TEXTES

1824, Poésies diverses (manuscrit autographe)

1824, L’Enterrement de la Quotidienne (manuscrit autographe)

1824, Poésies et poèmes (manuscrit autographe)

1825, « Pour la biographie des biographes » (manuscrit autographe)

15 février 1826 (BF), Napoléon et la France guerrière, chez Ladvocat

19, 22 avril, 14 juin (BF), Complainte sur la mort de haut et puissant seigneur le Droit d’aînesse, chez Touquet

6 mai 1826 (BF), Complainte sur l’immortalité de M. Briffaut, par Cadet Roussel, chez Touquet

6 mai 1826 (BF), Monsieur Dentscourt ou le Cuisinier d’un grand homme, chez Touquet

20 mai 1826 (BF), Les Hauts faits des Jésuites, par Beuglant, chez Touquet

12 août 1826 (BF), Épître à M. de Villèle (Mercure de France du XIXe siècle)

11 novembre 1826 (BF), Napoléon et Talma, chez Touquet

13 et 30 décembre 1826 (BF), L’Académie ou les membres introuvables, par Gérard, chez Touquet

16 mai 1827 (BF), Élégies nationales et Satires politiques, par Gérard, chez Touquet

29 juin 1827, La dernière scène de Faust (Mercure de France au XIXe siècle)

28 novembre 1827 (BF), Faust, tragédie de Goëthe, 1828, chez Dondey-Dupré

15 décembre 1827, A Auguste H…Y (Almanach des muses pour 1828)

1828? Faust (manuscrit autographe)

1828? Le Nouveau genre (manuscrit autographe)

mai 1829, Lénore. Ballade allemande imitée de Bürger (La Psyché)

août 1829, Le Plongeur. Ballade, (La Psyché)

octobre 1829, A Schmied. Ode de Klopstock (La Psyché)

24 octobre 1829, Robert et Clairette. Ballade allemande de Tiedge (Mercure de France au XIXe siècle)

14 novembre 1829, Les Bienfaits de l’enseignement mutuel, Procès verbal de la Loge des Sept-Écossais-réunis, chez Bellemain

21 novembre 1829, Chant de l’épée. Traduit de Korner (Mercure de France au XIXe siècle)

12 décembre 1829, La Mort du Juif errant. Rapsodie lyrique de Schubart (Mercure de France au XIXe siècle)

19 décembre 1829, Lénore. Traduction littérale de Bürger (Mercure de France au XIXe siècle)

2 janvier 1830, La Première nuit du Sabbat. Morceau lyrique de Goethe (Mercure de France au XIXe siècle)

janvier 1830, La Lénore de Bürger, nouvelle traduction littérale (La Psyché)

16 janvier 1830, Ma Patrie, de Klopstock (Mercure de France au XIXe siècle)

23 janvier 1830, Légende, par Goethe (Mercure de France au XIXe siècle)

6 février (BF) Poésies allemandes, Klopstock, Goethe, Schiller, Burger (Bibliothèque choisie)

13 février 1830, Les Papillons (Mercure de France au XIXe siècle)

13 février 1830, Appel, par Koerner (1813) (Mercure de France au XIXe siècle)

13 mars 1830, L’Ombre de Koerner, par Uhland, 1816 (Mercure de France au XIXe siècle)

27 mars 1830, La Nuit du Nouvel an d’un malheureux, de Jean-Paul Richter (La Tribune romantique)

10 avril 1830, Le Dieu et la bayadère, nouvelle indienne par Goëthe (Mercure de France au XIXe siècle)

29 avril 1830, La Pipe, chanson traduite de l’allemand, de Pfeffel (La Tribune romantique)

13 mai 1830 Le Cabaret de la mère Saguet (Le Gastronome)

mai 1830, M. Jay et les pointus littéraires (La Tribune romantique)

17 juillet 1830, L’Éclipse de lune. Épisode fantastique par Jean-Paul Richter (Mercure de France au XIXe siècle)

juillet ? 1830, Récit des journées des 27-29 juillet (manuscrit autographe)

14 août 1830, Le Peuple (Mercure de France au XIXe siècle)

30 octobre 1830 (BF), Choix de poésies de Ronsard, Dubellay, Baïf, Belleau, Dubartas, Chassignet, Desportes, Régnier (Bibliothèque choisie)

11 décembre 1830, A Victor Hugo. Les Doctrinaires (Almanach des muses pour 1831)

29 décembre 1830, La Malade (Le Cabinet de lecture )

29 janvier 1831, Odelette, Le Vingt-cinq mars (Almanach dédié aux demoiselles)

14 mars 1831, En avant, marche! (Cabinet de lecture)

23 avril 1831, Bardit, traduit du haut-allemand (Mercure de France au XIXe siècle)

30 avril 1831, Le Bonheur de la maison par Jean-Paul Richter. Maria. Fragment (Mercure de France au XIXe siècle)

7 mai 1831, Profession de foi (Mercure de France au XIXe siècle)

25 juin et 9 juillet 1831, Nicolas Flamel, drame-chronique (Mercure de France au XIXe siècle)

17 et 24 septembre 1831, Les Aventures de la nuit de Saint-Sylvestre. Conte inédit d’Hoffmann (Mercure de France au XIXe siècle)

4 décembre 1831, Cour de prison, Le Soleil et la gloire (Le Cabinet de lecture)

17 décembre 1831, Odelettes. La Malade, Le Soleil et la Gloire, Le Réveil en voiture, Le Relais, Une Allée du Luxembourg, Notre-Dame-de-Paris (Almanach des muses)

17 décembre 1831, Fantaisie, odelette (Annales romantiques pour 1832)

24 septembre 1832, La Main de gloire, histoire macaronique (Le Cabinet de lecture)

14 décembre 1834, Odelettes (Annales romantiques pour 1835)

1835-1838 ? Lettres d’amour (manuscrits autographes)

26 mars et 20 juin 1836, De l’Aristocratie en France (Le Carrousel)

20 et 26 mars 1837, De l’avenir de la tragédie (La Charte de 1830)

12 août 1838, Les Bayadères à Paris (Le Messager)

18 septembre 1838, A M. B*** (Le Messager)

2 octobre 1838, La ville de Strasbourg. A M. B****** (Le Messager)

26 octobre 1838, Lettre de voyage. Bade (Le Messager)

31 octobre 1838, Lettre de voyage. Lichtenthal (Le Messager)

24 novembre 1838, Léo Burckart (manuscrit remis à la censure)

25, 26 et 28 juin 1839, Le Fort de Bitche. Souvenir de la Révolution française (Le Messager)

13 juillet 1839 (BF) Léo Burckart, chez Barba et Desessart

19 juillet 1839, « Le Mort-vivant », drame de M. de Chavagneux (La Presse)

15 et 16-17 août 1839, Les Deux rendez-vous, intermède (La Presse)

17 et 18 septembre 1839, Biographie singulière de Raoul Spifamme, seigneur des Granges (La Presse)

21 et 28 septembre 1839, Lettre VI, A Madame Martin (Lettres aux belles femmes de Paris et de la province)

28 janvier 1840, Lettre de voyage I (La Presse)

25 février 1840, Le Magnétiseur

5 mars 1840, Lettre de voyage II (La Presse)

8 mars 1840, Lettre sur Vienne (L’Artiste)

26 mars 1840, Lettre de voyage III (La Presse)

28 juin 1840, Lettre de voyage IV, Un jour à Munich (La Presse)

18 juillet 1840 (BF) Faust de Goëthe suivi du second Faust, chez Gosselin

26 juillet 1840, Allemagne du Nord - Paris à Francfort I (La Presse)

29 juillet, 1840, Allemagne du Nord - Paris à Francfort II (La Presse)

30 juillet 1840, Allemagne du Nord - Paris à Francfort III (La Presse)

11 février 1841, Une Journée à Liège (La Presse)

18 février 1841, L’Hiver à Bruxelles (La Presse)

1841 ? Première version d’Aurélia (feuillets autographes)

février-mars 1841, Lettre à Muffe, (sonnets, manuscrit autographe)

1841 ? La Tête armée (manuscrit autographe)

mars 1841, Généalogie dite fantastique (manuscrit autographe)

1er mars 1841, Jules Janin, Gérard de Nerval (Journal des Débats)

5 mars 1841, Lettre à Edmond Leclerc

7 mars 1841, Les Amours de Vienne (Revue de Paris)

31 mars 1841, Lettre à Auguste Cavé

11 avril 1841, Mémoires d’un Parisien. Sainte-Pélagie en 1832 (L’Artiste)

9 novembre 1841, Lettre à Ida Ferrier-Dumas

novembre? 1841, Lettre à Victor Loubens

10 juillet 1842, Les Vieilles ballades françaises (La Sylphide)

15 octobre 1842, Rêverie de Charles VI (La Sylphide)

24 décembre 1842, Un Roman à faire (La Sylphide)

19 et 26 mars 1843, Jemmy O’Dougherty (La Sylphide)

11 février 1844, Une Journée en Grèce (L’Artiste)

10 mars 1844, Le Roman tragique (L’Artiste)

17 mars 1844, Le Boulevard du Temple, 1re livraison (L’Artiste)

31 mars 1844, Le Christ aux oliviers (L’Artiste)

5 mai 1844, Le Boulevard du Temple 2e livraison (L’Artiste)

12 mai 1844, Le Boulevard du Temple, 3e livraison (L’Artiste)

2 juin 1844, Paradoxe et Vérité (L’Artiste)

30 juin 1844, Voyage à Cythère (L’Artiste)

28 juillet 1844, Une Lithographie mystique (L’Artiste)

11 août 1844, Voyage à Cythère III et IV (L’Artiste)

15 septembre, Diorama (L’Artiste-Revue de Paris)

29 septembre 1844, Pantaloon Stoomwerktuimaker (L’Artiste)

20 octobre 1844, Les Délices de la Hollande I (La Sylphide)

8 décembre 1844, Les Délices de la Hollande II (La Sylphide)

16 mars 1845, Pensée antique (L’Artiste)

19 avril 1845 (BF), Le Diable amoureux par J. Cazotte, préface de Nerval, chez Ganivet

1er juin 1845, Souvenirs de l’Archipel. Cérigo (L’Artiste-Revue de Paris)

6 juillet 1845, L’Illusion (L’Artiste-Revue de Paris)

5 octobre 1845, Strasbourg (L’Artiste-Revue de Paris)

novembre-décembre 1845, Le Temple d’Isis. Souvenir de Pompéi (La Phalange)

28 décembre 1845, Vers dorés (L’Artiste-Revue de Paris)

1er mars 1846, Sensations d’un voyageur enthousiaste I (L’Artiste-Revue de Paris)

15 mars 1846, Sensations d’un voyageur enthousiaste II (L’Artiste-Revue de Paris)

1er mai 1846, Les Femmes du Caire. Scènes de la vie égyptienne (Revue des Deux Mondes)

17 mai 1846, Sensations d’un voyageur enthousiaste III (L’Artiste-Revue de Paris)

1er juillet 1846, Les Femmes du Caire. Scènes de la vie égyptienne. Les Esclaves (Revue des Deux Mondes)

12 juillet 1846 Sensations d’un voyageur enthousiaste IV (L’Artiste-Revue de Paris)

16 août 1846, Un Tour dans le Nord. Angleterre et Flandre (L’Artiste-Revue de Paris)

30 août 1846, De Ramsgate à Anvers (L’Artiste-Revue de Paris)

15 septembre 1846, Les Femmes du Caire. Scènes de la vie égyptienne. Le Harem (Revue des Deux Mondes)

20 septembre 1846, Une Nuit à Londres (L’Artiste-Revue de Paris)

1er novembre 1846, Un Tour dans le Nord III (L’Artiste-Revue de Paris)

22 novembre 1846, Un Tour dans le Nord IV (L’Artiste-Revue de Paris)

15 décembre 1846, Scènes de la vie égyptienne moderne. La Cange du Nil (Revue des Deux Mondes)

1847, Scénario des deux premiers actes des Monténégrins

15 février 1847, La Santa-Barbara. Scènes de la vie orientale (Revue des Deux Mondes)

15 mai 1847, Les Maronites. Un Prince du Liban (Revue des Deux Mondes)

15 août 1847, Les Druses (Revue des Deux Mondes)

17 octobre 1847, Les Akkals (Revue des Deux Mondes)

21 novembre 1847, Souvenirs de l’Archipel. Les Moulins de Syra (L’Artiste-Revue de Paris)

15 juillet 1848, Les Poésies de Henri Heine (Revue des Deux Mondes)

15 septembre 1848, Les Poésies de Henri Heine, L’Intermezzo (Revue des Deux Mondes)

7 janvier-24 juin 1849, puis 2 septembre 1849-27 janvier 1850, Al-Kahira. Souvenirs d’Orient (La Silhouette)

1er-27 mars 1849, Le Marquis de Fayolle, 1re partie (Le Temps)

26 avril 16 mai 1849, Le Marquis de Fayolle, 2e partie (Le Temps)

6 octobre 1849, Le Diable rouge (Almanach cabalistique pour 1850)

3 novembre 1849 (BF), Le Diable vert, et Impression de voyage (Almanach satirique, chez Aubert, Martinon et Dumineray)

7 mars-19 avril 1850, Les Nuits du Ramazan (Le National)

15 août 1850, Les Confidences de Nicolas, 1re livraison (Revue des Deux Mondes)

26 août 1850, Le Faust du Gymnase (La Presse)

1er septembre 1850, Les Confidences de Nicolas, 2e livraison (Revue des Deux Mondes)

9 septembre 1850, Excursion rhénane (La Presse)

15 septembre 1850, Les Confidences de Nicolas, 3e livraison (Revue des Deux Mondes)

18 et 19 septembre 1850, Les Fêtes de Weimar (La Presse)

1er octobre 1850, Goethe et Herder (L’Artiste-Revue de Paris)

24 octobre-22 décembre 1850, Les Faux-Saulniers (Le National)

29 décembre 1850, Les Livres d’enfants, La Reine des poissons (Le National)

novembre 1851, Quintus Aucler (Revue de Paris)

24 janvier 1852 (BF), L’Imagier de Harlem, Librairie théâtrale

15 juin 1852, Les Fêtes de mai en Hollande (Revue des Deux Mondes)

1er juillet 1852, La Bohême galante I (L’Artiste)

15 juillet 1852, La Bohême galante II (L’Artiste)

1er août 1852, La Bohême galante III (L’Artiste)

15 août 1852, La Bohême galante IV (L’Artiste)

21 août 1852 (BF), Lorely. Souvenirs d’Allemagne, chez Giraud et Dagneau (Préface à Jules Janin)

1er septembre 1852, La Bohême galante V (L’Artiste)

15 septembre 1852, La Bohême galante VI (L’Artiste)

1er octobre 1852, La Bohême galante VII (L’Artiste)

9 octobre 1852, Les Nuits d’octobre, 1re livraison (L’Illustration)

15 octobre 1852, La Bohême galante VIII (L’Artiste)

23 octobre 1852, Les Nuits d’octobre, 2e livraison (L’Illustration)

30 octobre 1852, Les Nuits d’octobre, 3e livraison (L’Illustration)

1er novembre 1852, La Bohême galante IX (L’Artiste)

6 novembre 1852, Les Nuits d’octobre, 4e livraison (L’Illustration)

13 novembre 1852, Les Nuits d’octobre, 5e livraison (L’Illustration)

15 novembre 1852, La Bohême galante X (L’Artiste)

20 novembre 1852, Les Illuminés, chez Victor Lecou (« La Bibliothèque de mon oncle »)

1er décembre 1852, La Bohême galante XI (L’Artiste)

15 décembre 1852, La Bohême galante XII (L’Artiste)

1er janvier 1853 (BF), Petits Châteaux de Bohême. Prose et Poésie, chez Eugène Didier

15 août 1853, Sylvie. Souvenirs du Valois (Revue des Deux Mondes)

14 novembre 1853, Lettre à Alexandre Dumas

25 novembre 1853-octobre 1854, Lettres à Émile Blanche

10 décembre 1853, Alexandre Dumas, Causerie avec mes lecteurs (Le Mousquetaire)

17 décembre 1853, Octavie (Le Mousquetaire)

1853-1854, Le Comte de Saint-Germain (manuscrit autographe)

28 janvier 1854 (BF) Les Filles du feu, préface, Les Chimères, chez Daniel Giraud

31 octobre 1854, Pandora (Le Mousquetaire)

25 novembre 1854, Pandora, épreuves du Mousquetaire

Pandora, texte reconstitué par Jean Guillaume en 1968

Pandora, texte reconstitué par Jean Senelier en 1975

30 décembre 1854, Promenades et Souvenirs, 1re livraison (L’Illustration)

1854 ? Sydonie (manuscrit autographe)

1854? Emerance (manuscrit autographe)

1854? Promenades et Souvenirs (manuscrit autographe)

janvier 1855, Oeuvres complètes (manuscrit autographe)

1er janvier 1855, Aurélia ou le Rêve et la Vie (Revue de Paris)

6 janvier 1855, Promenades et Souvenirs, 2e livraison (L’Illustration)

3 février 1855, Promenades et Souvenirs, 3e livraison (L’Illustration)

15 février 1855, Aurélia ou Le Rêve et la Vie, seconde partie (Revue de Paris)

15 mars 1855, Desiderata (Revue de Paris)

1866, La Forêt noire, scénario

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BF: annonce dans la Bibliographie de la France

Manuscrit autographe: manuscrit non publié du vivant de Nerval

14 novembre 1853 — Lettre de Nerval à Alexandre Dumas.

La lettre porte en suscription : « De M. Gérard de Nerval / A Monsieur Alexandre Dumas / hôtel Louvois Place Louvois / A Paris ». Les cachets de la poste indiquent l’heure de départ : Passy-les-Paris, 14 novembre 1853, et d’arrivée : Paris, 14 novembre 1853.

Dès son retour en France en 1853, Dumas fonde « son » journal, Le Mousquetaire. Dans le même temps, il est en pourparlers avec Arsène Houssaye, alors directeur de la Comédie-Française, pour le remaniement d’une traduction que lui avait fournie Nerval du drame de Kotzebue, Misanthropie et Repentir. Dumas et Nerval, qui séjourne alors chez Émile Blanche à Passy, se retrouvent donc le 12 novembre dans les bureaux de la Comédie-Française, et là, il semble que Dumas ait proposé à Nerval une collaboration au Mousquetaire. D’abord apparemment enthousiaste — il se verrait bien en Aramis, tandis que Dumas serait... Porthos —, Nerval est saisi par le doute : la proposition de Dumas d’écrire le récit de « Trois jours de folie » n’est-elle pas un piège pour le ridiculiser, comme le fit autrefois Janin ? Peu à peu, le ressentiment le gagne au souvenir de leur voyage commun en Allemagne en 1838, et c’est finalement à un véritable réquisitoire contre Dumas que se livre Nerval dans cette lettre dont la rédaction est malheureusement interrompue.

Quelques jours plus tard, Dumas poursuivra l’« exécution » de Nerval dans la Causerie avec mes lecteurs publiée le 10 décembre dans Le Mousquetaire.

On peut spéculer à l’infini sur ces «Trois jours de folie » dont Dumas aurait demandé le récit à Nerval. La « carte du diable », qui semble le titre du premier de ces trois récits, serait-elle le fameux sept de carreau chargé de sept louis, adressé par Dumas à Nerval alors sans argent à Baden ? Notons que son évocation est immédiatement suivie de l’aveu des pertes au jeu du séjour à Baden de 1838, et de la revendication de son droit, clairement assumé, à dépenser son argent en seigneur… comme le faisait son voisin de table de jeu le duc de Hesse. On peut penser aussi pour ces "Trois jours de folie" aux trois jours de Saint-Sylvestre à Vienne, qui sera le sujet de Pandora, publiée précisément dans le Mousquetaire un an plus tard

Le texte de la lettre est établi sur l’autographe original.

Voir la notice: LE VOYAGE EN ALLEMAGNE DE 1838

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Trois jours de Folie

Le monde est plein de fous... et qui n’en veut pas voir

Doit rester dans sa chambre... et casser son miroir.

Eulenspiegel

Ce 14 novembre 1853 — neuf heures du matin.

Mon cher Dumas, — Je vous ai rencontré vendredi dernier dans le cabinet de Verteuil, à la Comédie Française, vous m’avez proposé d’écrire dans un journal que vous faites dirigez vous-même et d’être l’un des quatre mousquetaires de la rédaction.

Alors je m’appelle Aramis.

Merci, Porthos !

Je n’ai encore revu ni D’Artagnan, ni Athos, seulement, depuis quelques jours j’ai retrouvé Planchet.

Le drôle se cache sous les habits d’un hôtelier de la rue des Grés, — tenant table d’hôte d’étudians. Sa femme vend du laitage aux étudiantes. Nous voilà donc assurés de la nourriture en cas de besoin. Sinon nous avons votre table à Bruxelles en Brabant, celle de notre ami le bourgmestre, celle de l’hôtel de Suède et je crois même celle de l’hôtel d’Arenberg.

Procédons par ordre. Nous sommes quatre, trois d’entre nous sous les trois chapeaux blancs, le quatrième a les chapeaux qu’il veut. Le monde est à nous, les femmes sont pour nous !

Et habet suum fulmen Juno !!!

Un journal à vous fait par nous... qu’en aurait dit le Cardinal ?

Et sa nièce, donc ?

La parole est le glaive à deux tranchans, mais désormais nous taillerons nos plumes avec nos épées. La mienne est noire et elle est perdue depuis.... Vous m’aiderez à la retrouver.

Aramis

I. La carte du Diable

Mon vieil ami [un mot biffé, illisible] Hamilton prêtait les paroles suivantes au géant Moulineau : Bélier, mon ami ! Commençons par le commencement.

Or, vous m’avez demandé à moi Gérard, qui ne suis pas de Nevers mais de Nerval en Valois, à moi votre ancien collaborateur pour trois pièces, c’est à dire pour quatorze actes, — et qui n’ai jamais écrit de romans pour vous quoi qu’en ait dit mon ami Mirecourt, — vous m’avez demandé trois articles sur trois jours de ma vie que vous avez qualifiés vous-même par ce titre Trois jours de folie [souligné de deux traits] et que j’appellerais, moi, trois jours de raison.

C’étaient trois jours de liberté, suivis de trois nuits sans sommeil à cent francs livres par jour, que j’ai dépensés noblement ; quatre louis tournois, c’est à dire 96 francs + 20 sols. — Est-ce trop pour un gentilhomme ?

Je vous demande s’il y a de quoi étonner les populations, et justifier les mesures sévères dont ensuite j’ai été l’objet.

Quatre Cinq napoléons d’aujourd’hui : mais c’est ma dépense naturelle et je les ai dépensés journellement toutes les fois qu’on m’a laissé maître absolu de ma bourse, ce que je prouverai au besoin par attestation de mon notaire et de mon agent de change.

Il s’agit de savoir si je les ai bien dépensés.

Pour me tenter peut-être, vous m’avez donné vendredi dernier vingt écus d’acompte sous la condition d’écrire pour vous mes trois articles en trois jours. — Vous me faisiez injure, Porthos !

J’ai écrit sous vos yeux, [un mot biffé, illisible] ou plutôt pendant que vous dormiez, trois actes de drame en trois nuits, dans votre cabinet. Vous les avez lus le lendemain à Joly Anténor Joly et à Villeneuve avec les trois premiers qui étaient de vous, mon cher Alexandre, car la pièce avait cinq actes et un prologue. Vous en souvenez-vous ?

Et puisque nous parlons d’argent ou d’or je vous dis pour la première fois depuis vingt ans : vous souvenez-vous, Dumas, qu’au moment de votre départ pour l’Italie, je vous ai prêté un chiffon de banque de 500 livres ? Je vous avais rencontré sur la place du Carrousel, et j’ai couru les chercher impasse du Doyenné, n° 3, où j’occupais l’ancien appartement du Doyen, dont j’avais fait restaurer le salon et repeindre — par Châtillon, Nanteuil, Wattier, [un nom, biffé] Corot, Chassériau et autres de mes amis — les dessus de portes et les trumeaux. Mes souvenirs sont-ils fidèles ? Consultez les vôtres. J’ai votre [un mot, biffé] reçu signé. Comptons alors.

Les bons comptes font les bons amis.

J’ai reçu de vous depuis Strasbourg en Alsace

1° un effet de commerce signé Hyrvoix fils courtier sur négociant à Francfort sur Mein, tiré sur Hyrvoix père, négociant à Strasbourg, et payable chez M. Hypgé contrôleur des messageries à Stasbourg. — Impayé.

Sur le reçu de votre lettre chargée je m’étais transporté de Bade, où j’avais succombé sous une série de refaits à la même [table] où jouait S.A.Sérénissime….

10 heures moins ¼. Arrêté par l’annonce du déjeuner.

[en haut à gauche du verso du premier feuillet : sept. 38]

le grand-duc de Hesse. — Enfin j’étais rasé, comme on dit dans le monde. C’est alors que je vous écrivis cette épître joyeuse en vers macaroniques où j’ai fait preuve d’une si haute philosophie.

J’ai attendu votre réponse huit grands jours, vivant à l’hôtel du Soleil sur la foi de mon bagage, mais sans un sou de poche. Bénazet ne tenait pas encore la banque, sans quoi je lui aurais emprunté quelques louis en qualité d’a comme fait tout le monde en pareil cas... Tous les deux jours j’allais interroger la poste ; enfin une lettre arrive.

Je [une phrase, soigneusement biffée] l’ouvre avec précipitation ; vous m’annonciez l’envoi de quinze frédérics d’or par le Packvagen. Cela val[ai]t beaucoup mieux que l’effet de commerce précédent ; — mais j’avais oublié que ma bourse était vide. L’employé badois me dit : Alors vous ne pouvez pas

[La lettre est interrompue ici en milieu de phrase.Elle a pourtant été envoyée comme l'attestent les cachets de la poste]

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