TEXTES
1824, Poésies diverses (manuscrit autographe)
1824, L’Enterrement de la Quotidienne (manuscrit autographe)
1824, Poésies et poèmes (manuscrit autographe)
1825, « Pour la biographie des biographes » (manuscrit autographe)
15 février 1826 (BF), Napoléon et la France guerrière, chez Ladvocat
6 mai 1826 (BF), Complainte sur l’immortalité de M. Briffaut, par Cadet Roussel, chez Touquet
6 mai 1826 (BF), Monsieur Dentscourt ou le Cuisinier d’un grand homme, chez Touquet
20 mai 1826 (BF), Les Hauts faits des Jésuites, par Beuglant, chez Touquet
12 août 1826 (BF), Épître à M. de Villèle (Mercure de France du XIXe siècle)
11 novembre 1826 (BF), Napoléon et Talma, chez Touquet
13 et 30 décembre 1826 (BF), L’Académie ou les membres introuvables, par Gérard, chez Touquet
16 mai 1827 (BF), Élégies nationales et Satires politiques, par Gérard, chez Touquet
29 juin 1827, La dernière scène de Faust (Mercure de France au XIXe siècle)
28 novembre 1827 (BF), Faust, tragédie de Goëthe, 1828, chez Dondey-Dupré
15 décembre 1827, A Auguste H…Y (Almanach des muses pour 1828)
1828? Faust (manuscrit autographe)
1828? Le Nouveau genre (manuscrit autographe)
mai 1829, Lénore. Ballade allemande imitée de Bürger (La Psyché)
août 1829, Le Plongeur. Ballade, (La Psyché)
octobre 1829, A Schmied. Ode de Klopstock (La Psyché)
24 octobre 1829, Robert et Clairette. Ballade allemande de Tiedge (Mercure de France au XIXe siècle)
21 novembre 1829, Chant de l’épée. Traduit de Korner (Mercure de France au XIXe siècle)
19 décembre 1829, Lénore. Traduction littérale de Bürger (Mercure de France au XIXe siècle)
janvier 1830, La Lénore de Bürger, nouvelle traduction littérale (La Psyché)
16 janvier 1830, Ma Patrie, de Klopstock (Mercure de France au XIXe siècle)
23 janvier 1830, Légende, par Goethe (Mercure de France au XIXe siècle)
6 février (BF) Poésies allemandes, Klopstock, Goethe, Schiller, Burger (Bibliothèque choisie)
13 février 1830, Les Papillons (Mercure de France au XIXe siècle)
13 février 1830, Appel, par Koerner (1813) (Mercure de France au XIXe siècle)
13 mars 1830, L’Ombre de Koerner, par Uhland, 1816 (Mercure de France au XIXe siècle)
27 mars 1830, La Nuit du Nouvel an d’un malheureux, de Jean-Paul Richter (La Tribune romantique)
29 avril 1830, La Pipe, chanson traduite de l’allemand, de Pfeffel (La Tribune romantique)
13 mai 1830 Le Cabaret de la mère Saguet (Le Gastronome)
mai 1830, M. Jay et les pointus littéraires (La Tribune romantique)
juillet ? 1830, Récit des journées des 27-29 juillet (manuscrit autographe)
14 août 1830, Le Peuple (Mercure de France au XIXe siècle)
11 décembre 1830, A Victor Hugo. Les Doctrinaires (Almanach des muses pour 1831)
29 décembre 1830, La Malade (Le Cabinet de lecture )
29 janvier 1831, Odelette, Le Vingt-cinq mars (Almanach dédié aux demoiselles)
14 mars 1831, En avant, marche! (Cabinet de lecture)
23 avril 1831, Bardit, traduit du haut-allemand (Mercure de France au XIXe siècle)
7 mai 1831, Profession de foi (Mercure de France au XIXe siècle)
25 juin et 9 juillet 1831, Nicolas Flamel, drame-chronique (Mercure de France au XIXe siècle)
4 décembre 1831, Cour de prison, Le Soleil et la gloire (Le Cabinet de lecture)
17 décembre 1831, Fantaisie, odelette (Annales romantiques pour 1832)
24 septembre 1832, La Main de gloire, histoire macaronique (Le Cabinet de lecture)
14 décembre 1834, Odelettes (Annales romantiques pour 1835)
1835-1838 ? Lettres d’amour (manuscrits autographes)
26 mars et 20 juin 1836, De l’Aristocratie en France (Le Carrousel)
20 et 26 mars 1837, De l’avenir de la tragédie (La Charte de 1830)
12 août 1838, Les Bayadères à Paris (Le Messager)
18 septembre 1838, A M. B*** (Le Messager)
2 octobre 1838, La ville de Strasbourg. A M. B****** (Le Messager)
26 octobre 1838, Lettre de voyage. Bade (Le Messager)
31 octobre 1838, Lettre de voyage. Lichtenthal (Le Messager)
24 novembre 1838, Léo Burckart (manuscrit remis à la censure)
25, 26 et 28 juin 1839, Le Fort de Bitche. Souvenir de la Révolution française (Le Messager)
13 juillet 1839 (BF) Léo Burckart, chez Barba et Desessart
19 juillet 1839, « Le Mort-vivant », drame de M. de Chavagneux (La Presse)
15 et 16-17 août 1839, Les Deux rendez-vous, intermède (La Presse)
17 et 18 septembre 1839, Biographie singulière de Raoul Spifamme, seigneur des Granges (La Presse)
28 janvier 1840, Lettre de voyage I (La Presse)
25 février 1840, Le Magnétiseur
5 mars 1840, Lettre de voyage II (La Presse)
8 mars 1840, Lettre sur Vienne (L’Artiste)
26 mars 1840, Lettre de voyage III (La Presse)
28 juin 1840, Lettre de voyage IV, Un jour à Munich (La Presse)
18 juillet 1840 (BF) Faust de Goëthe suivi du second Faust, chez Gosselin
26 juillet 1840, Allemagne du Nord - Paris à Francfort I (La Presse)
29 juillet, 1840, Allemagne du Nord - Paris à Francfort II (La Presse)
30 juillet 1840, Allemagne du Nord - Paris à Francfort III (La Presse)
11 février 1841, Une Journée à Liège (La Presse)
18 février 1841, L’Hiver à Bruxelles (La Presse)
1841 ? Première version d’Aurélia (feuillets autographes)
février-mars 1841, Lettre à Muffe, (sonnets, manuscrit autographe)
1841 ? La Tête armée (manuscrit autographe)
mars 1841, Généalogie dite fantastique (manuscrit autographe)
1er mars 1841, Jules Janin, Gérard de Nerval (Journal des Débats)
5 mars 1841, Lettre à Edmond Leclerc
7 mars 1841, Les Amours de Vienne (Revue de Paris)
31 mars 1841, Lettre à Auguste Cavé
11 avril 1841, Mémoires d’un Parisien. Sainte-Pélagie en 1832 (L’Artiste)
9 novembre 1841, Lettre à Ida Ferrier-Dumas
novembre? 1841, Lettre à Victor Loubens
10 juillet 1842, Les Vieilles ballades françaises (La Sylphide)
15 octobre 1842, Rêverie de Charles VI (La Sylphide)
24 décembre 1842, Un Roman à faire (La Sylphide)
19 et 26 mars 1843, Jemmy O’Dougherty (La Sylphide)
11 février 1844, Une Journée en Grèce (L’Artiste)
10 mars 1844, Le Roman tragique (L’Artiste)
17 mars 1844, Le Boulevard du Temple, 1re livraison (L’Artiste)
31 mars 1844, Le Christ aux oliviers (L’Artiste)
5 mai 1844, Le Boulevard du Temple 2e livraison (L’Artiste)
12 mai 1844, Le Boulevard du Temple, 3e livraison (L’Artiste)
2 juin 1844, Paradoxe et Vérité (L’Artiste)
30 juin 1844, Voyage à Cythère (L’Artiste)
28 juillet 1844, Une Lithographie mystique (L’Artiste)
11 août 1844, Voyage à Cythère III et IV (L’Artiste)
15 septembre, Diorama (L’Artiste-Revue de Paris)
29 septembre 1844, Pantaloon Stoomwerktuimaker (L’Artiste)
20 octobre 1844, Les Délices de la Hollande I (La Sylphide)
8 décembre 1844, Les Délices de la Hollande II (La Sylphide)
16 mars 1845, Pensée antique (L’Artiste)
19 avril 1845 (BF), Le Diable amoureux par J. Cazotte, préface de Nerval, chez Ganivet
1er juin 1845, Souvenirs de l’Archipel. Cérigo (L’Artiste-Revue de Paris)
6 juillet 1845, L’Illusion (L’Artiste-Revue de Paris)
5 octobre 1845, Strasbourg (L’Artiste-Revue de Paris)
novembre-décembre 1845, Le Temple d’Isis. Souvenir de Pompéi (La Phalange)
28 décembre 1845, Vers dorés (L’Artiste-Revue de Paris)
1er mars 1846, Sensations d’un voyageur enthousiaste I (L’Artiste-Revue de Paris)
15 mars 1846, Sensations d’un voyageur enthousiaste II (L’Artiste-Revue de Paris)
1er mai 1846, Les Femmes du Caire. Scènes de la vie égyptienne (Revue des Deux Mondes)
17 mai 1846, Sensations d’un voyageur enthousiaste III (L’Artiste-Revue de Paris)
12 juillet 1846 Sensations d’un voyageur enthousiaste IV (L’Artiste-Revue de Paris)
16 août 1846, Un Tour dans le Nord. Angleterre et Flandre (L’Artiste-Revue de Paris)
30 août 1846, De Ramsgate à Anvers (L’Artiste-Revue de Paris)
20 septembre 1846, Une Nuit à Londres (L’Artiste-Revue de Paris)
1er novembre 1846, Un Tour dans le Nord III (L’Artiste-Revue de Paris)
22 novembre 1846, Un Tour dans le Nord IV (L’Artiste-Revue de Paris)
15 décembre 1846, Scènes de la vie égyptienne moderne. La Cange du Nil (Revue des Deux Mondes)
1847, Scénario des deux premiers actes des Monténégrins
15 février 1847, La Santa-Barbara. Scènes de la vie orientale (Revue des Deux Mondes)
15 mai 1847, Les Maronites. Un Prince du Liban (Revue des Deux Mondes)
15 août 1847, Les Druses (Revue des Deux Mondes)
17 octobre 1847, Les Akkals (Revue des Deux Mondes)
21 novembre 1847, Souvenirs de l’Archipel. Les Moulins de Syra (L’Artiste-Revue de Paris)
15 juillet 1848, Les Poésies de Henri Heine (Revue des Deux Mondes)
15 septembre 1848, Les Poésies de Henri Heine, L’Intermezzo (Revue des Deux Mondes)
1er-27 mars 1849, Le Marquis de Fayolle, 1re partie (Le Temps)
26 avril 16 mai 1849, Le Marquis de Fayolle, 2e partie (Le Temps)
6 octobre 1849, Le Diable rouge (Almanach cabalistique pour 1850)
7 mars-19 avril 1850, Les Nuits du Ramazan (Le National)
15 août 1850, Les Confidences de Nicolas, 1re livraison (Revue des Deux Mondes)
26 août 1850, Le Faust du Gymnase (La Presse)
1er septembre 1850, Les Confidences de Nicolas, 2e livraison (Revue des Deux Mondes)
9 septembre 1850, Excursion rhénane (La Presse)
15 septembre 1850, Les Confidences de Nicolas, 3e livraison (Revue des Deux Mondes)
18 et 19 septembre 1850, Les Fêtes de Weimar (La Presse)
1er octobre 1850, Goethe et Herder (L’Artiste-Revue de Paris)
24 octobre-22 décembre 1850, Les Faux-Saulniers (Le National)
29 décembre 1850, Les Livres d’enfants, La Reine des poissons (Le National)
novembre 1851, Quintus Aucler (Revue de Paris)
24 janvier 1852 (BF), L’Imagier de Harlem, Librairie théâtrale
15 juin 1852, Les Fêtes de mai en Hollande (Revue des Deux Mondes)
1er juillet 1852, La Bohême galante I (L’Artiste)
15 juillet 1852, La Bohême galante II (L’Artiste)
1er août 1852, La Bohême galante III (L’Artiste)
15 août 1852, La Bohême galante IV (L’Artiste)
21 août 1852 (BF), Lorely. Souvenirs d’Allemagne, chez Giraud et Dagneau (Préface à Jules Janin)
1er septembre 1852, La Bohême galante V (L’Artiste)
15 septembre 1852, La Bohême galante VI (L’Artiste)
1er octobre 1852, La Bohême galante VII (L’Artiste)
9 octobre 1852, Les Nuits d’octobre, 1re livraison (L’Illustration)
15 octobre 1852, La Bohême galante VIII (L’Artiste)
23 octobre 1852, Les Nuits d’octobre, 2e livraison (L’Illustration)
30 octobre 1852, Les Nuits d’octobre, 3e livraison (L’Illustration)
1er novembre 1852, La Bohême galante IX (L’Artiste)
6 novembre 1852, Les Nuits d’octobre, 4e livraison (L’Illustration)
13 novembre 1852, Les Nuits d’octobre, 5e livraison (L’Illustration)
15 novembre 1852, La Bohême galante X (L’Artiste)
20 novembre 1852, Les Illuminés, chez Victor Lecou (« La Bibliothèque de mon oncle »)
1er décembre 1852, La Bohême galante XI (L’Artiste)
15 décembre 1852, La Bohême galante XII (L’Artiste)
1er janvier 1853 (BF), Petits Châteaux de Bohême. Prose et Poésie, chez Eugène Didier
15 août 1853, Sylvie. Souvenirs du Valois (Revue des Deux Mondes)
14 novembre 1853, Lettre à Alexandre Dumas
25 novembre 1853-octobre 1854, Lettres à Émile Blanche
10 décembre 1853, Alexandre Dumas, Causerie avec mes lecteurs (Le Mousquetaire)
17 décembre 1853, Octavie (Le Mousquetaire)
1853-1854, Le Comte de Saint-Germain (manuscrit autographe)
28 janvier 1854 (BF) Les Filles du feu, préface, Les Chimères, chez Daniel Giraud
31 octobre 1854, Pandora (Le Mousquetaire)
25 novembre 1854, Pandora, épreuves du Mousquetaire
Pandora, texte reconstitué par Jean Guillaume en 1968
Pandora, texte reconstitué par Jean Senelier en 1975
30 décembre 1854, Promenades et Souvenirs, 1re livraison (L’Illustration)
1854 ? Sydonie (manuscrit autographe)
1854? Emerance (manuscrit autographe)
1854? Promenades et Souvenirs (manuscrit autographe)
janvier 1855, Oeuvres complètes (manuscrit autographe)
1er janvier 1855, Aurélia ou le Rêve et la Vie (Revue de Paris)
6 janvier 1855, Promenades et Souvenirs, 2e livraison (L’Illustration)
3 février 1855, Promenades et Souvenirs, 3e livraison (L’Illustration)
15 février 1855, Aurélia ou Le Rêve et la Vie, seconde partie (Revue de Paris)
15 mars 1855, Desiderata (Revue de Paris)
1866, La Forêt noire, scénario
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BF: annonce dans la Bibliographie de la France
Manuscrit autographe: manuscrit non publié du vivant de Nerval
Mai 1830 — M. Jay et les pointus littéraires, dans La Tribune romantique, continuation de La Psyché, p. 251-255, signé Gérard
Nerval défend ici, avec le même enthousiasme qu’il a mis naguère à le brocarder, le « nouveau genre » romantique. Il a du reste pris une part active en février à la bataille d’Hernani. Gautier se souvient : « Gérard était chargé de recruter des jeunes gens pour cette soirée qui menaçait d’être si orageuse et soulevait d’avance tant d’animosité. Il avait dans ses poches [...] une liasse de petits carrés de papier rouge timbrés d’une griffe mystérieuse inscrivant au coin du billet le mot espagnol : hierro, voulant dire fer [...] Nous ne croyons pas avoir éprouvé de joie plus vive en notre vie que lorsque Gérard, détachant du paquet six carrés de papier rouge, nous les tendit d’un air solennel, en nous recommandant de n’amener que des hommes sûrs... ». Renouant avec l’esprit satirique qui animait L’Enterrement de la Quotidienne en 1824, Nerval prend pour cible le journal conservateur Le Constitutionnel, dont M. Jay est le rédacteur. M. Jay était également député à la Chambre, nommé « l’oiseau Jay » dans Nos adieux à la Chambre des députés de 1830, texte satirique du « père Gérard », que Georges Bell attribue d’ailleurs à Nerval, qui explique le qualificatif « pointus » par cette note : « Ce parti ainsi nommé par le Journal des Débats parce qu’il faisait une pointe du côté droit, avait pour chef M. de la Bourdonnaie. »
Ce « 1er article » ne fut suivi d'aucun second.
Voir la notice LA CAMARADERIE DU PETIT CÉNACLE.
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M. JAY ET LES POINTUS LITTÉRAIRES.
(1er article)
Ho ! M. Jay, que vous êtes cruel ! c’est bien mal à vous, M. Jay, de battre des gens à terre, de vous acharner sur des malheureux tout froissés de deux chutes récentes, et de jeter sur leurs corps un livre assommant.... Je veux dire lourd.... sans doute une pierre funèbre, à votre avis.
Que vous ont-ils fait, M. Jay ? qu’y a-t-il entre eux et vous ? Que M. Jouy, qui est l’héritier de Voltaire ; que M. Ancelot, qui est celui de Racine, se croient offensés et molestés ; qu’ils s’écrient d’une voix superbe : Hors d’ici, jeunes barbes ! nous avons fait Britannicus, et Phèdre, et Iphigénie ; nous avons fait Zaïre et Mérope, et vous voulez nous opposer vos essais informes et gothiques, qui ne blessent pas moins le goût... que nos intérêts ! — On supportera cela d’eux, on le comprendra : mais vous, M. Jay, je ne sache pas que vous ayez jamais travaillé pour le théâtre ; vous êtes, voilà tout, rédacteur du Constitutionnel, où tous les jours vous combattez les saines doctrines de la contre-révolution et de l’église, et voici qu’aujourd’hui vous allez guerroyer en faveur des saines doctrines d’Aristote !
Vous avez fait, monsieur, un livre de 430 pages, dans lequel vous nous couvrez de ridicule ; vous avez appuyé ce livre de plusieurs articles de journal où vous assurez qu’il est très-spirituel et très-fort..... — Le caissier du Constitutionnel a gémi seul de voir tant de colonnes qui ne rapportaient rien, lui qui n’estime de littérature que celle à 1 fr. 50 c. la ligne de cinquante lettres... — Et cependant nous voici décriés et vilipendés à tout jamais ; de sorte que tous vos abonnés rient de nous à gorge déployée, et que nous n’oserons plus nous montrer de long-temps...
Nous aurons tort : mieux vaudrait rire comme les autres... car si nous voulions envisager tout cela d’un œil sérieux, il y aurait matière à bien de l’indignation ou à bien de la pitié : il serait plus que curieux de rechercher la cause de tant de haines, d’injustices et d’envies qui viennent de se lever comme des reptiles sous des pas triomphans... de se demander quelle commune offense, ou quel intérêt commun a réuni tant d’hommes de caractère et d’opinion différens... proh pudor ! qui jamais se fût attendu à voir les écrivains du Constitutionnel donner la main à ceux de La Gazette.... la main nue !
On conçoit à la rigueur que des hommes qui s’occupent habituellement de politique sévère et de calculs arides, ne prêtent plus à la vraie poésie, aux productions de l’âme plutôt que de l’esprit, qu’un goût défleuri, qu’un cœur de vieillard prévenu et dégoûté ; mais alors pourquoi voit-on tant de haine assidue, tant de rouge colère, où l’on ne s’était attendu peut-être qu’à du dédain et de l’indifférence ?..... Faut-il donc s’en plaindre ou s’en glorifier ?
J’aime mieux supposer aux écrivains de certaines grandes feuilles un motif honorable : la littérature moderne fait plus de bruit qu’ils ne veulent ; ils craignent qu’elle ne s’empare à un trop haut degré de l’attention publique, et ne détache les yeux de l’horizon politique qui s’obscurcit.
Il leur faut à eux une littérature tranquille, qu’on dirige comme on veut, et dont on ne parle que pour mémoire : — Une continuation de celle de l’Empire ; temps où tous les génies, tous les talens étaient contraints, sous peine de mort, à ne point dépasser de taille l’épée du conquérant, et à marcher derrière lui, dans son ombre, sans en sortir jamais. — Pourquoi donc, disent-ils, les Hugo, les Sainte-Beuve, les Dumas ?... Nous avions déjà Jouy, Viennet, Étienne, etc., c’était déjà bien assez pour notre consommation ; leur poésie servait même en quelque sorte à deux fins : l’un faisait des satires qui n’étaient que de vrais articles de journaux rimés ; l’autre, des tragédies avec force allusions qui produisaient aussi bien de l’effet sur l’esprit public !... — Ce sont de terribles gens que ceux qui s’occupent d’une spécialité ; ils veulent y rapporter tout, et, sans doute, rien n’est capable de leur faire entendre raison sur ce point.
Certes, M. Jay ne convertira personne ; mais j’estime qu’il serait aussi impossible de le convertir lui-même. — On sait que les classiques les plus renforcés nous ont déjà fait un grand nombre de concessions : ainsi on n’est plus à batailler pour les unités, ni pour le mélange du comique et du tragique et ces questions sont déjà dépassées de beaucoup : mais M. Jay n’en est pas là ; oh non ! on croirait vraiment que, s’étant endormi à l’orchestre des Français le jour de l’honorable succès de Julien dans les Gaules, il ne s’est réveillé qu’à la première représentation d’Hernani ; la transition n’était pas supportable. Voilà qu’au lieu du beau langage, du style soigné de son illustre ami, M. Jay entend avec effroi le vers à enjambement et à césure mobile ; le dialogue familier achève de le mettre hors de lui... mais au vieillard stupide ! il n’y peut plus tenir, et nous l’entendons qui crie à l’abomination et à la désolation... « la vieillesse n’est même pas respectée !... la scène française est ouverte au vandalisme littéraire ! elle est menacée d’une décadence complète... les bustes de Voltaire et de Racine ont été en butte à d’ignobles outrages ! (M. Jay a vu cela dans les caricatures.) Le moment est venu de protester contre une telle dégradation ! Le silence des amis de la gloire nationale serait une lâcheté..... du moins je n’en serai pas complice : je donne le signal ! »
Pan ! pan ! le coup part, un nuage de poudre s’élève... voyez donc ce que c’est : — En honneur, c’est encore une perruque !... mais je suis loin de plaisanter. — S’il est quelque forme usée et décrépite, c’est celle du livre de M. Jay ; s’il est quelque argument qui traîne sous les bancs d’une classe, quelque quolibet honteux et montrant la corde, vous les retrouverez dans le livre de M. Jay. — Et puis, que voici des armes loyales, des paroles de bonne foi !... c’est une critique bien neuve et bien malaisée que celle qui consiste à isoler des phrases incomplètes, à détacher des vers qui sont bien où ils sont, mais qui seuls présentent un sens bizarre et puis à s’écrier en triomphe : Voilà ces ouvrages que l’on vante et que l’on admire !... nous citons encore le meilleur ! — Cela me rappelle ce trait d’un peintre étranger qui, lassé d’entendre répéter sans cesse que Paris est une belle ville, y fait un voyage ; puis se met à dessiner les rues les plus pauvres, les maisons les plus ordinaires... De retour dans son pays, il ouvre son album à ses compatriotes, et leur dit : voilà Paris !
Qu’il y a loin d’une telle critique à celle qu’affectionne l’École nouvelle ; critique large et féconde, au regard de laquelle il n’est point de défaut si considérable qu’une véritable beauté ne puisse faire oublier, mais aussi pour qui rien ne peut compenser le manque de beautés.
Est-il donc vrai qu’il soit des gens à qui la moindre tache, la moindre incorrection empoisonne le sentiment des choses les plus sublimes, sybarites qui ne peuvent souffrir le pli d’une feuille de rose ; ces gens-là calculent ainsi : il y a dans cet ouvrage tant de beaux vers, mais il y en a tant de mauvais ; le nombre des mauvais dépasse celui des bons de tant ; donc l’ouvrage est détestable.
Or, je suis un jeune homme et je puis me tromper ; mais le beau est à mes yeux chose si rare et si précieuse, que si je trouvais d’aventure une pièce qui renfermât un trait de sublime comme le qu’il mourût, et que du reste cette pièce n’eût pas le sens commun d’un bout à l’autre ; je l’estimerais plus, cette pièce détestable, que tout le théâtre de MM. Ancelot, Jouy, Viennet et tant d’autres, et tous leurs beaux vers, comme on dit.
On pense bien que M. Jay ne manque pas de parler de la camaraderie, sans quoi son livre ne serait pas complètement l’écho de tout ce qu’ont dit les autres : la camaraderie ! mot triomphant et trouvé, dont on fait peur aux niais, comme du comité directeur. Et voyez un peu quels sont les hommes qui en parlent, et quel est celui qui en a parlé le premier ! En vérité, il faut qu’on nous dispense d’aller plus avant dans cette matière.
Ce serait un fort mauvais camarade que M. Jay, car l’expression de ses amitiés et de ses préférences est bien maladroite : il y a des littérateurs fort estimables, qui font leur affaire à part sans inquiéter personne et qu’il est pénible de voir exposer à un grand jour qui leur fait baisser les yeux ; eh bien, M. Jay les y traîne par la main, à peu près de la même manière que fait Hernani d’un valet du duc de Silva ; voici les Daunou, les V. Vabre, les Fourier, les Tissot, les Moreau, les Campenon, les Droz qui sont la gloire de la France, à l’exclusion des Hugo et des Lamartine ; toute la rédaction du Constitutionnel y passe, bien entendu. Oh certes ! M. Jay est un bien mauvais camarade.
Mais parmi ceux qui crient à la camaraderie, il en est qui n’abandonnent point ainsi leur gloire à des amis imprudens : ceux-là coopèrent à la rédaction de plusieurs journaux et s’y proclament eux-mêmes « grands, beaux et forts » : ô vous, inventeurs de mots nouveaux, trouvez-en donc un pour ceci.
C’est qu’avec une bonne nomenclature on éclaircit bien des choses ; or nous savons déjà que les pointus littéraires se divisent en deux sections bien tranchées : la cafarderie et la canarderie (Lagingeole et Tristapatte) : mais nous reviendrons plus tard là-dessus.
GÉRARD.
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GÉRARD DE NERVAL - SYLVIE LÉCUYER tous droits réservés @
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