TEXTES

1824, Poésies diverses (manuscrit autographe)

1824, L’Enterrement de la Quotidienne (manuscrit autographe)

1824, Poésies et poèmes (manuscrit autographe)

1825, « Pour la biographie des biographes » (manuscrit autographe)

15 février 1826 (BF), Napoléon et la France guerrière, chez Ladvocat

19, 22 avril, 14 juin (BF), Complainte sur la mort de haut et puissant seigneur le Droit d’aînesse, chez Touquet

6 mai 1826 (BF), Complainte sur l’immortalité de M. Briffaut, par Cadet Roussel, chez Touquet

6 mai 1826 (BF), Monsieur Dentscourt ou le Cuisinier d’un grand homme, chez Touquet

20 mai 1826 (BF), Les Hauts faits des Jésuites, par Beuglant, chez Touquet

12 août 1826 (BF), Épître à M. de Villèle (Mercure de France du XIXe siècle)

11 novembre 1826 (BF), Napoléon et Talma, chez Touquet

13 et 30 décembre 1826 (BF), L’Académie ou les membres introuvables, par Gérard, chez Touquet

16 mai 1827 (BF), Élégies nationales et Satires politiques, par Gérard, chez Touquet

29 juin 1827, La dernière scène de Faust (Mercure de France au XIXe siècle)

28 novembre 1827 (BF), Faust, tragédie de Goëthe, 1828, chez Dondey-Dupré

15 décembre 1827, A Auguste H…Y (Almanach des muses pour 1828)

1828? Faust (manuscrit autographe)

1828? Le Nouveau genre (manuscrit autographe)

mai 1829, Lénore. Ballade allemande imitée de Bürger (La Psyché)

août 1829, Le Plongeur. Ballade, (La Psyché)

octobre 1829, A Schmied. Ode de Klopstock (La Psyché)

24 octobre 1829, Robert et Clairette. Ballade allemande de Tiedge (Mercure de France au XIXe siècle)

14 novembre 1829, Les Bienfaits de l’enseignement mutuel, Procès verbal de la Loge des Sept-Écossais-réunis, chez Bellemain

21 novembre 1829, Chant de l’épée. Traduit de Korner (Mercure de France au XIXe siècle)

12 décembre 1829, La Mort du Juif errant. Rapsodie lyrique de Schubart (Mercure de France au XIXe siècle)

19 décembre 1829, Lénore. Traduction littérale de Bürger (Mercure de France au XIXe siècle)

2 janvier 1830, La Première nuit du Sabbat. Morceau lyrique de Goethe (Mercure de France au XIXe siècle)

janvier 1830, La Lénore de Bürger, nouvelle traduction littérale (La Psyché)

16 janvier 1830, Ma Patrie, de Klopstock (Mercure de France au XIXe siècle)

23 janvier 1830, Légende, par Goethe (Mercure de France au XIXe siècle)

6 février (BF) Poésies allemandes, Klopstock, Goethe, Schiller, Burger (Bibliothèque choisie)

13 février 1830, Les Papillons (Mercure de France au XIXe siècle)

13 février 1830, Appel, par Koerner (1813) (Mercure de France au XIXe siècle)

13 mars 1830, L’Ombre de Koerner, par Uhland, 1816 (Mercure de France au XIXe siècle)

27 mars 1830, La Nuit du Nouvel an d’un malheureux, de Jean-Paul Richter (La Tribune romantique)

10 avril 1830, Le Dieu et la bayadère, nouvelle indienne par Goëthe (Mercure de France au XIXe siècle)

29 avril 1830, La Pipe, chanson traduite de l’allemand, de Pfeffel (La Tribune romantique)

13 mai 1830 Le Cabaret de la mère Saguet (Le Gastronome)

mai 1830, M. Jay et les pointus littéraires (La Tribune romantique)

17 juillet 1830, L’Éclipse de lune. Épisode fantastique par Jean-Paul Richter (Mercure de France au XIXe siècle)

juillet ? 1830, Récit des journées des 27-29 juillet (manuscrit autographe)

14 août 1830, Le Peuple (Mercure de France au XIXe siècle)

30 octobre 1830 (BF), Choix de poésies de Ronsard, Dubellay, Baïf, Belleau, Dubartas, Chassignet, Desportes, Régnier (Bibliothèque choisie)

11 décembre 1830, A Victor Hugo. Les Doctrinaires (Almanach des muses pour 1831)

29 décembre 1830, La Malade (Le Cabinet de lecture )

29 janvier 1831, Odelette, Le Vingt-cinq mars (Almanach dédié aux demoiselles)

14 mars 1831, En avant, marche! (Cabinet de lecture)

23 avril 1831, Bardit, traduit du haut-allemand (Mercure de France au XIXe siècle)

30 avril 1831, Le Bonheur de la maison par Jean-Paul Richter. Maria. Fragment (Mercure de France au XIXe siècle)

7 mai 1831, Profession de foi (Mercure de France au XIXe siècle)

25 juin et 9 juillet 1831, Nicolas Flamel, drame-chronique (Mercure de France au XIXe siècle)

17 et 24 septembre 1831, Les Aventures de la nuit de Saint-Sylvestre. Conte inédit d’Hoffmann (Mercure de France au XIXe siècle)

4 décembre 1831, Cour de prison, Le Soleil et la gloire (Le Cabinet de lecture)

17 décembre 1831, Odelettes. La Malade, Le Soleil et la Gloire, Le Réveil en voiture, Le Relais, Une Allée du Luxembourg, Notre-Dame-de-Paris (Almanach des muses)

17 décembre 1831, Fantaisie, odelette (Annales romantiques pour 1832)

24 septembre 1832, La Main de gloire, histoire macaronique (Le Cabinet de lecture)

14 décembre 1834, Odelettes (Annales romantiques pour 1835)

1835-1838 ? Lettres d’amour (manuscrits autographes)

26 mars et 20 juin 1836, De l’Aristocratie en France (Le Carrousel)

20 et 26 mars 1837, De l’avenir de la tragédie (La Charte de 1830)

12 août 1838, Les Bayadères à Paris (Le Messager)

18 septembre 1838, A M. B*** (Le Messager)

2 octobre 1838, La ville de Strasbourg. A M. B****** (Le Messager)

26 octobre 1838, Lettre de voyage. Bade (Le Messager)

31 octobre 1838, Lettre de voyage. Lichtenthal (Le Messager)

24 novembre 1838, Léo Burckart (manuscrit remis à la censure)

25, 26 et 28 juin 1839, Le Fort de Bitche. Souvenir de la Révolution française (Le Messager)

13 juillet 1839 (BF) Léo Burckart, chez Barba et Desessart

19 juillet 1839, « Le Mort-vivant », drame de M. de Chavagneux (La Presse)

15 et 16-17 août 1839, Les Deux rendez-vous, intermède (La Presse)

17 et 18 septembre 1839, Biographie singulière de Raoul Spifamme, seigneur des Granges (La Presse)

21 et 28 septembre 1839, Lettre VI, A Madame Martin (Lettres aux belles femmes de Paris et de la province)

28 janvier 1840, Lettre de voyage I (La Presse)

25 février 1840, Le Magnétiseur

5 mars 1840, Lettre de voyage II (La Presse)

8 mars 1840, Lettre sur Vienne (L’Artiste)

26 mars 1840, Lettre de voyage III (La Presse)

28 juin 1840, Lettre de voyage IV, Un jour à Munich (La Presse)

18 juillet 1840 (BF) Faust de Goëthe suivi du second Faust, chez Gosselin

26 juillet 1840, Allemagne du Nord - Paris à Francfort I (La Presse)

29 juillet, 1840, Allemagne du Nord - Paris à Francfort II (La Presse)

30 juillet 1840, Allemagne du Nord - Paris à Francfort III (La Presse)

11 février 1841, Une Journée à Liège (La Presse)

18 février 1841, L’Hiver à Bruxelles (La Presse)

1841 ? Première version d’Aurélia (feuillets autographes)

février-mars 1841, Lettre à Muffe, (sonnets, manuscrit autographe)

1841 ? La Tête armée (manuscrit autographe)

mars 1841, Généalogie dite fantastique (manuscrit autographe)

1er mars 1841, Jules Janin, Gérard de Nerval (Journal des Débats)

5 mars 1841, Lettre à Edmond Leclerc

7 mars 1841, Les Amours de Vienne (Revue de Paris)

31 mars 1841, Lettre à Auguste Cavé

11 avril 1841, Mémoires d’un Parisien. Sainte-Pélagie en 1832 (L’Artiste)

9 novembre 1841, Lettre à Ida Ferrier-Dumas

novembre? 1841, Lettre à Victor Loubens

10 juillet 1842, Les Vieilles ballades françaises (La Sylphide)

15 octobre 1842, Rêverie de Charles VI (La Sylphide)

24 décembre 1842, Un Roman à faire (La Sylphide)

19 et 26 mars 1843, Jemmy O’Dougherty (La Sylphide)

11 février 1844, Une Journée en Grèce (L’Artiste)

10 mars 1844, Le Roman tragique (L’Artiste)

17 mars 1844, Le Boulevard du Temple, 1re livraison (L’Artiste)

31 mars 1844, Le Christ aux oliviers (L’Artiste)

5 mai 1844, Le Boulevard du Temple 2e livraison (L’Artiste)

12 mai 1844, Le Boulevard du Temple, 3e livraison (L’Artiste)

2 juin 1844, Paradoxe et Vérité (L’Artiste)

30 juin 1844, Voyage à Cythère (L’Artiste)

28 juillet 1844, Une Lithographie mystique (L’Artiste)

11 août 1844, Voyage à Cythère III et IV (L’Artiste)

15 septembre, Diorama (L’Artiste-Revue de Paris)

29 septembre 1844, Pantaloon Stoomwerktuimaker (L’Artiste)

20 octobre 1844, Les Délices de la Hollande I (La Sylphide)

8 décembre 1844, Les Délices de la Hollande II (La Sylphide)

16 mars 1845, Pensée antique (L’Artiste)

19 avril 1845 (BF), Le Diable amoureux par J. Cazotte, préface de Nerval, chez Ganivet

1er juin 1845, Souvenirs de l’Archipel. Cérigo (L’Artiste-Revue de Paris)

6 juillet 1845, L’Illusion (L’Artiste-Revue de Paris)

5 octobre 1845, Strasbourg (L’Artiste-Revue de Paris)

novembre-décembre 1845, Le Temple d’Isis. Souvenir de Pompéi (La Phalange)

28 décembre 1845, Vers dorés (L’Artiste-Revue de Paris)

1er mars 1846, Sensations d’un voyageur enthousiaste I (L’Artiste-Revue de Paris)

15 mars 1846, Sensations d’un voyageur enthousiaste II (L’Artiste-Revue de Paris)

1er mai 1846, Les Femmes du Caire. Scènes de la vie égyptienne (Revue des Deux Mondes)

17 mai 1846, Sensations d’un voyageur enthousiaste III (L’Artiste-Revue de Paris)

1er juillet 1846, Les Femmes du Caire. Scènes de la vie égyptienne. Les Esclaves (Revue des Deux Mondes)

12 juillet 1846 Sensations d’un voyageur enthousiaste IV (L’Artiste-Revue de Paris)

16 août 1846, Un Tour dans le Nord. Angleterre et Flandre (L’Artiste-Revue de Paris)

30 août 1846, De Ramsgate à Anvers (L’Artiste-Revue de Paris)

15 septembre 1846, Les Femmes du Caire. Scènes de la vie égyptienne. Le Harem (Revue des Deux Mondes)

20 septembre 1846, Une Nuit à Londres (L’Artiste-Revue de Paris)

1er novembre 1846, Un Tour dans le Nord III (L’Artiste-Revue de Paris)

22 novembre 1846, Un Tour dans le Nord IV (L’Artiste-Revue de Paris)

15 décembre 1846, Scènes de la vie égyptienne moderne. La Cange du Nil (Revue des Deux Mondes)

1847, Scénario des deux premiers actes des Monténégrins

15 février 1847, La Santa-Barbara. Scènes de la vie orientale (Revue des Deux Mondes)

15 mai 1847, Les Maronites. Un Prince du Liban (Revue des Deux Mondes)

15 août 1847, Les Druses (Revue des Deux Mondes)

17 octobre 1847, Les Akkals (Revue des Deux Mondes)

21 novembre 1847, Souvenirs de l’Archipel. Les Moulins de Syra (L’Artiste-Revue de Paris)

15 juillet 1848, Les Poésies de Henri Heine (Revue des Deux Mondes)

15 septembre 1848, Les Poésies de Henri Heine, L’Intermezzo (Revue des Deux Mondes)

7 janvier-24 juin 1849, puis 2 septembre 1849-27 janvier 1850, Al-Kahira. Souvenirs d’Orient (La Silhouette)

1er-27 mars 1849, Le Marquis de Fayolle, 1re partie (Le Temps)

26 avril 16 mai 1849, Le Marquis de Fayolle, 2e partie (Le Temps)

6 octobre 1849, Le Diable rouge (Almanach cabalistique pour 1850)

3 novembre 1849 (BF), Le Diable vert, et Impression de voyage (Almanach satirique, chez Aubert, Martinon et Dumineray)

7 mars-19 avril 1850, Les Nuits du Ramazan (Le National)

15 août 1850, Les Confidences de Nicolas, 1re livraison (Revue des Deux Mondes)

26 août 1850, Le Faust du Gymnase (La Presse)

1er septembre 1850, Les Confidences de Nicolas, 2e livraison (Revue des Deux Mondes)

9 septembre 1850, Excursion rhénane (La Presse)

15 septembre 1850, Les Confidences de Nicolas, 3e livraison (Revue des Deux Mondes)

18 et 19 septembre 1850, Les Fêtes de Weimar (La Presse)

1er octobre 1850, Goethe et Herder (L’Artiste-Revue de Paris)

24 octobre-22 décembre 1850, Les Faux-Saulniers (Le National)

29 décembre 1850, Les Livres d’enfants, La Reine des poissons (Le National)

novembre 1851, Quintus Aucler (Revue de Paris)

24 janvier 1852 (BF), L’Imagier de Harlem, Librairie théâtrale

15 juin 1852, Les Fêtes de mai en Hollande (Revue des Deux Mondes)

1er juillet 1852, La Bohême galante I (L’Artiste)

15 juillet 1852, La Bohême galante II (L’Artiste)

1er août 1852, La Bohême galante III (L’Artiste)

15 août 1852, La Bohême galante IV (L’Artiste)

21 août 1852 (BF), Lorely. Souvenirs d’Allemagne, chez Giraud et Dagneau (Préface à Jules Janin)

1er septembre 1852, La Bohême galante V (L’Artiste)

15 septembre 1852, La Bohême galante VI (L’Artiste)

1er octobre 1852, La Bohême galante VII (L’Artiste)

9 octobre 1852, Les Nuits d’octobre, 1re livraison (L’Illustration)

15 octobre 1852, La Bohême galante VIII (L’Artiste)

23 octobre 1852, Les Nuits d’octobre, 2e livraison (L’Illustration)

30 octobre 1852, Les Nuits d’octobre, 3e livraison (L’Illustration)

1er novembre 1852, La Bohême galante IX (L’Artiste)

6 novembre 1852, Les Nuits d’octobre, 4e livraison (L’Illustration)

13 novembre 1852, Les Nuits d’octobre, 5e livraison (L’Illustration)

15 novembre 1852, La Bohême galante X (L’Artiste)

20 novembre 1852, Les Illuminés, chez Victor Lecou (« La Bibliothèque de mon oncle »)

1er décembre 1852, La Bohême galante XI (L’Artiste)

15 décembre 1852, La Bohême galante XII (L’Artiste)

1er janvier 1853 (BF), Petits Châteaux de Bohême. Prose et Poésie, chez Eugène Didier

15 août 1853, Sylvie. Souvenirs du Valois (Revue des Deux Mondes)

14 novembre 1853, Lettre à Alexandre Dumas

25 novembre 1853-octobre 1854, Lettres à Émile Blanche

10 décembre 1853, Alexandre Dumas, Causerie avec mes lecteurs (Le Mousquetaire)

17 décembre 1853, Octavie (Le Mousquetaire)

1853-1854, Le Comte de Saint-Germain (manuscrit autographe)

28 janvier 1854 (BF) Les Filles du feu, préface, Les Chimères, chez Daniel Giraud

31 octobre 1854, Pandora (Le Mousquetaire)

25 novembre 1854, Pandora, épreuves du Mousquetaire

Pandora, texte reconstitué par Jean Guillaume en 1968

Pandora, texte reconstitué par Jean Senelier en 1975

30 décembre 1854, Promenades et Souvenirs, 1re livraison (L’Illustration)

1854 ? Sydonie (manuscrit autographe)

1854? Emerance (manuscrit autographe)

1854? Promenades et Souvenirs (manuscrit autographe)

janvier 1855, Oeuvres complètes (manuscrit autographe)

1er janvier 1855, Aurélia ou le Rêve et la Vie (Revue de Paris)

6 janvier 1855, Promenades et Souvenirs, 2e livraison (L’Illustration)

3 février 1855, Promenades et Souvenirs, 3e livraison (L’Illustration)

15 février 1855, Aurélia ou Le Rêve et la Vie, seconde partie (Revue de Paris)

15 mars 1855, Desiderata (Revue de Paris)

1866, La Forêt noire, scénario

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BF: annonce dans la Bibliographie de la France

Manuscrit autographe: manuscrit non publié du vivant de Nerval

12 août 1838 — Les Bayadères à Paris, dans Le Messager, signé G—D.

Entre Le Dieu et la bayadère, poème de Goethe qu’il avait traduit en 1830, la jeune abyssinienne ramenée d'Orient à Vienne par le prince Puckler-Muskau, évoquée dans l'introduction de Lorely, et Zeynab la Javanaise acquise au Caire en 1843, le spectacle des Bayadères à Paris vient alimenter l’imaginaire féminin orientaliste nervalien, suggérant en passant les silhouettes de Vasantaséna, future héroïne du Chariot d’enfant, ou de Balkis, la reine de Saba, rêvée depuis 1835.

Texte revu sur l’original de la Bibliothèque de l’Institut, Lovenjoul 10392 (11)

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LES BAYADÈRES À PARIS.

Les journaux sont depuis quelque temps tellement remplis d’aventures fabuleuses, de puffs, de canards, de serpens et autres inventions destinées à suppléer au compte-rendu des chambres, et à remplir ce qu’on est convenu d’appeler la session littéraire, que nous doutions fort de l’existence des Bayadères, pompeusement annoncées par nos confrères de Bordeaux ; le puff-Bayadère nous paraissait merveilleusement inventé. Cela semblait appelé à prendre place entre l’ambassade chinoise envoyée aux pieds de Mlle Taglioni, et les prochains débuts au Gymnase, de Cecily-la-Négresse. Mais voici qu’un matin quelqu’un vient nous offrir de nous faire voir les Bayadères, arrivées de la veille, et domiciliées au n° 23 de l’allée des Veuves ; les Bayadères que le roi n’a pas encore vues, et que la foule ne verra qu’après le roi ! Voilà ce qu’on nous proposait comme divertissement de l’après-midi, à nous, humble feuilletoniste, historien forcé de tous les plaisirs du soir ; de sorte que nous pourrions à la rigueur garder maintenant pour nous toute notre satisfaction personnelle, tout notre plaisir de prince et de nabab, toutes nos sensations d’homme et de poète à cet étrange spectacle qui nous était consacré. Nous pourrions encore laisser nos lecteurs dans la perspective vague d’un mécompte ou d’une mystification ; mais nous n’aurons pas ce courage.

Oui, nous avons vu les Bayadères, — nous avons même touché les Bayadères ; mais dans le sens le plus convenable du mot, et pour nous convaincre seulement que leur peau était bien d’un noir doré véritable et non pas enduite d’une décoction de jus de réglisse, ainsi que l’avait insinué malicieusement le Vert-Vert. Oui, ce sont bien là des beautés de l’Orient, et leur visage porte le type irrécusable d’un race primitive et non mélangée. Vous les aviez rêvées plus blanches peut-être, mais non pas mieux faites, plus vives et plus séduisantes. Pauvres femmes ! A les voir si jeunes et en apparence si naïves, et si confiantes en nous et en notre ciel, on se sent pris pour elles d’inquiétude et de pitié. Cette troupe charmante et choisie excitera un tout autre intérêt sans doute que la hideuse tribu des Osages, qui a commencé par être reçue aux Tuileries et a fini par être reçue à l’Hôtel-Dieu. Mais il nous paraît douteux qu’elle doive s’acclimater chez nous. Il serait beau à un théâtre comme l’Opéra d’avoir à son service, et d’adjoindre à son corps de ballets une troupe de Bayadères véritables, et de pouvoir inscrire sur son affiche : Aujourd’hui, les danseurs indiens du roi danseront un pas de quatre dans Le Livre de la Bayadère. Mais l’Opéra n’a point l’idée de divertissemens si cosmopolites ; l’Opéra a laissé échapper Dolorès et Camprubi, ces beaux danseurs d’Espagne, et se bornera sans doute à profiter des gracieuses étrangetés chorégraphiques de la troupe indienne sans se soucier d’attacher de longs fils d’or à tous ces pieds agiles.

Maintenant, il faut dire que nous avons besoin de faire appel à toute la couleur locale possible, pour établir en imagination les coulisses du charmant ballet auquel nous allons assister. On nous a fait entrer par un jardin beaucoup trop parisien, dans une chambre démeublée, qui n’a pas le moindre rapport avec une pagode indoue. Dans la pièce voisine résonne un doux carillon métallique qui rappelle à notre pensée les clochettes d’or de la courtisane Vasantaséna, l’héroïne du drame indien publié dernièrement par W. Jones : « Vous fuyez, Vasantaséna ! s’écrie l’ami du prince Shamstaka, qui la poursuit dans la nuit : vous fuyez ! mais l’odeur de votre guirlande, et le bruit des clochettes d’or suspendues aux chevilles de vos pieds, trahissent votre fuite, songez-y bien ! » Nous pensions aussi à cette ravissante Mamia, dont les aventures ont été contées par le voyageur Hammer ; Mamia, la devedassei qui se noya si tristement en sauvant les jours d’un officier anglais qu’elle aimait ! Nous pensions encore à la Zundovère, de Thomas Moore, à Lalla Rouk, cet ange transformé ; toutes les Mille et Une Nuits nous revenaient dans ce quart d’heure d’attente, et nous étions prêts à dire à M. Tardivel, qui joue là à peu près le rôle naïf et spirituel de ce bon M. Galland : « Si vous ne dormez pas, contez-nous donc un de ces beaux contes que vous savez ! » M. Tardivel ne raconte pas, ne décrit pas, ne traduit pas ; il nous a apporté de la poésie matérielle et vivante, et c’est à nous à en tirer tout l’intérêt, toute la rêverie et tout le plaisir que nous pourrons.

Silence. Le bruit des clochettes redouble, et sept Indiens se présentent à nous et nous font le sélam oriental, auquel nous répondons le plus civilement possible ; toutefois, la politesse de l’Orient est si expressive que nous craignons bien d’avoir paru relativement fort impolis et fort grossiers ; n’oublions pas que nous sommes là en visite, et que nous n’aurons pas à jeter une pluie de sequins d’or sur ces charmantes créatures qui vont danser en notre honneur. Puissent-elles avoir pris du moins bonne idée de notre goût à juger de leur talent et de notre enthousiasme à l’applaudir.

Les deux danseuses de quatorze ans, Amal-Saoundiroun et Rangon, ont commencé un pas fort gracieux accompagné de chants et dont les trois Indiens marquaient la mesure avec leurs instrumens sauvages. A l’instant, les murs bourgeois de la salle où nous étions, allée des Veuves, n° 23, ont disparu pour nous, toute notre attention s’est concentré[e] sur cette scène étrange et grandiose, qui rappelait à la fois les tableaux antiques et la Bible, et les récits bizarres de la vie des clans de l’Écosse, dans les romans de Walter Scott. Les trois musiciens portent à peu de chose près le costume des bardes celtiques. Il semblerait qu’il se soit conservé le même depuis que Rama, le héros celte, fit à la tête de ses guerriers hyperboréens, la conquête des Indes occupées jusques là par les races noires, qu’il refoula dans l’Éthiopie. Le type d’hommes que nous avons là sous les yeux tient, en effet, de la race blanche par la forme, de la race noire par la couleur. Les cheveux sont longs et soyeux, le nez est grec, les yeux sont de la plus grande beauté, la coupe du visage est un ovale parfait ; les mains et les pieds sont pleins de grâce et de distinction ; le corps est d’une forme toute classique ; mais la peau, noire sans être huileuse, a presque la teinte abyssinienne, sans arriver du reste au foncé de noir mozambique. Le vieux Ramalingam porte une barbe blanche et fournie, et réalise l’idée que l’on se fait du vieux barde du clan Mac-Fergus. Il récite d’une voix monotone le poème que dansent Saoundiround et Rangon, et qui célèbre, dit-on, une des incarnations de Wishnou. Ramalingam n’a pour instrument que deux petites cymbales en forme de timbres, cachées dans ses mains, avec lesquelles il marque la mesure, pendant que ses deux compagnons, plus jeunes, font résonner l’un un chalumeau de bambou, l’autre un tambour de peau de riz. Il ne faut pas se faire d’illusion touchant la mélodie de cet orchestre sauvage : le chalumeau de Saravanini ne donne exactement qu’une note comme la trompette de Bilboquet dans Les Saltimbanques, et ce serait le cas d’ajouter avec Odry : « Mais, par exemple, ceux qui aiment cette note-là sont transportés de joie. » Cela fait cet effet, n’en doutons pas, sur les spectateurs de l’autre hémisphère.

Pour nous, la musique exécutée par les Indiens est un peu arriérée, sans pourtant manquer de toute espèce de mélodie. Leur récitatif est, à peu de chose près, du plain-chant d’église, et leur chant se rapproche beaucoup de nos chansons du 12e siècle, et des bourrées, rondes et romances que l’on entend encore dans les campagnes. Quant à la danse, elle nous paraît beaucoup plus perfectionnée que la musique. La mimique est fort belle et fort expressive, et nous regrettons qu’on n’ait pu nous donner une traduction des paroles. La danse brille surtout par la vigueur et le tempérament ; la bourrée, la cachucha, la jota s’y retrouvent complètement mêlées d’une foule de pas bizarres, de poses difficiles et de gambades vigoureuses qui semblent étudiées parfois sur les mouvemens pétulans des jeunes animaux. Le chant, dont les syllabes sont fort douces, ajoute un grand charme à certaines parties de ces danses, dont il est impossible de saisir tous les divers mérites en une seule représentation. Le second pas qu’ont dansé les Bayadères nous a été plus complètement intelligible. Amany, la plus grande d’entre elles, a paru au milieu de la salle, entre Saoundiroun et Rangon, qui n’ont pas cessé de tourner, sans changer de place, en façonnant chacune entre leurs doigts une longue écharpe grise qui devait représenter à la fin des pas une colombe perchée au sommet d’un palmier. Pendant ce gracieux travail, qui d’instant en instant prenait des formes nouvelles, Amany jouait, chantait et dansait une sorte de monologue poétique, lyrique et chorégraphique qui sera, si l’on veut, la complainte de la Sulamite, le monologue d’Ariane délaissée, ou plutôt encore le chant de la reine de Saba-Balkis, attendant l’arrivée tardive de l’oiseau Hud-Hue, messager de ses amours.

Il faut chercher toute l’expression du talent mimique d’Amany dans les gestes et dans les regards. La vie de toute la figure semble s’être réfugiée et concentrée dans ses yeux, les plus beaux du monde. Les visages orientaux sont toujours calmes et graves comme le masque antique, et leur expression n’a de même pour ainsi dire que deux modes, la bouche ouverte et la bouche fermée, pour la douceur ou même le sourire.

La scène finie, les deux jeunes filles qui n’avaient pas cessé de tourner sur elles-mêmes avec une extrême rapidité, nous ont apporté chacune leur ouvrage ; l’écharpe grise qu’elles roulaient dans leurs doigts avaient pris la forme exacte d’un pigeon posé sur un tronc, d’où sortaient de larges feuilles formées par les bouillons de la gaze ; le pigeon était fort solidement figuré par l’étoffe tordue, avec son bec, ses ailes et sa queue et s’il y avait quelque différence dans le travail des deux jeunes danseuses, c’est que l’une d’elles avait la main un peu blessée.

La petite Vendou, âgée de six ans, a dansé toute seule ensuite avec beaucoup de grâce et de vigueur ; puis les quatre danseuses, y compris la vieille Tillé, se sont mêlées dans un pas fort brillant, qui nous a rappelé la jota aragonese, dansée il y a deux ans par les quatre espagnols à l’un des bals de l’Opéra. Il est certain que toutes ces danses primitives des pays méridionaux ont entre elles de grands rapports, surtout pour nous, qui ne savons pas encore en distinguer les nuances diverses et caractéristiques. Disons aussi que l’art devra gagner à toutes ces séduisantes importations, et que notre danse de pirouettes et d’entrechats, nos pas de schalls et de guirlandes, et tout l’attirail fané que nous ont légué les chorégraphes de l’empire, pourraient bien s’en aller un jour rejoindre les modes, la littérature et les idées de ce temps-là. S’il y a chez nous plus d’harmonie et de perfection, il est bien à craindre qu’il n’y ait aussi plus de convention et de mauvais goût. Bien des jolis pieds blancs et noirs n’aspirent aujourd’hui qu’à débrouiller cette question de progrès. Une grande révolution se prépare : les cadenettes du vieux Vestris en frémiront dans son tombeau.

La danse est finie, après avoir duré plus d’une heure sans lasser un seul instant notre attention, et ces bonnes et charmantes créatures s’avancent vers nous en nous saluant. Une particularité bien étrange, c’est que leur peau était froide partout, sans une goutte de sueur. Là nous avons pu admirer leur beauté et leur jeunesse, et le goût plein de caractère de leurs ajustemens. Il faut dire qu’elles n’ont pas d’autres vêtemens que ceux qui les couvrent, grâce à la douane française, impitoyable sur ses principes. Par exemple, toutes ces étoffes sont vraiment des Indes, il n’y a pas à en douter. Les coiffures, à peu près toutes pareilles, sont admirables. Ce sont trois plaques fort larges de filigrane d’or ornées de perles et pierreries, dont l’une se découpe sur la tête et les deux autres le long des tempes ; la calotte, de métal, ornée d’une couleuvre ciselée, est semblable à la description qu’on en a déjà donnée ; les cheveux, d’un noir magnifique, sont séparés et plaqués sur la tête, et des deux côtés s’échappent de longues tresses semblables à celles des Suissesses. Un détail charmant, c’est la petite veste tressée d’or et de perles, brodée de feuillages et de serpents, qui enferme exactement leurs seins et laisse du reste tout le buste à découvert jusqu’aux hanches ; là se prend une tunique de gaze qui tombe à plis nombreux sur les jambes voilées du pantalon oriental. Les pieds sortent nus, petits et gracieux comme des pieds de biche, de toutes ces étoffes chamarrées ; les chevilles soutiennent des clochettes sonores, et les doigts sont ornés la plupart de bagues en pierreries qui jettent des éclairs pendant les mouvemens rapides de la danse.

Le nez et les oreilles portent aussi des joyaux dont l’effet est moins gracieux et dont la position excite un sentiment pénible. Les oreilles de ces pauvres créatures sont percées de trous si larges que le milieu de la boucle d’oreille qui y est attachée a toute la grosseur d’un fort bouchon de liège ; d’énormes anneaux sont suspendus ainsi. La narine gauche et la cloison du nez sont aussi percées par un anneau orné de pendeloques, qui s’agitent au dessus de leur bouche. Pour dernière singularité, le front est rayé perpendiculairement d’une sorte de cicatrice qu’elles peignent de gris tous les jours. Les bras sont tatoués et chargés d’anneaux. Une longue écharpe jetée par dessus les épaules, recouvre une partie du costume, qui gagnerait peut-être à être débarrassé de ce surcroît d’ornement.

Il est à craindre que le public parisien ne soit pas admis à jouir de la vue et du talent des danseuses indiennes avant quatre ou cinq mois d’ici. On se propose, dit-on, de les conduire à Bade, et de ne les faire débuter à Paris qu’au commencement de l’hiver. Nous serions heureux, dans ce cas, si nous avions pu donner à nos lecteurs une idée suffisante de ces jolies voyageuses pour les leur faire regretter et désirer tout à la fois.

G — D.

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