TEXTES
1824, Poésies diverses (manuscrit autographe)
1824, L’Enterrement de la Quotidienne (manuscrit autographe)
1824, Poésies et poèmes (manuscrit autographe)
1825, « Pour la biographie des biographes » (manuscrit autographe)
15 février 1826 (BF), Napoléon et la France guerrière, chez Ladvocat
6 mai 1826 (BF), Complainte sur l’immortalité de M. Briffaut, par Cadet Roussel, chez Touquet
6 mai 1826 (BF), Monsieur Dentscourt ou le Cuisinier d’un grand homme, chez Touquet
20 mai 1826 (BF), Les Hauts faits des Jésuites, par Beuglant, chez Touquet
12 août 1826 (BF), Épître à M. de Villèle (Mercure de France du XIXe siècle)
11 novembre 1826 (BF), Napoléon et Talma, chez Touquet
13 et 30 décembre 1826 (BF), L’Académie ou les membres introuvables, par Gérard, chez Touquet
16 mai 1827 (BF), Élégies nationales et Satires politiques, par Gérard, chez Touquet
29 juin 1827, La dernière scène de Faust (Mercure de France au XIXe siècle)
28 novembre 1827 (BF), Faust, tragédie de Goëthe, 1828, chez Dondey-Dupré
15 décembre 1827, A Auguste H…Y (Almanach des muses pour 1828)
1828? Faust (manuscrit autographe)
1828? Le Nouveau genre (manuscrit autographe)
mai 1829, Lénore. Ballade allemande imitée de Bürger (La Psyché)
août 1829, Le Plongeur. Ballade, (La Psyché)
octobre 1829, A Schmied. Ode de Klopstock (La Psyché)
24 octobre 1829, Robert et Clairette. Ballade allemande de Tiedge (Mercure de France au XIXe siècle)
21 novembre 1829, Chant de l’épée. Traduit de Korner (Mercure de France au XIXe siècle)
19 décembre 1829, Lénore. Traduction littérale de Bürger (Mercure de France au XIXe siècle)
janvier 1830, La Lénore de Bürger, nouvelle traduction littérale (La Psyché)
16 janvier 1830, Ma Patrie, de Klopstock (Mercure de France au XIXe siècle)
23 janvier 1830, Légende, par Goethe (Mercure de France au XIXe siècle)
6 février (BF) Poésies allemandes, Klopstock, Goethe, Schiller, Burger (Bibliothèque choisie)
13 février 1830, Les Papillons (Mercure de France au XIXe siècle)
13 février 1830, Appel, par Koerner (1813) (Mercure de France au XIXe siècle)
13 mars 1830, L’Ombre de Koerner, par Uhland, 1816 (Mercure de France au XIXe siècle)
27 mars 1830, La Nuit du Nouvel an d’un malheureux, de Jean-Paul Richter (La Tribune romantique)
29 avril 1830, La Pipe, chanson traduite de l’allemand, de Pfeffel (La Tribune romantique)
13 mai 1830 Le Cabaret de la mère Saguet (Le Gastronome)
mai 1830, M. Jay et les pointus littéraires (La Tribune romantique)
juillet ? 1830, Récit des journées des 27-29 juillet (manuscrit autographe)
14 août 1830, Le Peuple (Mercure de France au XIXe siècle)
11 décembre 1830, A Victor Hugo. Les Doctrinaires (Almanach des muses pour 1831)
29 décembre 1830, La Malade (Le Cabinet de lecture )
29 janvier 1831, Odelette, Le Vingt-cinq mars (Almanach dédié aux demoiselles)
14 mars 1831, En avant, marche! (Cabinet de lecture)
23 avril 1831, Bardit, traduit du haut-allemand (Mercure de France au XIXe siècle)
7 mai 1831, Profession de foi (Mercure de France au XIXe siècle)
25 juin et 9 juillet 1831, Nicolas Flamel, drame-chronique (Mercure de France au XIXe siècle)
4 décembre 1831, Cour de prison, Le Soleil et la gloire (Le Cabinet de lecture)
17 décembre 1831, Fantaisie, odelette (Annales romantiques pour 1832)
24 septembre 1832, La Main de gloire, histoire macaronique (Le Cabinet de lecture)
14 décembre 1834, Odelettes (Annales romantiques pour 1835)
1835-1838 ? Lettres d’amour (manuscrits autographes)
26 mars et 20 juin 1836, De l’Aristocratie en France (Le Carrousel)
20 et 26 mars 1837, De l’avenir de la tragédie (La Charte de 1830)
12 août 1838, Les Bayadères à Paris (Le Messager)
18 septembre 1838, A M. B*** (Le Messager)
2 octobre 1838, La ville de Strasbourg. A M. B****** (Le Messager)
26 octobre 1838, Lettre de voyage. Bade (Le Messager)
31 octobre 1838, Lettre de voyage. Lichtenthal (Le Messager)
24 novembre 1838, Léo Burckart (manuscrit remis à la censure)
25, 26 et 28 juin 1839, Le Fort de Bitche. Souvenir de la Révolution française (Le Messager)
13 juillet 1839 (BF) Léo Burckart, chez Barba et Desessart
19 juillet 1839, « Le Mort-vivant », drame de M. de Chavagneux (La Presse)
15 et 16-17 août 1839, Les Deux rendez-vous, intermède (La Presse)
17 et 18 septembre 1839, Biographie singulière de Raoul Spifamme, seigneur des Granges (La Presse)
28 janvier 1840, Lettre de voyage I (La Presse)
25 février 1840, Le Magnétiseur
5 mars 1840, Lettre de voyage II (La Presse)
8 mars 1840, Lettre sur Vienne (L’Artiste)
26 mars 1840, Lettre de voyage III (La Presse)
28 juin 1840, Lettre de voyage IV, Un jour à Munich (La Presse)
18 juillet 1840 (BF) Faust de Goëthe suivi du second Faust, chez Gosselin
26 juillet 1840, Allemagne du Nord - Paris à Francfort I (La Presse)
29 juillet, 1840, Allemagne du Nord - Paris à Francfort II (La Presse)
30 juillet 1840, Allemagne du Nord - Paris à Francfort III (La Presse)
11 février 1841, Une Journée à Liège (La Presse)
18 février 1841, L’Hiver à Bruxelles (La Presse)
1841 ? Première version d’Aurélia (feuillets autographes)
février-mars 1841, Lettre à Muffe, (sonnets, manuscrit autographe)
1841 ? La Tête armée (manuscrit autographe)
mars 1841, Généalogie dite fantastique (manuscrit autographe)
1er mars 1841, Jules Janin, Gérard de Nerval (Journal des Débats)
5 mars 1841, Lettre à Edmond Leclerc
7 mars 1841, Les Amours de Vienne (Revue de Paris)
31 mars 1841, Lettre à Auguste Cavé
11 avril 1841, Mémoires d’un Parisien. Sainte-Pélagie en 1832 (L’Artiste)
9 novembre 1841, Lettre à Ida Ferrier-Dumas
novembre? 1841, Lettre à Victor Loubens
10 juillet 1842, Les Vieilles ballades françaises (La Sylphide)
15 octobre 1842, Rêverie de Charles VI (La Sylphide)
24 décembre 1842, Un Roman à faire (La Sylphide)
19 et 26 mars 1843, Jemmy O’Dougherty (La Sylphide)
11 février 1844, Une Journée en Grèce (L’Artiste)
10 mars 1844, Le Roman tragique (L’Artiste)
17 mars 1844, Le Boulevard du Temple, 1re livraison (L’Artiste)
31 mars 1844, Le Christ aux oliviers (L’Artiste)
5 mai 1844, Le Boulevard du Temple 2e livraison (L’Artiste)
12 mai 1844, Le Boulevard du Temple, 3e livraison (L’Artiste)
2 juin 1844, Paradoxe et Vérité (L’Artiste)
30 juin 1844, Voyage à Cythère (L’Artiste)
28 juillet 1844, Une Lithographie mystique (L’Artiste)
11 août 1844, Voyage à Cythère III et IV (L’Artiste)
15 septembre, Diorama (L’Artiste-Revue de Paris)
29 septembre 1844, Pantaloon Stoomwerktuimaker (L’Artiste)
20 octobre 1844, Les Délices de la Hollande I (La Sylphide)
8 décembre 1844, Les Délices de la Hollande II (La Sylphide)
16 mars 1845, Pensée antique (L’Artiste)
19 avril 1845 (BF), Le Diable amoureux par J. Cazotte, préface de Nerval, chez Ganivet
1er juin 1845, Souvenirs de l’Archipel. Cérigo (L’Artiste-Revue de Paris)
6 juillet 1845, L’Illusion (L’Artiste-Revue de Paris)
5 octobre 1845, Strasbourg (L’Artiste-Revue de Paris)
novembre-décembre 1845, Le Temple d’Isis. Souvenir de Pompéi (La Phalange)
28 décembre 1845, Vers dorés (L’Artiste-Revue de Paris)
1er mars 1846, Sensations d’un voyageur enthousiaste I (L’Artiste-Revue de Paris)
15 mars 1846, Sensations d’un voyageur enthousiaste II (L’Artiste-Revue de Paris)
1er mai 1846, Les Femmes du Caire. Scènes de la vie égyptienne (Revue des Deux Mondes)
17 mai 1846, Sensations d’un voyageur enthousiaste III (L’Artiste-Revue de Paris)
12 juillet 1846 Sensations d’un voyageur enthousiaste IV (L’Artiste-Revue de Paris)
16 août 1846, Un Tour dans le Nord. Angleterre et Flandre (L’Artiste-Revue de Paris)
30 août 1846, De Ramsgate à Anvers (L’Artiste-Revue de Paris)
20 septembre 1846, Une Nuit à Londres (L’Artiste-Revue de Paris)
1er novembre 1846, Un Tour dans le Nord III (L’Artiste-Revue de Paris)
22 novembre 1846, Un Tour dans le Nord IV (L’Artiste-Revue de Paris)
15 décembre 1846, Scènes de la vie égyptienne moderne. La Cange du Nil (Revue des Deux Mondes)
1847, Scénario des deux premiers actes des Monténégrins
15 février 1847, La Santa-Barbara. Scènes de la vie orientale (Revue des Deux Mondes)
15 mai 1847, Les Maronites. Un Prince du Liban (Revue des Deux Mondes)
15 août 1847, Les Druses (Revue des Deux Mondes)
17 octobre 1847, Les Akkals (Revue des Deux Mondes)
21 novembre 1847, Souvenirs de l’Archipel. Les Moulins de Syra (L’Artiste-Revue de Paris)
15 juillet 1848, Les Poésies de Henri Heine (Revue des Deux Mondes)
15 septembre 1848, Les Poésies de Henri Heine, L’Intermezzo (Revue des Deux Mondes)
1er-27 mars 1849, Le Marquis de Fayolle, 1re partie (Le Temps)
26 avril 16 mai 1849, Le Marquis de Fayolle, 2e partie (Le Temps)
6 octobre 1849, Le Diable rouge (Almanach cabalistique pour 1850)
7 mars-19 avril 1850, Les Nuits du Ramazan (Le National)
15 août 1850, Les Confidences de Nicolas, 1re livraison (Revue des Deux Mondes)
26 août 1850, Le Faust du Gymnase (La Presse)
1er septembre 1850, Les Confidences de Nicolas, 2e livraison (Revue des Deux Mondes)
9 septembre 1850, Excursion rhénane (La Presse)
15 septembre 1850, Les Confidences de Nicolas, 3e livraison (Revue des Deux Mondes)
18 et 19 septembre 1850, Les Fêtes de Weimar (La Presse)
1er octobre 1850, Goethe et Herder (L’Artiste-Revue de Paris)
24 octobre-22 décembre 1850, Les Faux-Saulniers (Le National)
29 décembre 1850, Les Livres d’enfants, La Reine des poissons (Le National)
novembre 1851, Quintus Aucler (Revue de Paris)
24 janvier 1852 (BF), L’Imagier de Harlem, Librairie théâtrale
15 juin 1852, Les Fêtes de mai en Hollande (Revue des Deux Mondes)
1er juillet 1852, La Bohême galante I (L’Artiste)
15 juillet 1852, La Bohême galante II (L’Artiste)
1er août 1852, La Bohême galante III (L’Artiste)
15 août 1852, La Bohême galante IV (L’Artiste)
21 août 1852 (BF), Lorely. Souvenirs d’Allemagne, chez Giraud et Dagneau (Préface à Jules Janin)
1er septembre 1852, La Bohême galante V (L’Artiste)
15 septembre 1852, La Bohême galante VI (L’Artiste)
1er octobre 1852, La Bohême galante VII (L’Artiste)
9 octobre 1852, Les Nuits d’octobre, 1re livraison (L’Illustration)
15 octobre 1852, La Bohême galante VIII (L’Artiste)
23 octobre 1852, Les Nuits d’octobre, 2e livraison (L’Illustration)
30 octobre 1852, Les Nuits d’octobre, 3e livraison (L’Illustration)
1er novembre 1852, La Bohême galante IX (L’Artiste)
6 novembre 1852, Les Nuits d’octobre, 4e livraison (L’Illustration)
13 novembre 1852, Les Nuits d’octobre, 5e livraison (L’Illustration)
15 novembre 1852, La Bohême galante X (L’Artiste)
20 novembre 1852, Les Illuminés, chez Victor Lecou (« La Bibliothèque de mon oncle »)
1er décembre 1852, La Bohême galante XI (L’Artiste)
15 décembre 1852, La Bohême galante XII (L’Artiste)
1er janvier 1853 (BF), Petits Châteaux de Bohême. Prose et Poésie, chez Eugène Didier
15 août 1853, Sylvie. Souvenirs du Valois (Revue des Deux Mondes)
14 novembre 1853, Lettre à Alexandre Dumas
25 novembre 1853-octobre 1854, Lettres à Émile Blanche
10 décembre 1853, Alexandre Dumas, Causerie avec mes lecteurs (Le Mousquetaire)
17 décembre 1853, Octavie (Le Mousquetaire)
1853-1854, Le Comte de Saint-Germain (manuscrit autographe)
28 janvier 1854 (BF) Les Filles du feu, préface, Les Chimères, chez Daniel Giraud
31 octobre 1854, Pandora (Le Mousquetaire)
25 novembre 1854, Pandora, épreuves du Mousquetaire
Pandora, texte reconstitué par Jean Guillaume en 1968
Pandora, texte reconstitué par Jean Senelier en 1975
30 décembre 1854, Promenades et Souvenirs, 1re livraison (L’Illustration)
1854 ? Sydonie (manuscrit autographe)
1854? Emerance (manuscrit autographe)
1854? Promenades et Souvenirs (manuscrit autographe)
janvier 1855, Oeuvres complètes (manuscrit autographe)
1er janvier 1855, Aurélia ou le Rêve et la Vie (Revue de Paris)
6 janvier 1855, Promenades et Souvenirs, 2e livraison (L’Illustration)
3 février 1855, Promenades et Souvenirs, 3e livraison (L’Illustration)
15 février 1855, Aurélia ou Le Rêve et la Vie, seconde partie (Revue de Paris)
15 mars 1855, Desiderata (Revue de Paris)
1866, La Forêt noire, scénario
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BF: annonce dans la Bibliographie de la France
Manuscrit autographe: manuscrit non publié du vivant de Nerval
15 août 1839 — Les Deux Rendez-vous, intermède, dans La Presse, 1re livraison, signé Gérard.
Les Deux Rendez-vous, seront repris dans la Revue pittoresque en février 1844, puis dans Petits Châteaux de Bohême en 1853 sous le titre de Corilla, comme dans Les Filles du feu en 1854. L’héroïne s’appelle Mercédès dans les deux premières publications et devient Corilla dans Petits Châteaux de Bohême puis dans Les Filles du feu. Nerval a songé à faire mettre en musique ce charmant intermède qui ne fut pourtant jamais porté à la scène et est devenu le « château d’Espagne, construit avec des châssis, des fermes et des praticables » des Petits Châteaux de Bohême.
La scène se passe à Naples, près de l’opéra San Carlo. Fabio, amoureux de la cantatrice Mercédès, a obtenu d’elle un rendez-vous, mais s’aperçoit bientôt qu’elle en a également accordé un à son rival Marcelli à la même heure. Qui Mercédès a-t-elle trompé ? Il semble que ce soit Fabio, car au rendez-vous se présente une petite marchande de fleurs, qui ressemble étonnamment à la cantatrice. Mais Fabio est bien vite détrompé : la bouquetière, c’est la cantatrice elle-même, qui l’a préféré à son rival. Nerval a donné au personnage de Fabio beaucoup de lui-même, et son intermède n’est pas sans rappeler certaines des Lettres d’amour du temps de sa passion pour Jenny Colon, et le chapitre I de Sylvie.
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LES DEUX RENDEZ-VOUS.
INTERMÈDE.(1)
(La scène se passe sur le quai de Santa-Lucia, à Naples.)
FABIO, MAZETTO.
FABIO.
Si tu me trompes, Mazetto, c’est un triste métier que tu fais là....
MAZETTO.
Le métier n’en est pas meilleur ; mais je vous sers fidèlement. Elle viendra ce soir, vous dis-je ; elle a reçu vos lettres et vos bouquets.
FABIO.
Et la chaîne d’or, et l’agrafe de pierres fines ?
MAZETTO.
Vous ne devez pas douter qu’elles ne lui soient parvenues aussi, et vous les reconnaîtrez peut-être à son col et à sa ceinture ; seulement, la façon de ces bijoux est si moderne, qu’elle n’a trouvé encore aucun rôle où elle pût les porter comme faisant partie de son costume.
FABIO.
Mais m’a-t-elle vu seulement ? m’a-t-elle remarqué à la place où je suis assis tous les soirs pour l’admirer et l’applaudir, et puis-je penser que mes présents ne seront pas la seule cause de sa démarche ?
MAZETTO.
Fi, monsieur ! ce que vous avez donné n’est rien pour une personne de cette volée ; et, dès que vous vous connaîtrez mieux, elle vous répondra par quelque portrait entouré de perles qui vaudra le double. Il en est de même des dix louis que vous m’avez remis déjà, et des vingt autres que vous m’avez promis dès que vous aurez l’assurance de votre premier rendez-vous ; ce n’est qu’argent prêté, je vous l’ai dit, et ils vous reviendront un jour avec de gros intérêts.
FABIO.
Va, je n’en attends rien.
MAZETTO.
Non, monsieur, il faut que vous sachiez à quels gens vous avez affaire, et que, loin de vous ruiner, vous êtes ici sur le vrai chemin de votre fortune ; veuillez donc me compter la somme convenue, car je suis forcé de me rendre au théâtre pour y remplir mes fonctions de chaque soir.
FABIO.
Mais pourquoi n’a-t-elle pas fait de réponse, et n’a-t-elle pas marqué de rendez-vous ?
MAZETTO.
Parce que, ne vous ayant encore vu que de loin, c’est-à-dire de la scène aux loges, comme vous ne l’avez vue vous-même que des loges à la scène, elle veut connaître avant tout votre tenue et vos manières, entendre votre son de voix, que sais-je ! Voudriez-vous que la meilleure cantatrice de San Carlo acceptât les hommages du premier venu sans plus d’information ?
FABIO.
Mais l’oserai-je aborder seulement ? et dois-je m’exposer, sur ta parole, à l’affront d’être rebuté ; ou d’avoir à ses yeux, la mine d’un galant de carrefour ?
MAZETTO.
Je vous répète que vous n’avez rien à faire qu’à vous promener le long de ce quai presque désert à cette heure ; elle passera, cachant son visage baissé sous la frange de sa mantille ; elle vous adressera la parole elle-même, et vous indiquera un rendez-vous pour ce soir, car l’endroit est peu propre à une conversation suivie. Serez-vous content ?
FABIO.
O Mazetto ! si tu dis vrai, tu me sauves la vie !
MAZETTO.
Et par reconnaissance, vous me prêtez les vingt louis convenus.
FABIO.
Tu les recevras quand je lui aurai parlé.
MAZETTO.
Vous êtes méfiant ; mais votre amour m’intéresse, et je l’aurais servi par pure amitié, si je n’avais à nourrir ma famille. Tenez-vous là comme rêvant en vous-même et composant quelque sonnet, je vais rôder aux environs pour prévenir toute surprise. (Il sort.)
FABIO, seul.
Je vais la voir ! la voir pour la première fois à la lumière du ciel, entendre pour la première fois des paroles qu’elle aura pensées !... Un mot d’elle va réaliser mon rêve, ou le faire envoler pour toujours ! Ah ! j’ai peur de risquer ici plus que je ne puis gagner ; ma passion était grande et pure, et rasait le monde sans le toucher, elle n’habitait que des palais radieux et des rives enchantées ; la voici ramenée à la terre et contrainte à cheminer comme toutes les autres. Ainsi que Pygmalion, j’adorais la forme extérieure d’une femme, seulement la statue se mouvait tous les soirs sous mes yeux avec une grâce divine, et de sa bouche, il ne tombait que des perles de mélodie. Et maintenant voici qu’elle descend à moi : mais l’Amour qui a fait ce miracle est un honteux valet de comédie, et le rayon qui fait vivre pour moi cette idole adorée est de ceux que Jupiter versait au sein de Danaé !... Elle vient, c’est bien elle ; oh ! le cœur me manque, et je serais tenté de m’enfuir si elle ne m’avait aperçu déjà.
______
FABIO, UNE DAME en mantille.
LA DAME, passant près de lui.
Seigneur cavalier, donnez-moi le bras je vous prie, de peur qu’on ne nous observe, et marchons naturellement. Vous m’avez écrit...
FABIO.
Et je n’ai reçu de vous aucune réponse...
LA DAME.
Tiendriez-vous plus à mon écriture qu’à mes paroles ?
FABIO.
Votre bouche ou votre main m’en voudraient si j’osais choisir.
LA DAME.
Que l’une soit donc le garant de l’autre, vos lettres m’ont touchée, et je consens à l’entrevue que vous me demandez. Vous savez pourquoi je ne puis vous recevoir chez moi.
FABIO.
On me l’a dit.
LA DAME.
Je suis très entourée, très gênée dans toutes mes démarches. Ce soir, à quatre heures de la nuit, attendez-moi au rond-point de la Villa-Reale, j’y viendrai sous un déguisement, et nous pourrons avoir quelques instans d’entretien.
FABIO.
J’y serai.
LA DAME.
Maintenant quittez mon bras, et ne me suivez pas, je me rends au théâtre. Ne paraissez pas dans la salle ce soir.... soyez discret et confiant. (Elle sort.)
FABIO seul.
C’était bien elle !... En me quittant, elle s’est toute révélée dans un mouvement, comme la Vénus de Virgile. J’avais à peine reconnu son visage, et pourtant l’éclair de ses yeux me traversait le cœur, de même qu’au théâtre, lorsque son regard vient croiser le mien dans la foule. Sa voix ne perd pas de son charme en prononçant de simples paroles, et cependant je croyais jusqu’ici qu’elle ne devait avoir que le chant comme les oiseaux ! Mais ce qu’elle m’a dit vaut tous les vers de Métastase, et ce timbre si pur, et cet accent si doux, n’empruntent rien pour séduire aux mélodies de Paësiello ou de Cimarosa. Ah ! toutes ces héroïnes que j’adorais en elle, Sophonisbe, Alcime, Herminie, et même cette blonde Molinara, qu’elle joue à ravir sous des habits moins splendides, je les voyais toutes enfermées à la fois dans cette mantille coquette, sous cette coiffe de satin... Encore Mazetto ?
______
FABIO, MAZETTO.
MAZETTO.
Eh bien ! seigneur, suis-je un fourbe, un homme sans parole, un homme sans honneur ?
FABIO.
Tu es le plus vertueux des mortels ! Mais tiens, prends cette bourse, et laisse-moi seul.
MAZETTO.
Vous avez l’air contrarié.
FABIO.
C’est que le bonheur me rend triste ; il me force à penser au malheur qui le suit toujours de près.
MAZETTO.
Peut-être avez-vous besoin de votre argent pour jouer au lansquenet cette nuit : je puis vous le rendre, et même vous en prêter d’autre.
FABIO.
Cela n’est point nécessaire. Adieu.
MAZETTO.
Prenez garde à la jettatura, seigneur Fabio ! (Il sort.)
FABIO, seul.
Je suis fatigué de voir la tête de ce coquin faire ombre sur mon amour ; mais dieu-merci, ce messager va me devenir inutile. Qu’a-t-il fait d’ailleurs, que de remettre adroitement mes billets et mes fleurs, qu’on avait long-temps repoussés ? Allons, allons, l’affaire a été fort habilement conduite et touche à son dénoûment..... Mais pourquoi suis-je donc si morose ce soir, moi qui devrais nager dans la joie et frapper ces dalles d’un pied triomphant ? N’a-t-elle pas cédé un peu vite, et surtout depuis l’envoi de mes présens !... Bon, je vois les choses trop en noir, et je ne devrais songer plutôt qu’à préparer ma rhétorique amoureuse. Il est clair que nous ne nous contenterons pas de causer amoureusement sous les arbres, et que je parviendrai bien à l’emmener souper dans quelque hôtellerie de Chiaia ; mais il faudra être brillant, passionné, fou d’amour, monter ma conversation au ton de mon style, réaliser l’idéal que lui ont présenté mes lettres et mes vers... et c’est à quoi je ne me sens nulle chaleur et nulle énergie... J’ai envie d’aller me remonter l’imagination avec quelques verres de vin d’Espagne. (Entre Marcelli.)
______
FABIO, MARCELLI.
MARCELLI.
C’est un triste moyen, seigneur Fabio ; le vin est le plus traître des compagnons ; il vous prend dans un palais et vous laisse dans un ruisseau.
FABIO.
Ah ! c’est vous, seigneur Marcelli ; vous m’écoutiez ?
MARCELLI.
Non, mais je vous entendais.
FABIO.
Ai-je rien dit qui vous ait déplu ?
MARCELLI.
Au contraire ; vous vous disiez triste et vous vouliez boire, c’est tout ce que j’ai surpris de votre monologue : moi, je suis plus gai qu’on ne peut dire. Je marche le long de ce quai comme un oiseau ; je pense à des choses folles, je ne puis demeurer en place, et j’ai peur de me fatiguer. Tenons-nous compagnie l’un à l’autre un instant ; je vaux bien une bouteille pour l’ivresse, et cependant je ne suis rempli que de joie ; j’ai besoin de m’épancher comme un flacon de Sillery, et je veux jeter dans votre oreille un secret étourdissant.
FABIO.
De grâce, choisissez un confident moins préoccupé de ses propres affaires. J’ai la tête prise, mon cher ; je ne suis bon à rien ce soir, et, eussiez-vous à me confier que le roi Midas a des oreilles d’âne, je vous jure que je serais incapable de m’en souvenir demain pour le répéter.
MARCELLI.
Et c’est ce qu’il me faut, vrai Dieu ! un confident muet comme une tombe.
FABIO.
Bon ! ne sais-je pas vos façons ? vous voulez publier une bonne fortune, et vous m’avez choisi pour le héraut de votre gloire.
MARCELLI.
Au contraire, je veux prévenir une indiscrétion en vous confiant bénévolement certaines choses que vous n’avez pu manquer de soupçonner.
FABIO.
Je ne sais ce que vous voulez dire.
MARCELLI.
On ne garde pas un secret surpris, au lieu qu’une confidence engage.
FABIO.
Mais je ne soupçonne rien qui vous puisse concerner.
MARCELLI.
Il convient donc que je vous dise tout.
FABIO.
Vous n’allez donc pas au théâtre ?
MARCELLI.
Non, pas ce soir ; et vous ?
FABIO.
Moi, j’ai quelque affaire en tête, j’ai besoin de me promener seul.
MARCELLI.
Je gage que vous composez un opéra.
FABIO.
Vous avez deviné.
MARCELLI.
Et qui s’y tromperait ? Vous ne manquez pas une seule des représentations de San-Carlo ; vous arrivez dès l’ouverture, ce que ne fait aucune personne du bel air ; vous ne vous retirez pas au milieu du dernier acte, et vous restez seul dans la salle avec le public du parquet. Il est clair que vous étudiez votre art avec soin et persévérance. mais une seule chose m’inquiète... êtes-vous poète ou musicien ?
FABIO.
L’un et l’autre.
MARCELLI.
Pour moi, je ne suis qu’amateur et n’ai fait que des chansonnettes. Vous savez donc très bien que mon assiduité dans cette salle, où nous nous rencontrons continuellement depuis quelques semaines, ne peut avoir d’autre motif qu’une intrigue amoureuse....
FABIO.
Dont je n’ai nulle envie d’être informé.
MARCELLI.
Oh ! vous ne m’échapperez point par ces faux-fuyans, et ce n’est que quand vous saurez tout, que je me croirai certain du mystère dont mon amour a besoin.
FABIO.
Il s’agit donc de quelque actrice... de la Borsella ?
MARCELLI.
Non ! de la nouvelle cantatrice espagnole, de la divine Mercédès !... Par Bacchus ! vous avez bien remarqué les furieux clins d’œil que nous nous lançons.
FABIO avec humeur.
Jamais !
MARCELLI.
Les signes convenus entre nous à de certains instans où l’attention du public se porte ailleurs...
FABIO.
Je n’ai rien vu de pareil.
MARCELLI.
Quoi, vous êtes distrait à ce point ? J’ai donc eu tort de vous croire informé d’une partie de mon secret ; mais la confidence étant commencée....
FABIO vivement.
Oui, certes ! vous me voyez maintenant curieux d’en connaître la fin.
MARCELLI.
Peut-être n’avez vous jamais fait grande attention à la signora Mercédès. Vous êtes plus occupé, n’est-ce pas, de sa voix que de sa figure. Eh bien ! remarquez-la, elle est charmante.
FABIO.
J’en conviens.
MARCELLI.
Une blonde d’Italie ou d’Espagne, c’est toujours une espèce de beauté fort singulière et qui a du prix par sa rareté.
FABIO.
C’est également mon avis.
MARCELLI.
Ne trouvez-vous pas qu’elle ressemble à la Judith de Caravagio, qui est dans le musée royal ?
FABIO.
Hé ! monsieur, finissez. En deux mots, vous êtes son amant, n’est-ce pas ?
MARCELLI.
Pardon ; je ne suis encore que son amoureux.
FABIO.
Vous m’étonnez.
MARCELLI.
Je dois vous dire qu’elle est fort sévère.
FABIO.
On le prétend.
MARCELLI.
Que c’est une tigresse, une Bradamante...
FABIO.
Une Alcimadure !
MARCELLI.
Sa porte demeurant fermée à mes bouquets, sa fenêtre à mes sérénades, j’en ai conclu qu’elle avait des raisons pour être insensible... chez elle, mais que sa vertu devait tenir pied moins solidement sur les planches d’une scène d’opéra... Je sondai le terrain, j’appris qu’un certain drôle nommé Mazetto avait accès près d’elle, en raison de son service au théâtre.....
FABIO.
Vous confiâtes vos fleurs et vos billets à ce coquin.
MARCELLI.
Vous le saviez donc.
FABIO.
Et aussi quelques présens qu’il vous conseilla de faire.
MARCELLI.
Ne disais-je pas bien que vous étiez informé de tout ?
FABIO.
Vous n’avez pas reçu de lettres d’elle ?
MARCELLI.
Aucune.
FABIO.
Il serait trop singulier que la dame elle-même, passant près de vous dans la rue, vous eût, à voix basse, indiqué un rendez-vous....
MARCELLI.
Vous êtes le diable, ou moi-même !
FABIO.
Pour demain ?
MARCELLI.
Non, pour aujourd’hui.
FABIO.
A cinq heures de la nuit ?
MARCELLI.
A quatre heures.
FABIO.
Alors, c’est au rond-point de la Villa-Reale !
MARCELLI.
Non ! devant les bains de Neptune.
FABIO.
Je n’y comprends plus rien.
MARCELLI.
Pardieu ! vous voulez tout deviner, tout savoir mieux que moi. C’est particulier. Maintenant que j’ai tout dit, il est de votre honneur d’être discret.
FABIO.
Bien. Ecoutez-moi, mon ami... nous sommes joués l’un ou l’autre !
MARCELLI.
Que dites-vous ?
FABIO.
Ou l’un et l’autre, si vous voulez. Nous avons rendez-vous de la même personne, à la même heure : vous, devant les bains de Neptune ; moi, à la Villa-Reale !
MARCELLI.
Je n’ai pas le temps d’être stupéfait ; mais je vous demande raison de cette lourde plaisanterie.
FABIO.
Si c’est la raison qui vous manque, je ne me charge pas de vous en donner ; si c’est un coup d’épée qu’il vous faut, dégainez la vôtre.
MARCELLI.
Je fais une réflexion : vous avez sur moi tout avantage en ce moment.
FABIO.
Vous en convenez.
MARCELLI.
Pardieu ! vous êtes un amant malheureux, c’est clair ; vous alliez vous jeter du haut de cette rampe, ou vous pendre aux branches de ces tilleuls, si je ne vous eusse rencontré. Moi, au contraire, je suis reçu, favorisé, presque vainqueur ; je soupe ce soir avec l’objet de mes vœux. Je vous rendrais service en vous tuant ; mais si c’est moi qui suis tué, vous conviendrez qu’il serait dommage que ce fût avant et non après. Les choses ne sont pas égales ; remettons l’affaire à demain.
FABIO.
Je fais exactement la même réflexion que vous, et je pourrais vous répéter vos propres paroles. Ainsi, je consens à ne vous punir que demain de votre folle vanterie. Je ne vous croyais qu’indiscret.
MARCELLI.
Bon ! séparons-nous sans un mot de plus, je ne veux point vous contraindre à des aveux humilians, ni compromettre davantage une dame qui n’a pour moi que des bontés. Je compte sur votre réserve et vous donnerai demain matin des nouvelles de ma soirée.
FABIO.
Je vous en promets autant ; mais ensuite nous ferraillerons de bon cœur. A demain donc.
MARCELLI.
A demain, seigneur Fabio. (Ils sortent.)
(1) L’auteur se réserve la propriété de ce canevas dramatique, excepté aussi de tout traité relatif à la reproduction.
(La suite à après-demain vendredi)
GÉRARD.
______
16-17 août 1839 — Les Deux Rendez-vous, intermède, dans La Presse, 2e livraison, signé Gérard.
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LES DEUX RENDEZ-VOUS.
INTERMÈDE.
Deuxième entr’acte — Une terrasse près du palais.
FABIO seul.
Je ne sais quelle inquiétude m’a porté à le suivre de loin, au lieu d’aller de mon côté. Retournons. (Il fait quelques pas.) Il est impossible de pousser plus loin l’assurance, mais aussi ne pouvait-il guère revenir sur sa prétention et me confesser son mensonge. Voilà de nos jeunes fous à la mode ! rien ne leur fait obstacle, ils sont les vainqueurs et les préférés de toutes les femmes, et la liste de Don Juan ne leur coûterait que la peine de l’écrire. Certainement d’ailleurs si cette beauté nous trompait l’un pour l’autre, ce ne serait pas à la même heure. Allons, je crois que l’instant approche, et que je ferais bien de me diriger du côté de la Villa-Reale, qui doit être déjà débarrassée de ses promeneurs et rendue à la solitude. Mais en vérité n’aperçois-je pas là-bas Marcelli qui donne le bras à une femme... Je suis fou véritablement... Si c’est lui, ce ne peut être elle... Que faire ? Si je vais de leur côté, je manque l’heure de mon rendez-vous... Et si je n’éclaircis pas le soupçon qui me vient, je risque, en me rendant là-bas, de jouer le rôle d’un sot. C’est là une cruelle incertitude. L’heure se passe, je vais et reviens, et ma position est la plus bizarre du monde. Pourquoi faut-il que j’aie rencontré cet étourdi, qui s’est joué de moi peut-être. Il aura su mon amour par Mazetto, et tout ce qu’il m’est venu conter tient à quelque obscure fourberie que je saurai bien démêler. — Décidément, je prends mon parti, je cours à la Villa-Reale. (Il revient.) Sur mon âme, ils approchent ; c’est la même mantille garnie de longues dentelles ; c’est la même robe de soie grise... En deux pas ils vont être ici. Oh ! si c’est elle, si je suis trompé... je n’attendrai pas à demain pour me venger de tous les deux ! Que vais-je faire ? Un éclat ridicule... Retirons-nous derrière ce treillis pour mieux nous assurer que ce sont bien eux-mêmes.
______
MARCELLI, la signora MERCÉDÈS lui donnant le bras.
MARCELLI.
Oui, belle dame, vous voyez jusqu’où va la suffisance de certaines gens. Il y a par la ville un cavalier qui se vante d’avoir aussi obtenu de vous une entrevue pour ce soir. Et, si je n’étais sûr de vous avoir maintenant à mon bras, fidèle à une douce promesse trop long-temps différée...
MERCÉDÈS.
Allons, vous plaisantez, seigneur Marcelli. Et ce cavalier si avantageux... le connaissez-vous ?
MARCELLI.
C’est à moi justement qu’il a fait des confidences...
FABIO se montrant.
Vous vous trompez, seigneur, c’est vous qui me faisiez les vôtres. Madame, il est inutile d’aller plus loin ; je suis décidé à ne point supporter un pareil manège de coquetterie. Le seigneur Marcelli peut vous reconduire chez vous, puisque vous lui avez donné le bras ; mais ensuite, qu’il se souvienne bien que je l’attends, moi.
MARCELLI.
Écoutez, mon cher, tâchez, dans cette affaire-ci, de n’être que ridicule.
FABIO.
Ridicule, dites-vous ?
MARCELLI.
Je le dis. S’il vous plaît de faire du bruit, attendez que le jour se lève ; je ne me bats pas sous les lanternes, et je ne me soucie point de me faire arrêter par la garde de nuit.
MERCÉDÈS.
Cet homme est fou ; ne le voyez-vous pas ? Eloignons-nous.
FABIO.
Ah ! madame ! il suffit... Ne brisez pas entièrement cette belle image que je portais pure et sainte au fond de mon cœur !... Hélas ! content de vous aimer de loin, de vous écrire... j’avais peu d’espérance, et je demandais moins que vous ne m’avez promis !
MERCÉDÈS.
Vous m’avez écrit ? à moi ?...
MARCELLI.
Eh qu’importe ! ce n’est pas ici le lieu d’une telle explication...
MERCÉDÈS.
Et que vous ai-je promis, monsieur ?... Je ne vous connais pas et ne vous ai jamais parlé.
MARCELLI.
Bon ! quand vous lui auriez dit quelques paroles en l’air, le grand mal ! Pensez-vous que mon amour s’en inquiète ?
MERCÉDÈS.
Mais quelle idée avez-vous aussi, seigneur ? Puisque les choses sont allées si loin, je veux que tout s’explique à l’instant. Ce cavalier croit avoir à se plaindre de moi ! Qu’il parle et qu’il se nomme avant tout ; car j’ignore ce qu’il est et ce qu’il veut.
FABIO.
Rassurez-vous, madame ! j’ai honte d’avoir fait cet éclat et d’avoir cédé à un premier mouvement de surprise. Vous m’accusez d’imposture, et votre belle bouche ne peut mentir. Vous l’avez dit, je suis fou, j’ai rêvé. Ici même, il y a une heure, quelque chose comme votre fantôme passait, m’adressait quelques douces paroles et promettait de revenir. Il y avait de la magie, sans doute, et cependant tous les détails restent présens à ma pensée. J’étais là, je venais de voir le soleil se coucher derrière le Pausilippe, en jetant sur Ischia le bord de son manteau rougeâtre, la mer noircissait dans le golfe, et les voiles blanches se hâtaient vers la terre comme des colombes attardées.... Vous voyez, je suis un triste rêveur, mes lettres ont dû vous l’apprendre, mais vous n’entendrez plus parler de moi, je le jure et vous dis adieu.
MERCÉDÈS.
Vos lettres... Tenez, tout cela a l’air d’un imbroglio de comédie, permettez-nous de ne nous y point arrêter davantage. Seigneur Marcelli, veuillez reprendre mon bras et me reconduire en toute hâte chez moi. (Fabio salue et s’éloigne.)
MARCELLI.
Chez vous, madame ?
MERCÉDÈS.
Oui, cette scène m’a bouleversée !... Vit-on jamais rien de plus bizarre ! Si la place du palais n’est pas encore déserte, nous trouverons bien une chaise, ou tout au moins un fallot. Voici justement les valets du théâtre qui sortent ; appelez un d’entre eux...
MARCELLI.
Holà ! quelqu’un ! par ici... Mais en vérité vous sentez-vous malade ?
MERCÉDÈS.
A ne pouvoir marcher plus loin...
______
FABIO, MAZETTO, LES PRÉCÉDENS.
FABIO entraînant Mazetto.
Tenez, c’est le ciel qui nous l’amène ; voilà le traître qui s’est joué de moi.
MARCELLI.
C’est Mazetto ! le plus grand fripon des Deux Siciles ! Quoi ! c’était aussi votre messager ?
MAZETTO.
Au diable ! vous m’étouffez.
FABIO.
Tu vas nous expliquer...
MAZETTO.
Et que faites-vous ici, seigneur, Je vous croyais en bonne fortune.
FABIO.
C’est la tienne qui ne vaut rien. Tu vas mourir si tu ne confesses pas toute ta fourberie.
MARCELLI.
Attendez, seigneur Fabio, j’ai aussi des droits à faire valoir sur ses épaules. A nous deux, maintenant.
MAZETTO.
Messieurs, si vous voulez que je comprenne, ne frappez pas tous les deux à la fois. De quoi s’agit-il ?
FABIO.
Et de quoi peut-il être question, misérable ? Mes lettres, qu’en as-tu fait ?
MARCELLI.
Et de quelle façon as-tu compromis l’honneur de la signora Mercédès ?
MAZETTO.
Messieurs, l’on pourrait nous entendre.
MARCELLI.
Il n’y a ici que la signora elle-même et nous deux, c’est-à-dire deux hommes qui vont s’entretuer demain à cause d’elle, ou à cause de toi.
MAZETTO.
Permettez : ceci dès lors est grave, et mon humanité me défend de dissimuler davantage...
FABIO.
Parle.
MAZETTO.
Au moins, remettez vos épées.
FABIO.
Alors nous prendrons des bâtons.
MARCELLI.
Non ; nous devons le ménager s’il dit la vérité tout entière, mais à ce prix-là seulement.
MERCÉDÈS.
Son insolence m’indigne au dernier point.
MARCELLI.
Le faut-il assommer avant qu’il ait parlé ?
MERCÉDÈS.
Non ; je veux tout savoir, et que, dans une si noire aventure, il ne reste du moins aucun doute sur ma loyauté.
MAZETTO.
Ma confession est votre panégyrique, madame ; tout Naples connaît l’austérité de votre vie. Or, le seigneur Marcelli, que voilà, était passionnément épris de vous ; il allait jusqu’à promettre de vous offrir son nom si vous vouliez quitter le théâtre ; mais il fallait qu’il pût du moins mettre à vos genoux l’hommage de son cœur ; je ne dis pas de sa fortune ; mais vous en avez bien pour deux, on le sait, et lui aussi.
MARCELLI.
Faquin !...
FABIO.
Laissez-le finir.
MAZETTO.
La délicatesse du motif m’engagea dans son parti. Comme valet du théâtre, il m’était aisé de mettre ses billets sur votre toilette. Les premiers furent brûlés ; d’autres, laissés ouverts, reçurent un meilleur accueil. Le dernier vous décida à accorder un rendez-vous au seigneur Marcelli, lequel m’en a fort bien récompensé...
MARCELLI.
Mais qui te demande tout ce récit ?
FABIO.
Et moi, traître ! âme à double face ! comment m’as-tu servi ? Mes lettres, les as-tu remises ? Quelle a été cette femme voilée que tu m’as envoyée tantôt, et que tu m’as dit être la signora Mercédès elle-même ?
MAZETTO.
Ah ! seigneurs, qu’eussiez-vous dit de moi et quelle idée madame en eût-elle pu concevoir, si je lui avais remis des lettres de deux écritures différentes et des bouquets de deux amoureux. Il faut de l’ordre en toute chose, et je respecte trop madame pour lui avoir supposé la fantaisie de mener de front deux amours. Cependant le désespoir du seigneur Fabio, à mon premier refus de le servir, m’avait singulièrement touché. Je le laissai d’abord épancher sa verve en lettres et en sonnets que je feignis de remettre à la signora, supposant que son amour pourrait bien être de ceux qui viennent si fréquemment se brûler les ailes aux flammes de la rampe, passions d’écoliers et de poètes, comme nous en voyons tant... Mais c’était plus sérieux, car la bourse du seigneur Fabio s’épuisait à fléchir ma résolution vertueuse...
MARCELLI.
En voilà assez ! Signora, nous n’avons point affaire, n’est-ce pas, de ces divagations...
MERCÉDÈS.
Laissez-le dire, rien ne nous presse, monsieur.
MAZETTO.
Enfin, j’imaginai que le seigneur Fabio étant épris par les yeux seulement, puisqu’il n’avait pu jamais réussir à s’approcher de madame et n’ait jamais entendu sa voix qu’en musique, il suffirait de lui procurer la satisfaction d’un entretien avec quelque créature de la taille et de l’air de la signora Mercédès... Il faut dire que j’avais déjà remarqué une petite bouquetière qui vend ses fleurs le long de la rue de Tolède, ou devant les cafés de la place du Môle. Quelquefois elle s’arrête un instant, et chante des chansonnettes espagnoles avec une voix d’un timbre fort clair....
MARCELLI.
Une bouquetière qui ressemble à la signora ; allons donc ! ne l’aurais-je point remarquée aussi.
MAZETTO.
Seigneur, elle arrive tout fraîchement par le galion de Sicile, et porte encore le costume de son pays.
MERCÉDÈS.
Cela n’est point vraisemblable, assurément.
MAZETTO.
Demandez au seigneur Fabio si, le costume aidant, il n’a pas cru tantôt voir passer madame elle-même.
FABIO.
Eh bien ! cette femme......
MAZETTO
Cette femme, seigneur, est celle qui vous attend à la Villa-Reale, ou plutôt qui ne vous attend plus, l’heure étant de beaucoup passée.
FABIO.
Peut-on imaginer une plus noire complication d’intrigues !
MARCELLI.
Mais non ; l’aventure est plaisante. Et voyez, la signora elle-même ne peut s’empêcher d’en rire... Allons, beau cavalier, séparons-nous sans rancune, et corrigez-moi ce drôle d’importance... Ou plutôt, tenez, profitez de son idée : la nuée qu’embrassait Ixion valait bien pour lui la divinité dont elle était l’image, et je vous crois assez poète pour vous soucier peu des réalités. — Bonsoir, seigneur Fabio ! (Marcelli et Mercédès s’éloignent.)
______
FABIO, MAZETTO.
FABIO à lui-même.
Elle était là ! et pas un mot de pitié, pas un signe d’attention. Elle assistait, froide et morne, à ce débat qui me couvrait de ridicule, et elle est partie dédaigneusement sans dire une parole, riant seulement sans doute de ma maladresse et de ma simplicité !... Oh ! tu peux te retirer, va, pauvre valet de comédie, je ne maudis plus que ma mauvaise étoile, et je vais rêver le long de la mer à mon infortune, car je n’ai plus même l’énergie d’être furieux.
MAZETTO.
Seigneur, vous feriez bien d’aller rêver du côté de la Villa-Reale. La bouquetière vous attend peut-être encore.... (Il sort.)
______
Troisième entr’acte. — Une allée de la Villa-Reale.
FABIO.
En vérité, j’aurais été curieux de rencontrer cette créature et de la traiter comme elle le mérite. Quelle femme est-ce donc que celle qui se prête à une telle manœuvre ? Est-ce une niaise enfant à qui l’on a fait la leçon, ou quelque effrontée qu’on n’a eu que la peine de payer et de mettre en campagne. Mais il faut l’âme d’un plat valet pour m’avoir jugé digne de donner dans ce piège un instant. Et pourtant, elle ressemble à celle que j’aime... et moi-même quand je la rencontrai voilée, je crus reconnaître et sa démarche et le son si pur de sa voix... Allons, il est bientôt six heures de nuit, et les derniers promeneurs s’éloignent vers Ste-Lucie et vers Chaia, et les terrasses des maisons se garnissent de monde... A l’heure qu’il est, Marcelli soupe gaiement avec sa conquête facile… Les femmes n’ont d’amour que pour ces débauchés sans cœur ! — Que me veux-tu, petite ?
______
FABIO, UNE BOUQUETIÈRE.
LA BOUQUETIÈRE.
Seigneur, je vends des roses, je vends des fleurs du printemps. Voulez-vous acheter tout ce qui me reste pour parer la chambre de votre amoureuse ? On va bientôt fermer le jardin, et je ne puis remporter cela chez mon père, je serais battue. Prenez le tout pour trois carlins.
FABIO.
Crois-tu que je sois attendu ce soir, et me trouves-tu la mine d’un amant favorisé ?
LA BOUQUETIÈRE.
Venez ici à la lumière. Vous m’avez l’air d’un beau cavalier ; et, si vous n’êtes pas attendu, c’est que vous attendez... Ah ! mon Dieu !
FABIO.
Qu’as-tu, ma petite ? Mais vraiment, cette figure... Ah ! je comprends tout maintenant : tu es la fausse Mercédès !... A ton âge, mon enfant, tu entames un vilain métier !
LA BOUQUETIÈRE.
En vérité, seigneur, je suis une honnête fille, et vous allez mieux me juger. On m’a déguisée en grande dame, on m’a fait dire des mots appris par cœur ; mais quand j’ai vu que c’était une comédie pour tromper un honnête gentilhomme, je me suis échappée et j’ai repris mes habits de pauvre fille, et je suis allée, comme tous les soirs, vendre mes fleurs sur la place du Môle et dans les allées du Jardin-Royal.
FABIO.
Cela est-il bien vrai ?
LA BOUQUETIÈRE.
Si vrai, que je vous dis adieu, seigneur ; et puisque vous ne voulez pas de mes fleurs, je les jetterai dans la mer en passant ; demain elles seraient fanées.
FABIO.
Pauvre fille, cet habit te sied mieux que l’autre, et je te conseille de ne plus le quitter. Tu es, toi, la fleur sauvage des champs ; mais qui pourrait se tromper entre vous deux ? Tu me rappelles sans doute quelques-uns de ses traits, et ton cœur vaut mieux que le sien peut-être. Mais qui peut remplacer dans l’âme d’un amant la belle image qu’il s’est plu tous les jours à parer d’un nouveau prestige ? Celle-là n’existe plus en réalité sur la terre ; elle est gravée seulement au fond du cœur fidèle, et nul portrait ne pourra jamais rendre son impérissable beauté.
LA BOUQUETIÈRE.
Pourtant on m’a dit que je la valais bien, et sans coquetterie, je pense qu’étant parée comme la signora Mercédès, aux feux des bougies, au milieu des enivremens du spectacle et de la musique, je pourrais bien vous plaire autant qu’elle, et cela sans blanc de perle et sans carmin.
FABIO.
Si ta vanité se pique, petite fille, tu m’ôteras même le plaisir que je trouve à te regarder un instant. Mais vraiment, tu oublies qu’elle est la perle de l’Espagne et de l’Italie, que son pied est le plus fin et sa main la plus royale main du monde. Pauvre enfant ! la misère n’est pas la culture qu’il faut à des beautés si accomplies, dont le luxe et l’art prennent soin tour à tour.
LA BOUQUETIÈRE.
Regardez mon pied sur ce banc de marbre ; il se découpe encore assez bien dans sa chaussure brune. Et ma main, l’avez-vous seulement touchée ?
FABIO.
Il est vrai que ton pied est charmant, et ta main... Dieu ! qu’elle est douce !... Mais, écoute, je ne veux pas te tromper, mon enfant, c’est bien elle seule que j’aime, et le charme qui m’a séduit n’est pas né dans une soirée. Depuis trois mois que je suis à Naples je n’ai pas manqué de la voir un seul jour d’opéra. Trop pauvre pour briller près d’elle, comme tous les beaux cavaliers qui l’entourent aux promenades, n’ayant ni le génie des musiciens, ni la renommée des poètes qui l’inspirent et qui la servent dans son talent, j’allais sans espérance m’enivrer de sa vue et de ses chants, et prendre ma part dans ce plaisir de tous, qui pour moi seul était le bonheur et la vie. Oh ! tu la vaux bien peut-être, en effet... Mais as-tu cette grâce divine qui se révèle sous tant d’aspects ? As-tu ces pleurs et ce sourire ? As-tu ce chant divin, sans lequel une divinité n’est qu’une belle idole ? Mais alors tu serais à sa place, et tu ne vendrais pas des fleurs aux promeneurs de la Villa-Reale....
LA BOUQUETIÈRE.
Pourquoi donc la nature, en me donnant son apparence, aurait-elle oublié la voix ? Je chante fort bien, je vous jure ; mais les directeurs de San Carlo n’auraient jamais l’idée d’aller ramasser une prima-donna sur la place publique... Ecoutez ces vers d’opéra que j’ai retenus pour les avoir entendus seulement au petit théâtre de la Fenice. (Elle chante.)
Air italien.
Qu’il m’est doux de conserver la paix du cœur, le calme de la pensée !
Il est sage d’aimer dans la belle saison de l’âge ; plus sage de n’aimer pas, etc.
FABIO tombant à ses pieds.
Oh ! madame, qui vous méconnaîtrait maintenant ? Mais cela ne peut être… Vous êtes une déesse véritable, et vous allez vous envoler ! Mon Dieu, qu’ai-je à répondre à tant de bontés ; je suis indigne de vous aimer, pour ne vous avoir point d’abord reconnue !
MERCÉDÈS.
Je ne suis donc plus la bouquetière ?... Eh bien ! je vous remercie, j’ai étudié ce soir un nouveau rôle, et vous m’avez donné les répliques admirablement.
FABIO.
Et Marcelli ?
MERCÉDÈS.
Tenez, n’est-ce pas lui que je vois errer tristement le long de ces berceaux, comme vous faisiez tout à l’heure ?
FABIO.
Évitons-le, prenons cette allée.
MERCÉDÈS.
Il nous a vus, il vient à nous.
______
FABIO, MERCÉDÈS, MARCELLI.
MARCELLI.
Hé ! seigneur Fabio, vous avez donc trouvé la bouquetière ! ma foi, vous avez bien fait, et vous êtes plus heureux que moi ce soir.
FABIO.
Hé bien, qu’avez-vous donc fait de la signora Mercédès ; Vous alliez souper ensemble si gaîment.
MARCELLI.
Ma foi, l’on ne comprend rien aux caprices des femmes. Elle s’est dite malade, et je n’ai pu que la reconduire chez elle ; mais demain...
FABIO.
Demain ne vaut pas ce soir, seigneur Marcelli.
MARCELLI.
Voyons donc cette ressemblance tant vantée... Elle n’est pas mal, ma foi !... mais ce n’est rien, pas de distinction, pas de grâce ; allons, faites-vous illusion à votre aise... Moi, je vais penser à la véritable prima donna de San-Carlo, que j’épouserai dans huit jours.
MERCÉDÈS reprenant son ton naturel.
Il faudra beaucoup réfléchir là-dessus, seigneur Marcelli. Tenez, moi, j’hésite beaucoup à m’engager. J’ai de la fortune ; je veux choisir. Pardonnez-moi d’avoir été comédienne en amour comme au théâtre, et de vous avoir mis à l’épreuve tous deux. Maintenant, je vous l’avouerai, je ne sais trop si aucun de vous m’aime, et j’ai besoin de vous connaître davantage. Le seigneur Fabio n’adore en moi que l’actrice peut-être, et son amour a besoin de la distance et de la rampe allumée ; et vous, seigneur Marcelli, vous me paraissez vous aimer avant tout le monde, et vous émouvoir difficilement dans l’occasion. Vous êtes trop mondain, et lui trop poète ; et maintenant, veuillez tous deux m’accompagner. Chacun de vous avait gagé de souper avec moi, j’en avais fait la promesse à chacun de vous ; nous souperons tous les trois ensemble ; Mazetto nous servira.
MAZETTO paraissant et s’adressant au public.
Sur quoi, messieurs, vous voyez que cette aventure scabreuse va se terminer le plus moralement du monde. Excusez-moi d’avoir brodé quelques répliques sur la trame d’un aussi pauvre canevas. le second rideau se lève et le dernier acte de la grande pièce va commencer.
Fin de l’intermède.
GÉRARD.
_______
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