TEXTES

1824, Poésies diverses (manuscrit autographe)

1824, L’Enterrement de la Quotidienne (manuscrit autographe)

1824, Poésies et poèmes (manuscrit autographe)

1825, « Pour la biographie des biographes » (manuscrit autographe)

15 février 1826 (BF), Napoléon et la France guerrière, chez Ladvocat

19, 22 avril, 14 juin (BF), Complainte sur la mort de haut et puissant seigneur le Droit d’aînesse, chez Touquet

6 mai 1826 (BF), Complainte sur l’immortalité de M. Briffaut, par Cadet Roussel, chez Touquet

6 mai 1826 (BF), Monsieur Dentscourt ou le Cuisinier d’un grand homme, chez Touquet

20 mai 1826 (BF), Les Hauts faits des Jésuites, par Beuglant, chez Touquet

12 août 1826 (BF), Épître à M. de Villèle (Mercure de France du XIXe siècle)

11 novembre 1826 (BF), Napoléon et Talma, chez Touquet

13 et 30 décembre 1826 (BF), L’Académie ou les membres introuvables, par Gérard, chez Touquet

16 mai 1827 (BF), Élégies nationales et Satires politiques, par Gérard, chez Touquet

29 juin 1827, La dernière scène de Faust (Mercure de France au XIXe siècle)

28 novembre 1827 (BF), Faust, tragédie de Goëthe, 1828, chez Dondey-Dupré

15 décembre 1827, A Auguste H…Y (Almanach des muses pour 1828)

1828? Faust (manuscrit autographe)

1828? Le Nouveau genre (manuscrit autographe)

mai 1829, Lénore. Ballade allemande imitée de Bürger (La Psyché)

août 1829, Le Plongeur. Ballade, (La Psyché)

octobre 1829, A Schmied. Ode de Klopstock (La Psyché)

24 octobre 1829, Robert et Clairette. Ballade allemande de Tiedge (Mercure de France au XIXe siècle)

14 novembre 1829, Les Bienfaits de l’enseignement mutuel, Procès verbal de la Loge des Sept-Écossais-réunis, chez Bellemain

21 novembre 1829, Chant de l’épée. Traduit de Korner (Mercure de France au XIXe siècle)

12 décembre 1829, La Mort du Juif errant. Rapsodie lyrique de Schubart (Mercure de France au XIXe siècle)

19 décembre 1829, Lénore. Traduction littérale de Bürger (Mercure de France au XIXe siècle)

2 janvier 1830, La Première nuit du Sabbat. Morceau lyrique de Goethe (Mercure de France au XIXe siècle)

janvier 1830, La Lénore de Bürger, nouvelle traduction littérale (La Psyché)

16 janvier 1830, Ma Patrie, de Klopstock (Mercure de France au XIXe siècle)

23 janvier 1830, Légende, par Goethe (Mercure de France au XIXe siècle)

6 février (BF) Poésies allemandes, Klopstock, Goethe, Schiller, Burger (Bibliothèque choisie)

13 février 1830, Les Papillons (Mercure de France au XIXe siècle)

13 février 1830, Appel, par Koerner (1813) (Mercure de France au XIXe siècle)

13 mars 1830, L’Ombre de Koerner, par Uhland, 1816 (Mercure de France au XIXe siècle)

27 mars 1830, La Nuit du Nouvel an d’un malheureux, de Jean-Paul Richter (La Tribune romantique)

10 avril 1830, Le Dieu et la bayadère, nouvelle indienne par Goëthe (Mercure de France au XIXe siècle)

29 avril 1830, La Pipe, chanson traduite de l’allemand, de Pfeffel (La Tribune romantique)

13 mai 1830 Le Cabaret de la mère Saguet (Le Gastronome)

mai 1830, M. Jay et les pointus littéraires (La Tribune romantique)

17 juillet 1830, L’Éclipse de lune. Épisode fantastique par Jean-Paul Richter (Mercure de France au XIXe siècle)

juillet ? 1830, Récit des journées des 27-29 juillet (manuscrit autographe)

14 août 1830, Le Peuple (Mercure de France au XIXe siècle)

30 octobre 1830 (BF), Choix de poésies de Ronsard, Dubellay, Baïf, Belleau, Dubartas, Chassignet, Desportes, Régnier (Bibliothèque choisie)

11 décembre 1830, A Victor Hugo. Les Doctrinaires (Almanach des muses pour 1831)

29 décembre 1830, La Malade (Le Cabinet de lecture )

29 janvier 1831, Odelette, Le Vingt-cinq mars (Almanach dédié aux demoiselles)

14 mars 1831, En avant, marche! (Cabinet de lecture)

23 avril 1831, Bardit, traduit du haut-allemand (Mercure de France au XIXe siècle)

30 avril 1831, Le Bonheur de la maison par Jean-Paul Richter. Maria. Fragment (Mercure de France au XIXe siècle)

7 mai 1831, Profession de foi (Mercure de France au XIXe siècle)

25 juin et 9 juillet 1831, Nicolas Flamel, drame-chronique (Mercure de France au XIXe siècle)

17 et 24 septembre 1831, Les Aventures de la nuit de Saint-Sylvestre. Conte inédit d’Hoffmann (Mercure de France au XIXe siècle)

4 décembre 1831, Cour de prison, Le Soleil et la gloire (Le Cabinet de lecture)

17 décembre 1831, Odelettes. La Malade, Le Soleil et la Gloire, Le Réveil en voiture, Le Relais, Une Allée du Luxembourg, Notre-Dame-de-Paris (Almanach des muses)

17 décembre 1831, Fantaisie, odelette (Annales romantiques pour 1832)

24 septembre 1832, La Main de gloire, histoire macaronique (Le Cabinet de lecture)

14 décembre 1834, Odelettes (Annales romantiques pour 1835)

1835-1838 ? Lettres d’amour (manuscrits autographes)

26 mars et 20 juin 1836, De l’Aristocratie en France (Le Carrousel)

20 et 26 mars 1837, De l’avenir de la tragédie (La Charte de 1830)

12 août 1838, Les Bayadères à Paris (Le Messager)

18 septembre 1838, A M. B*** (Le Messager)

2 octobre 1838, La ville de Strasbourg. A M. B****** (Le Messager)

26 octobre 1838, Lettre de voyage. Bade (Le Messager)

31 octobre 1838, Lettre de voyage. Lichtenthal (Le Messager)

24 novembre 1838, Léo Burckart (manuscrit remis à la censure)

25, 26 et 28 juin 1839, Le Fort de Bitche. Souvenir de la Révolution française (Le Messager)

13 juillet 1839 (BF) Léo Burckart, chez Barba et Desessart

19 juillet 1839, « Le Mort-vivant », drame de M. de Chavagneux (La Presse)

15 et 16-17 août 1839, Les Deux rendez-vous, intermède (La Presse)

17 et 18 septembre 1839, Biographie singulière de Raoul Spifamme, seigneur des Granges (La Presse)

21 et 28 septembre 1839, Lettre VI, A Madame Martin (Lettres aux belles femmes de Paris et de la province)

28 janvier 1840, Lettre de voyage I (La Presse)

25 février 1840, Le Magnétiseur

5 mars 1840, Lettre de voyage II (La Presse)

8 mars 1840, Lettre sur Vienne (L’Artiste)

26 mars 1840, Lettre de voyage III (La Presse)

28 juin 1840, Lettre de voyage IV, Un jour à Munich (La Presse)

18 juillet 1840 (BF) Faust de Goëthe suivi du second Faust, chez Gosselin

26 juillet 1840, Allemagne du Nord - Paris à Francfort I (La Presse)

29 juillet, 1840, Allemagne du Nord - Paris à Francfort II (La Presse)

30 juillet 1840, Allemagne du Nord - Paris à Francfort III (La Presse)

11 février 1841, Une Journée à Liège (La Presse)

18 février 1841, L’Hiver à Bruxelles (La Presse)

1841 ? Première version d’Aurélia (feuillets autographes)

février-mars 1841, Lettre à Muffe, (sonnets, manuscrit autographe)

1841 ? La Tête armée (manuscrit autographe)

mars 1841, Généalogie dite fantastique (manuscrit autographe)

1er mars 1841, Jules Janin, Gérard de Nerval (Journal des Débats)

5 mars 1841, Lettre à Edmond Leclerc

7 mars 1841, Les Amours de Vienne (Revue de Paris)

31 mars 1841, Lettre à Auguste Cavé

11 avril 1841, Mémoires d’un Parisien. Sainte-Pélagie en 1832 (L’Artiste)

9 novembre 1841, Lettre à Ida Ferrier-Dumas

novembre? 1841, Lettre à Victor Loubens

10 juillet 1842, Les Vieilles ballades françaises (La Sylphide)

15 octobre 1842, Rêverie de Charles VI (La Sylphide)

24 décembre 1842, Un Roman à faire (La Sylphide)

19 et 26 mars 1843, Jemmy O’Dougherty (La Sylphide)

11 février 1844, Une Journée en Grèce (L’Artiste)

10 mars 1844, Le Roman tragique (L’Artiste)

17 mars 1844, Le Boulevard du Temple, 1re livraison (L’Artiste)

31 mars 1844, Le Christ aux oliviers (L’Artiste)

5 mai 1844, Le Boulevard du Temple 2e livraison (L’Artiste)

12 mai 1844, Le Boulevard du Temple, 3e livraison (L’Artiste)

2 juin 1844, Paradoxe et Vérité (L’Artiste)

30 juin 1844, Voyage à Cythère (L’Artiste)

28 juillet 1844, Une Lithographie mystique (L’Artiste)

11 août 1844, Voyage à Cythère III et IV (L’Artiste)

15 septembre, Diorama (L’Artiste-Revue de Paris)

29 septembre 1844, Pantaloon Stoomwerktuimaker (L’Artiste)

20 octobre 1844, Les Délices de la Hollande I (La Sylphide)

8 décembre 1844, Les Délices de la Hollande II (La Sylphide)

16 mars 1845, Pensée antique (L’Artiste)

19 avril 1845 (BF), Le Diable amoureux par J. Cazotte, préface de Nerval, chez Ganivet

1er juin 1845, Souvenirs de l’Archipel. Cérigo (L’Artiste-Revue de Paris)

6 juillet 1845, L’Illusion (L’Artiste-Revue de Paris)

5 octobre 1845, Strasbourg (L’Artiste-Revue de Paris)

novembre-décembre 1845, Le Temple d’Isis. Souvenir de Pompéi (La Phalange)

28 décembre 1845, Vers dorés (L’Artiste-Revue de Paris)

1er mars 1846, Sensations d’un voyageur enthousiaste I (L’Artiste-Revue de Paris)

15 mars 1846, Sensations d’un voyageur enthousiaste II (L’Artiste-Revue de Paris)

1er mai 1846, Les Femmes du Caire. Scènes de la vie égyptienne (Revue des Deux Mondes)

17 mai 1846, Sensations d’un voyageur enthousiaste III (L’Artiste-Revue de Paris)

1er juillet 1846, Les Femmes du Caire. Scènes de la vie égyptienne. Les Esclaves (Revue des Deux Mondes)

12 juillet 1846 Sensations d’un voyageur enthousiaste IV (L’Artiste-Revue de Paris)

16 août 1846, Un Tour dans le Nord. Angleterre et Flandre (L’Artiste-Revue de Paris)

30 août 1846, De Ramsgate à Anvers (L’Artiste-Revue de Paris)

15 septembre 1846, Les Femmes du Caire. Scènes de la vie égyptienne. Le Harem (Revue des Deux Mondes)

20 septembre 1846, Une Nuit à Londres (L’Artiste-Revue de Paris)

1er novembre 1846, Un Tour dans le Nord III (L’Artiste-Revue de Paris)

22 novembre 1846, Un Tour dans le Nord IV (L’Artiste-Revue de Paris)

15 décembre 1846, Scènes de la vie égyptienne moderne. La Cange du Nil (Revue des Deux Mondes)

1847, Scénario des deux premiers actes des Monténégrins

15 février 1847, La Santa-Barbara. Scènes de la vie orientale (Revue des Deux Mondes)

15 mai 1847, Les Maronites. Un Prince du Liban (Revue des Deux Mondes)

15 août 1847, Les Druses (Revue des Deux Mondes)

17 octobre 1847, Les Akkals (Revue des Deux Mondes)

21 novembre 1847, Souvenirs de l’Archipel. Les Moulins de Syra (L’Artiste-Revue de Paris)

15 juillet 1848, Les Poésies de Henri Heine (Revue des Deux Mondes)

15 septembre 1848, Les Poésies de Henri Heine, L’Intermezzo (Revue des Deux Mondes)

7 janvier-24 juin 1849, puis 2 septembre 1849-27 janvier 1850, Al-Kahira. Souvenirs d’Orient (La Silhouette)

1er-27 mars 1849, Le Marquis de Fayolle, 1re partie (Le Temps)

26 avril 16 mai 1849, Le Marquis de Fayolle, 2e partie (Le Temps)

6 octobre 1849, Le Diable rouge (Almanach cabalistique pour 1850)

3 novembre 1849 (BF), Le Diable vert, et Impression de voyage (Almanach satirique, chez Aubert, Martinon et Dumineray)

7 mars-19 avril 1850, Les Nuits du Ramazan (Le National)

15 août 1850, Les Confidences de Nicolas, 1re livraison (Revue des Deux Mondes)

26 août 1850, Le Faust du Gymnase (La Presse)

1er septembre 1850, Les Confidences de Nicolas, 2e livraison (Revue des Deux Mondes)

9 septembre 1850, Excursion rhénane (La Presse)

15 septembre 1850, Les Confidences de Nicolas, 3e livraison (Revue des Deux Mondes)

18 et 19 septembre 1850, Les Fêtes de Weimar (La Presse)

1er octobre 1850, Goethe et Herder (L’Artiste-Revue de Paris)

24 octobre-22 décembre 1850, Les Faux-Saulniers (Le National)

29 décembre 1850, Les Livres d’enfants, La Reine des poissons (Le National)

novembre 1851, Quintus Aucler (Revue de Paris)

24 janvier 1852 (BF), L’Imagier de Harlem, Librairie théâtrale

15 juin 1852, Les Fêtes de mai en Hollande (Revue des Deux Mondes)

1er juillet 1852, La Bohême galante I (L’Artiste)

15 juillet 1852, La Bohême galante II (L’Artiste)

1er août 1852, La Bohême galante III (L’Artiste)

15 août 1852, La Bohême galante IV (L’Artiste)

21 août 1852 (BF), Lorely. Souvenirs d’Allemagne, chez Giraud et Dagneau (Préface à Jules Janin)

1er septembre 1852, La Bohême galante V (L’Artiste)

15 septembre 1852, La Bohême galante VI (L’Artiste)

1er octobre 1852, La Bohême galante VII (L’Artiste)

9 octobre 1852, Les Nuits d’octobre, 1re livraison (L’Illustration)

15 octobre 1852, La Bohême galante VIII (L’Artiste)

23 octobre 1852, Les Nuits d’octobre, 2e livraison (L’Illustration)

30 octobre 1852, Les Nuits d’octobre, 3e livraison (L’Illustration)

1er novembre 1852, La Bohême galante IX (L’Artiste)

6 novembre 1852, Les Nuits d’octobre, 4e livraison (L’Illustration)

13 novembre 1852, Les Nuits d’octobre, 5e livraison (L’Illustration)

15 novembre 1852, La Bohême galante X (L’Artiste)

20 novembre 1852, Les Illuminés, chez Victor Lecou (« La Bibliothèque de mon oncle »)

1er décembre 1852, La Bohême galante XI (L’Artiste)

15 décembre 1852, La Bohême galante XII (L’Artiste)

1er janvier 1853 (BF), Petits Châteaux de Bohême. Prose et Poésie, chez Eugène Didier

15 août 1853, Sylvie. Souvenirs du Valois (Revue des Deux Mondes)

14 novembre 1853, Lettre à Alexandre Dumas

25 novembre 1853-octobre 1854, Lettres à Émile Blanche

10 décembre 1853, Alexandre Dumas, Causerie avec mes lecteurs (Le Mousquetaire)

17 décembre 1853, Octavie (Le Mousquetaire)

1853-1854, Le Comte de Saint-Germain (manuscrit autographe)

28 janvier 1854 (BF) Les Filles du feu, préface, Les Chimères, chez Daniel Giraud

31 octobre 1854, Pandora (Le Mousquetaire)

25 novembre 1854, Pandora, épreuves du Mousquetaire

Pandora, texte reconstitué par Jean Guillaume en 1968

Pandora, texte reconstitué par Jean Senelier en 1975

30 décembre 1854, Promenades et Souvenirs, 1re livraison (L’Illustration)

1854 ? Sydonie (manuscrit autographe)

1854? Emerance (manuscrit autographe)

1854? Promenades et Souvenirs (manuscrit autographe)

janvier 1855, Oeuvres complètes (manuscrit autographe)

1er janvier 1855, Aurélia ou le Rêve et la Vie (Revue de Paris)

6 janvier 1855, Promenades et Souvenirs, 2e livraison (L’Illustration)

3 février 1855, Promenades et Souvenirs, 3e livraison (L’Illustration)

15 février 1855, Aurélia ou Le Rêve et la Vie, seconde partie (Revue de Paris)

15 mars 1855, Desiderata (Revue de Paris)

1866, La Forêt noire, scénario

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BF: annonce dans la Bibliographie de la France

Manuscrit autographe: manuscrit non publié du vivant de Nerval

1866 — Charles Monselet, Portraits après décès, Paris, Achille Faure, 1866, « Gérard de Nerval », p. 217-255

Journaliste, romancier, gastronome, Charles Monselet est l’auteur notamment de La Lorgnette littéraire, dictionnaire des grands et des petits auteurs de son temps (1857) que l'on s'arrachait alors, d’une étude sur Restif de la Bretonne, publiée en 1854, donc peu de temps après Les Illuminés de Nerval, et de Portraits après décès, publié en 1866, où un chapitre est consacré à Nerval. « C’est en 1846, dans les bureaux de L’Artiste, que je connus Gérard de Nerval. Il y avait quelques mois seulement que je venais d’arriver à Paris. Ce nom élégant, ces œuvres délicates, cette folie même dont le feuilleton de Janin m’avait apporté l’écho jusqu’au fond de la province, tout cela m’annonçait quelque jeune cavalier mystérieux et pâle. Il me fallut rabattre un peu de mon idéal, ou du moins le modifier. Gérard de Nerval, modeste jusqu’à l’humilité, vêtu d’une redingote longue et à petits boutons, la vue basse, les cheveux rares, me rappelait assez les professeurs des collèges départementaux. Plus tard seulement je me rendis compte de ce mélange de finesse et de bonté qui était le caractère dominant de sa physionomie, et qui était aussi le caractère de son talent. »

Le personnage de Brisacier, est également le héros du Roman tragique publié par Nerval en 1844, et repris dans la préface des Filles du feu en 1854.

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PORTRAITS APRÈS DÉCÈS.

III

[...] Gérard m’engageait quelquefois à collaborer avec lui pour le théâtre. Il s’occupait depuis très-longtemps d’un drame sur Nicolas Flamel, qu’il me raconta pendant une soirée. Une autre fois, il m’apporta un petit cahier tout écrit de sa main, intitulé la Forêt Noire. « Lisez-le, me dit-il, vous me direz demain si nous pouvons en faire quelque chose. » Le lendemain, Gérard de Nerval ne vint pas. Il était parti pour La Haye, pour Senlis ou pour Saint-Germain. Nous oubliâmes tous les deux le petit cahier. Je l’ai retrouvé dans ces derniers temps, et je le transcris ici. On y retrouvera ce type de Brisacier qu’il affectionnait particulièrement, et qu’il a reproduit dans plusieurs de ses ouvrages.

LA FORÊT NOIRE

Donnée historique

L’action se passe en 1702, à l’époque où Louis XIV luttait contre l’empereur d’Allemagne dans le Palatinat. L’électeur de Bavière et celui de Cologne étaient alors les alliés de la France et Villars commandait les armées réunies. On venait de prendre Neubourg, et Villard occupait la ville sous les murs de laquelle on devait le surlendemain livrer une bataille définitive. Les troupes de Louis XIV et des électeurs s’étaient établies dans les principaux édifices, sur les places, et des détachements gardaient les portes avec ordre de ne laisser sortir personne de suspect, car on avait espéré s’emparer de plusieurs protestants réfugiés après les guerres des camisards, auxquels le margrave de Bade avait donné asile, et qu’on soupçonnait d’aider les ennemis de leurs talents et de leurs richesses.

L’incendie des châteaux du Palatinat avait eu principalement le motif de détruire les principaux lieux d’asile qu’ils avaient trouvés. Les ordres de Louis XIV étaient impitoyables sur ce point.

PREMIER ACTE

Près de l’une des portes de Neubourg est une taverne avec un jardin et des tonnelles où l’on vient boire. Les soldats de l’armée victorieuse se mêlent au peuple de la ville dans cette sorte de redoute. On danse, on boit, et un piquet de dragons, tout en gardant le poste, regarde avec curiosité ce peuple étranger insoucieux des maux de la guerre. Un jeune capitaine, nommé Brisacier, cause avec un brigadier de musique, nommé Chavagnac ; ce dernier voudrait se mêler à la valse, mais le capitaine lui parle de la consigne et de son âge qui devrait lui commander la gravité. Brisacier est en effet le plus jeune, mais né de parents inconnus, élevé dans le régiment, la protection de Villars, qui ne s’est pas soucié de son origine, mais de son talent, l’a fait parvenir à son grade. Chavagnac s’attendrit en causant du passé et comprime avec peine un secret qu’il doit cacher à Brisacier qu’il a vu tout petit et qui, quoique son supérieur, est resté son camarade. Le caractère gai et bruyant de Chavagnac le fait échapper vite à de tristes souvenirs.

Cependant une troupe de Bohémiens se présente et veut franchir la porte avant que la ville soit fermée. Ils se sont trouvés pris dans la ville pendant le siège et leur humeur vagabonde les appelle ailleurs, ils disent que de pauvres baladins comme eux ne peuvent s’exposer aux chances nouvelles de la bataille qui doit se livrer. Au moment où Brisacier va donner l’ordre de les laisser sortir : « Sont-ce bien des bohémiens ? dit le lieutenant chargé de garder la porte sous les ordres de Brisacier. — Il y a un moyen de s’en convaincre, dit gaiement le trompette Chavagnac, c’est de leur faire montrer leurs talents. »

Le chef des bohémiens s’intitule comte d’Égypte, et se donne comme prédisant l’avenir et maître des destinées ; sa barbe blanche et sa tenue solennelle donnent quelque apparence à ses paroles. Une petite vieille qui l’accompagne et qui se dit sibylle montre des cartes ou tarots et s’offre à tirer le grand jeu. Quant à une jeune fille qui l’accompagne, celle-là ne sait que danser et chanter pour attirer la foule autour de ses compagnons. Sur l’insistance des officiers elle se dévoile et chante au son du tambour de basque une chanson gaie qui dispose en sa faveur les assistants.

A peine s’est-elle dévoilée, que Brisacier se récrie dans un étonnement profond : il a reconnu en elle les traits d’une peinture vue sans doute dans sa plus tendre enfance, et communique sa surprise à Chavagnac, qui dès lors partage son émotion.

Brisacier s’approche d’elle et lui parle, lui demande le lieu de sa naissance et mille détails que la vieille se hâte d’interrompre ; elle cherche à donner le change. Sous ses traits basanés, on s’aperçoit qu’elle est jeune et qu’elle exerce sur la chanteuse une sorte de protection mystérieuse. Brisacier ne conçoit pourtant aucun soupçon, et commande aux soldats de laisser sortir les Bohémiens ; mais le lieutenant, malveillant et jaloux en lui-même du capitaine (qui, quoique enfant trouvé, lui est supérieur en grade, à lui, descendant d’une ancienne famille), a fait prévenir le colonel qui envoie l’ordre de retenir ces gens suspects.

Alors le vieillard, sans abandonner son rôle de Bohémien, tente de soulever la population et en ayant l’air de prédire, arrive peu à peu à faire appel aux idées religieuses des assistants, anabaptistes pour la plupart. Il parle du bonheur que Dieu promet à ceux qui soutiendront cette cause, et ses chants sont le tableau des joies mystiques du paradis où les croyants rejoindront leur famille et retrouveront ceux qui leur sont chers. Ce passage frappe vivement l’imagination de Brisacier qui pleure sa position d’orphelin et cherche à sauver les fugitifs. Au moment où le lieutenant et lui se disputent sur ce sujet, le colonel arrive, averti qu’on méconnaît ses ordres, met aux arrêts le capitaine Brisacier et ordonne que l’on entraîne à la mort ces malheureux qui ont tenté de soulever le peuple. Brisacier sort désespéré et se sépare avec la plus profonde douleur de la jeune fille qui va périr. Seulement à la chute du rideau l’on voit paraître le général en chef Villars et l’on peut prévoir un autre dénoûment.

DEUXIÈME ACTE

Cet acte se passe dans la serre d’un château du Rhin, situé dans la Forêt Noire, à peu de distance de Neubourg. Ce château passe dans le pays pour être hanté des esprits, et Ondine, la reine des eaux, y attire, à ce qu’on croit, les jeunes gens séduits par les paroles des Bohémiennes. L’exposition en aura été faite dans le premier acte. Le trompette Chavagnac entre tenant dans ses bras son capitaine évanoui. Il expose qu’après sa condamnation aux arrêts, Brisacier, craignant de ne pouvoir assister à la bataille, avait tenté de s’échapper de la prison. Aidé par lui, il a sauté d’une fenêtre haute, mais sa tête ayant porté sur le sol, il est resté privé de ses sens. En cherchant du secours, Chavagnac a traîné son ami jusqu’à une ouverture par laquelle il est entré dans le château, et maintenant il appelle, avec une crainte que l’aspect étrange des lieux justifie. Des noirs arrivent et transportent le capitaine sur un banc de gazon. Le trompette leur recommande de prendre soin de lui et cherche à se retirer, mais il ne peut retrouver son chemin, tout est fermé. Sa crainte des esprits revient et il les invoque avec une confiance comique. Bientôt une troupe de jeunes filles magnifiquement vêtues se répand sur la scène et elles entourent le capitaine en lui prodiguant des secours.

Brisacier revient à la vie et se croit dans un autre monde : les paroles du vieux Bohémien de la veille lui reviennent dans l’esprit, et il s’imagine qu’étant mort après avoir défendu ces infortunés, le ciel l’a transporté dans le monde magique qu’ils avaient annoncé et où doit briller l’image de celle qu’il aime. Il la demande et elle paraît, mais non plus comme une obscure Bohémienne, sous des habits de grande dame et dans le costume du tableau qu’il a vu autrefois.

Il doute si c’est l’autre vie ou un rêve qui lui présente de telles apparitions ; mais le souvenir des Bohémiens entraînés au supplice lui fait penser surtout que comme lui ils se retrouvent dans un monde meilleur. En effet, la vieille sibylle du premier acte paraît en costume de reine et comme maîtresse du château. Chavagnac reconnaît en elle la fée Ondine des ballades, tandis que Brisacier invoque sa puissance pour lui rendre celle qu’il aime qui vient de disparaître encore comme l’idéal de sa vie.

Au moment où la sibylle semble s’attendrir, le vieillard paraît sous des habits d’une forme ancienne et semble en proie à la fureur de ce qu’un profane a pénétré dans le château. La sibylle le prend à part et lui explique ce qu’elle suppose, pendant que Chavagnac et Brisacier se communiquent leurs impressions, qui chez l’un ont un caractère d’illusion combattue par le courage, tandis que chez l’autre la peur et la crédulité augmentent les éléments de conviction surnaturelle qui doivent frapper Brisacier.

Cependant le vieillard a déjà conçu une idée qui le frappe vivement ; la sibylle y ajoute ses propres observations, mais le doute fait encore que l’on hésite à prononcer sur le sort des deux militaires. Car les habitants du château ne sont autre chose que des protestants réfugiés et la sibylle prétendue est la margrave Sibylle, souveraine du pays de Bade qui, surprise dans Neubourg avec ses protégés, avait pris un déguisement pour échapper aux troupes de Louis XIV.

La margrave Sibylle, femme capricieuse et spirituelle, s’amuse de l’erreur de Brisacier et lui fait raconter sa vie et son origine. Elle apprend qu’il y a dans les souvenirs d’enfance du jeune homme une impression vive de quelque scène terrible à laquelle il a échappé, et c’est en instruisant de cela le vieillard, ancien comte d’Alby, qu’elle lui donne matière à réfléchir lui-même. Il se souvient alors d’un neveu échappé au massacre du château de son père dans les Cévennes, et veut savoir si c’est réellement Brisacier.

Pendant qu’il prépare tout dans cette idée, la margrave cherche à agir sur l’imagination du jeune homme en lui disant qu’il est en ce moment sous le pouvoir des esprits, et que, soit illusion, soit rêve, c’est le moment solennel de sa vie où il doit se décider entre deux partis. Il pleure ses parents perdus, il rêve d’impressions oubliées ; la volonté céleste va les lui rendre, et alors il se prononcera.

En effet, un portique en style de la renaissance qui fermait le fond du théâtre ouvre ses portes et l’on aperçoit une table entourée de convives en costumes du siècle précédent. Une jeune fille est à la droite du seigneur protestant, qui lui-même paraît plus jeune ; c’est toujours la Bohémienne, mais c’est en même temps la personne dont l’image est restée dans l’imagination du capitaine.

Pendant que ces personnages prennent part au banquet de famille, le son d’une trompette retentit au dehors. À ce moment, Chavagnac porte la main à son clairon et s’écrie comme pris d’un souvenir terrible : « Les huguenots à mort ! à mort ! » Un clairon vêtu comme lui entre dans la salle en répétant ces mots ; des soldats costumés en dragons de Louis XIV se précipitent sur les protestants, et les portes du pavillon se referment au moment du tumulte que doit amener cette situation.

Brisacier, cependant, a revu dans cet instant toute une scène dont le souvenir vague n’avait jamais été expliqué pour lui ; quant à Chavagnac, en proie à la plus profonde terreur, il demande pardon aux esprits vengeurs qu’il croit irrités contre lui, et raconte que c’est en effet lui-même qui a sonné l’attaque du château protestant. Seulement il a sauvé du milieu des morts et des blessés un jeune enfant qui n’est autre que Brisacier, et l’ayant fait élever dans la foi catholique et adopter par le régiment, il ne lui a jamais parlé de sa naissance et a détourné ses idées des premières impressions de sa vie.

La margrave reparaît, et pour effacer ces sombres souvenirs, elle ramène autour de Brisacier les jeunes filles qui lui présentent la coupe de l’oubli ; la seule image qui reparaît est celle de la jeune fille aimée ; elle lui chante et le bonheur et la perspective de se rendre digne d’elle en protégeant les malheureux proscrits. Cependant le sommeil s’empare des deux militaires, et l’on comprend que c’est dans cet état, dû à une liqueur préparée, qu’ils seront transportés hors du château.

TROISIÈME ACTE

La scène se passe dans le camp français au bord du Rhin. La bataille a lieu dans le lointain, dans la plaine de Friedlingue, et les paysans effrayés viennent demander protection aux troupes de réserve qui gardent le camp. La compagnie de Brisacier se désespère de ne pas prendre part au combat. En ce moment, Brisacier et Chavagnac, pâles de la nuit qu’ils ont passée, reparaissent et cherchent à échapper aux interrogations. Le capitaine veut regagner la salle des arrêts, mais on vient annoncer que la bataille est perdue et que l’aile gauche des impériaux se prépare à attaquer le camp. Le peuple effrayé s’adresse au capitaine, qui voyant revenir des soldats débandés prend sur lui la résolution d’appeler sa troupe aux armes.

Pendant que les paysans suivent avec anxiété les chances du combat, les chefs victorieux reviennent du côté opposé, et là se passe la scène historique dans laquelle les soldats nommèrent Villars maréchal de France sur le champ de bataille. Cependant une inquiétude interrompt ce triomphe : on apprend à Villars qu’un parti de troupes débandées ont été ramenées au combat par une compagnie de réserve, qui elle-même a été à la fin repoussée par le gros des ennemis en retraite. On envoie du monde pour les dégager, et bientôt l’on ramène Brisacier confondu. Parmi les ennemis qu’il a trouvés en face de lui, il a reconnu le vieillard mystérieux, et n’osant le frapper, il s’est précipité parmi les ennemis en appelant la mort. Conduit devant le général en chef après avoir été dégagé, il demande d’être jugé selon la rigueur militaire, et les chefs ne peuvent prononcer autre chose que la mort ; au moment où le conseil se réunit pour prononcer cet arrêt, on amène des prisonniers faits dans la sortie qui a été cause de ce désordre et qui, on le comprend, a été tentée par les habitants du château. Le capitaine Brisacier, qui, en proie à des idées mystiques, ne voulait plus que mourir pour retourner au séjour féerique entrevu la nuit précédente, reconnaît avec désespoir les habitants du château qui ne sont plus que des proscrits ; le lieutenant, jaloux de son grade qui lui a nui encore dans cette affaire, raille Chavagnac qui, pour essayer de sauver son ami, avait raconté les circonstances fantastiques de la nuit. Cette ironie porte en même temps au cœur de Brisacier ; toutefois les prisonniers viennent près de lui, et une explication donnée par la margrave achève de dissiper ses doutes. En même temps la margrave lui apprend que l’électeur roi des Romains, son parent, traite en ce moment même avec Villars, et que, grâce à des concessions faites à la France, la délivrance des prisonniers est assurée. Ne se doutant pas en outre de la position dans laquelle s’est mise Brisacier, elle appelle Diane et réunit les amants comme désormais fiancés. Là a lieu une scène où Brisacier mêle tristement en lui-même la perspective de sa mort à l’heureuse destinée qui lui arrive en apparence.

Le voilà reconnu membre d’une illustre famille, on lui promet celle qu’il aime ; tout s’éclaircit autour de lui ; ces êtres fantastiques, entrevus comme dans un rêve, sont vivants, et lui va mourir ! Au moment où, n’osant les détromper, il accepte ce que la margrave lui promet, la décision du conseil de guerre est annoncée et consterne les assistants.

La margrave quitte la scène, avertie de l’arrivée de l’électeur roi des Romains. Elle court à lui pour l’implorer, et l’on apprend bientôt qu’il est en conférence avec Villars. Mais ce qui rend la grâce impossible au moment où elle semble décidée, c’est qu’un sergent coupable d’une faute analogue a été déjà passé par les armes. Cette péripétie, à laquelle on peut ajouter le murmure des soldats qui croient qu’on va faire un passe-droit à cause de l’origine noble du capitaine désormais reconnue, amène une résolution par suite de laquelle un peloton est commandé pour l’exécution par les armes de Brisacier. Le trompette Chavagnac parle en secret aux soldats choisis pour cet acte, lesquels sont de vieux soldats qui, comme lui, ont concouru à sauver autrefois Brisacier enfant.

La nuit commence à tomber et les troupe repassent le Rhin en abandonnant la rive, par suite du traité fait avec l’électeur ; on entend bientôt le bruit de l’exécution de Brisacier, et les proscrits se désolent sur la scène de cette condamnation qui s’exécute derrière les arbres voisins. Mais un instant après, la troupe restée en dernier lieu s’embarque, et Brisacier, qui n’a subi qu’un simulacre d’exécution destiné à tromper l’armée, se jette dans les bras de ses parents avec lesquels il vivra désormais en épousant Diane d’Alby.

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