TEXTES
1824, Poésies diverses (manuscrit autographe)
1824, L’Enterrement de la Quotidienne (manuscrit autographe)
1824, Poésies et poèmes (manuscrit autographe)
1825, « Pour la biographie des biographes » (manuscrit autographe)
15 février 1826 (BF), Napoléon et la France guerrière, chez Ladvocat
6 mai 1826 (BF), Complainte sur l’immortalité de M. Briffaut, par Cadet Roussel, chez Touquet
6 mai 1826 (BF), Monsieur Dentscourt ou le Cuisinier d’un grand homme, chez Touquet
20 mai 1826 (BF), Les Hauts faits des Jésuites, par Beuglant, chez Touquet
12 août 1826 (BF), Épître à M. de Villèle (Mercure de France du XIXe siècle)
11 novembre 1826 (BF), Napoléon et Talma, chez Touquet
13 et 30 décembre 1826 (BF), L’Académie ou les membres introuvables, par Gérard, chez Touquet
16 mai 1827 (BF), Élégies nationales et Satires politiques, par Gérard, chez Touquet
29 juin 1827, La dernière scène de Faust (Mercure de France au XIXe siècle)
28 novembre 1827 (BF), Faust, tragédie de Goëthe, 1828, chez Dondey-Dupré
15 décembre 1827, A Auguste H…Y (Almanach des muses pour 1828)
1828? Faust (manuscrit autographe)
1828? Le Nouveau genre (manuscrit autographe)
mai 1829, Lénore. Ballade allemande imitée de Bürger (La Psyché)
août 1829, Le Plongeur. Ballade, (La Psyché)
octobre 1829, A Schmied. Ode de Klopstock (La Psyché)
24 octobre 1829, Robert et Clairette. Ballade allemande de Tiedge (Mercure de France au XIXe siècle)
21 novembre 1829, Chant de l’épée. Traduit de Korner (Mercure de France au XIXe siècle)
19 décembre 1829, Lénore. Traduction littérale de Bürger (Mercure de France au XIXe siècle)
janvier 1830, La Lénore de Bürger, nouvelle traduction littérale (La Psyché)
16 janvier 1830, Ma Patrie, de Klopstock (Mercure de France au XIXe siècle)
23 janvier 1830, Légende, par Goethe (Mercure de France au XIXe siècle)
6 février (BF) Poésies allemandes, Klopstock, Goethe, Schiller, Burger (Bibliothèque choisie)
13 février 1830, Les Papillons (Mercure de France au XIXe siècle)
13 février 1830, Appel, par Koerner (1813) (Mercure de France au XIXe siècle)
13 mars 1830, L’Ombre de Koerner, par Uhland, 1816 (Mercure de France au XIXe siècle)
27 mars 1830, La Nuit du Nouvel an d’un malheureux, de Jean-Paul Richter (La Tribune romantique)
29 avril 1830, La Pipe, chanson traduite de l’allemand, de Pfeffel (La Tribune romantique)
13 mai 1830 Le Cabaret de la mère Saguet (Le Gastronome)
mai 1830, M. Jay et les pointus littéraires (La Tribune romantique)
juillet ? 1830, Récit des journées des 27-29 juillet (manuscrit autographe)
14 août 1830, Le Peuple (Mercure de France au XIXe siècle)
11 décembre 1830, A Victor Hugo. Les Doctrinaires (Almanach des muses pour 1831)
29 décembre 1830, La Malade (Le Cabinet de lecture )
29 janvier 1831, Odelette, Le Vingt-cinq mars (Almanach dédié aux demoiselles)
14 mars 1831, En avant, marche! (Cabinet de lecture)
23 avril 1831, Bardit, traduit du haut-allemand (Mercure de France au XIXe siècle)
7 mai 1831, Profession de foi (Mercure de France au XIXe siècle)
25 juin et 9 juillet 1831, Nicolas Flamel, drame-chronique (Mercure de France au XIXe siècle)
4 décembre 1831, Cour de prison, Le Soleil et la gloire (Le Cabinet de lecture)
17 décembre 1831, Fantaisie, odelette (Annales romantiques pour 1832)
24 septembre 1832, La Main de gloire, histoire macaronique (Le Cabinet de lecture)
14 décembre 1834, Odelettes (Annales romantiques pour 1835)
1835-1838 ? Lettres d’amour (manuscrits autographes)
26 mars et 20 juin 1836, De l’Aristocratie en France (Le Carrousel)
20 et 26 mars 1837, De l’avenir de la tragédie (La Charte de 1830)
12 août 1838, Les Bayadères à Paris (Le Messager)
18 septembre 1838, A M. B*** (Le Messager)
2 octobre 1838, La ville de Strasbourg. A M. B****** (Le Messager)
26 octobre 1838, Lettre de voyage. Bade (Le Messager)
31 octobre 1838, Lettre de voyage. Lichtenthal (Le Messager)
24 novembre 1838, Léo Burckart (manuscrit remis à la censure)
25, 26 et 28 juin 1839, Le Fort de Bitche. Souvenir de la Révolution française (Le Messager)
13 juillet 1839 (BF) Léo Burckart, chez Barba et Desessart
19 juillet 1839, « Le Mort-vivant », drame de M. de Chavagneux (La Presse)
15 et 16-17 août 1839, Les Deux rendez-vous, intermède (La Presse)
17 et 18 septembre 1839, Biographie singulière de Raoul Spifamme, seigneur des Granges (La Presse)
28 janvier 1840, Lettre de voyage I (La Presse)
25 février 1840, Le Magnétiseur
5 mars 1840, Lettre de voyage II (La Presse)
8 mars 1840, Lettre sur Vienne (L’Artiste)
26 mars 1840, Lettre de voyage III (La Presse)
28 juin 1840, Lettre de voyage IV, Un jour à Munich (La Presse)
18 juillet 1840 (BF) Faust de Goëthe suivi du second Faust, chez Gosselin
26 juillet 1840, Allemagne du Nord - Paris à Francfort I (La Presse)
29 juillet, 1840, Allemagne du Nord - Paris à Francfort II (La Presse)
30 juillet 1840, Allemagne du Nord - Paris à Francfort III (La Presse)
11 février 1841, Une Journée à Liège (La Presse)
18 février 1841, L’Hiver à Bruxelles (La Presse)
1841 ? Première version d’Aurélia (feuillets autographes)
février-mars 1841, Lettre à Muffe, (sonnets, manuscrit autographe)
1841 ? La Tête armée (manuscrit autographe)
mars 1841, Généalogie dite fantastique (manuscrit autographe)
1er mars 1841, Jules Janin, Gérard de Nerval (Journal des Débats)
5 mars 1841, Lettre à Edmond Leclerc
7 mars 1841, Les Amours de Vienne (Revue de Paris)
31 mars 1841, Lettre à Auguste Cavé
11 avril 1841, Mémoires d’un Parisien. Sainte-Pélagie en 1832 (L’Artiste)
9 novembre 1841, Lettre à Ida Ferrier-Dumas
novembre? 1841, Lettre à Victor Loubens
10 juillet 1842, Les Vieilles ballades françaises (La Sylphide)
15 octobre 1842, Rêverie de Charles VI (La Sylphide)
24 décembre 1842, Un Roman à faire (La Sylphide)
19 et 26 mars 1843, Jemmy O’Dougherty (La Sylphide)
11 février 1844, Une Journée en Grèce (L’Artiste)
10 mars 1844, Le Roman tragique (L’Artiste)
17 mars 1844, Le Boulevard du Temple, 1re livraison (L’Artiste)
31 mars 1844, Le Christ aux oliviers (L’Artiste)
5 mai 1844, Le Boulevard du Temple 2e livraison (L’Artiste)
12 mai 1844, Le Boulevard du Temple, 3e livraison (L’Artiste)
2 juin 1844, Paradoxe et Vérité (L’Artiste)
30 juin 1844, Voyage à Cythère (L’Artiste)
28 juillet 1844, Une Lithographie mystique (L’Artiste)
11 août 1844, Voyage à Cythère III et IV (L’Artiste)
15 septembre, Diorama (L’Artiste-Revue de Paris)
29 septembre 1844, Pantaloon Stoomwerktuimaker (L’Artiste)
20 octobre 1844, Les Délices de la Hollande I (La Sylphide)
8 décembre 1844, Les Délices de la Hollande II (La Sylphide)
16 mars 1845, Pensée antique (L’Artiste)
19 avril 1845 (BF), Le Diable amoureux par J. Cazotte, préface de Nerval, chez Ganivet
1er juin 1845, Souvenirs de l’Archipel. Cérigo (L’Artiste-Revue de Paris)
6 juillet 1845, L’Illusion (L’Artiste-Revue de Paris)
5 octobre 1845, Strasbourg (L’Artiste-Revue de Paris)
novembre-décembre 1845, Le Temple d’Isis. Souvenir de Pompéi (La Phalange)
28 décembre 1845, Vers dorés (L’Artiste-Revue de Paris)
1er mars 1846, Sensations d’un voyageur enthousiaste I (L’Artiste-Revue de Paris)
15 mars 1846, Sensations d’un voyageur enthousiaste II (L’Artiste-Revue de Paris)
1er mai 1846, Les Femmes du Caire. Scènes de la vie égyptienne (Revue des Deux Mondes)
17 mai 1846, Sensations d’un voyageur enthousiaste III (L’Artiste-Revue de Paris)
12 juillet 1846 Sensations d’un voyageur enthousiaste IV (L’Artiste-Revue de Paris)
16 août 1846, Un Tour dans le Nord. Angleterre et Flandre (L’Artiste-Revue de Paris)
30 août 1846, De Ramsgate à Anvers (L’Artiste-Revue de Paris)
20 septembre 1846, Une Nuit à Londres (L’Artiste-Revue de Paris)
1er novembre 1846, Un Tour dans le Nord III (L’Artiste-Revue de Paris)
22 novembre 1846, Un Tour dans le Nord IV (L’Artiste-Revue de Paris)
15 décembre 1846, Scènes de la vie égyptienne moderne. La Cange du Nil (Revue des Deux Mondes)
1847, Scénario des deux premiers actes des Monténégrins
15 février 1847, La Santa-Barbara. Scènes de la vie orientale (Revue des Deux Mondes)
15 mai 1847, Les Maronites. Un Prince du Liban (Revue des Deux Mondes)
15 août 1847, Les Druses (Revue des Deux Mondes)
17 octobre 1847, Les Akkals (Revue des Deux Mondes)
21 novembre 1847, Souvenirs de l’Archipel. Les Moulins de Syra (L’Artiste-Revue de Paris)
15 juillet 1848, Les Poésies de Henri Heine (Revue des Deux Mondes)
15 septembre 1848, Les Poésies de Henri Heine, L’Intermezzo (Revue des Deux Mondes)
1er-27 mars 1849, Le Marquis de Fayolle, 1re partie (Le Temps)
26 avril 16 mai 1849, Le Marquis de Fayolle, 2e partie (Le Temps)
6 octobre 1849, Le Diable rouge (Almanach cabalistique pour 1850)
7 mars-19 avril 1850, Les Nuits du Ramazan (Le National)
15 août 1850, Les Confidences de Nicolas, 1re livraison (Revue des Deux Mondes)
26 août 1850, Le Faust du Gymnase (La Presse)
1er septembre 1850, Les Confidences de Nicolas, 2e livraison (Revue des Deux Mondes)
9 septembre 1850, Excursion rhénane (La Presse)
15 septembre 1850, Les Confidences de Nicolas, 3e livraison (Revue des Deux Mondes)
18 et 19 septembre 1850, Les Fêtes de Weimar (La Presse)
1er octobre 1850, Goethe et Herder (L’Artiste-Revue de Paris)
24 octobre-22 décembre 1850, Les Faux-Saulniers (Le National)
29 décembre 1850, Les Livres d’enfants, La Reine des poissons (Le National)
novembre 1851, Quintus Aucler (Revue de Paris)
24 janvier 1852 (BF), L’Imagier de Harlem, Librairie théâtrale
15 juin 1852, Les Fêtes de mai en Hollande (Revue des Deux Mondes)
1er juillet 1852, La Bohême galante I (L’Artiste)
15 juillet 1852, La Bohême galante II (L’Artiste)
1er août 1852, La Bohême galante III (L’Artiste)
15 août 1852, La Bohême galante IV (L’Artiste)
21 août 1852 (BF), Lorely. Souvenirs d’Allemagne, chez Giraud et Dagneau (Préface à Jules Janin)
1er septembre 1852, La Bohême galante V (L’Artiste)
15 septembre 1852, La Bohême galante VI (L’Artiste)
1er octobre 1852, La Bohême galante VII (L’Artiste)
9 octobre 1852, Les Nuits d’octobre, 1re livraison (L’Illustration)
15 octobre 1852, La Bohême galante VIII (L’Artiste)
23 octobre 1852, Les Nuits d’octobre, 2e livraison (L’Illustration)
30 octobre 1852, Les Nuits d’octobre, 3e livraison (L’Illustration)
1er novembre 1852, La Bohême galante IX (L’Artiste)
6 novembre 1852, Les Nuits d’octobre, 4e livraison (L’Illustration)
13 novembre 1852, Les Nuits d’octobre, 5e livraison (L’Illustration)
15 novembre 1852, La Bohême galante X (L’Artiste)
20 novembre 1852, Les Illuminés, chez Victor Lecou (« La Bibliothèque de mon oncle »)
1er décembre 1852, La Bohême galante XI (L’Artiste)
15 décembre 1852, La Bohême galante XII (L’Artiste)
1er janvier 1853 (BF), Petits Châteaux de Bohême. Prose et Poésie, chez Eugène Didier
15 août 1853, Sylvie. Souvenirs du Valois (Revue des Deux Mondes)
14 novembre 1853, Lettre à Alexandre Dumas
25 novembre 1853-octobre 1854, Lettres à Émile Blanche
10 décembre 1853, Alexandre Dumas, Causerie avec mes lecteurs (Le Mousquetaire)
17 décembre 1853, Octavie (Le Mousquetaire)
1853-1854, Le Comte de Saint-Germain (manuscrit autographe)
28 janvier 1854 (BF) Les Filles du feu, préface, Les Chimères, chez Daniel Giraud
31 octobre 1854, Pandora (Le Mousquetaire)
25 novembre 1854, Pandora, épreuves du Mousquetaire
Pandora, texte reconstitué par Jean Guillaume en 1968
Pandora, texte reconstitué par Jean Senelier en 1975
30 décembre 1854, Promenades et Souvenirs, 1re livraison (L’Illustration)
1854 ? Sydonie (manuscrit autographe)
1854? Emerance (manuscrit autographe)
1854? Promenades et Souvenirs (manuscrit autographe)
janvier 1855, Oeuvres complètes (manuscrit autographe)
1er janvier 1855, Aurélia ou le Rêve et la Vie (Revue de Paris)
6 janvier 1855, Promenades et Souvenirs, 2e livraison (L’Illustration)
3 février 1855, Promenades et Souvenirs, 3e livraison (L’Illustration)
15 février 1855, Aurélia ou Le Rêve et la Vie, seconde partie (Revue de Paris)
15 mars 1855, Desiderata (Revue de Paris)
1866, La Forêt noire, scénario
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BF: annonce dans la Bibliographie de la France
Manuscrit autographe: manuscrit non publié du vivant de Nerval
20 novembre 1852 (BF) — Les Illuminés. Récits et portraits, à Paris, chez Victor Lecou.
Sous le titre des Illuminés, Nerval réunit en volume plusieurs études déjà publiées, en les classant par ordre chronologique, Biographie singulière de Raoul Spifame, publiée en septembre 1839, reprise ici sous le titre : Le Roi de Bicêtre, pour le XVIe siècle, l’Histoire de l’abbé de Bucquoy, publiée dans Les Faux Saulniers entre le 24 octobre et le 22 décembre 1850, pour le XVIIe siècle, Les Confidences de Nicolas, publiées en août-septembre 1850, pour le XVIIIe siècle d’Ancien Régime, Cazotte, publié en introduction au Diable amoureux en avril 1845, Cagliostro, publié dans Le Diable rouge en octobre 1849, et Quintus Aucler, récemment publié, en novembre 1851, pour la période révolutionnaire.
Nerval ne prétend pas faire œuvre d’historien de l’illuminisme et sait fort bien que manquent à sa liste les noms les plus prestigieux de ses représentants. Le projet est plutôt d’explorer les différentes facettes du penchant à l’excentricité, et en cela il ne choisit évidemment que des personnalités en rapport spéculaire avec lui-même : démence de Spifame née de la révélation foudroyante de son double royal Henri II, aptitude de Cazotte à la vision prophétique, errances de Restif dans un Paris nocturne halluciné, foi de Cagliostro et de Quintus Aucler en la pérennité du panthéon païen, tout cela prépare Nerval à l’acceptation et à l’exploration de sa propre expérience « supernaturaliste ». À ce titre, « La Bibliothèque de mon oncle », seul texte original du recueil, placé en ouverture, au sens musical du terme, prend tout son sens autobiographique, puisque lui-même est directement apparenté (et l’on sait combien la notion de généalogie est importante pour Nerval) à l’un de ces excentriques, en la personne de son grand-oncle Antoine Boucher.
Le fonds Lovenjoul de la Bibliothèque de l’Institut conserve plusieurs feuillets autographes (D 741, fol. 115-119), brouillons de « La Bibliothèque de mon oncle » et notes complémentaires, qui montrent que Nerval a pensé à d’autres illuminés : on peut déchiffrer les noms de Lapeyrière, de Swedenborg et de du Pont de Nemours. Un autre feuillet autographe de la même série griffonnée au crayon (D 741, fol. 121) offre des notes concernant l’oncle Antoine Boucher présenté comme un « original », contemporain des soirées d’Ermenonville et de Mortefontaine. C’est donc moins dans une perspective historique, voire érudite, que Nerval entend placer ses portraits d’excentriques, que dans celle du rapport tout personnel et presque intime qu’il a toujours entretenu avec eux.
Sur l'oncle Antoine BOUCHER, voir la notice VALOIS. LE TEMPS VÉCU DE LA PETITE ENFANCE
Sur le grenier de la maison de Mortefontaine d'Antoine Boucher, voir RECHERCHES AVANCÉES, L'INVENTAIRE APRÈS DÉCÈS
Sur le feuillet autographe Lovenjoul D 741, voir MANUSCRITS AUTOGRAPHES D 741, fol 121
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LES ILLUMINÉS
RÉCITS ET PORTRAITS.
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LA BIBLIOTHÈQUE DE MON ONCLE.
Il n’est pas donné à tout le monde d’écrire l’Éloge de la Folie ; mais sans être Érasme, — ou Saint-Évremond, on peut prendre plaisir à tirer du fouillis des siècles quelque figure singulière qu’on s’efforcera de rhabiller ingénieusement, — à restaurer de vieilles toiles, dont la composition bizarre et la peinture éraillée font sourire l’amateur vulgaire.
Dans ce temps-ci, où les portraits littéraires ont quelque succès, j’ai voulu peindre certains excentriques de la philosophie. Loin de moi la pensée d’attaquer ceux de leurs successeurs qui souffrent aujourd’hui d’avoir tenté trop follement ou trop tôt la réalisation de leurs rêves. — Ces analyses, ces biographies furent écrites à diverses époques, bien qu’elles dussent se rattacher à la même série.
J’ai été élevé en province, chez un vieil oncle qui possédait une bibliothèque formée en partie à l’époque de l’ancienne révolution. Il avait relégué depuis dans son grenier une foule d’ouvrages, — publiés la plupart sans noms d’auteur sous la Monarchie ; ou qui, à l’époque révolutionnaire, n’ont pas été déposés dans les bibliothèques publiques. — Une certaine tendance au mysticisme, à un moment où la religion officielle n’existait plus, avait sans doute guidé mon parent dans le choix de ces sortes d’écrits : il paraissait avoir depuis changé d’idées, et se contentait, pour sa conscience, d’un déïsme mitigé.
Ayant fureté dans sa maison jusqu’à découvrir la masse énorme de livres entassés et oubliés au grenier, — la plupart attaqués par les rats, pourris ou mouillés par les eaux pluviales passant dans les intervalles des tuiles, — j’ai tout jeune absorbé beaucoup de cette nourriture indigeste ou malsaine pour l’âme ; et plus tard même, mon jugement a eu à se défendre contre ces impressions primitives.
Peut-être valait-il mieux n’y plus penser : mais il est bon, je crois, de se délivrer de ce qui charge et qui embarrasse l’esprit. Et puis, n’y a-t-il pas quelque chose de raisonnable à tirer même des folies ! ne fut-ce que pour se préserver de croire nouveau ce qui est très ancien.
Ces réflexions m’ont conduit à développer surtout le côté amusant et peut-être instructif que pouvait présenter la vie et le caractère de mes excentriques. — Analyser les bigarrures de l’âme humaine, c’est de la physiologie morale, — cela vaut bien un travail de naturaliste, de paléographe, ou d’archéologue ; je ne regretterais, puisque je l’ai entrepris, que de le laisser incomplet.
L’histoire du XVIIIe siècle pouvait sans doute se passer de cette annotation ; mais elle y peut gagner quelque détail imprévu que l’historien scrupuleux ne doit pas négliger. Cette époque a déteint sur nous plus qu’on ne le devait prévoir. Est-ce un bien, est-ce un mal, — qui le sait ?
Mon pauvre oncle disait souvent : « Il faut toujours tourner sa langue sept fois dans sa bouche avant de parler. »
Que devrait-on faire avant d’écrire ?
______
FEUILLETS AUTOGRAPHES LOVENJOUL D 741, FOL. 115-119
BROUILLON DE LA PRÉFACE DES ILLUMINÉS
Cinq feuillets, griffonnés à la hâte, conservés dans le fonds Lovenjoul de la Bibliothèque de l’Institut, sont le brouillon de la préface des Illuminés, suivis d’une série de noms de candidats à l’excentricité qui auraient pu trouver place en volume, les deux in 4° évoqués par Nerval ?
[fol. 115]
Il n’est pas donné à tout le monde d’écrire l’Éloge de la folie, mais sans être Erasme, Fontenelle ou Voltaire, on peut prendre plaisir à nettoyer de vieilles anciennes médailles ignorées ou frustes, à restaurer de vieilles toiles d’une composition bizarre dont la peinture écaillée fait sourire l’amateur vulgaire moderne
Dans ce temps ci où les portraits ont quelque succès, j’ai voulu peindre des excentriques de la philosophie. Loin de moi la pensée d’attaquer ceux de leurs fidèles successeurs qui souffrent aujourd’hui d’avoir tenté trop hardiment ou trop tôt [sous la ligne] de réaliser leurs rêves. Ces analyses ou biographies étaient [ont été suscrit] écrites on les lisait à l’époque où les masses confiantes attendaient les régénérations possibles à diverses époques, bien qu’elles se rattachent à la même pensée série.
J’av ai été élevé (à la campagne suscrit) chez un mien parent qui possédait une bibliothèque formée à l’époque de l’ancienne révolutionre. Il avait relégué dans
[fol. 116]
le grenier une foule d’ouvrages pour la plupart [publiés suscrit] sans nom d’auteurs à un épo [sous la monarchie sous la ligne] ou qui sous la république n’ont pas été déposés dans les bibl. nationales impériales. Les plus rares de ces écrits Une certaine tendance au mysticisme à une époque où la religion officielle n’existait plus avait sans doute guidé mon parent dans le choix de ces sortes d’écrits. Il paraissait depui avoir changé [deux mots suscrits illisibles] d’idées et se contentait d’un deïsme mitigé.
Ayant découvert la masse énorme de livres entassés dans le grenier à demi mangés attaqués par les rats, pourris ou mouillés en partie la plupart, j’ai tout jeune absorbé beaucoup de cette nourriture malsaine pour l’âme — et plus tard [mon bon sens aspira suscrit] ma raison a eu à se défendre contre ces impressions premières.
Peut-être valait-il mieux n’y plus penser mais il est bon de se débarrasser de ce qui charge
[fol. 117]
l’esprit. Et puis n’y a-t-il pas quelque chose de raisonnable à tirer même des folies ? Ne fût-ce que pour se préserver de croire nouveau ce qui est ancien.
Ces réflexions m’ont conduit à développer surtout le côté amusant et instructif que peuvent présenter la vie et le caractère de mes excentriques [inconnus sous la ligne]. Analyser les bigarrures de l’âme humaine cela vaut bien un travail de naturaliste paléographe, ou de médecin d’archéologue d’observateur ! Je ne regretterai puisque je l’ai entrepris, que de la laisser incomplet.
L’histoire du dix-huitième siècle pourrait [sans doute sous la ligne] se passer de cette addition annotation, mais elle ne peut rien y peut gagner quelque détail utile et pour moi-même imprévu. Cette époque a déteint sur nous plus qu’on ne le pouvait prévoir. Est-ce un bien est-ce un mal qui le sait disait mon grand-père
[fol. 118]
excentrique de la [un mot illisoble, pris dans le timbre sec du papier Bath]
Complément aux études du 18e siècle
Ce n’est pas un ouvrages de [?] autrement il faudrait mieux deux in 4
Swedenb [org]
[?]
St Evremon [d]
Tout le m[onde] ne sait pas le plaisir qu’il y a à nettoyer des médailles anc(iennes) frustes — à les redorer
un livre parf[aitement] sens[é] s[ur] des folies
Gérard de Nerval [encadré]
[fol. 119]
Après un renvoi de note indiqué par (1) et trois mots illisibles, Nerval a mentionné les noms de physiocrates naturalistes du XVIIIe siècle :
Mercier de Compiègne
Dolbr[euse]
D[upond] de Nem[ours] qui a fait un dictionnaire du langage des bêtes et qui a reconnu signes 1500 mots de la langue des Rossign[ols]
Senancour 1er D’[?]
Boufflers
Bonnet
Gleyze
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