TEXTES
1824, Poésies diverses (manuscrit autographe)
1824, L’Enterrement de la Quotidienne (manuscrit autographe)
1824, Poésies et poèmes (manuscrit autographe)
1825, « Pour la biographie des biographes » (manuscrit autographe)
15 février 1826 (BF), Napoléon et la France guerrière, chez Ladvocat
6 mai 1826 (BF), Complainte sur l’immortalité de M. Briffaut, par Cadet Roussel, chez Touquet
6 mai 1826 (BF), Monsieur Dentscourt ou le Cuisinier d’un grand homme, chez Touquet
20 mai 1826 (BF), Les Hauts faits des Jésuites, par Beuglant, chez Touquet
12 août 1826 (BF), Épître à M. de Villèle (Mercure de France du XIXe siècle)
11 novembre 1826 (BF), Napoléon et Talma, chez Touquet
13 et 30 décembre 1826 (BF), L’Académie ou les membres introuvables, par Gérard, chez Touquet
16 mai 1827 (BF), Élégies nationales et Satires politiques, par Gérard, chez Touquet
29 juin 1827, La dernière scène de Faust (Mercure de France au XIXe siècle)
28 novembre 1827 (BF), Faust, tragédie de Goëthe, 1828, chez Dondey-Dupré
15 décembre 1827, A Auguste H…Y (Almanach des muses pour 1828)
1828? Faust (manuscrit autographe)
1828? Le Nouveau genre (manuscrit autographe)
mai 1829, Lénore. Ballade allemande imitée de Bürger (La Psyché)
août 1829, Le Plongeur. Ballade, (La Psyché)
octobre 1829, A Schmied. Ode de Klopstock (La Psyché)
24 octobre 1829, Robert et Clairette. Ballade allemande de Tiedge (Mercure de France au XIXe siècle)
21 novembre 1829, Chant de l’épée. Traduit de Korner (Mercure de France au XIXe siècle)
19 décembre 1829, Lénore. Traduction littérale de Bürger (Mercure de France au XIXe siècle)
janvier 1830, La Lénore de Bürger, nouvelle traduction littérale (La Psyché)
16 janvier 1830, Ma Patrie, de Klopstock (Mercure de France au XIXe siècle)
23 janvier 1830, Légende, par Goethe (Mercure de France au XIXe siècle)
6 février (BF) Poésies allemandes, Klopstock, Goethe, Schiller, Burger (Bibliothèque choisie)
13 février 1830, Les Papillons (Mercure de France au XIXe siècle)
13 février 1830, Appel, par Koerner (1813) (Mercure de France au XIXe siècle)
13 mars 1830, L’Ombre de Koerner, par Uhland, 1816 (Mercure de France au XIXe siècle)
27 mars 1830, La Nuit du Nouvel an d’un malheureux, de Jean-Paul Richter (La Tribune romantique)
29 avril 1830, La Pipe, chanson traduite de l’allemand, de Pfeffel (La Tribune romantique)
13 mai 1830 Le Cabaret de la mère Saguet (Le Gastronome)
mai 1830, M. Jay et les pointus littéraires (La Tribune romantique)
juillet ? 1830, Récit des journées des 27-29 juillet (manuscrit autographe)
14 août 1830, Le Peuple (Mercure de France au XIXe siècle)
11 décembre 1830, A Victor Hugo. Les Doctrinaires (Almanach des muses pour 1831)
29 décembre 1830, La Malade (Le Cabinet de lecture )
29 janvier 1831, Odelette, Le Vingt-cinq mars (Almanach dédié aux demoiselles)
14 mars 1831, En avant, marche! (Cabinet de lecture)
23 avril 1831, Bardit, traduit du haut-allemand (Mercure de France au XIXe siècle)
7 mai 1831, Profession de foi (Mercure de France au XIXe siècle)
25 juin et 9 juillet 1831, Nicolas Flamel, drame-chronique (Mercure de France au XIXe siècle)
4 décembre 1831, Cour de prison, Le Soleil et la gloire (Le Cabinet de lecture)
17 décembre 1831, Fantaisie, odelette (Annales romantiques pour 1832)
24 septembre 1832, La Main de gloire, histoire macaronique (Le Cabinet de lecture)
14 décembre 1834, Odelettes (Annales romantiques pour 1835)
1835-1838 ? Lettres d’amour (manuscrits autographes)
26 mars et 20 juin 1836, De l’Aristocratie en France (Le Carrousel)
20 et 26 mars 1837, De l’avenir de la tragédie (La Charte de 1830)
12 août 1838, Les Bayadères à Paris (Le Messager)
18 septembre 1838, A M. B*** (Le Messager)
2 octobre 1838, La ville de Strasbourg. A M. B****** (Le Messager)
26 octobre 1838, Lettre de voyage. Bade (Le Messager)
31 octobre 1838, Lettre de voyage. Lichtenthal (Le Messager)
24 novembre 1838, Léo Burckart (manuscrit remis à la censure)
25, 26 et 28 juin 1839, Le Fort de Bitche. Souvenir de la Révolution française (Le Messager)
13 juillet 1839 (BF) Léo Burckart, chez Barba et Desessart
19 juillet 1839, « Le Mort-vivant », drame de M. de Chavagneux (La Presse)
15 et 16-17 août 1839, Les Deux rendez-vous, intermède (La Presse)
17 et 18 septembre 1839, Biographie singulière de Raoul Spifamme, seigneur des Granges (La Presse)
28 janvier 1840, Lettre de voyage I (La Presse)
25 février 1840, Le Magnétiseur
5 mars 1840, Lettre de voyage II (La Presse)
8 mars 1840, Lettre sur Vienne (L’Artiste)
26 mars 1840, Lettre de voyage III (La Presse)
28 juin 1840, Lettre de voyage IV, Un jour à Munich (La Presse)
18 juillet 1840 (BF) Faust de Goëthe suivi du second Faust, chez Gosselin
26 juillet 1840, Allemagne du Nord - Paris à Francfort I (La Presse)
29 juillet, 1840, Allemagne du Nord - Paris à Francfort II (La Presse)
30 juillet 1840, Allemagne du Nord - Paris à Francfort III (La Presse)
11 février 1841, Une Journée à Liège (La Presse)
18 février 1841, L’Hiver à Bruxelles (La Presse)
1841 ? Première version d’Aurélia (feuillets autographes)
février-mars 1841, Lettre à Muffe, (sonnets, manuscrit autographe)
1841 ? La Tête armée (manuscrit autographe)
mars 1841, Généalogie dite fantastique (manuscrit autographe)
1er mars 1841, Jules Janin, Gérard de Nerval (Journal des Débats)
5 mars 1841, Lettre à Edmond Leclerc
7 mars 1841, Les Amours de Vienne (Revue de Paris)
31 mars 1841, Lettre à Auguste Cavé
11 avril 1841, Mémoires d’un Parisien. Sainte-Pélagie en 1832 (L’Artiste)
9 novembre 1841, Lettre à Ida Ferrier-Dumas
novembre? 1841, Lettre à Victor Loubens
10 juillet 1842, Les Vieilles ballades françaises (La Sylphide)
15 octobre 1842, Rêverie de Charles VI (La Sylphide)
24 décembre 1842, Un Roman à faire (La Sylphide)
19 et 26 mars 1843, Jemmy O’Dougherty (La Sylphide)
11 février 1844, Une Journée en Grèce (L’Artiste)
10 mars 1844, Le Roman tragique (L’Artiste)
17 mars 1844, Le Boulevard du Temple, 1re livraison (L’Artiste)
31 mars 1844, Le Christ aux oliviers (L’Artiste)
5 mai 1844, Le Boulevard du Temple 2e livraison (L’Artiste)
12 mai 1844, Le Boulevard du Temple, 3e livraison (L’Artiste)
2 juin 1844, Paradoxe et Vérité (L’Artiste)
30 juin 1844, Voyage à Cythère (L’Artiste)
28 juillet 1844, Une Lithographie mystique (L’Artiste)
11 août 1844, Voyage à Cythère III et IV (L’Artiste)
15 septembre, Diorama (L’Artiste-Revue de Paris)
29 septembre 1844, Pantaloon Stoomwerktuimaker (L’Artiste)
20 octobre 1844, Les Délices de la Hollande I (La Sylphide)
8 décembre 1844, Les Délices de la Hollande II (La Sylphide)
16 mars 1845, Pensée antique (L’Artiste)
19 avril 1845 (BF), Le Diable amoureux par J. Cazotte, préface de Nerval, chez Ganivet
1er juin 1845, Souvenirs de l’Archipel. Cérigo (L’Artiste-Revue de Paris)
6 juillet 1845, L’Illusion (L’Artiste-Revue de Paris)
5 octobre 1845, Strasbourg (L’Artiste-Revue de Paris)
novembre-décembre 1845, Le Temple d’Isis. Souvenir de Pompéi (La Phalange)
28 décembre 1845, Vers dorés (L’Artiste-Revue de Paris)
1er mars 1846, Sensations d’un voyageur enthousiaste I (L’Artiste-Revue de Paris)
15 mars 1846, Sensations d’un voyageur enthousiaste II (L’Artiste-Revue de Paris)
1er mai 1846, Les Femmes du Caire. Scènes de la vie égyptienne (Revue des Deux Mondes)
17 mai 1846, Sensations d’un voyageur enthousiaste III (L’Artiste-Revue de Paris)
12 juillet 1846 Sensations d’un voyageur enthousiaste IV (L’Artiste-Revue de Paris)
16 août 1846, Un Tour dans le Nord. Angleterre et Flandre (L’Artiste-Revue de Paris)
30 août 1846, De Ramsgate à Anvers (L’Artiste-Revue de Paris)
20 septembre 1846, Une Nuit à Londres (L’Artiste-Revue de Paris)
1er novembre 1846, Un Tour dans le Nord III (L’Artiste-Revue de Paris)
22 novembre 1846, Un Tour dans le Nord IV (L’Artiste-Revue de Paris)
15 décembre 1846, Scènes de la vie égyptienne moderne. La Cange du Nil (Revue des Deux Mondes)
1847, Scénario des deux premiers actes des Monténégrins
15 février 1847, La Santa-Barbara. Scènes de la vie orientale (Revue des Deux Mondes)
15 mai 1847, Les Maronites. Un Prince du Liban (Revue des Deux Mondes)
15 août 1847, Les Druses (Revue des Deux Mondes)
17 octobre 1847, Les Akkals (Revue des Deux Mondes)
21 novembre 1847, Souvenirs de l’Archipel. Les Moulins de Syra (L’Artiste-Revue de Paris)
15 juillet 1848, Les Poésies de Henri Heine (Revue des Deux Mondes)
15 septembre 1848, Les Poésies de Henri Heine, L’Intermezzo (Revue des Deux Mondes)
1er-27 mars 1849, Le Marquis de Fayolle, 1re partie (Le Temps)
26 avril 16 mai 1849, Le Marquis de Fayolle, 2e partie (Le Temps)
6 octobre 1849, Le Diable rouge (Almanach cabalistique pour 1850)
7 mars-19 avril 1850, Les Nuits du Ramazan (Le National)
15 août 1850, Les Confidences de Nicolas, 1re livraison (Revue des Deux Mondes)
26 août 1850, Le Faust du Gymnase (La Presse)
1er septembre 1850, Les Confidences de Nicolas, 2e livraison (Revue des Deux Mondes)
9 septembre 1850, Excursion rhénane (La Presse)
15 septembre 1850, Les Confidences de Nicolas, 3e livraison (Revue des Deux Mondes)
18 et 19 septembre 1850, Les Fêtes de Weimar (La Presse)
1er octobre 1850, Goethe et Herder (L’Artiste-Revue de Paris)
24 octobre-22 décembre 1850, Les Faux-Saulniers (Le National)
29 décembre 1850, Les Livres d’enfants, La Reine des poissons (Le National)
novembre 1851, Quintus Aucler (Revue de Paris)
24 janvier 1852 (BF), L’Imagier de Harlem, Librairie théâtrale
15 juin 1852, Les Fêtes de mai en Hollande (Revue des Deux Mondes)
1er juillet 1852, La Bohême galante I (L’Artiste)
15 juillet 1852, La Bohême galante II (L’Artiste)
1er août 1852, La Bohême galante III (L’Artiste)
15 août 1852, La Bohême galante IV (L’Artiste)
21 août 1852 (BF), Lorely. Souvenirs d’Allemagne, chez Giraud et Dagneau (Préface à Jules Janin)
1er septembre 1852, La Bohême galante V (L’Artiste)
15 septembre 1852, La Bohême galante VI (L’Artiste)
1er octobre 1852, La Bohême galante VII (L’Artiste)
9 octobre 1852, Les Nuits d’octobre, 1re livraison (L’Illustration)
15 octobre 1852, La Bohême galante VIII (L’Artiste)
23 octobre 1852, Les Nuits d’octobre, 2e livraison (L’Illustration)
30 octobre 1852, Les Nuits d’octobre, 3e livraison (L’Illustration)
1er novembre 1852, La Bohême galante IX (L’Artiste)
6 novembre 1852, Les Nuits d’octobre, 4e livraison (L’Illustration)
13 novembre 1852, Les Nuits d’octobre, 5e livraison (L’Illustration)
15 novembre 1852, La Bohême galante X (L’Artiste)
20 novembre 1852, Les Illuminés, chez Victor Lecou (« La Bibliothèque de mon oncle »)
1er décembre 1852, La Bohême galante XI (L’Artiste)
15 décembre 1852, La Bohême galante XII (L’Artiste)
1er janvier 1853 (BF), Petits Châteaux de Bohême. Prose et Poésie, chez Eugène Didier
15 août 1853, Sylvie. Souvenirs du Valois (Revue des Deux Mondes)
14 novembre 1853, Lettre à Alexandre Dumas
25 novembre 1853-octobre 1854, Lettres à Émile Blanche
10 décembre 1853, Alexandre Dumas, Causerie avec mes lecteurs (Le Mousquetaire)
17 décembre 1853, Octavie (Le Mousquetaire)
1853-1854, Le Comte de Saint-Germain (manuscrit autographe)
28 janvier 1854 (BF) Les Filles du feu, préface, Les Chimères, chez Daniel Giraud
31 octobre 1854, Pandora (Le Mousquetaire)
25 novembre 1854, Pandora, épreuves du Mousquetaire
Pandora, texte reconstitué par Jean Guillaume en 1968
Pandora, texte reconstitué par Jean Senelier en 1975
30 décembre 1854, Promenades et Souvenirs, 1re livraison (L’Illustration)
1854 ? Sydonie (manuscrit autographe)
1854? Emerance (manuscrit autographe)
1854? Promenades et Souvenirs (manuscrit autographe)
janvier 1855, Oeuvres complètes (manuscrit autographe)
1er janvier 1855, Aurélia ou le Rêve et la Vie (Revue de Paris)
6 janvier 1855, Promenades et Souvenirs, 2e livraison (L’Illustration)
3 février 1855, Promenades et Souvenirs, 3e livraison (L’Illustration)
15 février 1855, Aurélia ou Le Rêve et la Vie, seconde partie (Revue de Paris)
15 mars 1855, Desiderata (Revue de Paris)
1866, La Forêt noire, scénario
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BF: annonce dans la Bibliographie de la France
Manuscrit autographe: manuscrit non publié du vivant de Nerval
20 mai 1826 – la Bibliographie de la France enregistre la publication chez Touquet d'une brochure intitulée Les Hauts Faits des Jésuites et leurs droits à la reconnaissance des Français... par le poète Beuglant, ami de Cadet Roussel, publiée chez Touquet.
Quelques jours après son premier drame satirique contre le ministère Villèle, Gérard récidive, toujours sous le pseudonyme de Beuglant, contre cette fois le soutien que l’Église, par le biais des Jésuites, apporte sans réserve au parti ultra, en instaurant partout en France des « missions » et en imposant son contrôle sur l’enseignement.
Voir la notice LES ANNÉES CHARLEMAGNE
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LES HAUTS FAITS DES JÉSUITES,
DIALOGUE VERSIFIÉ.
Air : Je loge au quatrième étage.
Cadet-Roussel.
Beuglant, je r’viens d’la Grenouillère,
Et j’te trouve ici tout à point ;
Tu vas éclaircir ma lumière
Sur eun’ question qu’est z’un grand point :
Tu lis, car t’es homme d’conduite ;
Quand on cherche un savant, te v’là !
J’entends partout le nom d’Jésuite :
Parl’-moi donc un peu d’ces gens-là.
Beuglant.
Un jésuite (A) ! apprends donc, mon homme,
Qu’c’est un moine insoumis aux lois,
Qui ne r’çoit d’instructions que d’Rome (B),
Et qu’est le plus grand enn’mi des rois :
Sa morale est un peu fantasque (C);
Les vertus n’sont rien à ses yeux ;
Mais c’est en en prenant le masque
Qu’il fait tant de dup’s en tous lieux.
Cadet-Roussel.
L’grand enn’mi des rois ! ça m’tracasse ;
C’est des mots que j’n’entends pas bien :
Aux rois, quoi qu’tu veux qu’un moin’ fasse ?
Son pouvoir doit z’êt’ moins que rien.
Je m’rappell’ pourtant c’te vermine
Qu’on app’lait, j’crois, les capucins,
À qui l’costum’ donnait la mine (D)
Qu’avont souvent les assassins.
Beuglant.
Des assassins !… Sans conséquence,
Tu viens, ma foi, d’prononcer l’mot :
Voilà comment, sans que t’y pense,
T’attache aux Jésuites l’grelot :
Eh bien ! ces moines, pour combattre,
Grâce aux doctrines d’un Guignard (E),
Le vaillant, le grand Henri-Quatre,
N’ont eu besoin que d’un poignard.
Cadet-Roussel.
Beuglant, ah ! j’frémis de t’entendre !
C’est par eux que l’premier Bourbon
Au fond d’la tombe a pu descendre !
Quoi ! c’est z’eux qu’ont tué c’roi si bon !
Mill’ tonnerr’s ! tout mon sang se glace,
Quand sous l’règn’ d’un p’tit-fils d’Henri (F),
On voit r’naître et rentrer z’en grâce
Un ordr’ si justement flétri !
Beuglant.
Quand c’te société régicide (G)
Proscrivait un roi si chéri,
Déjà, sous son fer parricide,
L’dernier Valois avait péri (H).
Plus tard, par son ordre suprême,
Un bras pervers, mais chancelant (I),
Encor sur Louis-Quinzième,
Essaya son poignard sanglant.
Cadet-Roussel.
Ainsi, de c’te perfide engeance,
Les vils suppôts r’nai’ donc toujours !
En vain l’sang des rois d’mand’ vengea
D’ceux qu’la Franc’ maudit tous les jours !
Ah ! quel est donc l’mauvais génie
Qui protèg’ ces enfants d’l’enfer ?
Quel est l’docteur… de Béthanie,
Qui veut dans leurs mains r’mett’ l’fer ?
Beuglant.
De partout chassés pour leurs crimes (K),
Désignés par les potentats
Qu’ils voulaient rendre leurs victimes,
Comme les fléaux des États ;
Quand tous les peuples les connaissent,
Sous un ciel par eux rembruni,
En vain en France ils reparaissent :
Leur règne est à jamais fini.
Cadet-Roussel.
J’t’entends avec plaisir, mon homme,
Et j’augur’ bien d’ta prédiction ;
Dans mes esprits tu r’mets du baume :
J’vois pâlir la Congrégation (L).
J’avons tous besoin qu’on s’accorde
Pour maint’nir la paix et l’union,
Et je n’voulons pas qu’la discorde
Serv’ des hypocrit’s l’ambition.
Beuglant.
Va, nous rirons tous par la suite,
L’Jésuitism’ n’aura pas d’succès,
D’autant plus qu’pour s’fair’ Jésuite,
N’faut êt’ ni Chrétien, ni Français.
Mon ami, bois à l’espérance,
Bois à la franchise d’ not’ roi,
À la santé des pairs de France,
Qui r’pouss’ toujours un’ mauvais’ loi (M) !
Cadet-Roussel.
Si les Jésuit’ n’ont rien à r’frire,
Mon cher Beuglant, en vérité,
J’boirons d’bon cœur et j’pourrons rire,
Mais j’propose aussi z’eun’ santé :
Quand tant d’grands homm’ z’en mignature
Veul’ nous priver d’nos plus beaux droits,
Honneur à la magistrature (N)
Qui soutient si dign’ment les lois !
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NOTES HISTORIQUES
(A) L’ordre des jésuites, connu sous le nom de Compagnie ou Société de Jésus, fut fondé en 1521, par Ignace de Loyola, Espagnol visionnaire et fanatique, qui, après avoir passé les vingt-neuf premières années de sa vie au métier de la guerre et au amusements de la galanterie, se retira au Mont-Ferrat en Catalogne, où il se consacra au service de la mère de Dieu, et prit le titre de chevalier de Jésus-Christ et de la vierge Marie. Il parvint d’abord à réunir dix compagnons, et obtint, du pape Paul iii, en 1538, la bulle qui approuve son institut.
Au vœu d’obéissance fait au pape et à un général représentant Jésus-Christ sur la terre, les Jésuites joignirent ceux de pauvreté et de chasteté, qu’ils ont observés jusqu’à ce jour, comme on sait.
À peine la Société fut-elle formée, qu’on la vit riche, nombreuse et puissante. En un moment, elle exista en Espagne, en Portugal, en France, en Italie, en Allemagne, en Angleterre, au Nord, au Midi, en Afrique, en Amérique, à la Chine, aux Indes, au Japon ; partout également ambitieuse, redoutable et turbulente, partout s’affranchissant des lois, portant son caractère d’indépendance et le conservant, marchant comme si elle se sentait destinée à commander à l’univers (Extrait de L’Histoire des Jésuites, par Diderot.)
(B) Le général de l’Ordre réside à Rome, où les pères provinciaux lui adressent leurs rapports, de tous les points du globe, et reçoivent directement de lui leurs instructions.
Soumis au despotisme le plus excessif dans leurs maisons, les Jésuites en sont les fauteurs les plus abjects dans l’Etat. Ils prêchent aux sujets une obéissance sans réserve pour leurs souverains, aux rois l’indépendance des lois et l’obéissance aveugle au Pape, à qui ils accordent l’infaillibilité et la domination universelle. C’est quand les rois veulent se soustraire à cette obéissance aveugle au Pape, qu’ils les déclarent tyrans, ennemis de l’Eglise, et les dévouent aux poignards, en déliant les peuples du serment de fidélité. Au surplus, ces hommes astucieux sont parvenus souvent à diriger la conscience des rois : et c’est par ce moyen qu’ils ont acquis une influence si dangereuse, et sont devenus véritablement, à certaines époques, les dominateurs des nations.
(C) Le mot fantasque ne nous semble pas rendre parfaitement l’idée de Beuglant : nous croyons qu’il a voulu dire que la morale des Jésuites s’accommodait à toutes les circonstances, tantôt sévère et tantôt très relâchée, se modifiant toujours d’après leur intérêt. Au surplus, nous allons en donner un échantillon, en publiant quelques-unes de leurs maximes.
On trouve, dans les écrits des pères Discatille, Tambourin et Casnedi, qu’ il est permis à un fils de se réjouir de la mort de son père, quand ce dernier lui laisse de grands biens. Le père Taberna enseigne que quand on est porté à la fornication par une violence irrésistible, la fornication ne peut point être imputée à crime.
Selon le père Fegeli, que le séducteur d’une vierge qui consent à la séduction, n’est tenu qu’à faire pénitence, parce qu’une fille a la libre disposition de sa personne, et que ses parens ne peuvent, sous aucun prétexte, l’empêcher de la prêter à qui lui plaît.
Le père Emmanuel Sa établit en principe qu’une femme, et même un homme, peut louer sa personne, demander et recevoir le prix d’un tel marché ; qu’une fille honnête, ou une femme d’une extraction noble, peut attacher à ses faveurs le prix qui lui convient.
Le père J. Marin pense qu’une fille enceinte pourrait, sans crime, se faire avorter, dans le cas où ce serait le moyen unique et nécessaire pour cacher sa grossesse et éviter l’infamie.
Le père Escobar fait habilement la distinction d’une promesse qui oblige et d’une promesse qui n’oblige pas. Il dit qu’il est permis de tuer un homme, quand son existence nuit à nos intérêts et qu’il s’agit de conserver notre fortune.
Le père Bauny dit que la soustraction journalière et continuelle d’un objet de peu de valeur, ne constitue point ce qu’on appelle un vol, et n’est pas un péché.
Le père Emm. Sa et le père Gordon soutiennent que l’on peut, en sûreté de conscience, prendre en cachette à quelqu’un, ce que l’on suppose qu’il vous aurait donné, si on le lui avait demandé.
Enfin, tous ces bons pères soutiennent que les plus grands crimes peuvent s’expier par des aumônes, des dons à l’église, et des fondations pieuses.
(D) Les jambes nues, les sandales, le froc de bure, le capuchon et la barbe sale des Capucins donnaient à la plupart un air capable d’épouvanter le voyageur qui les eût rencontrés au coin d’un bois. Cela n’empêche pas qu’il ne se soient trouvé dans cet ordre quelques hommes recommandables. Enfin ce n’est point à eux que le mot assassins est véritablement applicable.
(E) Le père Guignard, jésuite, auteur d’écrits apologétiques de l’assassinat de Henri iv par Jean Châtel, fut, pour ce fait, condamné, par le Parlement de Paris, à être pendu, et subit son jugement en place de Grève, en 1595.
(F) En songeant à la vénération avec lequel (sic) le nom de Henri IV est toujours prononcé par les Français, on conçoit difficilement que, sous le règne de celui de ses petits-fils qui lui ressemble le plus par sa franchise et son amabilité, des hommes puissans, qui semblent étrangers aux affections nationales, tolèrent, protègent même une secte qui a mis le poignard à la main des assassins du bon roi, et que les lois du royaume ont justement proscrite.
Comme toutes les déclamations et les écrits de ces énergumènes reçurent l’approbation de la Société, mérite-t-elle ou ne mérite-t-elle pas le nom de régicide ?
(G) Plus de soixante docteurs jésuites, parmi lesquels on compte les pères Emmanuel Sa, Delrio, André Philopator, Bellarmin, Grégoire de Valence, Varade, Commolet, Guignard, Odon, Pigenat, Mariana, Azor, Garnet, Heissius, Serrarius, Suarez, permettaient au peuple de se constituer juge de la légitimité de son roi, de le déposséder, de le faire mourir !
Le Jésuite Commolet disait en chaire, dans l’église de Saint-Barthelemy, le jour de Noël 1593 : Il nous faut un Aod* ; fût-il moine, fût-il soldat, fût-il goujat, fût-il berger, n’importe de rien ! mais il nous faut un Aod ; il ne faut plus que ce coup pour mettre nos affaires au point où nous le désirons.
* Jeune homme de la tribu de Benjamin, qui assassina fort adroitement Églon, roi des Moabites. (Voyez la Bible)
Dans un autre sermon, cet apôtre du carnage mit au rang des bienheureux du ciel, Jacques Clément, moine assassin de Henri III.
(H) Quoique Jacques Clément, assassin de Henri III, fût un moine de l’ordre de saint Dominique, il n’en reste pas moins prouvé qu’il avait été excité à ce crime par les prédications des Jésuites, instigateurs de tous les troubles de la Ligue. Ce qu’on a dit du père Commolet, dans la note précédente, en fait foi.
(I) Damien, qui assassina Louis XV, le 5 janvier 1757, ne porta à ce prince qu’un coup mal assuré, dont il fut légèrement atteint. Damien dit, dans l’un de ses interrogatoires, que son intention n’était pas de tuer le roi, qu’il voulait seulement le blesser, pour l’engager à changer de conduite, en cessant de persécuter l’Eglise. (Par ce mot, l’Eglise, il faut entendre : les Jésuites.)
(K) Dans l’arrêt du Parlement de Paris, du 6 août 1762, qui supprime l’ordre des jésuites comme une secte d’impies, de fanatiques, de corrupteurs, de régicides, etc., commandés par un chef étranger, et machiavélistes par institut, on trouve un Abrégé chronologique de l’histoire de l’Ordre depuis sa fondation. Nous allons en retracer les principaux événemens.
En 1547, Robadilla, un des compagnons d’Ignace, est chassé des Etats d’Allemagne, pour avoir écrit contre l’interim d’Augsbourg.
En 1560, Gonzalès Silveria est supplicié au Monomotapa, comme espion du Portugal et de sa Société.
En 1578, ce qu’il y a de Jésuites dans Anvers en est banni, pour s’être refusé à la pacification de Gand.
En 1581, Campian, Skerwin et Briant sont mis à mort pour avoir conspiré contre la reine Élisabeth d’Angleterre. Dans le cours du règne de cette grande reine, cinq conspirations sont tramées contre sa vie par les Jésuites : ils en tramèrent dix-sept contre Henri IV.
En 1588, on les voit animer la Ligue formée en France contre Henri III.
La même année, Molina publie ses pernicieuses rêveries sur la concordance de la grâce et du libre arbitre.
En 1593, Barrière est armé d’un poignard contre le meilleur des rois par le Jésuite Varade.
En 1594, les Jésuites sont chassés de France, comme complices du parricide de Jean Châtel.
En 1595, leur père Guignard est conduit à la Grève pour des écrits apologétiques de l’assassinat de Henri IV.
En 1597, les congrégations de auxiliis se tiennent à l’occasion de la nouveauté de leur doctrine sur la grâce ; et Clément VII leur dit : Brouillons, c’est vous qui troublez l’Église.
En 1598, ils corrompent un scélérat, lui administrent son Dieu d’une main, lui présentent un poignard de l’autre, lui montrent la couronne éternelle descendant du ciel sur sa tête, l’envoient assassiner Maurice de Nassau, et se font chasser des États de Hollande.
En 1604, la clémence du cardinal Frédéric Borromée les chasse du collège de Bréda pour des crimes qui auraient dû les conduire au bûcher.
En 1605, Oldecorn et Garnet, auteurs de la conspiration des poudres, sont abandonnés au supplice.
En 1606, rebelles aux décrets du sénat de Venise, on est obligé de les chasser de cette ville et de cet État.
En 1610, Ravaillac assassine Henri IV. Les Jésuites restent sous le soupçon d’avoir dirigé sa main ; et, comme s’ils en étaient jaloux, et que leur dessein fût de porter la terreur dans le sein des monarques, la même année, Mariana publia, avec son Institution du prince, l’Apologie du meurtre des rois.
En 1616, les jésuites sont chassés de Bohême, comme perturbateurs du repos public, gens soulevant les sujets contre leurs magistrats, infectant les esprits de la doctrine dangereuse de l’infaillibilité et de la puissance universelle du pape, et semant, par toutes sortes de voies, le feu de la discorde entre les membres de l’État.
En 1619, ils sont bannis de Moravie pour les mêmes causes.
En 1631, leurs cabales soulèvent le Japon ; et la terre est trempée, dans toute l’étendue de l’empire, du sang idolâtre et chrétien.
En 1641, ils allument en Europe la querelle absurde du Jansénisme, qui a coûté le repos et la fortune à tant d’honnêtes fanatiques.
En 1643, Malte, indignée de leur dépravation et de leur rapacité, les rejette loin d’elle.
En 1646, ils font, à Séville, une banqueroute qui précipite dans la misère un grand nombre de familles. Celle de 1761 n’est pas la première, comme on voit.
En 1709, leur basse jalousie détruit Port-Royal, ouvre les tombeaux des morts, disperse leurs os, et renverse les murs sacrés dont les pierres leur sont retombées lourdement sur la tête.
En 1713, ils appellent de Rome cette bulle Unigenitus, qui leur a servi de prétexte pour causer tant de maux, au nombre desquels on peut compter quatre-vingt-mille lettres de cachet décernés contre les plus honnêtes gens de l’État, sous le plus doux des ministères.
La même année, le jésuite Jouvency, dans une Histoire de la Société, ose installer parmi les martyrs les assassins de nos rois ; et nos magistrats attentifs font brûler son ouvrage.
En 1723, Pierre le Grand ne trouve de sûreté pour sa personne et de moyen de tranquilliser ses États, que dans le bannissement des Jésuites.
En 1728, Berruyer travestit en roman l’Histoire de Moïse, et fait parler aux patriarches la langue de la galanterie et du libertinage.
En 1730, le scandaleux Tournemine prêche à Caen, dans un temple et devant un auditoire chrétien, qu’ il est incertain que l’Évangile soit écriture sainte.
C’est dans ce même temps qu’Hardouin commence à infecter son ordre d’un scepticisme aussi ridicule qu’impie.
En 1731, l’autorité et l’argent dérobent au flammes le corrupteur et sacrilège Girard.
En 1743, l’impudique Benzi suscite, en Italie, la secte des mamillaires.
En 1745, Pichon prostitue les sacremens de pénitence et d’eucharistie, et abandonne le pain des saints à tous les chiens qui le demanderont.
En 1755, les Jésuites du Paraguay conduisent en bataille rangée les habitans de ce pays contre leurs légitimes souverains.
En 1757, un attentat de parricide est commis contre Louis XV, et c’est un homme qui a vécu dans les foyers de la Compagnie de Jésus, que ces pères ont protégé, qu’ils ont placé en plusieurs maisons ; et, dans la même année, ils publient une édition d’un de leurs auteurs classiques, où la doctrine du meurtre des rois est enseignée. C’est comme ils firent en 1610, immédiatement après l’assassinat de Henri IV ; mêmes circonstances, même conduite.
En 1758, le roi de Portugal est assassiné à la suite d’un complot, formé et conduit par les Jésuites Malagrida, Matos et Alexandre.
En 1759, toute cette troupe de religieux assassins est chassée de la domination portugaise.
En 1761, un de cette Compagnie, après s’être emparé du commerce de la Martinique, menace d’une ruine totale ses correspondans. On réclame en France la justice des tribunaux contre le jésuite banqueroutier, et la Société est déclarée solidaire du P. La Valette. Elle traîne maladroitement cette affaire d’une juridiction à une autre. On y prend connaissance de ses constitutions ; on en reconnaît l’abus ; et les suites de cet événement amènent son extinction parmi nous.
Voilà les principales époques du Jésuitisme ; il n’y en a aucune entre lesquelles on n’eût pu intercaler d’autres semblables.
Combien cette multitude de crimes connus n’en fait-elle pas présumer d’ignorés ?
Comment se fait-il que, parmi les prélats les plus éclairés de la France, il s’en trouve qui, paraissant avoir oublié ces faits, se font les apologistes des Jésuites, et cherchent à faire croire que, du rétablissement de cet ordre séditieux, la religion recevra un nouvel éclat, et le trône un nouveau degré de force !
(L) On entend par Congrégation l’association générale de tous les hommes imbus des doctrines jésuitiques, qui, quoique répandus dans les diverses classes de la société (depuis la plus haute jusqu’à la plus basse), reçoivent, par des voies détournées, une direction unique, ont des signes de reconnaissance et des mots de ralliement, et concourent, soit en commun, soit en particulier, de tous les moyens qu’ils ont reçus de la nature ou de leur position sociale, à l’accomplissement des projets de ceux qui les dirigent, au nom des intérêts du Ciel, et pour la plus grande gloire de Dieu.
(M) Telle que la loi du Droit d’aînesse, dont la seule proposition répandit les inquiétudes et l’alarme dans toute la France, et dont l’adoption, en jetant des brandons de discorde dans chaque famille, eût plongé dans le deuil une nation grande et généreuse, qui ne connaît de vrai bonheur que celui de vivre sous l’empire de cette Charte, où ses droits furent consacrés par un roi aussi éclairé que sage.
(N) Il est consolant pour la France de voir les magistrats à qui le dépôt des lois est confié, échapper au système de déception établi pour détruire les libertés publiques ; et prouver, par leur sagesse et leur fermeté, que tous les efforts d’une hypocrite malveillance viendront se briser sur le seuil du temple de la justice, où l’intégrité et la conscience des juges ne seront jamais de vains mots. La France a déjà inscrit dans ses fastes les paroles sublimes d’un magistrat aussi recommandable par son indépendance que par ses lumières et son intégrité, en réponse a quelques sollicitations d’un haut personnage : Monseigneur, la cour que j’ai l’honneur de présider rend des arrêts et non des services.
FIN
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