Le relief de Tétricus et Nera incriminé
TÉTRICUS, ROI DES GAULES
En 1832 avaient été entreprises des fouilles archéologiques à Nérac, dont le nom figure sur l’itinéraire dessiné en haut à gauche de la Généalogie. L'année suivante, Maximilien Théodore Chrétin vendait à Toulouse un relief présenté comme la figure de l’empereur des Gaules Tétricus et de sa femme Nera. Le monde scientifique s’enthousiasme, jusqu’à la découverte de la mystification de Chrétin. Son talent de faussaire, son plaisir évident à tromper les prétendus savants de l’Institut, son invention du nom de Nera, à partir de celui de la ville de Nérac, ne pouvaient que séduire Nerval qui tenait lui-même les institutions officielles du savoir en piètre estime. Dès 1826, il avait publié chez Touquet L'Académie ou les Membres introuvables, petit drame satirique contre l'Académie française. Quand il publiera son article intitulé « Histoire véridique du canard » en octobre 1844, il citera parmi d’innombrables supercheries celle de « la découverte, à Nérac, des bas-reliefs de Tétricus, roi des Gaules. Ces derniers, qui furent le sujet d’une foule de dissertations académiques, étaient, comme on sait, l’ouvrage d’un vitrier gascon qui les avaient enterrés et qui se fit connaître quand l’Institut se fut prononcé favorablement sur l’antiquité de ces morceaux. » Au verso de la lettre à Joseph Lingay du 7 mars 1841, le nom de Tétricus est significativement associé à celui de Triboulet. Il semble donc que le nom de Tétricus comme représentation de la « race » celte soit lle aussi une mystification de la part de Nerval qui, comme il le dit à Muffe, s'ennuie ferme à Picpus.