TEXTES
1824, Poésies diverses (manuscrit autographe)
1824, L’Enterrement de la Quotidienne (manuscrit autographe)
1824, Poésies et poèmes (manuscrit autographe)
1825, « Pour la biographie des biographes » (manuscrit autographe)
15 février 1826 (BF), Napoléon et la France guerrière, chez Ladvocat
6 mai 1826 (BF), Complainte sur l’immortalité de M. Briffaut, par Cadet Roussel, chez Touquet
6 mai 1826 (BF), Monsieur Dentscourt ou le Cuisinier d’un grand homme, chez Touquet
20 mai 1826 (BF), Les Hauts faits des Jésuites, par Beuglant, chez Touquet
12 août 1826 (BF), Épître à M. de Villèle (Mercure de France du XIXe siècle)
11 novembre 1826 (BF), Napoléon et Talma, chez Touquet
13 et 30 décembre 1826 (BF), L’Académie ou les membres introuvables, par Gérard, chez Touquet
16 mai 1827 (BF), Élégies nationales et Satires politiques, par Gérard, chez Touquet
29 juin 1827, La dernière scène de Faust (Mercure de France au XIXe siècle)
28 novembre 1827 (BF), Faust, tragédie de Goëthe, 1828, chez Dondey-Dupré
15 décembre 1827, A Auguste H…Y (Almanach des muses pour 1828)
1828? Faust (manuscrit autographe)
1828? Le Nouveau genre (manuscrit autographe)
mai 1829, Lénore. Ballade allemande imitée de Bürger (La Psyché)
août 1829, Le Plongeur. Ballade, (La Psyché)
octobre 1829, A Schmied. Ode de Klopstock (La Psyché)
24 octobre 1829, Robert et Clairette. Ballade allemande de Tiedge (Mercure de France au XIXe siècle)
21 novembre 1829, Chant de l’épée. Traduit de Korner (Mercure de France au XIXe siècle)
19 décembre 1829, Lénore. Traduction littérale de Bürger (Mercure de France au XIXe siècle)
janvier 1830, La Lénore de Bürger, nouvelle traduction littérale (La Psyché)
16 janvier 1830, Ma Patrie, de Klopstock (Mercure de France au XIXe siècle)
23 janvier 1830, Légende, par Goethe (Mercure de France au XIXe siècle)
6 février (BF) Poésies allemandes, Klopstock, Goethe, Schiller, Burger (Bibliothèque choisie)
13 février 1830, Les Papillons (Mercure de France au XIXe siècle)
13 février 1830, Appel, par Koerner (1813) (Mercure de France au XIXe siècle)
13 mars 1830, L’Ombre de Koerner, par Uhland, 1816 (Mercure de France au XIXe siècle)
27 mars 1830, La Nuit du Nouvel an d’un malheureux, de Jean-Paul Richter (La Tribune romantique)
29 avril 1830, La Pipe, chanson traduite de l’allemand, de Pfeffel (La Tribune romantique)
13 mai 1830 Le Cabaret de la mère Saguet (Le Gastronome)
mai 1830, M. Jay et les pointus littéraires (La Tribune romantique)
juillet ? 1830, Récit des journées des 27-29 juillet (manuscrit autographe)
14 août 1830, Le Peuple (Mercure de France au XIXe siècle)
11 décembre 1830, A Victor Hugo. Les Doctrinaires (Almanach des muses pour 1831)
29 décembre 1830, La Malade (Le Cabinet de lecture )
29 janvier 1831, Odelette, Le Vingt-cinq mars (Almanach dédié aux demoiselles)
14 mars 1831, En avant, marche! (Cabinet de lecture)
23 avril 1831, Bardit, traduit du haut-allemand (Mercure de France au XIXe siècle)
7 mai 1831, Profession de foi (Mercure de France au XIXe siècle)
25 juin et 9 juillet 1831, Nicolas Flamel, drame-chronique (Mercure de France au XIXe siècle)
4 décembre 1831, Cour de prison, Le Soleil et la gloire (Le Cabinet de lecture)
17 décembre 1831, Fantaisie, odelette (Annales romantiques pour 1832)
24 septembre 1832, La Main de gloire, histoire macaronique (Le Cabinet de lecture)
14 décembre 1834, Odelettes (Annales romantiques pour 1835)
1835-1838 ? Lettres d’amour (manuscrits autographes)
26 mars et 20 juin 1836, De l’Aristocratie en France (Le Carrousel)
20 et 26 mars 1837, De l’avenir de la tragédie (La Charte de 1830)
12 août 1838, Les Bayadères à Paris (Le Messager)
18 septembre 1838, A M. B*** (Le Messager)
2 octobre 1838, La ville de Strasbourg. A M. B****** (Le Messager)
26 octobre 1838, Lettre de voyage. Bade (Le Messager)
31 octobre 1838, Lettre de voyage. Lichtenthal (Le Messager)
24 novembre 1838, Léo Burckart (manuscrit remis à la censure)
25, 26 et 28 juin 1839, Le Fort de Bitche. Souvenir de la Révolution française (Le Messager)
13 juillet 1839 (BF) Léo Burckart, chez Barba et Desessart
19 juillet 1839, « Le Mort-vivant », drame de M. de Chavagneux (La Presse)
15 et 16-17 août 1839, Les Deux rendez-vous, intermède (La Presse)
17 et 18 septembre 1839, Biographie singulière de Raoul Spifamme, seigneur des Granges (La Presse)
28 janvier 1840, Lettre de voyage I (La Presse)
25 février 1840, Le Magnétiseur
5 mars 1840, Lettre de voyage II (La Presse)
8 mars 1840, Lettre sur Vienne (L’Artiste)
26 mars 1840, Lettre de voyage III (La Presse)
28 juin 1840, Lettre de voyage IV, Un jour à Munich (La Presse)
18 juillet 1840 (BF) Faust de Goëthe suivi du second Faust, chez Gosselin
26 juillet 1840, Allemagne du Nord - Paris à Francfort I (La Presse)
29 juillet, 1840, Allemagne du Nord - Paris à Francfort II (La Presse)
30 juillet 1840, Allemagne du Nord - Paris à Francfort III (La Presse)
11 février 1841, Une Journée à Liège (La Presse)
18 février 1841, L’Hiver à Bruxelles (La Presse)
1841 ? Première version d’Aurélia (feuillets autographes)
février-mars 1841, Lettre à Muffe, (sonnets, manuscrit autographe)
1841 ? La Tête armée (manuscrit autographe)
mars 1841, Généalogie dite fantastique (manuscrit autographe)
1er mars 1841, Jules Janin, Gérard de Nerval (Journal des Débats)
5 mars 1841, Lettre à Edmond Leclerc
7 mars 1841, Les Amours de Vienne (Revue de Paris)
31 mars 1841, Lettre à Auguste Cavé
11 avril 1841, Mémoires d’un Parisien. Sainte-Pélagie en 1832 (L’Artiste)
9 novembre 1841, Lettre à Ida Ferrier-Dumas
novembre? 1841, Lettre à Victor Loubens
10 juillet 1842, Les Vieilles ballades françaises (La Sylphide)
15 octobre 1842, Rêverie de Charles VI (La Sylphide)
24 décembre 1842, Un Roman à faire (La Sylphide)
19 et 26 mars 1843, Jemmy O’Dougherty (La Sylphide)
11 février 1844, Une Journée en Grèce (L’Artiste)
10 mars 1844, Le Roman tragique (L’Artiste)
17 mars 1844, Le Boulevard du Temple, 1re livraison (L’Artiste)
31 mars 1844, Le Christ aux oliviers (L’Artiste)
5 mai 1844, Le Boulevard du Temple 2e livraison (L’Artiste)
12 mai 1844, Le Boulevard du Temple, 3e livraison (L’Artiste)
2 juin 1844, Paradoxe et Vérité (L’Artiste)
30 juin 1844, Voyage à Cythère (L’Artiste)
28 juillet 1844, Une Lithographie mystique (L’Artiste)
11 août 1844, Voyage à Cythère III et IV (L’Artiste)
15 septembre, Diorama (L’Artiste-Revue de Paris)
29 septembre 1844, Pantaloon Stoomwerktuimaker (L’Artiste)
20 octobre 1844, Les Délices de la Hollande I (La Sylphide)
8 décembre 1844, Les Délices de la Hollande II (La Sylphide)
16 mars 1845, Pensée antique (L’Artiste)
19 avril 1845 (BF), Le Diable amoureux par J. Cazotte, préface de Nerval, chez Ganivet
1er juin 1845, Souvenirs de l’Archipel. Cérigo (L’Artiste-Revue de Paris)
6 juillet 1845, L’Illusion (L’Artiste-Revue de Paris)
5 octobre 1845, Strasbourg (L’Artiste-Revue de Paris)
novembre-décembre 1845, Le Temple d’Isis. Souvenir de Pompéi (La Phalange)
28 décembre 1845, Vers dorés (L’Artiste-Revue de Paris)
1er mars 1846, Sensations d’un voyageur enthousiaste I (L’Artiste-Revue de Paris)
15 mars 1846, Sensations d’un voyageur enthousiaste II (L’Artiste-Revue de Paris)
1er mai 1846, Les Femmes du Caire. Scènes de la vie égyptienne (Revue des Deux Mondes)
17 mai 1846, Sensations d’un voyageur enthousiaste III (L’Artiste-Revue de Paris)
12 juillet 1846 Sensations d’un voyageur enthousiaste IV (L’Artiste-Revue de Paris)
16 août 1846, Un Tour dans le Nord. Angleterre et Flandre (L’Artiste-Revue de Paris)
30 août 1846, De Ramsgate à Anvers (L’Artiste-Revue de Paris)
20 septembre 1846, Une Nuit à Londres (L’Artiste-Revue de Paris)
1er novembre 1846, Un Tour dans le Nord III (L’Artiste-Revue de Paris)
22 novembre 1846, Un Tour dans le Nord IV (L’Artiste-Revue de Paris)
15 décembre 1846, Scènes de la vie égyptienne moderne. La Cange du Nil (Revue des Deux Mondes)
1847, Scénario des deux premiers actes des Monténégrins
15 février 1847, La Santa-Barbara. Scènes de la vie orientale (Revue des Deux Mondes)
15 mai 1847, Les Maronites. Un Prince du Liban (Revue des Deux Mondes)
15 août 1847, Les Druses (Revue des Deux Mondes)
17 octobre 1847, Les Akkals (Revue des Deux Mondes)
21 novembre 1847, Souvenirs de l’Archipel. Les Moulins de Syra (L’Artiste-Revue de Paris)
15 juillet 1848, Les Poésies de Henri Heine (Revue des Deux Mondes)
15 septembre 1848, Les Poésies de Henri Heine, L’Intermezzo (Revue des Deux Mondes)
1er-27 mars 1849, Le Marquis de Fayolle, 1re partie (Le Temps)
26 avril 16 mai 1849, Le Marquis de Fayolle, 2e partie (Le Temps)
6 octobre 1849, Le Diable rouge (Almanach cabalistique pour 1850)
7 mars-19 avril 1850, Les Nuits du Ramazan (Le National)
15 août 1850, Les Confidences de Nicolas, 1re livraison (Revue des Deux Mondes)
26 août 1850, Le Faust du Gymnase (La Presse)
1er septembre 1850, Les Confidences de Nicolas, 2e livraison (Revue des Deux Mondes)
9 septembre 1850, Excursion rhénane (La Presse)
15 septembre 1850, Les Confidences de Nicolas, 3e livraison (Revue des Deux Mondes)
18 et 19 septembre 1850, Les Fêtes de Weimar (La Presse)
1er octobre 1850, Goethe et Herder (L’Artiste-Revue de Paris)
24 octobre-22 décembre 1850, Les Faux-Saulniers (Le National)
29 décembre 1850, Les Livres d’enfants, La Reine des poissons (Le National)
novembre 1851, Quintus Aucler (Revue de Paris)
24 janvier 1852 (BF), L’Imagier de Harlem, Librairie théâtrale
15 juin 1852, Les Fêtes de mai en Hollande (Revue des Deux Mondes)
1er juillet 1852, La Bohême galante I (L’Artiste)
15 juillet 1852, La Bohême galante II (L’Artiste)
1er août 1852, La Bohême galante III (L’Artiste)
15 août 1852, La Bohême galante IV (L’Artiste)
21 août 1852 (BF), Lorely. Souvenirs d’Allemagne, chez Giraud et Dagneau (Préface à Jules Janin)
1er septembre 1852, La Bohême galante V (L’Artiste)
15 septembre 1852, La Bohême galante VI (L’Artiste)
1er octobre 1852, La Bohême galante VII (L’Artiste)
9 octobre 1852, Les Nuits d’octobre, 1re livraison (L’Illustration)
15 octobre 1852, La Bohême galante VIII (L’Artiste)
23 octobre 1852, Les Nuits d’octobre, 2e livraison (L’Illustration)
30 octobre 1852, Les Nuits d’octobre, 3e livraison (L’Illustration)
1er novembre 1852, La Bohême galante IX (L’Artiste)
6 novembre 1852, Les Nuits d’octobre, 4e livraison (L’Illustration)
13 novembre 1852, Les Nuits d’octobre, 5e livraison (L’Illustration)
15 novembre 1852, La Bohême galante X (L’Artiste)
20 novembre 1852, Les Illuminés, chez Victor Lecou (« La Bibliothèque de mon oncle »)
1er décembre 1852, La Bohême galante XI (L’Artiste)
15 décembre 1852, La Bohême galante XII (L’Artiste)
1er janvier 1853 (BF), Petits Châteaux de Bohême. Prose et Poésie, chez Eugène Didier
15 août 1853, Sylvie. Souvenirs du Valois (Revue des Deux Mondes)
14 novembre 1853, Lettre à Alexandre Dumas
25 novembre 1853-octobre 1854, Lettres à Émile Blanche
10 décembre 1853, Alexandre Dumas, Causerie avec mes lecteurs (Le Mousquetaire)
17 décembre 1853, Octavie (Le Mousquetaire)
1853-1854, Le Comte de Saint-Germain (manuscrit autographe)
28 janvier 1854 (BF) Les Filles du feu, préface, Les Chimères, chez Daniel Giraud
31 octobre 1854, Pandora (Le Mousquetaire)
25 novembre 1854, Pandora, épreuves du Mousquetaire
Pandora, texte reconstitué par Jean Guillaume en 1968
Pandora, texte reconstitué par Jean Senelier en 1975
30 décembre 1854, Promenades et Souvenirs, 1re livraison (L’Illustration)
1854 ? Sydonie (manuscrit autographe)
1854? Emerance (manuscrit autographe)
1854? Promenades et Souvenirs (manuscrit autographe)
janvier 1855, Oeuvres complètes (manuscrit autographe)
1er janvier 1855, Aurélia ou le Rêve et la Vie (Revue de Paris)
6 janvier 1855, Promenades et Souvenirs, 2e livraison (L’Illustration)
3 février 1855, Promenades et Souvenirs, 3e livraison (L’Illustration)
15 février 1855, Aurélia ou Le Rêve et la Vie, seconde partie (Revue de Paris)
15 mars 1855, Desiderata (Revue de Paris)
1866, La Forêt noire, scénario
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BF: annonce dans la Bibliographie de la France
Manuscrit autographe: manuscrit non publié du vivant de Nerval
26 juillet 1840 — Allemagne du Nord — Paris à Francfort, I. Les eaux de Baden-Baden, dans La Presse, signé Gérard.
En 1840, alors que Dumas s’apprête à publier dans le journal Le Siècle ses propres impressions du voyage en Allemagne de 1838, dans lesquelles il se fait la part belle, Nerval souhaite donner sa version des faits. Il va donc évoquer en trois articles, publiés les 26, 29 et 30 juillet dans La Presse, la suite de son voyage de 1838 en Allemagne, depuis son départ de Baden jusqu’à Francfort, puis de Francfort à Mannheim et Heidelberg en compagnie de Dumas.
Le premier de ces trois articles est la reprise partielle et premier remaniement des articles des 26 et 31 octobre 1838 intitulés Lettres de voyage, Bade et Lichtenthal, publiés dans Le Messager. Cette reprise de la « matière allemande » qui s’est enrichie entre-temps du voyage à Vienne est aussi l’occasion pour Nerval de commencer à l’organiser en deux parties, Allemagne du Nord (le voyage de 1838, qui trouvera place dans Lorely) et Allemagne du Midi (l’itinéraire jusqu’à Vienne de l’hiver 1839-1840, qui trouvera place dans l’Introduction du Voyage en Orient).
Ce nouvel état du texte sera repris et à nouveau remanié, en amalgamant les deux voyages, dans une perspective de fantaisisme hoffmannien, le 17 mai 1846 dans L’Artiste-Revue de Paris, sous le titre générique : Sensations d’un voyageur enthousiaste, chapitres VIII, « La Forêt-Noire », IX, « Les voyages à pied », X, « La maison de conversation », XI, « Lichtenthal », puis publié en volume en 1852 dans Lorely. Souvenirs d’Allemagne, « Sensations d’un voyageur enthousiaste, I. — Du Rhin au Mein », chapitres II, « La Forêt Noire », et III, « Les voyages à pied ».
Voir la notice LE VOYAGE EN ALLEMAGNE DE 1838.
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ALLEMAGNE DU NORD — PARIS À FRANCFORT.
I. LES EAUX DE BADEN-BADEN.
Bade est le St-Cloud de Strasbourg. Le samedi, les Strasbourgeois ferment leurs boutiques et s’en vont passer le dimanche à Bade ; c’est aussi simple que cela. Cette circonstance n’ôte-t-elle pas quelque chose à l’auréole aristocratique de Baden-Baden ? Les grisettes du jardin Lips coudoient, au bal du samedi, les comtesses de l’Allemagne et les princesses de la Russie, car la présentation au Cercle des étrangers, dont on fait si grand bruit à Baden, n’exclut guère que les femmes en bonnet, les ouvriers en veste et les militaires non gradés.
Me voilà donc partant un samedi, comme un simple Strasbourgeois, mais partant en poste à une heure, sur une route encombrée de voitures. Il s’agit seulement d’arriver le soir même et de pouvoir s’habiller pour le bal. Nous traversons les marchés, nous brûlons ce qui sert de pavé à Strasbourg, simple cailloutage, que le Polonceau menace d’envahir ; nous longeons l’arsenal et ses six cents canons empilés dans les cours comme des saumons de plomb ; nous suivons l’Ille aux eaux verdâtres, bordée de militaires qui pêchent toute la journée, amorçant leurs lignes avec des sauterelles, moyen économique, qui leur réussit rarement ; nous laissons à droite le monument de Desaix, sculpté en pierre rouge, au milieu des saules pleureurs ; nous laissons derrière nous encore la douane française, les deux bras du Rhin, et nous nous trouvons enfin face à face avec la douane de Kehl.
La douane de Kehl est fort bonne personne et fort expéditive. Et que pourrions-nous, en effet, introduire en Allemagne ? Des gants de Paris ; du damassé de coton ; de la dentelle de blonde ; des cigares de la régie ; des cachemires Ternaux ? ce serait un commerce peu lucratif. Nous avons, il est vrai, la prétention d’y introduire des idées, mais cela n’est encore qu’une prétention.
La route est droite comme un chemin de fer ; dans la singulière contrée que nous traversons, tout est montagne ou plat pays, point de collines ni d’accidens de terrain ; les prés sont magnifiques, les chemins vicinaux, bordés d’arbres fruitiers, ont de quoi exciter l’enthousiasme du général Bugeaud ; de temps en temps nous suivons le Rhin qui serpente à gauche, et vers le milieu du voyage le Fort-Louis nous apparaît à l’horizon. D’un autre côté, l’on nous indique le vieux noyer près duquel fut tué Turenne. Est-ce bien le même ? En tout cas, on fait voir le boulet dont il fut frappé.
La route traverse encore plusieurs villages assez laids ; puis, nous nous rapprochons enfin de ces montagnes violettes qui semblent si voisines, quand on les regarde du haut des remparts de Strasbourg. Ce sont les vraies montagnes de la Forêt-Noire, et pourtant leur aspect n’a rien de bien effrayant. Mais quand apercevrons-nous Bade, cette ville d’hôtelleries, assise au flanc d’une montagne que ses maisons gravissent peu à peu comme un troupeau à qui l’herbe manque dans la plaine ? Son amphithéâtre célèbre de riches bâtimens ne nous apparaîtra-t-il pas avant l’arrivée ? Non ; nous ne verrons rien de Baden avant d’y entrer ; une longue allée de peupliers d’Italie ferme, ainsi qu’un rideau de théâtre, cette décoration merveilleuse, qui semble être la scène arrangée d’une pastorale d’opéra. C’est ailleurs qu’il faut se placer pour jouir de ce grand spectacle. Prenez vos billets d’entrée au salon de conversation, payez votre abonnement, retenez votre stalle, et alors du milieu des galeries de Chabert, aux accords d’un orchestre qui joue en plein air toute la journée, vous pourrez jouir de l’aspect complet de Baden, de sa vallée et de ses montagnes, si le bon Dieu prend soin d’allumer convenablement le lustre et d’illuminer les coulisses avec ses beaux rayons d’été.
Car, à vrai dire, et c’est là l’impression dont on est saisi tout d’abord, toute cette nature a l’air artificiel ; ces arbres sont découpés, ces maisons sont peintes, ces montagnes sont de vastes toiles tendues sur châssis, le long desquels les villageois descendent par des praticables ; et l’on cherche sur le ciel de fond si quelque tache d’huile ne va pas trahir enfin la main humaine et dissiper l’illusion. On ajouterait foi là surtout à cette rêverie d’Henri Heine qui, étant enfant, s’imaginait que tous les soirs il y avait des domestiques qui venaient rouler les prairies comme des tapis, décrochaient le soleil, et serraient les arbres dans un magasin ; puis le lendemain matin, avant qu’on ne fût levé dans la nature, remettaient toutes choses en place, brossaient les prés, époussetaient les arbres, et rallumaient la lampe universelle.
Et d’ailleurs, rien qui vienne déranger ce petit monde romanesque ; vous arrivez, non pas par une route pavée et boueuse, mais par les chemins sablés d’un jardin anglais ; à droite des bosquets, des grottes taillées, des ermitages et même une petite pièce d’eau, ornement sans prix, vu la rareté de ce liquide, qui se vend au verre dans tout le pays de Baden ; à gauche une rivière (sans eau) chargée de ponts splendides, et bordée de saules verts, qui ne demanderaient pas mieux que d’y plonger leurs rameaux. Avant de traverser le dernier pont, qui conduit à la poste grand-ducale, on aperçoit la rue commerçante de Bade, qui n’est autre chose qu’une vaste allée de chênes, le long de laquelle s’étendent des étalages magnifiques : des toiles de Saxe, des dentelles d’Angleterre, des verreries de Bohême, des porcelaines, des marchandises des Indes, etc. ; toutes magnificences prohibées chez nous, dont l’attrait porte Mesdames de Strasbourg à des crimes politiques que nos douaniers répriment avec ardeur.
L’hôtel d’Angleterre est le plus bel hôtel de Baden, et la salle de son restaurant est plus magnifique qu’aucune des salles à manger parisiennes ; malheureusement, la grande table d’hôte est servie à une heure (c’est l’heure où l’on dîne dans toute l’Allemagne), et quand on arrive plus tard on ne peut faire mieux que d’aller dîner à la maison de conversation.
En général, la cuisine est fort bonne à Baden ; les truites de la Mourgue sont dignes de leur réputation ; on y mange le gibier frais et non faisandé ; c’est un système de cuisine qui donne lieu à diverses luttes d’opinions ; les côtelettes se servent frites, les gros poissons grillés. La pâtisserie est médiocre, les puddings se font admirablement.
La nuit est tombée, des groupes mystérieux errent sous les ombrages et parcourent furtivement les pentes de gazon des collines ; au milieu d’un vaste parterre entouré d’orangers, la maison de conversation s’illumine, et ses blanches galeries se détachent sur le fond splendide de ses salons. À gauche est le café, à droite le théâtre, au centre l’immense salle de bal dont le principal lustre est grand comme celui de notre Opéra. La décoration intérieure est d’un style Pompeïa un peu classique, les statues sentent l’académie, les draperies rappellent le goût de l’empire ; mais l’ensemble est éblouissant et la cohue qui s’y presse est du meilleur ton. L’orchestre exécute des valses et des symphonies allemandes auxquelles la voix des croupiers ne craint pas de mêler quelques notes discordantes. Ces messieurs ont fait choix de la langue française, bien que leurs pontes appartiennent en général à l’Allemagne et à l’Angleterre. « Le jeu est fait, messieurs, rien ne va plus ! — Rouge gagne, couleur perd ! Treize, noir, impair et manque ! » Voilà les phrases obligées qui se répondent du bord des trois tapis verts, dont le plus entouré est celui du trente et quarante. On ne peut trop s’étonner du nombre de belles dames et de personnes distinguées qui se livrent à ces jeux publics. J’ai vu des mères de famille qui apprenaient à leurs petits enfans à jouer sur les couleurs ; aux plus grands, elles permettaient de s’essayer sur les numéros. Tout le monde sait que le grand-duc de Hesse est l’habitué le plus exact des jeux de Baden. Ce prince, qui possède de fort belles moustaches grises, apporte, dit-on, tous les matins douze mille florins qu’il perd ou quadruple dans la journée. Une sorte d’estafier le suit partout lorsqu’il change de table, et reste debout derrière lui, afin de surveiller ses voisins. À quiconque s’approche trop, ce commissaire adresse des observations : « Monsieur, vous gênez le prince ; monsieur, vous faites ombre sur le jeu du prince. » Ce prince ne se détourne pas, ne bouge pas, ne voit personne. Ce serait bien lui qu’on pourrait frapper par derrière sans que son visage en sût rien. Seulement l’estafier vous dirait du même ton glacé : « Votre pied vient de toucher le prince ; prenez-y garde, monsieur ! »
Le samedi, le jour du grand bal, une cloison divise le salon en deux parties inégales, dont la plus considérable est livrée aux danseurs. Les abonnés seuls sont reçus dans cette dernière. Vous ne pouvez vous faire une idée de la quantité de blanches épaules russes, allemandes et anglaises que j’ai vues dans cette soirée. Je doute qu’aucune ville soit mieux située que Baden pour cette exhibition de beautés européennes, où l’Angleterre et la Russie luttent d’éclat et de blancheur, tandis que les formes et l’animation appartiennent davantage à la France et à l’Allemagne. Là, Joconde trouverait de quoi soupirer sans courir le monde au hasard ; là, don Giovanni ferait sa liste en une heure, comme une carte de restaurant, quitte à séduire ensuite tout ce qu’il aurait inscrit.
Que vous dirais-je, d’ailleurs, de ce bal, sinon que ce sont là d’heureux pays, où l’on danse l’été, pendant que les fenêtres sont ouvertes à la brise parfumée, que la lune luit sur les gazons, et refoule au loin le flanc bleuâtre des collines, quand on peut s’en aller de temps en temps respirer sous les noires allées et qu’on voit les femmes parées garnir au loin les galeries et les balcons. Ces trois choses, beauté, lumière, harmonie, ont tant besoin de l’air du ciel, des eaux et des feuillages et de la sérénité de la nuit ! Nos bals d’hiver de Paris, avec la chaleur étouffée des salles, l’aspect des rues boueuses au dehors, la pluie qui bat les fenêtres et le froid impitoyable qui veille à la sortie, sont quelque chose d’assez funèbre, et nos mascarades dansantes de février ne nous préparent pas mieux au carême qu’à la mort.
Il n’y a donc jamais eu un homme riche à Paris qui ait conçu cette idée assez naturelle : — Un bal masqué au printemps ! un bal qui commence aux splendides lueurs du soir, qui finisse aux teintes bleuâtres du matin ; un bal où l’on entre gaîment, d’où l’on sort gaîment, admirant la nature et bénissant Dieu. Des masques sur les gazons le long des terrasses, venant et disparaissant par les routes ombragées, des salles ouvertes à tous les parfums de la nuit, des rideaux qui flottent au vent, des danses où l’haleine ne manque pas, où la peau garde sa fraîcheur ! Tout cela n’est-il qu’un rêve de jeune homme, que la mode refusera toujours de prendre au sérieux ? L’hiver n’a-t-il pas assez des concerts et des théâtres, sans prendre encore les bals et les mascarades à l’été ?
Mais quelques mots sur la fête du grand-duc de Baden, à laquelle j’ai assisté :
Quelles réjouissances imaginer dans une ville perpétuellement en fête ? Le seul moyen de distinguer ce jour serait de n’en faire aucune, de supprimer les orchestres, les danses, les théâtres, les illuminations de tous les soirs. Mais peut-être aurons-nous des parades, des revues, des messes solennelles ? C’est de quoi il est bon de s’informer.
En effet, la ville fait grandement les choses : à dix heures, grand’messe et Te Deum, tant à Baden qu’à Lichtenthal ; à midi, revue, parade, marches militaires ; le soir, une pièce féerie au Théâtre Allemand, composée en l’honneur du grand-duc de Baden. Toute la journée, des coups de canon de quart d’heure en quart d’heure ; mais la ville ne possédant aucun canon, nous soupçonnons qu’on a recours à tout autre procédé pour obtenir ces détonations qui se multiplient le long des montagnes.
La route de Lichtenthal se couvre d’équipages, de promeneurs, de cavaliers ; c’est tout le mouvement, tout le luxe, tout l’éclat d’une promenade parisienne. Lichtenthal est le Longchamps de Baden. Lichtenthal (vallée de lumière) est un couvent de religieuses augustines qui chantent admirablement : leurs prières sont des cantates, leurs messes sont des opéras. La vallée de lumière n’est point une vallée de larmes : les religieuses n’y font des vœux que pour trois ans. Cette retraite romanesque, cette Chartreuse riante, est, dit-on, l’hospice des cœurs souffrans. On y vient guérir des grands amours ; on y passe un bail de trois, six, neuf, avec la douleur ; mais qui sait combien de temps le traitement peut survivre à la guérison ?
En vérité, c’est bien là un cloître d’héroïnes de petits romans ; un monastère dans les idées de Mme Cottin et de Mme Riccoboni ; les bâtimens sont adossés à une montagne qui à de certaines heures projette dans les cours l’ombre ténébreuse des sapins. La rivière de Baden coule au pied des murs mais n’offre nulle part assez de profondeur pour devenir le tombeau d’un désespoir tragique ; son éternelle voix se plaint dans les rochers rougeâtres, mais une fois dans la plaine unie, ce n’est plus qu’un ruisseau du Lignon, un paisible courant de la carte du Tendre, le long duquel s’en vont errer les moutons du village, bien peignés et enrubannés dans le goût de Vatteau. Vous comprenez que tous les troupeaux font partie du matériel du pays et sont entretenus par le gouvernement comme les colombes de Saint-Marc à Venise. Toute cette prairie qui compose la moitié du paysage ressemble à la petite Suisse de Trianon, comme en effet le pays entier de Baden est l’image de la Suisse en petit ; la Suisse moins ses glaciers et ses lacs, moins ses froids, ses brouillards et ses rudes montées. Il faut aller voir la Suisse, mais il faut vivre à Baden.
L’église du couvent est située au fond de la grande cour, ayant à droite la maison du cloître, et à gauche, en retour d’équerre, une chapelle gothique neuve, où sont les tombeaux des margraves et tout ce qu’on a pu recueillir de vitraux historiques et de légendes inscrites sur les marbres. Maintenant représentez-vous une décoration intérieure d’église d’un Pompadour exorbitant ; des saintes en costumes mythologiques, dans les attitudes les plus maniérées du monde, portées, soutenues, caressées par des petits démons d’anges, nus comme des petits amours. Les chapelles sont des boudoirs ; la rocaille s’enlace autour de charmans médaillons et de peintures exquises de Vanloo. Deux autels seulement ramènent l’esprit à des idées lugubres en exposant aux yeux les reliques trop bien conservées de saint Pius et de saint Bénédictus. Mais là encore on a cherché le moyen de rendre la mort présentable et presque coquette. Les deux squelettes, bien nettoyés, vernis, chevillés en argent, sont couchés sur un lit de fleurs artificielles, de mousses et de coquillages, dans une sorte de montre en glaces. Ils sont couronnés d’or et de feuillages ; une collerette de dentelle entoure les vertèbres de leur cou, et chacune de leurs côtes est garnie d’une bande de velours rouge brodé d’or : ce qui leur compose une sorte de pourpoint tailladé à jour du plus bizarre effet. Bien plus, leurs tibias sortent d’une espèce de haut-de-chausses du même velours, à crevées de soie blanche. L’aspect ridicule et pénible à la fois de cette mascarade d’ossemens ne peut se comparer qu’à celui des momies d’un duc de Nassau et de sa fille que l’on fait voir à Strasbourg dans l’église de Saint-Thomas. Il est impossible de mieux dépoétiser la mort et de railler plus amèrement l’éternité.
Maintenant, résonnez, notes sévères du chant d’église, notes larges et carrées qui traduisez en langage du ciel l’idiome sacré de Rome. Orgue majestueux, répands tes sons comme des flots autour de cette nef à demi profane ! Voix inspirées des saintes filles, élancez-vous au ciel entre le chant de l’ange et le chant de l’oiseau ! La foule est grande et digne sans doute d’assister au saint sacrifice ; les étrangers ont la place d’honneur ; ils occupent le chœur et les chapelles latérales. Les habitans du pays remplissent modestement le fond de l’église, agenouillés sur la pierre ou rangés sur leurs bancs de bois.
Ici commença la plus singulière messe que j’aie jamais entendue, moi qui connais les messes italiennes pourtant. C’était une messe d’un rococo comme toute l’église, une messe accompagnée de violons et fort gaîment exécutée. Bientôt les exécutans du chœur s’interrompirent et les voix des sœurs Augustines descendirent d’une sorte de grande soupente établie derrière l’orgue et masquée d’une grille épaisse. Ensuite on n’entendit plus qu’une seule voix qui chantait une sorte de grand air, selon l’ancienne manière italienne : c’étaient des traits, des fioritures incroyables, des broderies à faire perdre la tête à Mme Damoreau, et la voix à Mlle Grisi ; cela sur une musique du temps de Pergolèse tout au moins. Vous comprenez mon plaisir ! je ne veux cacher à personne que cette musique, ce chant, m’ont ravi au troisième ciel.
Après la messe, je suis monté au parloir. Le parloir ne faisait nul disparate avec le reste : un vrai parloir de roman ; le parloir de Marianne, de Mélanie, et si vous voulez même, le parloir de Vert-Vert. Quel bonheur de se trouver en plein dix-huitième siècle tout à coup et tout à fait ! Malheureusement je n’avais aucune religieuse à y faire venir, et je me suis contenté de voir passer deux novices bleues, qui portaient du café à la crème à madame la supérieure.
On revient à Baden en suivant le cours de la rivière ; et quelle rivière ! Elle n’est guère navigable que pour les canards ; les oies y ont pied presque partout. Pourtant des ponts orgueilleux la traversent de tous côtés ; des ponts de pierre, des ponts de bois, et jusqu’à des ponts suspendus en fil de fer. Vous n’imaginez pas à quel point on tourmente ce pauvre filet d’eau limpide, qui ne demanderait pas mieux que d’être un simple ruisseau. On a construit des barrages de l’autre côté de la ville, afin que pendant qu’il y passe il présente plus de surface. Lorsque l’on annonçait à Baden l’arrivée de l’empereur de Russie, on parla de jeter quelques seaux d’eau dans la rivière pour la faire passer à l’état de fleuve.
Mais laissons en paix cette pauvre rivière de Baden-Baden, le pays le moins lymphatique du monde. Toute la ville est en rumeur ; qu’arrive-t-il ? c’est l’armée du grand-duc qui passe par la promenade : cinquante hommes de cavalerie, cent hommes d’infanterie, huit tambours et vingt-cinq musiciens. Cette revue majestueuse me donne une assez pauvre idée de l’éducation militaire des troupes badoises. Mais, plus tard, j’appris que presque tous ces soldats n’étaient que d’honnêtes cultivateurs du pays, qui s’en vont les jours de parade se faire habiller au château, et reportent ensuite fidèlement cette défroque empruntée. Les forces militaires de la ville de Bade ne se composent en réalité que de deux cents uniformes un peu piqués, avec équipement complet, qu’il est loisible à la ville de faire remplir par des figurans quelconques, quand elle veut donner aux étrangers une idée de sa puissance.
Les divertissemens du reste de la fête se réduisaient à ceux de tous les jours. Nous allons passer à la pièce de circonstance, jouée au théâtre allemand en l’honneur du grand-duc et de sa famille. Là surtout il faut louer l’intention ; des guirlandes de fleurs et de feuillage véritables ornaient le devant des loges, dont les belles spectatrices décoraient mieux l’intérieur. Le rideau levé, une actrice s’est avancée, dans le costume de Thalie, et a prononcé, en quelques centaines de vers, l’éloge du grand-duc régnant. Nous pensions que la pièce se réduisait à un monologue, lorsqu’une autre actrice, vêtue en Melpomène, est venue reprocher à l’autre de ne parler que du souverain actuel, et d’oublier son prédécesseur. Alors ces deux muses ont conversé en strophes alternatives, comme les bergers de l’églogue, chacune produisant les divers mérites du souverain et de son père. Puis un buste s’est élevé par une trappe, au fond de la scène, et toutes deux y sont venues déposer des guirlandes, une Gloire a couronné le tout, et des flammes bleues et rouges accompagnaient ce tableau final. Cela n’était pas plus ridicule que la cérémonie de la fête de Molière au Théâtre-Français, mais cela l’était tout autant. Une forte pluie, qui a tombé toute la soirée, aurait empêché le feu d’artifice, s’il y en avait eu un sur le programme ; ce qui aura fait regretter sans doute aux ordonnateurs de la fête de ne pas l’avoir annoncé.
GÉRARD.
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