plus obscure, et cette dualité de comportement se marque d’abord par une métamorphose de son apparence. Sans doute dès la mi-février (les comptes du Carnet du Caire font état de l’achat d’un tarbouch et de bonnets le 17 février, et de la visite au barbier le 7 mars) Nerval a décidé de renoncer à son apparence occidentale pour prendre celle d’un véritable cairote, et dans le même temps d’en apprendre le langage. Le Carnet du Caire montre ses essais de graphie arabe, rejoignant ainsi son apprentissage d’enfant : « J’étudiais à la fois l’italien, le grec et le latin, l’allemand, l’arabe et le persan […] Mon écriture, cultivée avec soin, rivalisait parfois de grâce et de correction avec les manuscrits les plus célèbres de l’Iran » dira-t-il dans Promenades et Souvenirs. Bien sûr, il s’agit pour lui de se fondre le mieux possible dans la population pour en observer les mœurs, mais bien plus profondément d’opérer une véritable libération de « l’autre » en lui. C’est ainsi que l’histoire du calife Hakem le hante. L’une de ses premières visites au Caire est pour les ruines de la mosquée du mythique fondateur de la religion des Druses, et les notes de lecture consignées sur plusieurs pages du Carnet du Caire alimenteront le chapitre consacré à lHistoire du calife Hakem qui, dit-il, lui fut contée dans les montagnes du Liban (15 août 1847 – Revue des Deux Mondes, Les Druses, Scènes de la vie orientale).

 

EXCURSION AUX PYRAMIDES

À la fin de son séjour au Caire, en avril 1843, Nerval décide de faire la visite des pyramides de Gizeh, en compagnie, pense-t-il, du Consul Gauttier d’Arc. Mais ce dernier, très malade, le quitte à Roddah en lui confiant la mission de lui rapporter une momie d’ibis. Nerval va donc, si l’on en croit le récit publié tardivement, au début des Nuits du Ramazan, les 7, 8, 9,10 et 14 mars 1850 dans Le National, faire seul l’excursion et visiter la grande pyramide de Chéops.

Sur place, il est pris en charge par quatre Arabes qui le hissent, degré par degré, jusqu’à la plate-forme qui supportait autrefois le pyramidion :

« [...] en un clin d’œil, deux des Arabes s’étaient élancés sur cette assise gigantesque, et m’avaient saisi chacun un bras. les deux autres me poussaient sous les épaules, et tous les quatre, à chaque mouvement de cette manœuvre, chantait à l’unisson le verset arabe terminé par ce refrain antique : Eleyson ! »

Tandis qu’il admire la vue qui s’offre à lui de la plate-forme, il est abordé par un autre visiteur, un officier prussien, venu en Égypte pour rejoindre l’expédition de Lepsius « qui, dans ce moment-là, explorait les environs du lac Mœris et les cités souterraines de l’ancien labyrinthe. Les savants berlinois avaient découvert des villes entières cachées sous les sables et bâties de briques ; – des Pompeï et des Herculanum souterraines qui n’avaient jamais vu la lumière, – et qui remontaient peut-être à l’époque des Troglodytes. »

Tous deux vont pénétrer dans la grande pyramide par l’entrée désormais bien connue de la face Nord, et parcourir l’itinéraire labyrinthique qui conduit jusqu’à la chambre royale :

« Il s’agissait de quitter la plate-forme et de pénétrer dans la pyramide, dont l’entrée se trouve à un tiers environ de sa hauteur. On nous fit descendre 130 marches par un procédé inverse à celui qui nous les avait fait gravir. Deux des quatre Arabes nous suspendaient par les épaules du haut de chaque assise, et nous livraient aux bras étendus de leurs compagnons. Il y a quelque chose d’assez dangereux dans cette descente, et plus d’un voyageur s’y est rompu le crâne ou les membres. Cependant, nous arrivâmes sans accident à l’entrée de la pyramide. Il s’agissait d’abord de courber la tête et le dos, et de poser les pieds adroitement sur deux rainures de marbre qui règnent des deux côtés de cette descente. Entre les deux rainures, il y a une sorte d’abîme aussi large que l’écartement des jambes, où il s’agit de ne point se laisser tomber. On avance donc pas à pas, jetant les pieds de son mieux à droite et à gauche, soutenu un peu, il est vrai, par les mains des porteurs de torches, et l’on descend ainsi toujours courbé en deux pendant environ cent cinquante pas [...] Quand on a rampé quelque temps sous cette voûte basse, en s’aidant des mains et des genoux, on se relève, à l’entrée d’une nouvelle galerie, qui n’est guère plus haute que la précédente. Au bout de deux cents pas que l’on fait encore en montant, – on trouve une sorte de carrefour dont le centre est un vaste puits profond et sombre, autour duquel il faut tourner pour gagner l’escalier qui conduit à la chambre du roi. »

Arrivés là, les deux Européens vont se livrer à quelques réflexions sur le sens de cette construction, et c’est à l’officier prussien, « fils de Voltaire » et huguenot, que Nerval laisse le soin d’expliquer la signification mystique d’un tel agencement :

« Il est évident, me dit l’officier prussien, que ce ne sont point là des tombeaux. Où était la nécessité de bâtir d’aussi énormes constructions pour préserver peut-être un cercueil de roi [...] Il vaut mieux nous en rapporter à l’opinion des anciens Grecs, qui, plus rapprochés que nous des prêtres et des institutions de l’Egypte, n’ont vu dans les pyramides que des monuments religieux consacrés aux initiations. »

Le rite célébré au labyrinthe, poursuit le Prussien, était celui de l’initiation au culte d’Isis. Il comportait d’abord quatre épreuves élémentaires destinées à tester le courage du néophyte qui arrivait alors dans le temple, tournait autour de la statue d’Isis, et se voyait reçu et félicité par les prêtres. Nerval s’enthousiasme aussitôt à l’idée de ce que pourrait être, dans ce cadre, une représentation de l’opéra initiatique de Mozart :

« Qu’il serait beau, dis-je à l’Allemand, d’exécuter et de représenter ici La Flûte enchantée de Mozart. Comment un homme riche n’a-t-il pas la fantaisie de se donner un tel spectacle. Avec fort peu d’argent on arriverait à déblayer tous ces conduits, et il suffirait ensuite d’amener, en costumes exacts toute la troupe italienne du théâtre du Caire. Imaginez-vous la voix tonnante de Zarastro résonnant du fond de la salle des Pharaons, – ou la Reine de la Nuit, apparaissant sur le seuil de la chambre dite de la reine et lançant à la voûte sombre ses trilles éblouissants. »

Pourtant, poursuit le Prussien, le néophyte n’est pas au bout de ses peines : un jeûne de quarante et un jours l’attend, au cours duquel « il avait le droit de questionner chacun et d’observer les mœurs de ce peuple mystique qui avait renoncé au monde extérieur, et dont le nombre immense épouvanta Sémiramis-la-Victorieuse, lorsqu’en faisant jeter les fondations de la Babylone d’Egypte (le vieux Caire), elle vit s’effondrer les voûtes d’une de ces nécropoles habitées par des vivants. »

Nerval a-t-il réellement rencontré l’officier prussien à qui il prête cette longue explication ou n’est-il qu’un prétexte à l’exposé de ses propres interrogations ? Dans l’article intitulé Le Temple d’Isis. Souvenir de Pompéi publié en 1845 dans La Phalange, et à nouveau dans L’Artiste-Revue de Paris en 1847, il a déjà exposé longuement le détail du culte d’Isis. Plus intimement encore, il y reviendra, de façon non plus érudite mais onirique et hallucinée, en vivant lui-même le cheminement d’épreuves initiatiques dans la première partie d’Aurélia ou le Rêve et la vie, et cette précision fournie par l’officier prussien : « L’aspiration du néophyte vers la divinité, aidée des lectures, des instructions et du jeûne, arrivait à un tel degré d’enthousiasme qu’il était digne enfin de voir tomber devant lui les voiles sacrés de la déesse. Là, son étonnement était au comble, en voyant s’animer cette froide statue dont les traits avaient pris tout à coup la ressemblance de la femme qu’il aimait le plus ou de l’idéal qu’il s’était formé de la beauté la plus parfaite », résonne tout particulièrement en harmonie avec la vision dAurélia, II, 5 : « Pendant mon sommeil, j’eus une vision merveilleuse. Il me semblait que la déesse m’apparaissait, me disant : « Je suis la même que Marie, la même que ta mère, la même aussi que sous toutes les formes tu as toujours aimée. A chacune de tes épreuves j’ai quitté l’un des masques dont je voile mes traits, et bientôt tu me verras telle que je suis. »

Incontestablement, la visite aux pyramides d’Égypte a alimenté la réflexion de Nerval sur le syncrétisme religieux et son aspiration à la rencontre de l’Un, à travers la multiplicité des religions : « Triptolème, Orphée et Pythagore subirent aussi les mêmes épreuves. L’un a fondé les mystères d’Eleusis, l’autre ceux des Cabires de Samothrace, le troisième les associations mystiques du Liban » conclut l’officier prussien au terme de l’excursion à la grande pyramide de Chéops. Mais surtout, le rite des épreuves initiatiques couronnées par la vision de la Mère, Isis, est pour Nerval le signe d’une rédemption possible.

 

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Prosper Marilhat, Rue du Caire

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Portrait du Vice-roi Méhémet Ali

Portrait d'Ibrahim Pacha, fils du Vice-roi Méhémet Ali

IbrahimPacha

Prosper Marilhat, Le Sycomore de la place de l'Esbekieh

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MarilhatplacedelEsbekieh
MarilhatmosqueHakem
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Portrait de l'ingénieur Linant de Bellefonds

Prosper Marilhat, La place de l'Esbekieh

Prosper Marilhat, La mosquée du calife Hakem

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Prosper Marilhat, Nécropoles du Caire

LE VOYAGE EN ORIENT de 1843

TROIS MOIS AU CAIRE

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Adrien Dauzats, Mosquée d'Al-Azhar

lettreaGautier1ermai1843

Lettre adressée par Nerval à Gautier du Caire, le 1er mai 1843. Nerval a reproduit quelques motifs qu'il décrit à Gautier

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Les planches gravées de la Description de l'Égypte donnent une idée précise de ce que fut la visite de Nerval à la grande pyramide: trajet en felouque, vue sur le Sphinx et la Pyramide de Chéops, représentation en coupe de l'entrée de la grotte et des couloirs menant à la chambre du roi.

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Vue du Caire tel que l'a connu Nerval, daguerréotype de Jules Itier, 1845

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Bédouine de Gizeh. Daguerréotype de Girault de Prangey, 1843

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