TEXTES

1824, Poésies diverses (manuscrit autographe)

1824, L’Enterrement de la Quotidienne (manuscrit autographe)

1824, Poésies et poèmes (manuscrit autographe)

1825, « Pour la biographie des biographes » (manuscrit autographe)

15 février 1826 (BF), Napoléon et la France guerrière, chez Ladvocat

19, 22 avril, 14 juin (BF), Complainte sur la mort de haut et puissant seigneur le Droit d’aînesse, chez Touquet

6 mai 1826 (BF), Complainte sur l’immortalité de M. Briffaut, par Cadet Roussel, chez Touquet

6 mai 1826 (BF), Monsieur Dentscourt ou le Cuisinier d’un grand homme, chez Touquet

20 mai 1826 (BF), Les Hauts faits des Jésuites, par Beuglant, chez Touquet

12 août 1826 (BF), Épître à M. de Villèle (Mercure de France du XIXe siècle)

11 novembre 1826 (BF), Napoléon et Talma, chez Touquet

13 et 30 décembre 1826 (BF), L’Académie ou les membres introuvables, par Gérard, chez Touquet

16 mai 1827 (BF), Élégies nationales et Satires politiques, par Gérard, chez Touquet

29 juin 1827, La dernière scène de Faust (Mercure de France au XIXe siècle)

28 novembre 1827 (BF), Faust, tragédie de Goëthe, 1828, chez Dondey-Dupré

15 décembre 1827, A Auguste H…Y (Almanach des muses pour 1828)

1828? Faust (manuscrit autographe)

1828? Le Nouveau genre (manuscrit autographe)

mai 1829, Lénore. Ballade allemande imitée de Bürger (La Psyché)

août 1829, Le Plongeur. Ballade, (La Psyché)

octobre 1829, A Schmied. Ode de Klopstock (La Psyché)

24 octobre 1829, Robert et Clairette. Ballade allemande de Tiedge (Mercure de France au XIXe siècle)

14 novembre 1829, Les Bienfaits de l’enseignement mutuel, Procès verbal de la Loge des Sept-Écossais-réunis, chez Bellemain

21 novembre 1829, Chant de l’épée. Traduit de Korner (Mercure de France au XIXe siècle)

12 décembre 1829, La Mort du Juif errant. Rapsodie lyrique de Schubart (Mercure de France au XIXe siècle)

19 décembre 1829, Lénore. Traduction littérale de Bürger (Mercure de France au XIXe siècle)

2 janvier 1830, La Première nuit du Sabbat. Morceau lyrique de Goethe (Mercure de France au XIXe siècle)

janvier 1830, La Lénore de Bürger, nouvelle traduction littérale (La Psyché)

16 janvier 1830, Ma Patrie, de Klopstock (Mercure de France au XIXe siècle)

23 janvier 1830, Légende, par Goethe (Mercure de France au XIXe siècle)

6 février (BF) Poésies allemandes, Klopstock, Goethe, Schiller, Burger (Bibliothèque choisie)

13 février 1830, Les Papillons (Mercure de France au XIXe siècle)

13 février 1830, Appel, par Koerner (1813) (Mercure de France au XIXe siècle)

13 mars 1830, L’Ombre de Koerner, par Uhland, 1816 (Mercure de France au XIXe siècle)

27 mars 1830, La Nuit du Nouvel an d’un malheureux, de Jean-Paul Richter (La Tribune romantique)

10 avril 1830, Le Dieu et la bayadère, nouvelle indienne par Goëthe (Mercure de France au XIXe siècle)

29 avril 1830, La Pipe, chanson traduite de l’allemand, de Pfeffel (La Tribune romantique)

13 mai 1830 Le Cabaret de la mère Saguet (Le Gastronome)

mai 1830, M. Jay et les pointus littéraires (La Tribune romantique)

17 juillet 1830, L’Éclipse de lune. Épisode fantastique par Jean-Paul Richter (Mercure de France au XIXe siècle)

juillet ? 1830, Récit des journées des 27-29 juillet (manuscrit autographe)

14 août 1830, Le Peuple (Mercure de France au XIXe siècle)

30 octobre 1830 (BF), Choix de poésies de Ronsard, Dubellay, Baïf, Belleau, Dubartas, Chassignet, Desportes, Régnier (Bibliothèque choisie)

11 décembre 1830, A Victor Hugo. Les Doctrinaires (Almanach des muses pour 1831)

29 décembre 1830, La Malade (Le Cabinet de lecture )

29 janvier 1831, Odelette, Le Vingt-cinq mars (Almanach dédié aux demoiselles)

14 mars 1831, En avant, marche! (Cabinet de lecture)

23 avril 1831, Bardit, traduit du haut-allemand (Mercure de France au XIXe siècle)

30 avril 1831, Le Bonheur de la maison par Jean-Paul Richter. Maria. Fragment (Mercure de France au XIXe siècle)

7 mai 1831, Profession de foi (Mercure de France au XIXe siècle)

25 juin et 9 juillet 1831, Nicolas Flamel, drame-chronique (Mercure de France au XIXe siècle)

17 et 24 septembre 1831, Les Aventures de la nuit de Saint-Sylvestre. Conte inédit d’Hoffmann (Mercure de France au XIXe siècle)

4 décembre 1831, Cour de prison, Le Soleil et la gloire (Le Cabinet de lecture)

17 décembre 1831, Odelettes. La Malade, Le Soleil et la Gloire, Le Réveil en voiture, Le Relais, Une Allée du Luxembourg, Notre-Dame-de-Paris (Almanach des muses)

17 décembre 1831, Fantaisie, odelette (Annales romantiques pour 1832)

24 septembre 1832, La Main de gloire, histoire macaronique (Le Cabinet de lecture)

14 décembre 1834, Odelettes (Annales romantiques pour 1835)

1835-1838 ? Lettres d’amour (manuscrits autographes)

26 mars et 20 juin 1836, De l’Aristocratie en France (Le Carrousel)

20 et 26 mars 1837, De l’avenir de la tragédie (La Charte de 1830)

12 août 1838, Les Bayadères à Paris (Le Messager)

18 septembre 1838, A M. B*** (Le Messager)

2 octobre 1838, La ville de Strasbourg. A M. B****** (Le Messager)

26 octobre 1838, Lettre de voyage. Bade (Le Messager)

31 octobre 1838, Lettre de voyage. Lichtenthal (Le Messager)

24 novembre 1838, Léo Burckart (manuscrit remis à la censure)

25, 26 et 28 juin 1839, Le Fort de Bitche. Souvenir de la Révolution française (Le Messager)

13 juillet 1839 (BF) Léo Burckart, chez Barba et Desessart

19 juillet 1839, « Le Mort-vivant », drame de M. de Chavagneux (La Presse)

15 et 16-17 août 1839, Les Deux rendez-vous, intermède (La Presse)

17 et 18 septembre 1839, Biographie singulière de Raoul Spifamme, seigneur des Granges (La Presse)

21 et 28 septembre 1839, Lettre VI, A Madame Martin (Lettres aux belles femmes de Paris et de la province)

28 janvier 1840, Lettre de voyage I (La Presse)

25 février 1840, Le Magnétiseur

5 mars 1840, Lettre de voyage II (La Presse)

8 mars 1840, Lettre sur Vienne (L’Artiste)

26 mars 1840, Lettre de voyage III (La Presse)

28 juin 1840, Lettre de voyage IV, Un jour à Munich (La Presse)

18 juillet 1840 (BF) Faust de Goëthe suivi du second Faust, chez Gosselin

26 juillet 1840, Allemagne du Nord - Paris à Francfort I (La Presse)

29 juillet, 1840, Allemagne du Nord - Paris à Francfort II (La Presse)

30 juillet 1840, Allemagne du Nord - Paris à Francfort III (La Presse)

11 février 1841, Une Journée à Liège (La Presse)

18 février 1841, L’Hiver à Bruxelles (La Presse)

1841 ? Première version d’Aurélia (feuillets autographes)

février-mars 1841, Lettre à Muffe, (sonnets, manuscrit autographe)

1841 ? La Tête armée (manuscrit autographe)

mars 1841, Généalogie dite fantastique (manuscrit autographe)

1er mars 1841, Jules Janin, Gérard de Nerval (Journal des Débats)

5 mars 1841, Lettre à Edmond Leclerc

7 mars 1841, Les Amours de Vienne (Revue de Paris)

31 mars 1841, Lettre à Auguste Cavé

11 avril 1841, Mémoires d’un Parisien. Sainte-Pélagie en 1832 (L’Artiste)

9 novembre 1841, Lettre à Ida Ferrier-Dumas

novembre? 1841, Lettre à Victor Loubens

10 juillet 1842, Les Vieilles ballades françaises (La Sylphide)

15 octobre 1842, Rêverie de Charles VI (La Sylphide)

24 décembre 1842, Un Roman à faire (La Sylphide)

19 et 26 mars 1843, Jemmy O’Dougherty (La Sylphide)

11 février 1844, Une Journée en Grèce (L’Artiste)

10 mars 1844, Le Roman tragique (L’Artiste)

17 mars 1844, Le Boulevard du Temple, 1re livraison (L’Artiste)

31 mars 1844, Le Christ aux oliviers (L’Artiste)

5 mai 1844, Le Boulevard du Temple 2e livraison (L’Artiste)

12 mai 1844, Le Boulevard du Temple, 3e livraison (L’Artiste)

2 juin 1844, Paradoxe et Vérité (L’Artiste)

30 juin 1844, Voyage à Cythère (L’Artiste)

28 juillet 1844, Une Lithographie mystique (L’Artiste)

11 août 1844, Voyage à Cythère III et IV (L’Artiste)

15 septembre, Diorama (L’Artiste-Revue de Paris)

29 septembre 1844, Pantaloon Stoomwerktuimaker (L’Artiste)

20 octobre 1844, Les Délices de la Hollande I (La Sylphide)

8 décembre 1844, Les Délices de la Hollande II (La Sylphide)

16 mars 1845, Pensée antique (L’Artiste)

19 avril 1845 (BF), Le Diable amoureux par J. Cazotte, préface de Nerval, chez Ganivet

1er juin 1845, Souvenirs de l’Archipel. Cérigo (L’Artiste-Revue de Paris)

6 juillet 1845, L’Illusion (L’Artiste-Revue de Paris)

5 octobre 1845, Strasbourg (L’Artiste-Revue de Paris)

novembre-décembre 1845, Le Temple d’Isis. Souvenir de Pompéi (La Phalange)

28 décembre 1845, Vers dorés (L’Artiste-Revue de Paris)

1er mars 1846, Sensations d’un voyageur enthousiaste I (L’Artiste-Revue de Paris)

15 mars 1846, Sensations d’un voyageur enthousiaste II (L’Artiste-Revue de Paris)

1er mai 1846, Les Femmes du Caire. Scènes de la vie égyptienne (Revue des Deux Mondes)

17 mai 1846, Sensations d’un voyageur enthousiaste III (L’Artiste-Revue de Paris)

1er juillet 1846, Les Femmes du Caire. Scènes de la vie égyptienne. Les Esclaves (Revue des Deux Mondes)

12 juillet 1846 Sensations d’un voyageur enthousiaste IV (L’Artiste-Revue de Paris)

16 août 1846, Un Tour dans le Nord. Angleterre et Flandre (L’Artiste-Revue de Paris)

30 août 1846, De Ramsgate à Anvers (L’Artiste-Revue de Paris)

15 septembre 1846, Les Femmes du Caire. Scènes de la vie égyptienne. Le Harem (Revue des Deux Mondes)

20 septembre 1846, Une Nuit à Londres (L’Artiste-Revue de Paris)

1er novembre 1846, Un Tour dans le Nord III (L’Artiste-Revue de Paris)

22 novembre 1846, Un Tour dans le Nord IV (L’Artiste-Revue de Paris)

15 décembre 1846, Scènes de la vie égyptienne moderne. La Cange du Nil (Revue des Deux Mondes)

1847, Scénario des deux premiers actes des Monténégrins

15 février 1847, La Santa-Barbara. Scènes de la vie orientale (Revue des Deux Mondes)

15 mai 1847, Les Maronites. Un Prince du Liban (Revue des Deux Mondes)

15 août 1847, Les Druses (Revue des Deux Mondes)

17 octobre 1847, Les Akkals (Revue des Deux Mondes)

21 novembre 1847, Souvenirs de l’Archipel. Les Moulins de Syra (L’Artiste-Revue de Paris)

15 juillet 1848, Les Poésies de Henri Heine (Revue des Deux Mondes)

15 septembre 1848, Les Poésies de Henri Heine, L’Intermezzo (Revue des Deux Mondes)

7 janvier-24 juin 1849, puis 2 septembre 1849-27 janvier 1850, Al-Kahira. Souvenirs d’Orient (La Silhouette)

1er-27 mars 1849, Le Marquis de Fayolle, 1re partie (Le Temps)

26 avril 16 mai 1849, Le Marquis de Fayolle, 2e partie (Le Temps)

6 octobre 1849, Le Diable rouge (Almanach cabalistique pour 1850)

3 novembre 1849 (BF), Le Diable vert, et Impression de voyage (Almanach satirique, chez Aubert, Martinon et Dumineray)

7 mars-19 avril 1850, Les Nuits du Ramazan (Le National)

15 août 1850, Les Confidences de Nicolas, 1re livraison (Revue des Deux Mondes)

26 août 1850, Le Faust du Gymnase (La Presse)

1er septembre 1850, Les Confidences de Nicolas, 2e livraison (Revue des Deux Mondes)

9 septembre 1850, Excursion rhénane (La Presse)

15 septembre 1850, Les Confidences de Nicolas, 3e livraison (Revue des Deux Mondes)

18 et 19 septembre 1850, Les Fêtes de Weimar (La Presse)

1er octobre 1850, Goethe et Herder (L’Artiste-Revue de Paris)

24 octobre-22 décembre 1850, Les Faux-Saulniers (Le National)

29 décembre 1850, Les Livres d’enfants, La Reine des poissons (Le National)

novembre 1851, Quintus Aucler (Revue de Paris)

24 janvier 1852 (BF), L’Imagier de Harlem, Librairie théâtrale

15 juin 1852, Les Fêtes de mai en Hollande (Revue des Deux Mondes)

1er juillet 1852, La Bohême galante I (L’Artiste)

15 juillet 1852, La Bohême galante II (L’Artiste)

1er août 1852, La Bohême galante III (L’Artiste)

15 août 1852, La Bohême galante IV (L’Artiste)

21 août 1852 (BF), Lorely. Souvenirs d’Allemagne, chez Giraud et Dagneau (Préface à Jules Janin)

1er septembre 1852, La Bohême galante V (L’Artiste)

15 septembre 1852, La Bohême galante VI (L’Artiste)

1er octobre 1852, La Bohême galante VII (L’Artiste)

9 octobre 1852, Les Nuits d’octobre, 1re livraison (L’Illustration)

15 octobre 1852, La Bohême galante VIII (L’Artiste)

23 octobre 1852, Les Nuits d’octobre, 2e livraison (L’Illustration)

30 octobre 1852, Les Nuits d’octobre, 3e livraison (L’Illustration)

1er novembre 1852, La Bohême galante IX (L’Artiste)

6 novembre 1852, Les Nuits d’octobre, 4e livraison (L’Illustration)

13 novembre 1852, Les Nuits d’octobre, 5e livraison (L’Illustration)

15 novembre 1852, La Bohême galante X (L’Artiste)

20 novembre 1852, Les Illuminés, chez Victor Lecou (« La Bibliothèque de mon oncle »)

1er décembre 1852, La Bohême galante XI (L’Artiste)

15 décembre 1852, La Bohême galante XII (L’Artiste)

1er janvier 1853 (BF), Petits Châteaux de Bohême. Prose et Poésie, chez Eugène Didier

15 août 1853, Sylvie. Souvenirs du Valois (Revue des Deux Mondes)

14 novembre 1853, Lettre à Alexandre Dumas

25 novembre 1853-octobre 1854, Lettres à Émile Blanche

10 décembre 1853, Alexandre Dumas, Causerie avec mes lecteurs (Le Mousquetaire)

17 décembre 1853, Octavie (Le Mousquetaire)

1853-1854, Le Comte de Saint-Germain (manuscrit autographe)

28 janvier 1854 (BF) Les Filles du feu, préface, Les Chimères, chez Daniel Giraud

31 octobre 1854, Pandora (Le Mousquetaire)

25 novembre 1854, Pandora, épreuves du Mousquetaire

Pandora, texte reconstitué par Jean Guillaume en 1968

Pandora, texte reconstitué par Jean Senelier en 1975

30 décembre 1854, Promenades et Souvenirs, 1re livraison (L’Illustration)

1854 ? Sydonie (manuscrit autographe)

1854? Emerance (manuscrit autographe)

1854? Promenades et Souvenirs (manuscrit autographe)

janvier 1855, Oeuvres complètes (manuscrit autographe)

1er janvier 1855, Aurélia ou le Rêve et la Vie (Revue de Paris)

6 janvier 1855, Promenades et Souvenirs, 2e livraison (L’Illustration)

3 février 1855, Promenades et Souvenirs, 3e livraison (L’Illustration)

15 février 1855, Aurélia ou Le Rêve et la Vie, seconde partie (Revue de Paris)

15 mars 1855, Desiderata (Revue de Paris)

1866, La Forêt noire, scénario

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BF: annonce dans la Bibliographie de la France

Manuscrit autographe: manuscrit non publié du vivant de Nerval

9 septembre 1850 — Excursion rhénane — Théâtres de Bruxelles, de Cologne et de Wiesbaden — Nouvelles de l’émigration — Faust à Francfort — La maison de Goëthe, dans La Presse, rubrique Théâtres, signé Gérard de Nerval

C’est en compagnie de Dumas que Nerval a découvert Francfort en 1838. Il dédie donc tout naturellement son article à son ex-compagnon de voyage. À noter que c’est au cours de ce séjour de septembre 1850 à Francfort que Nerval négligea d’acheter la fameuse Histoire de l’abbé de Bucquoy dont la quête à Paris fait l’objet du feuilleton des Faux Saulniers.

Quelques jours plus tôt, le 26 août, Nerval a publié dans La Presse un article de critique dramaturgique à propos de la représentation de Faust au théâtre du Gymnase qui avait été l'occasion d’un récapitulatif des diverses adaptations de la légende de Faust. Or à Francfort, il a l’occasion d’assister à une représentation du Faust « allemand » de Spohr.

L’article sera très partiellement repris dans Lorely. Souvenirs d’Allemagne, « Souvenirs de Thuringe » I, L’Opéra de Faust à Francfort ».

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THÉATRES.

EXCURSION RHÉNANE. — THÉÂTRES DE BRUXELLES, DE COLOGNE ET DE WIESBADEN. — NOUVELLES DE L’ÉMIGRATION. — FAUST À FRANCFORT. — LA MAISON DE GOËTHE.

Mon cher Dumas,

Je vais avec peine — et plaisir — vous rappeler des idées et des choses qui datent déjà de dix années. Nous étions à Francfort-sur-Mein, où nous avons écrit chacun un drame dans le goût allemand. J’y reviens seul aujourd’hui. — La Presse possède pour son Feuilleton deux rédacteurs cosmopolites qui, peu satisfaits du répertoire parisien, — au moins en temps d’été, — se sont mis dans l’esprit de poursuivre, l’un en Italie, l’autre en Allemagne, les productions nouvelles du théâtre contemporain.

Si Théophile Gautier n’a rien encore envoyé d’Italie, je serai en mesure de rendre compte aux lecteurs de la Presse de la situation dramatique des villes que je viens de traverser. A Bruxelles, le théâtre de la Monnaie faisait relâche pour les répétitions du Prophète. Le théâtre des Galeries de Saint-Hubert donnait quatre vaudevilles, — de l’un desquels j’étais sourdement coupable pour un tiers ; — je suis loin de m’en flatter. Je n’ai réclamé aucune ovation et je suis reparti pour Cologne, où l’on ne représentait rien, — du moins le soir où j’y suis arrivé.

La cathédrale est toujours imparfaite, quoique les bons Allemands fassent admirer la perfection des détails de ce qui est bâti. Elle ressemble à la Constitution germanique, qui n’est pas près non plus de son accomplissement. Mais les populations sont toujours bercées par l’espérance, — et c’est déjà beaucoup !

J’ai revu ces bords du Rhin (du Rhin où sont nos vignes !) et ces vieux châteaux édentés, que nous avons admirés ensemble. Puis, à Bieberich, le bateau à vapeur a déposé sur la berge une dizaine de pélerins légitimistes qu’un omnibus conduisait à Wiesbaden.

J’ai pris une voiture de retour qui m’a fait arriver avant eux. Cette fantaisie aristocratique m’a valu les coups de chapeau d’une foule d’habitans du duché de Nassau, qui me prenaient pour un prince. Cependant ce coup d’éclat ne représentait que 60 kreutzers.

On est prince à bon marché à Wiesbaden. Toute la ville est en fête à cause des louis que répand l’émigration française, — mais les Allemands sont si honnêtes, de toute façon, que le prix des subsistances n’a pas même augmenté.

En parcourant les longues allées de la promenade peuplée d’une foule brillante et cotoyée par des équipages nombreux, j’ai demandé en allemand où était la maison de conversation : — personne ne savait l’allemand. En me servant du français, j’ai été tout de suite compris.

J’espérais trouver, pour le soir, quelque représentation dont je pusse rendre compte ; mais les affiches n’annonçaient qu’un concert du jeune Raucheratz, âgé de dix ans, sous la coopération de Mlle Francizca. En me promenant dans la ville, je lisais partout le mot restauration. Ce terme de circonstance ne voulait pourtant dire autre chose que restaurant.

Je suis entré dans une restauration, et l’on m’a dit : « Voulez-vous être à la table d’hôte des blancs ? » J’ai demandé à réfléchir. L’hôtelier a ajouté : « Nous avons une autre table pour les rouges. » N’admirez-vous pas cette question en partie double !

Toujours prudent, en voyage, j’ai fini par me faire servir à part, et à la carte. L’hôtelier m’a dit : « Vous avez raison. » Et lui-même avait aussi ses raisons !

Pardon, mon cher Dumas ! — je vous écris un peu à la manière allemande, mais je ne puis faire autrement. Dès que je prends pied de l’autre côté du Rhin, je fredonne aussitôt le tirily joyeux que chantait Henri Heine en voyant l’Italie, — et j’oublie un peu le français, bien que je ne sache pas beaucoup l’allemand.

J’ai appris cette langue, comme on étudie une langue savante, — en commençant par les racines, par le haut-allemand et le vieux dialecte souabe. De sorte que je ressemble ici à ces professeurs de chinois ou de thibétain que l’on a la malice de mettre en rapport avec des naturels de ce pays..... Peut-être pourrais-je prouver à tel Allemand que je sais sa langue mieux que lui, — mais rien ne me serait plus difficile que de le lui démontrer dans sa langue.

J’ai donc demandé à l’hôte, avec beaucoup de peine, quels étaient les spectacles de Wiesbaden, autres que le concert de l’enfant de 10 ans. — « Vous avez encore, me dit-il, les singes » (die Affen). — Mais que joue-t-on au théâtre Grand-Ducal ? — Au Grand-Théâtre, vous avez l’exposition de l’industrie du duché de Nassau… »

Imaginez, mon cher Dumas, la déception d’un feuilletoniste qui cherche à tout prix une pièce à analyser, des acteurs à critiquer, et qui se voit réduit à rendre compte d’une exposition de l’industrie.

On prend son billet au bureau, moyennant 12 kreutzers. — Il y a d’abord, dans le foyer des acteurs, une salle de machines, des charrues, des métiers, une presse à bras et une presse mécanique..., puis des coffres-forts : — il paraît qu’on a de l’argent dans ce pays-là.

On arrive ensuite au grand foyer. Première salle : jardinières, poterie, savons et boîtes. J’y ai remarqué principalement un poêle monumental, élevé à la mémoire de trois poètes et surmonté par la figure gracieuse de Thalie.

Voilà de ces idées dont il faut se garder de sourire ; — les Allemands ont chez eux des figures de Dieux et de grands hommes multipliés comme les lares des Romains ; — c’est le poêle, généralement, qui, dans ses détails, représente ce culte inoffensif. — Il en est d’immenses, comme au château de Rastadt, où l’on admire tout l’Olympe en porcelaine de Saxe, avec les poètes du temps, qu’Apollon aide à gravir la montagne divine. — Ce poêle vaut simplement cent mille florins.

On voit aussi là une pendule à sonnerie, commandée par le sultan. C’est le carillon de Dunkerque en petit. J’ai eu le malheur d’entendre sonner midi dans cette salle, consacrée principalement à l’horlogerie. Depuis la pendule à colonnes importée de Paris, jusqu’au simple coucou de la forêt Noire, — en passant par les mille combinaisons des inventeurs secondaires, — on entendait résonner toutes les harmonies possibles de l’acier frappant sur l’airain. Je me suis enfui vers la salle consacrée aux cuirs.

C’est là le triomphe de l’industrie de Nassau. La sellerie offre de beaux échantillons de harnachemens, dont pourront profiter nos modernes chevaliers. — On fabrique aussi, à Wiesbaden, des meubles en laque de Chine, dont les amateurs feront bien de se méfier. C’est presque du Chinois pur. — J’ai remarqué aussi des lyres perfectionnées, des pipes en corne de cerf et des oiseaux imités en cire. — Quelques pianos reproduisent dans la dernière salle, sous les doigts des personnes chargées de les vendre, l’effet des pendules qu’on avait entendues en entrant.

Je me suis rendu, au sortir de cette exposition dramatique, à la maison de Conversation, située au fond d’une place entourée de galeries, — où l’on étale d’autres produits commerciaux vendus généralement par des jeunes filles coiffées du chapeau tyrolien. On entre ensuite au cabinet de lecture ; là, j’ai trouvé les journaux français qui avaient paru l’avant-veille de mon départ.

« Le jeu est fait, rien ne va plus ! » telle est la phrase que j’ai entendue dans les salons. — Je me suis échappé à travers les jardins, qui, du reste, sont délicieux.

Au café du Kursaal, on m’a dit que le prince avait l’habitude de parcourir en calèche, à sept heures, les allées de la promenade. mais il commençait à pleuvoir, et, craignant de ne pas jouir du seul spectacle encore possible à Wiesbaden, celui de la légitimité passant en revue ses derniers fidèles, j’ai pris le chemin de fer de Francfort, espérant arriver à temps pour la représentation du grand théâtre.

Et savez-vous, mon cher Dumas, ce qu’on jouait au grand théâtre ? — On jouait Faust, avec la musique de Spohr. Il m’a paru curieux de comparer cette représentation avec celle du Gymnase, dont j’ai rendu compte il y a huit jours. Malheureusement j’arrivais un peu tard ; il était huit heures, et ici le spectacle finit à neuf. Vous rappelez-vous cette grande salle, située au bout des allées de la promenade, et où nous avons vu représenter Griseldis, dans la loge de la famille Rothschild ?... C’était beau, n’est-ce pas, cette pièce héroïque, qui a été en Allemagne le dernier soupir de la tragédie ? Et quelle émotion l’actrice inspirait, même à ceux qui ne comprenaient pas la langue ; — et quel drame populaire que celui-là, dans lequel une reine est obligée, au dénoûment, de demander pardon à la fille d’un charbonnier !

La salle, cette fois, était garnie d’une foule plus compacte et plus brillante que celle que nous avions vu assister à Griseldis. C’est qu’ici comme partout la musique exerce l’attraction principale. La salle est fraîchement restaurée, jaune et or, — et l’on voit toujours au-dessus du rideau cette horloge qui, continuellement, indique l’heure aux spectateurs : attention toute germanique.

Lorsque j’entrai, on en était à cette scène de bal où l’on danse une sarabande dans laquelle chacun tient un flambeau à la main ; rien n’est plus gracieux et plus saisissant. Chaque couple s’éloigne ensuite et disparaît tour à tour dans la coulisse, et le nombre des flambeaux diminuant ainsi, amène peu à peu l’obscurité, image de la mort. — Puis le tam-tam résonne et le diable paraît.

Quelle entrée ! Alors éclate un chant de basse moitié mélancolique et moitié sauvage, tour à tour énergique et chevrottant, avec des modulations finales dans le goût du dix-huitième siècle, qu’interrompent des accords stridens. L’acteur a laissé quelque chose à désirer dans l’exécution de ce morceau, développé à la manière de l’air de la Calomnie. La musique de Spohr rappelle beaucoup celle de Mozart. — Ayez soin, si jamais vous mettez à la scène un Faust, comme je crois que vous en avez l’intention, de faire le diable très rouge de figure ; c’est ainsi qu’on le représente en Allemagne, et cela est d’un bon effet.

Ensuite, j’admirai la facilité des changemens à vue : une toile qui tombe et deux pans de coulisse qui avancent, voilà tout : excepté dans les décorations compliquées. Nous étions tout à l’heure dans un palais, nous voilà dans une rue ; puis voici la campagne éclairée des feux du soir. Faust roucoule son amour à la blonde enfant qu’il aime, et le diable ricane dans le fond, avec une ariette de vieux buveur.

Nous passons à une salle gothique : quatuor magnifique qui finit par devenir un quintette. — Toute la salle éclate de rire. Qu’est-ce donc ? C’est le diable qui vient d’entrer avec un costume de jésuite ; — la ville protestante de Francfort se permet cette allusion irrévérente. Le visage rouge du diable se découpe comme un as de cœur entre la souquenille et le chapeau noirs. Mais ce n’est plus le temps de rire ; — l’heure sonne au cadran du ciel ; Méphistophélès fait un signe ; — un démon entièrement rouge sort de la terre et pose la main sur Faust : — le diable de la pièce est trop grand seigneur pour l’emporter lui-même. Puis l’œil plonge dans les cavernes souterraines ; une pluie de fusées tombe du cintre... et le spectacle est terminé... à neuf heures. Un théâtre qui a une horloge est un théâtre consciencieux. Aussitôt que la représentation dépasse l’heure de quelques minutes, on siffle. Je vous recommande aussi cela comme amélioration à introduire chez nous.

Il y a encore à Francfort un autre théâtre qu’on appelle Théâtre d’Été ; on y jouait, ce jour-là même, une pièce en deux actes sur la jeunesse de Voltaire. L’affiche annonce que les spectateurs sont à couvert contre le soleil et la pluie, ce qui indique que c’est une sorte de théâtre forain.

Mais assez de spectacle pour aujourd’hui. Je viens de voir sur cette même place du théâtre, au milieu des arbres, un monument qui n’existait pas lorsque nous nous trouvions ici ensemble : — la statue colossale de Goëthe, par Schwanthaler.

La place aussi s’appelle aujourd’hui Goëthe-Platz. — Francfort n’a dans ses murs que deux statues, celle de Goëthe et celle de Charlemagne. La première en bronze, l’autre en pierre rouge du Rhin.

Goëthe a été représenté dans l’attitude de la méditation, appuyé du coude sur un tronc de chêne autour duquel s’enlace une vigne. La composition est fort belle ainsi que celle des bas-reliefs qui entourent le piédestal. On voit sur la face du devant trois figures, qui représentent la Tragédie, la Philosophie et la Poésie ; sur les autres côtés les principales scènes de ses drames, de ses poèmes et de ses romans. Werther et Mignon occupent une face entière, l’un ayant au bras Charlotte, l’autre accompagnée du vieux joueur de harpe.

Après avoir admiré la statue, je suis allé revoir la maison de la rue du Marché-aux-herbes, où le poète est né il y a juste cent-un ans. J’ai retrouvé cette même plaque de marbre où nous avions lu, et qui porte qu’il était né dans cette maison le 28 août (august, en allemand) 1749. Au dessus de la grande porte, on voit toujours l’écusson armorié, dont le champ d’azur, par un singulier hasard, porte une bande semée de trois lyres d’or.

Je suis entré dans la maison, et j’ai pu voir encore la chambre du poète, avec sa petite table, ses chaises couvertes de vieux velours d’Utrecht, ses collections d’oiseaux, et le cadre où il a lui-même placé en évidence son brevet de président de la société minéralogique de Francfort, dont il s’honorait plus que de tous ses autres titres. En regardant du haut de ce troisième étage, qui donne à gauche sur une cour étroite, et à droite sur quelques toits entremêlés d’arbres, mais presque sans horizon, on comprend cette phrase de Faust :

« Et c’est là ton monde... Et cela s’appelle un monde ! »

GÉRARD DE NERVAL.

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