TEXTES

1824, Poésies diverses (manuscrit autographe)

1824, L’Enterrement de la Quotidienne (manuscrit autographe)

1824, Poésies et poèmes (manuscrit autographe)

1825, « Pour la biographie des biographes » (manuscrit autographe)

15 février 1826 (BF), Napoléon et la France guerrière, chez Ladvocat

19, 22 avril, 14 juin (BF), Complainte sur la mort de haut et puissant seigneur le Droit d’aînesse, chez Touquet

6 mai 1826 (BF), Complainte sur l’immortalité de M. Briffaut, par Cadet Roussel, chez Touquet

6 mai 1826 (BF), Monsieur Dentscourt ou le Cuisinier d’un grand homme, chez Touquet

20 mai 1826 (BF), Les Hauts faits des Jésuites, par Beuglant, chez Touquet

12 août 1826 (BF), Épître à M. de Villèle (Mercure de France du XIXe siècle)

11 novembre 1826 (BF), Napoléon et Talma, chez Touquet

13 et 30 décembre 1826 (BF), L’Académie ou les membres introuvables, par Gérard, chez Touquet

16 mai 1827 (BF), Élégies nationales et Satires politiques, par Gérard, chez Touquet

29 juin 1827, La dernière scène de Faust (Mercure de France au XIXe siècle)

28 novembre 1827 (BF), Faust, tragédie de Goëthe, 1828, chez Dondey-Dupré

15 décembre 1827, A Auguste H…Y (Almanach des muses pour 1828)

1828? Faust (manuscrit autographe)

1828? Le Nouveau genre (manuscrit autographe)

mai 1829, Lénore. Ballade allemande imitée de Bürger (La Psyché)

août 1829, Le Plongeur. Ballade, (La Psyché)

octobre 1829, A Schmied. Ode de Klopstock (La Psyché)

24 octobre 1829, Robert et Clairette. Ballade allemande de Tiedge (Mercure de France au XIXe siècle)

14 novembre 1829, Les Bienfaits de l’enseignement mutuel, Procès verbal de la Loge des Sept-Écossais-réunis, chez Bellemain

21 novembre 1829, Chant de l’épée. Traduit de Korner (Mercure de France au XIXe siècle)

12 décembre 1829, La Mort du Juif errant. Rapsodie lyrique de Schubart (Mercure de France au XIXe siècle)

19 décembre 1829, Lénore. Traduction littérale de Bürger (Mercure de France au XIXe siècle)

2 janvier 1830, La Première nuit du Sabbat. Morceau lyrique de Goethe (Mercure de France au XIXe siècle)

janvier 1830, La Lénore de Bürger, nouvelle traduction littérale (La Psyché)

16 janvier 1830, Ma Patrie, de Klopstock (Mercure de France au XIXe siècle)

23 janvier 1830, Légende, par Goethe (Mercure de France au XIXe siècle)

6 février (BF) Poésies allemandes, Klopstock, Goethe, Schiller, Burger (Bibliothèque choisie)

13 février 1830, Les Papillons (Mercure de France au XIXe siècle)

13 février 1830, Appel, par Koerner (1813) (Mercure de France au XIXe siècle)

13 mars 1830, L’Ombre de Koerner, par Uhland, 1816 (Mercure de France au XIXe siècle)

27 mars 1830, La Nuit du Nouvel an d’un malheureux, de Jean-Paul Richter (La Tribune romantique)

10 avril 1830, Le Dieu et la bayadère, nouvelle indienne par Goëthe (Mercure de France au XIXe siècle)

29 avril 1830, La Pipe, chanson traduite de l’allemand, de Pfeffel (La Tribune romantique)

13 mai 1830 Le Cabaret de la mère Saguet (Le Gastronome)

mai 1830, M. Jay et les pointus littéraires (La Tribune romantique)

17 juillet 1830, L’Éclipse de lune. Épisode fantastique par Jean-Paul Richter (Mercure de France au XIXe siècle)

juillet ? 1830, Récit des journées des 27-29 juillet (manuscrit autographe)

14 août 1830, Le Peuple (Mercure de France au XIXe siècle)

30 octobre 1830 (BF), Choix de poésies de Ronsard, Dubellay, Baïf, Belleau, Dubartas, Chassignet, Desportes, Régnier (Bibliothèque choisie)

11 décembre 1830, A Victor Hugo. Les Doctrinaires (Almanach des muses pour 1831)

29 décembre 1830, La Malade (Le Cabinet de lecture )

29 janvier 1831, Odelette, Le Vingt-cinq mars (Almanach dédié aux demoiselles)

14 mars 1831, En avant, marche! (Cabinet de lecture)

23 avril 1831, Bardit, traduit du haut-allemand (Mercure de France au XIXe siècle)

30 avril 1831, Le Bonheur de la maison par Jean-Paul Richter. Maria. Fragment (Mercure de France au XIXe siècle)

7 mai 1831, Profession de foi (Mercure de France au XIXe siècle)

25 juin et 9 juillet 1831, Nicolas Flamel, drame-chronique (Mercure de France au XIXe siècle)

17 et 24 septembre 1831, Les Aventures de la nuit de Saint-Sylvestre. Conte inédit d’Hoffmann (Mercure de France au XIXe siècle)

4 décembre 1831, Cour de prison, Le Soleil et la gloire (Le Cabinet de lecture)

17 décembre 1831, Odelettes. La Malade, Le Soleil et la Gloire, Le Réveil en voiture, Le Relais, Une Allée du Luxembourg, Notre-Dame-de-Paris (Almanach des muses)

17 décembre 1831, Fantaisie, odelette (Annales romantiques pour 1832)

24 septembre 1832, La Main de gloire, histoire macaronique (Le Cabinet de lecture)

14 décembre 1834, Odelettes (Annales romantiques pour 1835)

1835-1838 ? Lettres d’amour (manuscrits autographes)

26 mars et 20 juin 1836, De l’Aristocratie en France (Le Carrousel)

20 et 26 mars 1837, De l’avenir de la tragédie (La Charte de 1830)

12 août 1838, Les Bayadères à Paris (Le Messager)

18 septembre 1838, A M. B*** (Le Messager)

2 octobre 1838, La ville de Strasbourg. A M. B****** (Le Messager)

26 octobre 1838, Lettre de voyage. Bade (Le Messager)

31 octobre 1838, Lettre de voyage. Lichtenthal (Le Messager)

24 novembre 1838, Léo Burckart (manuscrit remis à la censure)

25, 26 et 28 juin 1839, Le Fort de Bitche. Souvenir de la Révolution française (Le Messager)

13 juillet 1839 (BF) Léo Burckart, chez Barba et Desessart

19 juillet 1839, « Le Mort-vivant », drame de M. de Chavagneux (La Presse)

15 et 16-17 août 1839, Les Deux rendez-vous, intermède (La Presse)

17 et 18 septembre 1839, Biographie singulière de Raoul Spifamme, seigneur des Granges (La Presse)

21 et 28 septembre 1839, Lettre VI, A Madame Martin (Lettres aux belles femmes de Paris et de la province)

28 janvier 1840, Lettre de voyage I (La Presse)

25 février 1840, Le Magnétiseur

5 mars 1840, Lettre de voyage II (La Presse)

8 mars 1840, Lettre sur Vienne (L’Artiste)

26 mars 1840, Lettre de voyage III (La Presse)

28 juin 1840, Lettre de voyage IV, Un jour à Munich (La Presse)

18 juillet 1840 (BF) Faust de Goëthe suivi du second Faust, chez Gosselin

26 juillet 1840, Allemagne du Nord - Paris à Francfort I (La Presse)

29 juillet, 1840, Allemagne du Nord - Paris à Francfort II (La Presse)

30 juillet 1840, Allemagne du Nord - Paris à Francfort III (La Presse)

11 février 1841, Une Journée à Liège (La Presse)

18 février 1841, L’Hiver à Bruxelles (La Presse)

1841 ? Première version d’Aurélia (feuillets autographes)

février-mars 1841, Lettre à Muffe, (sonnets, manuscrit autographe)

1841 ? La Tête armée (manuscrit autographe)

mars 1841, Généalogie dite fantastique (manuscrit autographe)

1er mars 1841, Jules Janin, Gérard de Nerval (Journal des Débats)

5 mars 1841, Lettre à Edmond Leclerc

7 mars 1841, Les Amours de Vienne (Revue de Paris)

31 mars 1841, Lettre à Auguste Cavé

11 avril 1841, Mémoires d’un Parisien. Sainte-Pélagie en 1832 (L’Artiste)

9 novembre 1841, Lettre à Ida Ferrier-Dumas

novembre? 1841, Lettre à Victor Loubens

10 juillet 1842, Les Vieilles ballades françaises (La Sylphide)

15 octobre 1842, Rêverie de Charles VI (La Sylphide)

24 décembre 1842, Un Roman à faire (La Sylphide)

19 et 26 mars 1843, Jemmy O’Dougherty (La Sylphide)

11 février 1844, Une Journée en Grèce (L’Artiste)

10 mars 1844, Le Roman tragique (L’Artiste)

17 mars 1844, Le Boulevard du Temple, 1re livraison (L’Artiste)

31 mars 1844, Le Christ aux oliviers (L’Artiste)

5 mai 1844, Le Boulevard du Temple 2e livraison (L’Artiste)

12 mai 1844, Le Boulevard du Temple, 3e livraison (L’Artiste)

2 juin 1844, Paradoxe et Vérité (L’Artiste)

30 juin 1844, Voyage à Cythère (L’Artiste)

28 juillet 1844, Une Lithographie mystique (L’Artiste)

11 août 1844, Voyage à Cythère III et IV (L’Artiste)

15 septembre, Diorama (L’Artiste-Revue de Paris)

29 septembre 1844, Pantaloon Stoomwerktuimaker (L’Artiste)

20 octobre 1844, Les Délices de la Hollande I (La Sylphide)

8 décembre 1844, Les Délices de la Hollande II (La Sylphide)

16 mars 1845, Pensée antique (L’Artiste)

19 avril 1845 (BF), Le Diable amoureux par J. Cazotte, préface de Nerval, chez Ganivet

1er juin 1845, Souvenirs de l’Archipel. Cérigo (L’Artiste-Revue de Paris)

6 juillet 1845, L’Illusion (L’Artiste-Revue de Paris)

5 octobre 1845, Strasbourg (L’Artiste-Revue de Paris)

novembre-décembre 1845, Le Temple d’Isis. Souvenir de Pompéi (La Phalange)

28 décembre 1845, Vers dorés (L’Artiste-Revue de Paris)

1er mars 1846, Sensations d’un voyageur enthousiaste I (L’Artiste-Revue de Paris)

15 mars 1846, Sensations d’un voyageur enthousiaste II (L’Artiste-Revue de Paris)

1er mai 1846, Les Femmes du Caire. Scènes de la vie égyptienne (Revue des Deux Mondes)

17 mai 1846, Sensations d’un voyageur enthousiaste III (L’Artiste-Revue de Paris)

1er juillet 1846, Les Femmes du Caire. Scènes de la vie égyptienne. Les Esclaves (Revue des Deux Mondes)

12 juillet 1846 Sensations d’un voyageur enthousiaste IV (L’Artiste-Revue de Paris)

16 août 1846, Un Tour dans le Nord. Angleterre et Flandre (L’Artiste-Revue de Paris)

30 août 1846, De Ramsgate à Anvers (L’Artiste-Revue de Paris)

15 septembre 1846, Les Femmes du Caire. Scènes de la vie égyptienne. Le Harem (Revue des Deux Mondes)

20 septembre 1846, Une Nuit à Londres (L’Artiste-Revue de Paris)

1er novembre 1846, Un Tour dans le Nord III (L’Artiste-Revue de Paris)

22 novembre 1846, Un Tour dans le Nord IV (L’Artiste-Revue de Paris)

15 décembre 1846, Scènes de la vie égyptienne moderne. La Cange du Nil (Revue des Deux Mondes)

1847, Scénario des deux premiers actes des Monténégrins

15 février 1847, La Santa-Barbara. Scènes de la vie orientale (Revue des Deux Mondes)

15 mai 1847, Les Maronites. Un Prince du Liban (Revue des Deux Mondes)

15 août 1847, Les Druses (Revue des Deux Mondes)

17 octobre 1847, Les Akkals (Revue des Deux Mondes)

21 novembre 1847, Souvenirs de l’Archipel. Les Moulins de Syra (L’Artiste-Revue de Paris)

15 juillet 1848, Les Poésies de Henri Heine (Revue des Deux Mondes)

15 septembre 1848, Les Poésies de Henri Heine, L’Intermezzo (Revue des Deux Mondes)

7 janvier-24 juin 1849, puis 2 septembre 1849-27 janvier 1850, Al-Kahira. Souvenirs d’Orient (La Silhouette)

1er-27 mars 1849, Le Marquis de Fayolle, 1re partie (Le Temps)

26 avril 16 mai 1849, Le Marquis de Fayolle, 2e partie (Le Temps)

6 octobre 1849, Le Diable rouge (Almanach cabalistique pour 1850)

3 novembre 1849 (BF), Le Diable vert, et Impression de voyage (Almanach satirique, chez Aubert, Martinon et Dumineray)

7 mars-19 avril 1850, Les Nuits du Ramazan (Le National)

15 août 1850, Les Confidences de Nicolas, 1re livraison (Revue des Deux Mondes)

26 août 1850, Le Faust du Gymnase (La Presse)

1er septembre 1850, Les Confidences de Nicolas, 2e livraison (Revue des Deux Mondes)

9 septembre 1850, Excursion rhénane (La Presse)

15 septembre 1850, Les Confidences de Nicolas, 3e livraison (Revue des Deux Mondes)

18 et 19 septembre 1850, Les Fêtes de Weimar (La Presse)

1er octobre 1850, Goethe et Herder (L’Artiste-Revue de Paris)

24 octobre-22 décembre 1850, Les Faux-Saulniers (Le National)

29 décembre 1850, Les Livres d’enfants, La Reine des poissons (Le National)

novembre 1851, Quintus Aucler (Revue de Paris)

24 janvier 1852 (BF), L’Imagier de Harlem, Librairie théâtrale

15 juin 1852, Les Fêtes de mai en Hollande (Revue des Deux Mondes)

1er juillet 1852, La Bohême galante I (L’Artiste)

15 juillet 1852, La Bohême galante II (L’Artiste)

1er août 1852, La Bohême galante III (L’Artiste)

15 août 1852, La Bohême galante IV (L’Artiste)

21 août 1852 (BF), Lorely. Souvenirs d’Allemagne, chez Giraud et Dagneau (Préface à Jules Janin)

1er septembre 1852, La Bohême galante V (L’Artiste)

15 septembre 1852, La Bohême galante VI (L’Artiste)

1er octobre 1852, La Bohême galante VII (L’Artiste)

9 octobre 1852, Les Nuits d’octobre, 1re livraison (L’Illustration)

15 octobre 1852, La Bohême galante VIII (L’Artiste)

23 octobre 1852, Les Nuits d’octobre, 2e livraison (L’Illustration)

30 octobre 1852, Les Nuits d’octobre, 3e livraison (L’Illustration)

1er novembre 1852, La Bohême galante IX (L’Artiste)

6 novembre 1852, Les Nuits d’octobre, 4e livraison (L’Illustration)

13 novembre 1852, Les Nuits d’octobre, 5e livraison (L’Illustration)

15 novembre 1852, La Bohême galante X (L’Artiste)

20 novembre 1852, Les Illuminés, chez Victor Lecou (« La Bibliothèque de mon oncle »)

1er décembre 1852, La Bohême galante XI (L’Artiste)

15 décembre 1852, La Bohême galante XII (L’Artiste)

1er janvier 1853 (BF), Petits Châteaux de Bohême. Prose et Poésie, chez Eugène Didier

15 août 1853, Sylvie. Souvenirs du Valois (Revue des Deux Mondes)

14 novembre 1853, Lettre à Alexandre Dumas

25 novembre 1853-octobre 1854, Lettres à Émile Blanche

10 décembre 1853, Alexandre Dumas, Causerie avec mes lecteurs (Le Mousquetaire)

17 décembre 1853, Octavie (Le Mousquetaire)

1853-1854, Le Comte de Saint-Germain (manuscrit autographe)

28 janvier 1854 (BF) Les Filles du feu, préface, Les Chimères, chez Daniel Giraud

31 octobre 1854, Pandora (Le Mousquetaire)

25 novembre 1854, Pandora, épreuves du Mousquetaire

Pandora, texte reconstitué par Jean Guillaume en 1968

Pandora, texte reconstitué par Jean Senelier en 1975

30 décembre 1854, Promenades et Souvenirs, 1re livraison (L’Illustration)

1854 ? Sydonie (manuscrit autographe)

1854? Emerance (manuscrit autographe)

1854? Promenades et Souvenirs (manuscrit autographe)

janvier 1855, Oeuvres complètes (manuscrit autographe)

1er janvier 1855, Aurélia ou le Rêve et la Vie (Revue de Paris)

6 janvier 1855, Promenades et Souvenirs, 2e livraison (L’Illustration)

3 février 1855, Promenades et Souvenirs, 3e livraison (L’Illustration)

15 février 1855, Aurélia ou Le Rêve et la Vie, seconde partie (Revue de Paris)

15 mars 1855, Desiderata (Revue de Paris)

1866, La Forêt noire, scénario

__

BF: annonce dans la Bibliographie de la France

Manuscrit autographe: manuscrit non publié du vivant de Nerval

1847 — Scénario des deux premiers actes des Monténégrins, manuscrit autographe, coll. particulière, publié par Jean Richer, Archives nervaliennes n° 7, 1968.

La pièce, musique de Limnander, sera créée à l’Opéra-Comique le 31 mars 1847. En 1853, Nerval publiera la chanson de Zisca sous le titre: Chanson gothique dans Petits Châteaux de Bohême, Troisième Château.

******

LES MONTÉNÉGRINS.

La scène se passe en 1806 pendant cette campagne, dont fit partie l’expédition des bouches du Cattaro. Un brillant fait d’armes de l’Empire, joint au contraste des mœurs d’un peuple oriental, qui a beaucoup de rapport avec les Albanais ses voisins, nous ont paru dignes d’intérêt sur une scène populaire.

Les traditions principales du pays, telles que la croyance aux vampires, l’emploi de philtres amoureux, le rôle que jouent les femmes dans la guerre (1), l’état à demi sauvage des tribus, sont venues s’encadrer dans notre projet.

Voici le précis des faits.

L’Illyrie est soumise à la France, les troupes sont maîtresses des villes et des forts ; seuls les Monténégrins n’ont fait qu’une soumission apparente. On s’en est contenté ne voulant pas pénétrer dans un pays de montagnes et de précipices, dont la possession n’aurait aucun avantage.

Mais une fermentation sourde a lieu depuis l’annonce de l’approche d’une armée russe.

On a envoyé (2) un détachement de dix à douze hommes pour occuper un vieux château depuis longtemps inhabité qui commande l’entrée d’une gorge correspondant au Monténégro. Ces hommes font halte dans un village d’où l’on aperçoit le château où ils arriveront le soir même. Ils s’arrêtent pour boire avec les paysans, braves gens des plaines qui paraissent inoffensifs.

Une bohémienne arrive, c’est Béatrice, la fille d’un chef monténégrin, qui a pris ce déguisement pour observer les Français (3). Elle est accompagnée d’un joueur de guzla, espèce de ménétrier du pays qui chante des ballades, et se nomme Zisca.

Les soldats partent sans rien soupçonner.

Après leur départ, Andréas, chef monténégrin, reconnaît Béatrix qui lui dit qu’elle agit par les ordres de son père.

Elle raconte comment elle a sauvé naguère un jeune officier (4). Andréas la blâme de cette pitié et parle de l’extermination prochaine des Français.

Bientôt arrive Puck qui précède un officier nommé Sergy dont il est le guide. Il donne quelques détails, après quoi Sergy paraît.

Les mécontents se taisent ; dans cet officier la bohémienne reconnaît celui qu’elle a sauvé. Elle frémit dès lors des menaces d’Andréas, mais elle se garde d’en rien manifester. Au moment où elle se promet de veiller sur lui dans les nouveaux dangers qu’il va courir, le poste français chargé de la garde du village l’arrête à sa sortie comme espionne, et la ramène.

Ici a lieu la reconnaissance entre les amants (5). Sergy raconte qu’il a été sauvé par cette femme et la fait mettre en liberté (6).

Sergy expose qu’il doit aller porter un ordre aux soldats qui sont allés précédemment prendre possession du château de la Maladetta. Tout le monde cherche à le détourner d’y aller seul. C’est un château habité par les vampires.

On lui raconte une légende (7), dont une partie lui est chantée par le joueur de guzla.

Le dernier seigneur de ce château, nommé Véliko, avait livré le pays aux Turcs et avait renié sa foi. Il enlevait les plus belles filles des environs. Une d’elles, nommée Hélène, qu’il avait forcée à lui servir à boire dans un de ses repas d’orgie, se poignarda au moment où il voulait l’embrasser.

L’année suivante (8), le même jour, il était à table avec ses amis. Lorsque la même heure sonna il eut l’idée d’appeler Hélène pour qu’elle lui versât à boire. Le spectre d’Hélène parut, lui versa à boire, et comme par bravade il lui demandait un baiser, elle lui imprima ses lèvres sur le col et but son sang.

Or, dit-on à Sergy, nous sommes au jour de ce sanglant anniversaire. A minuit le château s’éclaire et les imprudents qui braveraient le fantôme subiraient le sort du seigneur impie. Dans ce fantôme séduisant, chacun croit reconnaître la femme qu’il aime (9).

Des Français ne croient pas à de pareils contes ! dit Sergy, du reste mes compagnons ont pris possession de ces ruines...

Ils périront tous, s’écrie-t-on ! (10)

Sergy qui pressent quelque trahison force le guide à le conduire et le joueur de guzla à le suivre. Avant la nuit il aura atteint le château.

2e acte.

Le château est sombre ; les trois hommes agités de divers sentiments pénètrent avec des torches. Sergy s’étonne de ne pas rencontrer le poste français qui avait dû prendre possession des ruines (11).

Il veut visiter d’autres salles, Puck demeure seul et subit une apparition qui le remplit de terreur. (12) Sergy revient, ne croit pas aux paroles de Puck et suppose que les soldats seront allés occuper un poste plus éloigné. Il s’agit de souper et de passer la nuit là ; il est trop tard pour se remettre en route.

Puck prépare le souper sur une table. Sergy excité par Zisca fait en riant une invocation au fantôme (13). Rien ne répond. Il n’est pas encore l’heure, dit Zisca, mais si tu as le courage de braver l’apparition, il faut illuminer la salle comme autrefois.

Il allume des candélabres ; aussitôt l’on voit une inscription et des habits sanglants à terre. L’inscription annonce à l’officier que ses camarades, trahis par la bohémienne, l’ont saisie dans ces ruines et fusillée, et sont allés occuper un poste plus sûr.

Désespoir de Sergy croyant sa maîtresse morte. En ce moment l’heure sonne. Béatrice paraît vêtue de blanc avec une couronne de cyprès et tenant un vase d’or à la main. — C’est le vampire ! s’écrient Puck et Zisca en choeur (14).

Béatrice

Je viens à ton appel ! ô toi qui m’as aimée !

Ta voix est descendue au séjour douloureux

Où l’espérance hélas sous la tombe enfermée

Est le seul bien des malheureux.

Puisque ici bas le destin nous sépare

Conserve-moi ce cœur dont tu m’avais fait don.

Avec le souvenir tout malheur se répare

Et l’amour fait du ciel descendre le pardon !

Elle va disparaître ; Sergy veut l’arrêter par le bras. Sa main porte sur un bracelet d’où la main de Béatrice s’échappe et sur lequel Sergy effrayé lit le nom d’Hélène.

Ô ciel ma main n’a pu saisir son bras

Et cet ornement seul, ce bracelet...

— Regarde ! lui dit Béatrice

— Le nom d’Hélène est là gravé

Et c’est Béatrice qui le porte !

Mais qu’elle reste ! Et que m’importe

Le destin qui m’est réservé !

Ah fantôme ou magicienne

Soit Béatrice ou soit Hélène,

Ton seul aspect sait me charmer ;

Relève ma force abattue,

Je me livre à l’amour qui tue

Plutôt que de ne plus aimer !

Béatrice

O ne crains rien, je t’aime,

Oui je t’aime toujours,

Et le moment suprême

N’éteint pas les amours !

Si la terre t’enchaîne

Pour quelque temps encor

Bois l’oubli de ta peine

Dans cette coupe d’or

Sergy Béatrice

Sa parole Le temps vole

Son accent, &c. C’est l’instant, &c.

Ici la scène s’anime par le ressouvenir de la ballade et l’incertitude étrange de Sergy qui se laisse aller au charme. Il boit. Béatrice s’écrie :

Du tombeau s’élance plus belle

Ranimant sa flamme immortelle

L’âme pure à l’amour fidèle

Qui s’en va rayonner aux cieux !

Bravant le sort qui nous sépare, &c.

Ceci suffit pour donner une idée de la couleur et du développement de la scène. Sergy tantôt séduit, tantôt hésitant dans un doute terrible, finit par s’écrier :

Non, non ! tu vis encor, le feu de la jeunesse

Dans la nuit du tombeau ne s’éteint pas ainsi, &c.

Il va décidément pour saisir le fantôme, mais en ce moment la boisson enivrante (opium ou hatchich) que Béatrice lui a donnée commence à produire son effet, il délire, il chancelle, — des inconnus entrent, il les prend pour d’autres fantômes.

Les arrivants ne sont autres qu’Andréas et d’autres chefs monténégrins. Le château éclairé dans cette nuit fatale est un signal qui d’ordinaire réunit les chefs dans les jours de danger. De ce moment la scène s’explique. On apprend que déjà les douze soldats français qui avaient pris possession des ruines ont été faits prisonniers. L’officier venait leur apporter un ordre inutile désormais. Les Monténégrins savent maintenant que l’armée française se prépare à envahir leurs montagnes. Andréas conclut à la mort des prisonniers. Béatrice supplie (15) et dit que ce serait un crime inutile (16). Cet officier plongé dans un sommeil de plomb, la tête remplie de visions étranges ne peut plus nuire. Andréas qui lui a rudement frappé sur l’épaule n’en a pu tirer que des chants sans suite, souvenirs de la ballade de Zisca (17). La toile baisse sur les menaces d’Andréas, qui, on le comprend, seront vaincues par Béatrice. Il faut qu’on sache la mission de cet officier. Elle se charge de tirer ce secret de lui.

Voici sans ordre et avec beaucoup d’omissions une idée générale des deux premiers actes. A l’acte suivant Sergy est transporté endormi dans la tribu à laquelle appartient Béatrice. J’aurais voulu qu’il se réveillât au milieu du tableau étrange des danses, des costumes et de la vie sauvage des Monténégrins et que revenant peu à peu au sentiment de lui-même et de la mission dont il avait été chargé son désespoir fît effet et contraste avec l’amour dont l’entoure Béatrice, jusqu’à ce qu’il croie découvrir qu’il l’a trahi... Alboise a mieux aimé le lever de rideau que vous allez lire. Nous en recauserons, s’il y a lieu.

Comprenez bien maintenant qu’il s’agissait pour le détachement auquel Sergy va porter un ordre de garnir le sommet d’un défilé par où l’armée française doit pénétrer dans le pays des Monténégrins. Le secret de cette marche fait tout l’intérêt qui peut s’attacher au sort des Français, écrasés dans ce défilé si l’ordre ne s’accomplit pas.

___

(1) « Dans le Monténégro les femmes servent toujours d’espions. Elles sont cependant respectées par celles dont elles viennent observer les forces &c » Lettres sur la Grèce du colonel Voutier.

(2) Chœur ⎼ chant d'Andréas &c

(3) Air de la bohémienne avec chœurs

(4) Trio Béatrice, Andréas, Zisca

(5) Duo Béatrice, Sergy

(6) Chœur de soldats, Sergy, Béatrice

(7) Légende chantée par Zisca et Barbarina

(8) Ballade

(9) C'est la même tradition que pour Lilith, dont il est question dans Faust

(10) Chœur

(11) Air

(12) Duetto Puck, Barbarina

(13) Chant de l'évocation. Chanson que chante Zisca qui est la même que chantait le renégat. Sergy la répète en se moquant des terreurs de ses compagnons .

Belle épousée

J'aime tes pleurs,

C'est la rosé

Qui sied aux fleurs !

Soit brune ou blonde

Faut-il choisir ?

Le Dieu du Monde

C'est le plaisir ! &c

(14) Grand duo

(15) Béatrice, Andréas, chœur

(16) La raison pour laquelle cette fantasmagorie a été tentée s'explique par le désir qu'a Béatrice de sauver l'officier tout en perdant l'armée française. L'amour combat le sentiment national.

(17) Le dieu du monde

C'est le plaisir !ç puis la ballade :

Craignez Hélène

La châtelaine &c.

C'est un vampire

Qui vous attire

Avec des chants d'amour !

______

GÉRARD DE NERVAL - SYLVIE LÉCUYER tous droits réservés @

CE SITE / REPÈRES BIOGRAPHIQUES / TEXTES / NOTICES / BELLES PAGES / MANUSCRITS AUTOGRAPHES / RECHERCHES AVANCÉES