TEXTES

1824, Poésies diverses (manuscrit autographe)

1824, L’Enterrement de la Quotidienne (manuscrit autographe)

1824, Poésies et poèmes (manuscrit autographe)

1825, « Pour la biographie des biographes » (manuscrit autographe)

15 février 1826 (BF), Napoléon et la France guerrière, chez Ladvocat

19, 22 avril, 14 juin (BF), Complainte sur la mort de haut et puissant seigneur le Droit d’aînesse, chez Touquet

6 mai 1826 (BF), Complainte sur l’immortalité de M. Briffaut, par Cadet Roussel, chez Touquet

6 mai 1826 (BF), Monsieur Dentscourt ou le Cuisinier d’un grand homme, chez Touquet

20 mai 1826 (BF), Les Hauts faits des Jésuites, par Beuglant, chez Touquet

12 août 1826 (BF), Épître à M. de Villèle (Mercure de France du XIXe siècle)

11 novembre 1826 (BF), Napoléon et Talma, chez Touquet

13 et 30 décembre 1826 (BF), L’Académie ou les membres introuvables, par Gérard, chez Touquet

16 mai 1827 (BF), Élégies nationales et Satires politiques, par Gérard, chez Touquet

29 juin 1827, La dernière scène de Faust (Mercure de France au XIXe siècle)

28 novembre 1827 (BF), Faust, tragédie de Goëthe, 1828, chez Dondey-Dupré

15 décembre 1827, A Auguste H…Y (Almanach des muses pour 1828)

1828? Faust (manuscrit autographe)

1828? Le Nouveau genre (manuscrit autographe)

mai 1829, Lénore. Ballade allemande imitée de Bürger (La Psyché)

août 1829, Le Plongeur. Ballade, (La Psyché)

octobre 1829, A Schmied. Ode de Klopstock (La Psyché)

24 octobre 1829, Robert et Clairette. Ballade allemande de Tiedge (Mercure de France au XIXe siècle)

14 novembre 1829, Les Bienfaits de l’enseignement mutuel, Procès verbal de la Loge des Sept-Écossais-réunis, chez Bellemain

21 novembre 1829, Chant de l’épée. Traduit de Korner (Mercure de France au XIXe siècle)

12 décembre 1829, La Mort du Juif errant. Rapsodie lyrique de Schubart (Mercure de France au XIXe siècle)

19 décembre 1829, Lénore. Traduction littérale de Bürger (Mercure de France au XIXe siècle)

2 janvier 1830, La Première nuit du Sabbat. Morceau lyrique de Goethe (Mercure de France au XIXe siècle)

janvier 1830, La Lénore de Bürger, nouvelle traduction littérale (La Psyché)

16 janvier 1830, Ma Patrie, de Klopstock (Mercure de France au XIXe siècle)

23 janvier 1830, Légende, par Goethe (Mercure de France au XIXe siècle)

6 février (BF) Poésies allemandes, Klopstock, Goethe, Schiller, Burger (Bibliothèque choisie)

13 février 1830, Les Papillons (Mercure de France au XIXe siècle)

13 février 1830, Appel, par Koerner (1813) (Mercure de France au XIXe siècle)

13 mars 1830, L’Ombre de Koerner, par Uhland, 1816 (Mercure de France au XIXe siècle)

27 mars 1830, La Nuit du Nouvel an d’un malheureux, de Jean-Paul Richter (La Tribune romantique)

10 avril 1830, Le Dieu et la bayadère, nouvelle indienne par Goëthe (Mercure de France au XIXe siècle)

29 avril 1830, La Pipe, chanson traduite de l’allemand, de Pfeffel (La Tribune romantique)

13 mai 1830 Le Cabaret de la mère Saguet (Le Gastronome)

mai 1830, M. Jay et les pointus littéraires (La Tribune romantique)

17 juillet 1830, L’Éclipse de lune. Épisode fantastique par Jean-Paul Richter (Mercure de France au XIXe siècle)

juillet ? 1830, Récit des journées des 27-29 juillet (manuscrit autographe)

14 août 1830, Le Peuple (Mercure de France au XIXe siècle)

30 octobre 1830 (BF), Choix de poésies de Ronsard, Dubellay, Baïf, Belleau, Dubartas, Chassignet, Desportes, Régnier (Bibliothèque choisie)

11 décembre 1830, A Victor Hugo. Les Doctrinaires (Almanach des muses pour 1831)

29 décembre 1830, La Malade (Le Cabinet de lecture )

29 janvier 1831, Odelette, Le Vingt-cinq mars (Almanach dédié aux demoiselles)

14 mars 1831, En avant, marche! (Cabinet de lecture)

23 avril 1831, Bardit, traduit du haut-allemand (Mercure de France au XIXe siècle)

30 avril 1831, Le Bonheur de la maison par Jean-Paul Richter. Maria. Fragment (Mercure de France au XIXe siècle)

7 mai 1831, Profession de foi (Mercure de France au XIXe siècle)

25 juin et 9 juillet 1831, Nicolas Flamel, drame-chronique (Mercure de France au XIXe siècle)

17 et 24 septembre 1831, Les Aventures de la nuit de Saint-Sylvestre. Conte inédit d’Hoffmann (Mercure de France au XIXe siècle)

4 décembre 1831, Cour de prison, Le Soleil et la gloire (Le Cabinet de lecture)

17 décembre 1831, Odelettes. La Malade, Le Soleil et la Gloire, Le Réveil en voiture, Le Relais, Une Allée du Luxembourg, Notre-Dame-de-Paris (Almanach des muses)

17 décembre 1831, Fantaisie, odelette (Annales romantiques pour 1832)

24 septembre 1832, La Main de gloire, histoire macaronique (Le Cabinet de lecture)

14 décembre 1834, Odelettes (Annales romantiques pour 1835)

1835-1838 ? Lettres d’amour (manuscrits autographes)

26 mars et 20 juin 1836, De l’Aristocratie en France (Le Carrousel)

20 et 26 mars 1837, De l’avenir de la tragédie (La Charte de 1830)

12 août 1838, Les Bayadères à Paris (Le Messager)

18 septembre 1838, A M. B*** (Le Messager)

2 octobre 1838, La ville de Strasbourg. A M. B****** (Le Messager)

26 octobre 1838, Lettre de voyage. Bade (Le Messager)

31 octobre 1838, Lettre de voyage. Lichtenthal (Le Messager)

24 novembre 1838, Léo Burckart (manuscrit remis à la censure)

25, 26 et 28 juin 1839, Le Fort de Bitche. Souvenir de la Révolution française (Le Messager)

13 juillet 1839 (BF) Léo Burckart, chez Barba et Desessart

19 juillet 1839, « Le Mort-vivant », drame de M. de Chavagneux (La Presse)

15 et 16-17 août 1839, Les Deux rendez-vous, intermède (La Presse)

17 et 18 septembre 1839, Biographie singulière de Raoul Spifamme, seigneur des Granges (La Presse)

21 et 28 septembre 1839, Lettre VI, A Madame Martin (Lettres aux belles femmes de Paris et de la province)

28 janvier 1840, Lettre de voyage I (La Presse)

25 février 1840, Le Magnétiseur

5 mars 1840, Lettre de voyage II (La Presse)

8 mars 1840, Lettre sur Vienne (L’Artiste)

26 mars 1840, Lettre de voyage III (La Presse)

28 juin 1840, Lettre de voyage IV, Un jour à Munich (La Presse)

18 juillet 1840 (BF) Faust de Goëthe suivi du second Faust, chez Gosselin

26 juillet 1840, Allemagne du Nord - Paris à Francfort I (La Presse)

29 juillet, 1840, Allemagne du Nord - Paris à Francfort II (La Presse)

30 juillet 1840, Allemagne du Nord - Paris à Francfort III (La Presse)

11 février 1841, Une Journée à Liège (La Presse)

18 février 1841, L’Hiver à Bruxelles (La Presse)

1841 ? Première version d’Aurélia (feuillets autographes)

février-mars 1841, Lettre à Muffe, (sonnets, manuscrit autographe)

1841 ? La Tête armée (manuscrit autographe)

mars 1841, Généalogie dite fantastique (manuscrit autographe)

1er mars 1841, Jules Janin, Gérard de Nerval (Journal des Débats)

5 mars 1841, Lettre à Edmond Leclerc

7 mars 1841, Les Amours de Vienne (Revue de Paris)

31 mars 1841, Lettre à Auguste Cavé

11 avril 1841, Mémoires d’un Parisien. Sainte-Pélagie en 1832 (L’Artiste)

9 novembre 1841, Lettre à Ida Ferrier-Dumas

novembre? 1841, Lettre à Victor Loubens

10 juillet 1842, Les Vieilles ballades françaises (La Sylphide)

15 octobre 1842, Rêverie de Charles VI (La Sylphide)

24 décembre 1842, Un Roman à faire (La Sylphide)

19 et 26 mars 1843, Jemmy O’Dougherty (La Sylphide)

11 février 1844, Une Journée en Grèce (L’Artiste)

10 mars 1844, Le Roman tragique (L’Artiste)

17 mars 1844, Le Boulevard du Temple, 1re livraison (L’Artiste)

31 mars 1844, Le Christ aux oliviers (L’Artiste)

5 mai 1844, Le Boulevard du Temple 2e livraison (L’Artiste)

12 mai 1844, Le Boulevard du Temple, 3e livraison (L’Artiste)

2 juin 1844, Paradoxe et Vérité (L’Artiste)

30 juin 1844, Voyage à Cythère (L’Artiste)

28 juillet 1844, Une Lithographie mystique (L’Artiste)

11 août 1844, Voyage à Cythère III et IV (L’Artiste)

15 septembre, Diorama (L’Artiste-Revue de Paris)

29 septembre 1844, Pantaloon Stoomwerktuimaker (L’Artiste)

20 octobre 1844, Les Délices de la Hollande I (La Sylphide)

8 décembre 1844, Les Délices de la Hollande II (La Sylphide)

16 mars 1845, Pensée antique (L’Artiste)

19 avril 1845 (BF), Le Diable amoureux par J. Cazotte, préface de Nerval, chez Ganivet

1er juin 1845, Souvenirs de l’Archipel. Cérigo (L’Artiste-Revue de Paris)

6 juillet 1845, L’Illusion (L’Artiste-Revue de Paris)

5 octobre 1845, Strasbourg (L’Artiste-Revue de Paris)

novembre-décembre 1845, Le Temple d’Isis. Souvenir de Pompéi (La Phalange)

28 décembre 1845, Vers dorés (L’Artiste-Revue de Paris)

1er mars 1846, Sensations d’un voyageur enthousiaste I (L’Artiste-Revue de Paris)

15 mars 1846, Sensations d’un voyageur enthousiaste II (L’Artiste-Revue de Paris)

1er mai 1846, Les Femmes du Caire. Scènes de la vie égyptienne (Revue des Deux Mondes)

17 mai 1846, Sensations d’un voyageur enthousiaste III (L’Artiste-Revue de Paris)

1er juillet 1846, Les Femmes du Caire. Scènes de la vie égyptienne. Les Esclaves (Revue des Deux Mondes)

12 juillet 1846 Sensations d’un voyageur enthousiaste IV (L’Artiste-Revue de Paris)

16 août 1846, Un Tour dans le Nord. Angleterre et Flandre (L’Artiste-Revue de Paris)

30 août 1846, De Ramsgate à Anvers (L’Artiste-Revue de Paris)

15 septembre 1846, Les Femmes du Caire. Scènes de la vie égyptienne. Le Harem (Revue des Deux Mondes)

20 septembre 1846, Une Nuit à Londres (L’Artiste-Revue de Paris)

1er novembre 1846, Un Tour dans le Nord III (L’Artiste-Revue de Paris)

22 novembre 1846, Un Tour dans le Nord IV (L’Artiste-Revue de Paris)

15 décembre 1846, Scènes de la vie égyptienne moderne. La Cange du Nil (Revue des Deux Mondes)

1847, Scénario des deux premiers actes des Monténégrins

15 février 1847, La Santa-Barbara. Scènes de la vie orientale (Revue des Deux Mondes)

15 mai 1847, Les Maronites. Un Prince du Liban (Revue des Deux Mondes)

15 août 1847, Les Druses (Revue des Deux Mondes)

17 octobre 1847, Les Akkals (Revue des Deux Mondes)

21 novembre 1847, Souvenirs de l’Archipel. Les Moulins de Syra (L’Artiste-Revue de Paris)

15 juillet 1848, Les Poésies de Henri Heine (Revue des Deux Mondes)

15 septembre 1848, Les Poésies de Henri Heine, L’Intermezzo (Revue des Deux Mondes)

7 janvier-24 juin 1849, puis 2 septembre 1849-27 janvier 1850, Al-Kahira. Souvenirs d’Orient (La Silhouette)

1er-27 mars 1849, Le Marquis de Fayolle, 1re partie (Le Temps)

26 avril 16 mai 1849, Le Marquis de Fayolle, 2e partie (Le Temps)

6 octobre 1849, Le Diable rouge (Almanach cabalistique pour 1850)

3 novembre 1849 (BF), Le Diable vert, et Impression de voyage (Almanach satirique, chez Aubert, Martinon et Dumineray)

7 mars-19 avril 1850, Les Nuits du Ramazan (Le National)

15 août 1850, Les Confidences de Nicolas, 1re livraison (Revue des Deux Mondes)

26 août 1850, Le Faust du Gymnase (La Presse)

1er septembre 1850, Les Confidences de Nicolas, 2e livraison (Revue des Deux Mondes)

9 septembre 1850, Excursion rhénane (La Presse)

15 septembre 1850, Les Confidences de Nicolas, 3e livraison (Revue des Deux Mondes)

18 et 19 septembre 1850, Les Fêtes de Weimar (La Presse)

1er octobre 1850, Goethe et Herder (L’Artiste-Revue de Paris)

24 octobre-22 décembre 1850, Les Faux-Saulniers (Le National)

29 décembre 1850, Les Livres d’enfants, La Reine des poissons (Le National)

novembre 1851, Quintus Aucler (Revue de Paris)

24 janvier 1852 (BF), L’Imagier de Harlem, Librairie théâtrale

15 juin 1852, Les Fêtes de mai en Hollande (Revue des Deux Mondes)

1er juillet 1852, La Bohême galante I (L’Artiste)

15 juillet 1852, La Bohême galante II (L’Artiste)

1er août 1852, La Bohême galante III (L’Artiste)

15 août 1852, La Bohême galante IV (L’Artiste)

21 août 1852 (BF), Lorely. Souvenirs d’Allemagne, chez Giraud et Dagneau (Préface à Jules Janin)

1er septembre 1852, La Bohême galante V (L’Artiste)

15 septembre 1852, La Bohême galante VI (L’Artiste)

1er octobre 1852, La Bohême galante VII (L’Artiste)

9 octobre 1852, Les Nuits d’octobre, 1re livraison (L’Illustration)

15 octobre 1852, La Bohême galante VIII (L’Artiste)

23 octobre 1852, Les Nuits d’octobre, 2e livraison (L’Illustration)

30 octobre 1852, Les Nuits d’octobre, 3e livraison (L’Illustration)

1er novembre 1852, La Bohême galante IX (L’Artiste)

6 novembre 1852, Les Nuits d’octobre, 4e livraison (L’Illustration)

13 novembre 1852, Les Nuits d’octobre, 5e livraison (L’Illustration)

15 novembre 1852, La Bohême galante X (L’Artiste)

20 novembre 1852, Les Illuminés, chez Victor Lecou (« La Bibliothèque de mon oncle »)

1er décembre 1852, La Bohême galante XI (L’Artiste)

15 décembre 1852, La Bohême galante XII (L’Artiste)

1er janvier 1853 (BF), Petits Châteaux de Bohême. Prose et Poésie, chez Eugène Didier

15 août 1853, Sylvie. Souvenirs du Valois (Revue des Deux Mondes)

14 novembre 1853, Lettre à Alexandre Dumas

25 novembre 1853-octobre 1854, Lettres à Émile Blanche

10 décembre 1853, Alexandre Dumas, Causerie avec mes lecteurs (Le Mousquetaire)

17 décembre 1853, Octavie (Le Mousquetaire)

1853-1854, Le Comte de Saint-Germain (manuscrit autographe)

28 janvier 1854 (BF) Les Filles du feu, préface, Les Chimères, chez Daniel Giraud

31 octobre 1854, Pandora (Le Mousquetaire)

25 novembre 1854, Pandora, épreuves du Mousquetaire

Pandora, texte reconstitué par Jean Guillaume en 1968

Pandora, texte reconstitué par Jean Senelier en 1975

30 décembre 1854, Promenades et Souvenirs, 1re livraison (L’Illustration)

1854 ? Sydonie (manuscrit autographe)

1854? Emerance (manuscrit autographe)

1854? Promenades et Souvenirs (manuscrit autographe)

janvier 1855, Oeuvres complètes (manuscrit autographe)

1er janvier 1855, Aurélia ou le Rêve et la Vie (Revue de Paris)

6 janvier 1855, Promenades et Souvenirs, 2e livraison (L’Illustration)

3 février 1855, Promenades et Souvenirs, 3e livraison (L’Illustration)

15 février 1855, Aurélia ou Le Rêve et la Vie, seconde partie (Revue de Paris)

15 mars 1855, Desiderata (Revue de Paris)

1866, La Forêt noire, scénario

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BF: annonce dans la Bibliographie de la France

Manuscrit autographe: manuscrit non publié du vivant de Nerval

26 août 1850 — Le Faust du Gymnase. — La légende de Fust. — Le théâtre de Balzac, dans La Presse, rubrique Théâtres.

À l’occasion d’une représentation de Faust au théâtre du Gymnase dont il doit faire la recension pour La Presse, Nerval rappelle ici l’histoire de Faust ou Fust, inventeur de l’imprimerie en s’appuyant sur des légendes qu’il a déjà évoquées en 1840 dans son Faust et le Second Faust, et qui inspireront en 1852 le drame intitulé L’Imagier de Harlem, dans lequel se développe le thème des « souffrances de l’inventeur » en la personne de Laurent Coster et de son gendre Faust, thème qu’il partage avec Balzac. L’article avait fait l’objet d’une intervention critique de lecteur auquel Nerval répond dans la livraison du 7 novembre 1850 du feuilleton des Faux Saulniers dans Le National.

L’article de La Presse sera partiellement repris dans Lorely. Souvenirs d’Allemagne, « Souvenirs de Thuringe, I. L’opéra de Faust à Francfort », à l’occasion d’une représentation à Francfort du Faust de Spohr.

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THÉÂTRES.

LE FAUST DU GYMNASE. — LA LEGENDE DE FUST. — LE THÉÂTRE DE BALZAC.

Nous avons à parler ici de deux hommes de génie qui étaient en même temps deux imprimeurs : Faust et Balzac ; — puis d’un autre homme illustre, qui leur tenait de près, et qui s’appelait Wolfgang Goëthe.

Le hasard, qui réunit ces trois noms dans notre semaine dramatique, nous fournit aussi des motifs particuliers d’en parler avec quelque détail.

Si ce que nous avons à dire rentrait le moins du monde dans le roman, nous risquerions d’augmenter d’un centime par numéro, — c’est-à-dire d’environ quatre ou cinq cents francs, — les frais de la Presse d’aujourd’hui.

Mais nous sommes bien rassurés par l’exactitude des faits que nous essaierons de communiquer au public, sans aucun mélange d’imagination ou de fantaisie, sans combinaisons romanesques, dans le seul but de constater quelques faits peu connus.

Aucune des personnes que la loi nouvelle chargera d’établir une distinction entre le roman-feuilleton et le roman-critique n’oserait certainement douter de l’existence du docteur Johann Fust, autrement dit Faust, dont le nom brille entre ceux de Guttemberg et de Schoëffer, autour du célèbre médaillon des éditions stéréotypes. Il y a là trois têtes barbues qu’on a réunies, ne sachant au juste laquelle des trois avait réellement inventé cette terrible machine de guerre appelée la presse.

Strasbourg célèbre Guttemberg ; Mayence célèbre Faust. Quant à Schoëffer, il n’a jamais passé que pour le serviteur des deux autres. Faust était orfèvre à Mayence. Guttemberg, simple ouvrier, l’aida dans sa découverte, et cette union du capitaliste inventeur avec le travailleur ingénieux produisit ce dont nous usons et abusons aujourd’hui.

Faust était, dit-on, le gendre de Laurent Coster, imagier à Harlem. Ce dernier avait déjà trouvé l’art d’imprimer les figures des cartes. Faust eut l’idée, à son tour, de tailler sur bois les légendes, c’est-à-dire les noms de Lancelot, d’Alexandre ou de Pallas, qui jusque là, avaient été écrits à la main. Cette pensée en fit naître encore une autre chez Faust, ce fut de sculpter des lettres isolées, en bois de poirier, afin d’en former facultativement des mots. Guttemberg, chargé d’assembler ces lettres, eut à son tour l’idée de les faire fondre en plomb, et Schœffer, le travailleur en sous ordre, qui, à ses momens perdus, était vigneron, conçut la pensée d’employer, pour la reproduction nette des caractères, une sorte de machine établie dans le système du pressoir qui foule les raisins.

Telle fut la triple combinaison d’idées qui sortit de ces trois têtes, — semblable dans ses résultats aux trois rayons tordus de la foudre de Jupiter.

Rentrerons-nous dans le roman en admettant la légende qui suppose que Faust, s’étant ruiné dans les premiers frais de l’invention, se donna au diable afin de pouvoir l’accomplir ? Ceci est probablement une invention des moines du temps, irrités, et de l’effet prévu de l’imprimerie, et du tort qu’elle leur faisait dans leurs intérêts comme copistes de manuscrits.

Voici comment quelques auteurs supposent que Faust conçut l’idée de la reproduction des lettres : — En sa qualité d’orfèvre, il avait été chargé d’exécuter les fermoirs d’une Bible, dont le supérieur d’un couvent voulait faire présent à l’évêque de Mayence.

Il se rendit au couvent pour remettre son travail et se faire payer. On le fit attendre dans une salle, dont le centre était occupé par une vaste table, autour de laquelle une vingtaine de moines travaillaient assidûment.

A quoi travaillaient ces moines ? Ils s’occupaient à gratter des manuscrits grecs et latins pour les rendre propres à subir une écriture nouvelle. Faust jeta les yeux sur un Homère dont les premières lignes allaient disparaître...

— Malheureux ! dit-il au moine, que veux-tu écrire à la place de l’Iliade ?

Et ses yeux tombaient attendris sur le vers qu’on peut traduire ainsi :

« Il s’en allait le long de la mer retentissante... »

En ce moment le supérieur entrait. Faust lui demanda à quel usage on destinait ces feuilles quand elles seraient grattées.

Il s’agissait de reproduire un livre de controverse : Thomas A’Kempis, ou quelque autre. Faust ne demanda d’autre prix de son travail que ce manuscrit, qu’il sauva ainsi de la destruction. Les moines sourirent de sa fantaisie et de sa simplicité. Il fallait un écrit pour qu’il pût sortir du couvent avec le livre. Le prieur le lui donna obligeamment, et imprima son cachet sur le parchemin. Un trait de lumière traversa l’esprit de l’orfèvre, il pouvait s’écrier : Euréka ! comme Archimède. Et combien il faut reconnaître la main de la Providence dans la combinaison de deux idées, quand on songe que depuis des milliers d’années on avait imprimé des sceaux et des cachets avec légendes, des inscriptions même (comme on en a retrouvé à Pompéi), qui servaient à marquer les étoffes. Faust concevait la pensée de multiplier les lettres et les épreuves pour reproduire la parole écrite.

Faust emporta, comme la proie de l’aigle, le manuscrit et l’idée. — Cette dernière ne se présentait pas encore nettement à son esprit.

« Quoi ! se disait-il, il peut dépendre de l’ignorance ou de l’intention funeste de quelques couvens de moines de détruire à tout jamais la tradition intelligente et libre de l’esprit humain ! Les chefs-d’œuvre des philosophes et des poètes, qu’ils appellent profanes, pourraient entièrement périr par le crime d’un fanatisme aveugle, comparable à celui qui anéantit jadis la bibliothèque d’Alexandrie ! L’ordre d’un pape — tel que Borgia, qui règne à Rome, — suffirait pour faire exécuter cela dans toute la chrétienté ; — car les moines sont à peu près les seuls dépositaires de ces trésors qu’ils prétendent conserver.... »

En se répétant cela, en serrant contre sa poitrine l’Homère qu’il venait de sauver, et qui peut-être était le dernier, Faust rêvait à la reproduction du cachet du supérieur, à la possibilité de graver des pages entières de lettres en relief, qui viendraient se marquer sur des tablettes ou sur du vélin... Rentré dans sa maison, et en proie aux combinaisons de son esprit, il ne songeait pas que la misère et le désespoir, cortège ordinaire du génie, venaient d’y pénétrer avec lui.

Peut-être est-ce là l’idée de cette scène du barbet noir que Faust rencontre dans une promenade, et qui, une fois dans sa chambre, grandit jusqu’au plafond et révèle l’esprit du mal.

Tout le monde connaît les souffrances de l’inventeur, — si admirablement décrites par Balzac dans la Recherche de l’absolu et dans Quinola. Celles de Faust, si l’on en croit les légendes, ne le cédèrent à aucun autre. Persécuté en Allemagne, il vint à Paris avec sa première Bible imprimée, et se présenta à Louis XI, qui d’abord l’accueillit bien. Mais le fanatisme guettait sa proie ; — on parvint à le faire passer pour sorcier, et il faillit être brûlé en place de Grève, pour avoir vendu des bibles entièrement semblables l’une à l’autre, — et qui n’avaient pu être exécutées que par artifice diabolique...

C’est comme magicien que les légendes répandues ou fabriquées par les moines le considèrent principalement. Il en existe d’innombrables, tant en Allemagne qu’en France, où la Bibliothèque bleue a réuni ses exploits principaux. Le plus curieux de tous est celui qui consiste à avoir avalé sur une route une voiture de foin qui gênait son passage, — avec les chevaux et le cocher.

Il y a aussi la scène de Fantasmagorie à la cour de l’empereur d’Allemagne, dans laquelle ce dernier prit l’enchanteur de le faire souper avec Alexandre, César et Cléopâtre. Ce qui, dit-on, eut lieu en effet.

Goëthe s’est servi, dans le second Faust, de cette anecdote, en la modifiant et en faisant apparaître Hélène, ce qui appartient encore à la tradition primitive. On se demande pourquoi celle-ci suppose unanimement que Faust avait commandé au diable de ressusciter pour lui la belle Hélène de Sparte, dont il eut un fils, et avec laquelle il vécut vingt-quatre ans, aux termes de son pacte ? Peut-être est-ce le souvenir de l’anecdote relative au manuscrit de l’Iliade qui conduisit à cette idée. L’admirateur d’Homère devait être en esprit l’amant d’Hélène.

Dans le Faust primitif qui se joue en Allemagne, sur les théâtres de marionnettes, on voit paraître ce personnage d’Hélène. Là, le diable s’appelle Caspar, et un duc de Parme y joue le rôle de l’empereur, qu’on n’aurait pas sans doute laissé représenter sous forme de pantin.

On peut citer encore le roman de Klinger, sur Faust, écrit très spirituellement à la manière de Diderot, et dans lequel on voit Faust porter son invention dans toutes les cours de l’Europe, sans réussir à autre chose qu’à se faire rouer, pendre ou brûler, ce dont le diable le sauve toujours au dernier moment, en vertu de leur pacte. Dans chacun des pays où il se réfugie tour à tour, il ne voit que meurtres, débauches et iniquités : en France, Louis XI ; en Angleterre, Glocester ; en Espagne, l’Inquisition ; en Italie, Borgia.... Si bien que le diable lui dit : « Quoi ! tu te donnes tant de peine pour ce misérable genre humain ? — Pour le sauver ! pour le transformer !.... s’écrie Faust, car l’ignorance est la source du crime. — Ce n’est pas, répond le diable, ce qui se dit dans l’histoire du pommier... »

Il n’est pas dans tout cela question de Marguerite ; c’est que Marguerite est une création de Goëthe, et même le type d’une femme qu’il avait aimée. Cette figure éclaire délicieusement toute la première partie de Faust, tandis que celle d’Hélène, dans la seconde partie, est généralement moins sympathique et moins comprise, quoiqu’elle appartienne exactement à la tradition.

Le sujet est trop connu pour que nous donnions ici l’analyse de la pièce allemande. Nous avons eu l’occasion de la traduire du vivant même de Goëthe, — qui a bien voulu parler avec éloge de cette version d’un écolier littéraire. — Avoir tenu une place quelconque dans les entretiens de ce grand homme est un bonheur qui nous fait, pour un instant, renoncer à la modestie.

Il existe encore en Allemagne plusieurs drames de Faust, publiés depuis celui de Goëthe, qui date de 1788 ; celui de Klingmann nous a paru le plus remarquable. — Bien que la pièce de Goëthe n’ait pas été composée en vue du théâtre, elle a été jouée partout et se maintient au répertoire des grands théâtres.

En France, nous avons vu paraître plusieurs imitations ou traductions de Faust. La première est le Fausto des Italiens, dont la musique est de Mlle Louise Bertin. Le livret était aussi exact que possible, et beaucoup plus surtout que l’imitation nouvelle du Gymnase. Plus tard, une troupe allemande représenta à Paris le Faust, mis en musique par Spohr, dont le sujet s’éloigne beaucoup de celui de Goëthe. Vers la même époque il en parut un autre au théâtre des Nouveautés, cette fois en français. Mme Albert jouait le rôle principal.

La donnée était aussi différente dans la plus grande partie des détails. Enfin, c’est à la Porte-Saint-Martin que l’on a pu voir l’imitation la plus rapprochée de la pièce allemande, admirablement rendu par Mme Dorval et par Frédérick. Tout Paris a conservé le souvenir de ce succès, qui dura cent représentations.

Il faut citer encore un Faust de M. Lesguillon, habilement traduit en vers, reçu à l’Odéon et arrêté par la censure en 1829. Il fallut une révolution pour qu’on le vît paraître, et la représentation coïncida avec la mort du vieillard de Weimar. La pièce se joua au Panthéon ; ce dernier nom s’accordait du reste avec la circonstance.

Le Faust de Berlioz n’est pas, comme on sait, une œuvre dramatique ; mais il est à regretter qu’on n’ait point tenté de décider l’auteur à en faire un opéra.

Que dire maintenant du Faust donné cette semaine au Gymnase ?... qu’il est malheureux qu’aucune loi n’empêche de mutiler et de travestir les chefs-d’œuvre étrangers.

M. Michel Carré, qui a fait ses preuves comme poète et comme dramaturge, a dû souffrir en se prêtant à cette profanation. Est-ce à dire que la pièce n’ait pas obtenu de succès ? Ce serait injuste ; elle est même faite avec habileté au point de vue du Gymnase et de son public. Mais ce n’était pas là un théâtre où l’on pût jouer Faust. Cela rappelle le proverbe de ceux qui coupent un chêne pour en faire un manche à laine. — Heureusement il existait là une actrice de drame qui n’a point de rivale dans ce genre, depuis la mort de Mme Dorval, — car Mlle Rachel ne joue le drame que par occasion. C’est seulement pour Mme Rose Chéri que l’on a découpé d’après l’œuvre originale une sorte de silhouette des principales situations. A ce point de vue, on a fait perdre au sujet beaucoup de sa poésie en ne divisant pas la pièce en tableaux. Le fanatisme que conservent encore certains théâtres pour l’unité de lieu est cause que l’on ne peut obtenir au théâtre la vérité que l’on atteint souvent dans le roman moderne.

Croit-on, par exemple, que Marguerite, à son rouet, chantant le Roi de Thulé, et s’admirant à son miroir, parée des bijoux envoyés par le diable, n’était pas mieux dans sa petite chambre que dans un jardin ? Croit-on que la scène du lavoir, la scène de l’église, celle de la sérénade et celle de la prison, puissent indifféremment se passer dans une rue. Enfin, contentons-nous d’avoir admiré Mme Rose-Chéri dans un rôle qu’elle rend adorablement. C’est l’effet des tableaux de Scheffer, qui ne sont eux-mêmes qu’une version amollie, mais délicieuse, du Faust allemand.

Bressan a fait de Faust un Don Juan assez vulgaire ; — le rôle de Méphistophelès n’est pas mal rendu, eu égard à la proportion de l’œuvre.

Maintenant, il est triste pour nous d’avoir à rappeler, à propos de théâtre, le souvenir si récent de Balzac. Nous regrettons surtout de voir aujourd’hui la place nous manquer pour parler comme il convient de ses œuvres et de ses idées dramatiques. le théâtre était pour lui une préoccupation constante, pendant ses dernières années.

Il n’a pourtant obtenu de succès décidé qu’avec la Marâtre, au Théâtre-Historique. Vautrin, Quinola et Paméla Giraud ont manqué leur effet par diverses raisons, et souffert surtout de la prévention du public, qui n’admet pas facilement qu’on réussisse dans deux genres. Il faut compter là pour beaucoup aussi l’esprit de routine des théâtres, qui craignent tout ce qui est hardi ou inconnu et traient toutes les audaces d’un écrivain nouveau comme le Gymnase vient de traiter le chef-d œuvre de Goëthe.

Nous connaissons deux pièces inédites de Balzac, les Mercadets et l’École des Ménages, dont nous aurons peut-être l’occasion de reparler. — Il ne nous reste qu’à adresser, cette fois, un éloge à M. le ministre de l’intérieur, pour avoir eu l’idée de commander le buste de Balzac, — destiné à être placé au musée de Versailles.

Les souvenirs qui ont présidé à quelques passages de ce feuilleton, nous obligent à retarder l’analyse de deux bluettes du théâtre Montansier, et d’un drame de M. Paul Féval, qui vient de réussir avec éclat à l’Ambigu.

GÉRARD DE NERVAL.

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