TEXTES

1824, Poésies diverses (manuscrit autographe)

1824, L’Enterrement de la Quotidienne (manuscrit autographe)

1824, Poésies et poèmes (manuscrit autographe)

1825, « Pour la biographie des biographes » (manuscrit autographe)

15 février 1826 (BF), Napoléon et la France guerrière, chez Ladvocat

19, 22 avril, 14 juin (BF), Complainte sur la mort de haut et puissant seigneur le Droit d’aînesse, chez Touquet

6 mai 1826 (BF), Complainte sur l’immortalité de M. Briffaut, par Cadet Roussel, chez Touquet

6 mai 1826 (BF), Monsieur Dentscourt ou le Cuisinier d’un grand homme, chez Touquet

20 mai 1826 (BF), Les Hauts faits des Jésuites, par Beuglant, chez Touquet

12 août 1826 (BF), Épître à M. de Villèle (Mercure de France du XIXe siècle)

11 novembre 1826 (BF), Napoléon et Talma, chez Touquet

13 et 30 décembre 1826 (BF), L’Académie ou les membres introuvables, par Gérard, chez Touquet

16 mai 1827 (BF), Élégies nationales et Satires politiques, par Gérard, chez Touquet

29 juin 1827, La dernière scène de Faust (Mercure de France au XIXe siècle)

28 novembre 1827 (BF), Faust, tragédie de Goëthe, 1828, chez Dondey-Dupré

15 décembre 1827, A Auguste H…Y (Almanach des muses pour 1828)

1828? Faust (manuscrit autographe)

1828? Le Nouveau genre (manuscrit autographe)

mai 1829, Lénore. Ballade allemande imitée de Bürger (La Psyché)

août 1829, Le Plongeur. Ballade, (La Psyché)

octobre 1829, A Schmied. Ode de Klopstock (La Psyché)

24 octobre 1829, Robert et Clairette. Ballade allemande de Tiedge (Mercure de France au XIXe siècle)

14 novembre 1829, Les Bienfaits de l’enseignement mutuel, Procès verbal de la Loge des Sept-Écossais-réunis, chez Bellemain

21 novembre 1829, Chant de l’épée. Traduit de Korner (Mercure de France au XIXe siècle)

12 décembre 1829, La Mort du Juif errant. Rapsodie lyrique de Schubart (Mercure de France au XIXe siècle)

19 décembre 1829, Lénore. Traduction littérale de Bürger (Mercure de France au XIXe siècle)

2 janvier 1830, La Première nuit du Sabbat. Morceau lyrique de Goethe (Mercure de France au XIXe siècle)

janvier 1830, La Lénore de Bürger, nouvelle traduction littérale (La Psyché)

16 janvier 1830, Ma Patrie, de Klopstock (Mercure de France au XIXe siècle)

23 janvier 1830, Légende, par Goethe (Mercure de France au XIXe siècle)

6 février (BF) Poésies allemandes, Klopstock, Goethe, Schiller, Burger (Bibliothèque choisie)

13 février 1830, Les Papillons (Mercure de France au XIXe siècle)

13 février 1830, Appel, par Koerner (1813) (Mercure de France au XIXe siècle)

13 mars 1830, L’Ombre de Koerner, par Uhland, 1816 (Mercure de France au XIXe siècle)

27 mars 1830, La Nuit du Nouvel an d’un malheureux, de Jean-Paul Richter (La Tribune romantique)

10 avril 1830, Le Dieu et la bayadère, nouvelle indienne par Goëthe (Mercure de France au XIXe siècle)

29 avril 1830, La Pipe, chanson traduite de l’allemand, de Pfeffel (La Tribune romantique)

13 mai 1830 Le Cabaret de la mère Saguet (Le Gastronome)

mai 1830, M. Jay et les pointus littéraires (La Tribune romantique)

17 juillet 1830, L’Éclipse de lune. Épisode fantastique par Jean-Paul Richter (Mercure de France au XIXe siècle)

juillet ? 1830, Récit des journées des 27-29 juillet (manuscrit autographe)

14 août 1830, Le Peuple (Mercure de France au XIXe siècle)

30 octobre 1830 (BF), Choix de poésies de Ronsard, Dubellay, Baïf, Belleau, Dubartas, Chassignet, Desportes, Régnier (Bibliothèque choisie)

11 décembre 1830, A Victor Hugo. Les Doctrinaires (Almanach des muses pour 1831)

29 décembre 1830, La Malade (Le Cabinet de lecture )

29 janvier 1831, Odelette, Le Vingt-cinq mars (Almanach dédié aux demoiselles)

14 mars 1831, En avant, marche! (Cabinet de lecture)

23 avril 1831, Bardit, traduit du haut-allemand (Mercure de France au XIXe siècle)

30 avril 1831, Le Bonheur de la maison par Jean-Paul Richter. Maria. Fragment (Mercure de France au XIXe siècle)

7 mai 1831, Profession de foi (Mercure de France au XIXe siècle)

25 juin et 9 juillet 1831, Nicolas Flamel, drame-chronique (Mercure de France au XIXe siècle)

17 et 24 septembre 1831, Les Aventures de la nuit de Saint-Sylvestre. Conte inédit d’Hoffmann (Mercure de France au XIXe siècle)

4 décembre 1831, Cour de prison, Le Soleil et la gloire (Le Cabinet de lecture)

17 décembre 1831, Odelettes. La Malade, Le Soleil et la Gloire, Le Réveil en voiture, Le Relais, Une Allée du Luxembourg, Notre-Dame-de-Paris (Almanach des muses)

17 décembre 1831, Fantaisie, odelette (Annales romantiques pour 1832)

24 septembre 1832, La Main de gloire, histoire macaronique (Le Cabinet de lecture)

14 décembre 1834, Odelettes (Annales romantiques pour 1835)

1835-1838 ? Lettres d’amour (manuscrits autographes)

26 mars et 20 juin 1836, De l’Aristocratie en France (Le Carrousel)

20 et 26 mars 1837, De l’avenir de la tragédie (La Charte de 1830)

12 août 1838, Les Bayadères à Paris (Le Messager)

18 septembre 1838, A M. B*** (Le Messager)

2 octobre 1838, La ville de Strasbourg. A M. B****** (Le Messager)

26 octobre 1838, Lettre de voyage. Bade (Le Messager)

31 octobre 1838, Lettre de voyage. Lichtenthal (Le Messager)

24 novembre 1838, Léo Burckart (manuscrit remis à la censure)

25, 26 et 28 juin 1839, Le Fort de Bitche. Souvenir de la Révolution française (Le Messager)

13 juillet 1839 (BF) Léo Burckart, chez Barba et Desessart

19 juillet 1839, « Le Mort-vivant », drame de M. de Chavagneux (La Presse)

15 et 16-17 août 1839, Les Deux rendez-vous, intermède (La Presse)

17 et 18 septembre 1839, Biographie singulière de Raoul Spifamme, seigneur des Granges (La Presse)

21 et 28 septembre 1839, Lettre VI, A Madame Martin (Lettres aux belles femmes de Paris et de la province)

28 janvier 1840, Lettre de voyage I (La Presse)

25 février 1840, Le Magnétiseur

5 mars 1840, Lettre de voyage II (La Presse)

8 mars 1840, Lettre sur Vienne (L’Artiste)

26 mars 1840, Lettre de voyage III (La Presse)

28 juin 1840, Lettre de voyage IV, Un jour à Munich (La Presse)

18 juillet 1840 (BF) Faust de Goëthe suivi du second Faust, chez Gosselin

26 juillet 1840, Allemagne du Nord - Paris à Francfort I (La Presse)

29 juillet, 1840, Allemagne du Nord - Paris à Francfort II (La Presse)

30 juillet 1840, Allemagne du Nord - Paris à Francfort III (La Presse)

11 février 1841, Une Journée à Liège (La Presse)

18 février 1841, L’Hiver à Bruxelles (La Presse)

1841 ? Première version d’Aurélia (feuillets autographes)

février-mars 1841, Lettre à Muffe, (sonnets, manuscrit autographe)

1841 ? La Tête armée (manuscrit autographe)

mars 1841, Généalogie dite fantastique (manuscrit autographe)

1er mars 1841, Jules Janin, Gérard de Nerval (Journal des Débats)

5 mars 1841, Lettre à Edmond Leclerc

7 mars 1841, Les Amours de Vienne (Revue de Paris)

31 mars 1841, Lettre à Auguste Cavé

11 avril 1841, Mémoires d’un Parisien. Sainte-Pélagie en 1832 (L’Artiste)

9 novembre 1841, Lettre à Ida Ferrier-Dumas

novembre? 1841, Lettre à Victor Loubens

10 juillet 1842, Les Vieilles ballades françaises (La Sylphide)

15 octobre 1842, Rêverie de Charles VI (La Sylphide)

24 décembre 1842, Un Roman à faire (La Sylphide)

19 et 26 mars 1843, Jemmy O’Dougherty (La Sylphide)

11 février 1844, Une Journée en Grèce (L’Artiste)

10 mars 1844, Le Roman tragique (L’Artiste)

17 mars 1844, Le Boulevard du Temple, 1re livraison (L’Artiste)

31 mars 1844, Le Christ aux oliviers (L’Artiste)

5 mai 1844, Le Boulevard du Temple 2e livraison (L’Artiste)

12 mai 1844, Le Boulevard du Temple, 3e livraison (L’Artiste)

2 juin 1844, Paradoxe et Vérité (L’Artiste)

30 juin 1844, Voyage à Cythère (L’Artiste)

28 juillet 1844, Une Lithographie mystique (L’Artiste)

11 août 1844, Voyage à Cythère III et IV (L’Artiste)

15 septembre, Diorama (L’Artiste-Revue de Paris)

29 septembre 1844, Pantaloon Stoomwerktuimaker (L’Artiste)

20 octobre 1844, Les Délices de la Hollande I (La Sylphide)

8 décembre 1844, Les Délices de la Hollande II (La Sylphide)

16 mars 1845, Pensée antique (L’Artiste)

19 avril 1845 (BF), Le Diable amoureux par J. Cazotte, préface de Nerval, chez Ganivet

1er juin 1845, Souvenirs de l’Archipel. Cérigo (L’Artiste-Revue de Paris)

6 juillet 1845, L’Illusion (L’Artiste-Revue de Paris)

5 octobre 1845, Strasbourg (L’Artiste-Revue de Paris)

novembre-décembre 1845, Le Temple d’Isis. Souvenir de Pompéi (La Phalange)

28 décembre 1845, Vers dorés (L’Artiste-Revue de Paris)

1er mars 1846, Sensations d’un voyageur enthousiaste I (L’Artiste-Revue de Paris)

15 mars 1846, Sensations d’un voyageur enthousiaste II (L’Artiste-Revue de Paris)

1er mai 1846, Les Femmes du Caire. Scènes de la vie égyptienne (Revue des Deux Mondes)

17 mai 1846, Sensations d’un voyageur enthousiaste III (L’Artiste-Revue de Paris)

1er juillet 1846, Les Femmes du Caire. Scènes de la vie égyptienne. Les Esclaves (Revue des Deux Mondes)

12 juillet 1846 Sensations d’un voyageur enthousiaste IV (L’Artiste-Revue de Paris)

16 août 1846, Un Tour dans le Nord. Angleterre et Flandre (L’Artiste-Revue de Paris)

30 août 1846, De Ramsgate à Anvers (L’Artiste-Revue de Paris)

15 septembre 1846, Les Femmes du Caire. Scènes de la vie égyptienne. Le Harem (Revue des Deux Mondes)

20 septembre 1846, Une Nuit à Londres (L’Artiste-Revue de Paris)

1er novembre 1846, Un Tour dans le Nord III (L’Artiste-Revue de Paris)

22 novembre 1846, Un Tour dans le Nord IV (L’Artiste-Revue de Paris)

15 décembre 1846, Scènes de la vie égyptienne moderne. La Cange du Nil (Revue des Deux Mondes)

1847, Scénario des deux premiers actes des Monténégrins

15 février 1847, La Santa-Barbara. Scènes de la vie orientale (Revue des Deux Mondes)

15 mai 1847, Les Maronites. Un Prince du Liban (Revue des Deux Mondes)

15 août 1847, Les Druses (Revue des Deux Mondes)

17 octobre 1847, Les Akkals (Revue des Deux Mondes)

21 novembre 1847, Souvenirs de l’Archipel. Les Moulins de Syra (L’Artiste-Revue de Paris)

15 juillet 1848, Les Poésies de Henri Heine (Revue des Deux Mondes)

15 septembre 1848, Les Poésies de Henri Heine, L’Intermezzo (Revue des Deux Mondes)

7 janvier-24 juin 1849, puis 2 septembre 1849-27 janvier 1850, Al-Kahira. Souvenirs d’Orient (La Silhouette)

1er-27 mars 1849, Le Marquis de Fayolle, 1re partie (Le Temps)

26 avril 16 mai 1849, Le Marquis de Fayolle, 2e partie (Le Temps)

6 octobre 1849, Le Diable rouge (Almanach cabalistique pour 1850)

3 novembre 1849 (BF), Le Diable vert, et Impression de voyage (Almanach satirique, chez Aubert, Martinon et Dumineray)

7 mars-19 avril 1850, Les Nuits du Ramazan (Le National)

15 août 1850, Les Confidences de Nicolas, 1re livraison (Revue des Deux Mondes)

26 août 1850, Le Faust du Gymnase (La Presse)

1er septembre 1850, Les Confidences de Nicolas, 2e livraison (Revue des Deux Mondes)

9 septembre 1850, Excursion rhénane (La Presse)

15 septembre 1850, Les Confidences de Nicolas, 3e livraison (Revue des Deux Mondes)

18 et 19 septembre 1850, Les Fêtes de Weimar (La Presse)

1er octobre 1850, Goethe et Herder (L’Artiste-Revue de Paris)

24 octobre-22 décembre 1850, Les Faux-Saulniers (Le National)

29 décembre 1850, Les Livres d’enfants, La Reine des poissons (Le National)

novembre 1851, Quintus Aucler (Revue de Paris)

24 janvier 1852 (BF), L’Imagier de Harlem, Librairie théâtrale

15 juin 1852, Les Fêtes de mai en Hollande (Revue des Deux Mondes)

1er juillet 1852, La Bohême galante I (L’Artiste)

15 juillet 1852, La Bohême galante II (L’Artiste)

1er août 1852, La Bohême galante III (L’Artiste)

15 août 1852, La Bohême galante IV (L’Artiste)

21 août 1852 (BF), Lorely. Souvenirs d’Allemagne, chez Giraud et Dagneau (Préface à Jules Janin)

1er septembre 1852, La Bohême galante V (L’Artiste)

15 septembre 1852, La Bohême galante VI (L’Artiste)

1er octobre 1852, La Bohême galante VII (L’Artiste)

9 octobre 1852, Les Nuits d’octobre, 1re livraison (L’Illustration)

15 octobre 1852, La Bohême galante VIII (L’Artiste)

23 octobre 1852, Les Nuits d’octobre, 2e livraison (L’Illustration)

30 octobre 1852, Les Nuits d’octobre, 3e livraison (L’Illustration)

1er novembre 1852, La Bohême galante IX (L’Artiste)

6 novembre 1852, Les Nuits d’octobre, 4e livraison (L’Illustration)

13 novembre 1852, Les Nuits d’octobre, 5e livraison (L’Illustration)

15 novembre 1852, La Bohême galante X (L’Artiste)

20 novembre 1852, Les Illuminés, chez Victor Lecou (« La Bibliothèque de mon oncle »)

1er décembre 1852, La Bohême galante XI (L’Artiste)

15 décembre 1852, La Bohême galante XII (L’Artiste)

1er janvier 1853 (BF), Petits Châteaux de Bohême. Prose et Poésie, chez Eugène Didier

15 août 1853, Sylvie. Souvenirs du Valois (Revue des Deux Mondes)

14 novembre 1853, Lettre à Alexandre Dumas

25 novembre 1853-octobre 1854, Lettres à Émile Blanche

10 décembre 1853, Alexandre Dumas, Causerie avec mes lecteurs (Le Mousquetaire)

17 décembre 1853, Octavie (Le Mousquetaire)

1853-1854, Le Comte de Saint-Germain (manuscrit autographe)

28 janvier 1854 (BF) Les Filles du feu, préface, Les Chimères, chez Daniel Giraud

31 octobre 1854, Pandora (Le Mousquetaire)

25 novembre 1854, Pandora, épreuves du Mousquetaire

Pandora, texte reconstitué par Jean Guillaume en 1968

Pandora, texte reconstitué par Jean Senelier en 1975

30 décembre 1854, Promenades et Souvenirs, 1re livraison (L’Illustration)

1854 ? Sydonie (manuscrit autographe)

1854? Emerance (manuscrit autographe)

1854? Promenades et Souvenirs (manuscrit autographe)

janvier 1855, Oeuvres complètes (manuscrit autographe)

1er janvier 1855, Aurélia ou le Rêve et la Vie (Revue de Paris)

6 janvier 1855, Promenades et Souvenirs, 2e livraison (L’Illustration)

3 février 1855, Promenades et Souvenirs, 3e livraison (L’Illustration)

15 février 1855, Aurélia ou Le Rêve et la Vie, seconde partie (Revue de Paris)

15 mars 1855, Desiderata (Revue de Paris)

1866, La Forêt noire, scénario

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BF: annonce dans la Bibliographie de la France

Manuscrit autographe: manuscrit non publié du vivant de Nerval

30 avril 1831 — Le Bonheur de la maison par Jean-Paul Richter, dans Le Mercure de France au XIXe siècle, t. XXXIII, p. 198-203, « Traduit par Gérard »

La mention « traduit par Gérard » laisse supposer que ce fragment de récit est de Jean-Paul Richter, mais le texte allemand demeure introuvable. Il semble bien qu’il ne s'agisse en fait ni d'une traduction, ni même d'une adaptation de Jean-Paul Richter, mais d'une création de Nerval. « Fragment » est le terme qu’il emploiera aussi en tête de la Rêverie de Charles VI publiée en 1842.

Le narrateur enfant vit heureux avec sa petite compagne Maria dans le presbytère de son oncle « aux murailles blanches, aux contrevents verts », quand ce dernier est obligé de partir pour ses affaires. Il ne reviendra pas, l’enfant sera envoyé au collège, Maria elle aussi dépérira dans un pensionnat, petite âme qui était « la poésie sous l’apparence d’une femme, votre rêve et le mien dans sa réalité ».

Voir la notice LA CAMARADERIE DU PETIT CÉNACLE.

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LE BONHEUR DE LA MAISON.

PAR JEAN-PAUL RICHTER.

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MARIA. Fragment.

.... Quelques mois s’écoulèrent ainsi, au bout desquels mon oncle se trouva forcé de faire un voyage d’assez long cours pour recueillir les débris de sa fortune : il le différa autant qu’il put, car il n’avait jamais quitté, depuis sa sortie du séminaire, son village enfoui au milieu des bois comme un nid d’oiseaux, et il lui en coûtait beaucoup pour se séparer de son presbytère aux murailles blanches, aux contrevents verts, où il avait caché sa vie aux yeux méchans des hommes. En partant, il remit entre les mains de Berthe, afin de subvenir à l’entretien de la maison pendant son absence, une petite bourse de cuir assez plate, et promit de revenir bientôt. Il n’y avait là rien que de très-naturel sans doute ; pourtant nous avions tous le cœur gros, et je ne sais pourquoi il nous semblait que nous ne le reverrions plus. Aussi, Marie et moi, nous l’accompagnâmes jusqu’au pied de la colline, trottant de toutes nos forces de chaque côté de son cheval, pour être plus long-temps avec lui. Quand nous fûmes las : Assez, mes chers petits, nous dit-il, je ne veux pas que vous alliez plus loin, Berthe serait inquiète de vous. Puis il nous haussa sur son étrier, nous donna à chacun un baiser, et piqua des deux.

Alors un frisson me prit, et des pleurs tombèrent de mes yeux, comme les gouttes d’une pluie d’orage ; il me parut qu’on venait de fermer sur lui le couvercle du cercueil et d’y planter le dernier clou.

Oh ! mon Dieu ! dit Maria en laissant aller un soupir profond et comprimé, mon pauvre oncle, — Il était si bon ! — Et elle tourna vers moi ses yeux clairs nageant dans un fluide abondant et pur.

Ce serait un grand malheur ! lui répondis-je d’un ton de voix sourd, ne lâchant mes syllabes qu’une à une comme un avare ses pièces d’or. — Bien grand ! reprit Marie dont j’avais compris la pensée, bien qu’elle n’osât se l’avouer à elle-même....

Une semaine, puis deux, puis trois, et plusieurs autres s’écoulèrent sans que nous entendissions parler de mon oncle ; ni lettre, ni message, c’était comme s’il n’avait jamais été, ou comme s’il n’était plus. Berthe ne savait que penser et se perdait en conjectures ; Jacobus Pragmater hochait la tête d’un air mystérieux et significatif ; Maria était triste, et moi par conséquent, car je ne vivais que par elle et pour elle ; ou si par hasard un sourire venait relever les coins de sa petite bouche et faire voir ses dents brillantes comme des gouttes de rosée au fond d’une fleur, c’était un de ces sourires vagues et mélancoliques qui remuent dans l’âme mille émotions confuses, mais poignantes, dont on ne saurait se rendre compte ; quand elle souriait ainsi, l’expression de sa figure avait quelque chose de si sévère, un air de repos et de calme si profond, si harmonieusement mêlé à la grâce candide de ses traits enfantins, que toute pensée humaine s’effaçait à son aspect comme les étoiles au réveil de l’aube ; le vide se faisait à l’entour, elle seule était tout. Moi, j’étais abîmé dans cette contemplation, car ce que je voyais, je ne l’avais pas encore vu. Une autre vie m’était ouverte ; il y avait tant de promesses de bonheur dans ce regard doux comme un souvenir de paradis, tant de consolations sur ce front blanc et pur, dans ce sourire, tant de morbidesse et de laisser aller!... Aussi je compris que cela ne pourrait durer long-temps; je me mis à l'aimer de toutes mes forces, et à serrer ma vie afin de faire tenir une année en un jour.

Ce fut en effet vers ce temps que l’on jugea à propos de m’envoyer au collège pour terminer mon éducation ébauchée par mon oncle, homme qui n’avait que du bon sens et qui n’était jamais allé à Paris. Il fallut me séparer de Maria. Ce fut mon premier chagrin, mais il fut grand ; mon cœur fut brisé, ma vie fanée à son avril, et depuis il s’est passé bien des printemps sans que l’arbre ait reverdi. Ce fut pour moi le coup de hache sur le serpent ; les tronçons saignans s’agitent et se tordent, quand se rejoindront-ils ?

Comme la mauvaise saison était arrivée, Maria retourna chez ses parens et fut mise en pension : il lui fallut rester claquemurée dans une chambre, clouée à des livres insipides, ayant par dessus sa tête un plafond de plâtre, sous ses pieds un plancher couvert d’une poussière scolastique, elle dont le cabinet d’étude avait été la tourelle fleurie du jardin, l’allée du parc, ou la grotte tapissée de mousse ; elle qui n’avait lu d’autre livre que celui de la nature et les vieilles légendes d’autrefois, elle accoutumée à voir flotter les nuages dans le bleu, et à coucher dans sa course légère les pâquerettes humides de rosée qui balancent au milieu des grandes herbes leur frêle disque d’argent ; aussi, au bout d’un mois, un ennui vaste et profond la prit au cœur ; tout lui déplaisait et la fatiguait : les conversations, les caresses et les jeux de ses compagnes lui étaient à charge ; leur joie lui semblait un sarcasme, elle enviait leur sort tout en le méprisant, car elle ne pouvait concevoir, dans son imagination indépendante et vagabonde, cette gaîté à heures fixes, cette turbulence de plaisir qui meurt au premier coup de cloche sans se permettre d’achever la gambade commencée ; ce bonheur pareil à un chien attaché à une corde, qui saute, jappe, frétille et galope, court après sa queue, creuse le sable avec ses pattes, fait voler la poussière, mais que son collier étrangle lorsqu’il tend trop la chaîne, et veut dépasser l’étroit rayon qu’elle lui permet de parcourir. Elle ne comprenait rien à tout cela ; les études et les amusemens du pensionnat lui paraissaient également puérils ; les manières roides et guindées des maîtresses et des sous-maîtresses, la prétentieuse pureté de leurs discours vides et froids, tout ce clinquant de phrases, tous ces oripeaux de mauvais aloi cousus à des guenilles fanées, ce badigeonnage oratoire plaqué sur le néant, ne disaient absolument rien ni à son cœur ni à sa tête ; les morceaux choisis qu’on lui lisait afin de purifier son goût et d’abattre les angles trop prononcés de son caractère, lui faisaient l’effet d’une tisane claire et fade qu’on lui aurait fait avaler en lui ouvrant la bouche de force : elle fut prêchée, grondée, mise en pénitence, ni plus ni moins ; elle resta ce qu’elle était, ce que personne au monde n’a jamais été et ne sera jamais. — Elle. Rien n’y fit, car elle avait été coulée d’un seul jet, c’était une nature cubique et complète à qui l’on ne pouvait rien ajouter sans produire une loupe ou une gibbosité, une nature pleine de sève et d’énergie, ayant surabondance et luxe d’animation, déversant son trop-plein en sympathies ardentes et passionnées ; non une de ces natures pauvres et grêles qu’il faut achever de pièces et de morceaux, plus ou moins adroitement soudés, et dont il faut dissimuler la maigreur avec du coton et de l’ouate... En vérité ce n’était pas cela ! Quoi donc ? La poésie sous l’apparence d’une femme, votre rêve et le mien dans sa réalité, les battemens de votre cœur traduits et commentés par sa voix, ce qui est en vous depuis que vous êtes, et que vous ne comprenez pas, l’intelligence de l’être, la vie dans sa plus riche expression... — Je l’ai dit, frère, et je le dis encore, celle que j’ai tant aimée n’était pas taillée sur le patron des autres, elle n’avait ni fausseté ni corset.

On ne saurait dire combien le prieuré devint triste quand Maria n’y fut plus ; c’était comme si l’on eût éteint la paillette de lumière d’un tableau de Rembrandt. Tout prit une teinte lugubre. Les murailles, noyées de larges ombres, semblaient des tentures funèbres ; les frêles capucines et les volubilis qui encadraient la fenêtre, des herbes sur un tombeau. Pauvres fleurs séchées et jaunies au vent de novembre ! adieu, l’eau pure épanchée par une main blanche, les fils de fer pour se rouler autour, et le vert treillis losangé où pendre ses clochettes pourprines, votre maîtresse est partie avec les beaux jours et le soleil ! et toi, petit moineau qu’elle aimait, tu n’auras plus ni chènevis ni grains d’orge, ni baisers d’une bouche rose, ni sommeil sur un sein de neige dont les battemens te berçaient ! Va chercher ailleurs un abri contre la pluie et contre la grêle, cesse de becqueter ces vitres et de les frapper de ton aile : Maria ne t’entend pas, elle est loin, bien loin d’ici ! ils l’ont emmenée là-bas, et tu ne la verras plus !... elle a emporté l’âme de la maison ! Le prieuré d’aujourd’hui est l’ancien comme le cadavre est le corps, la bouteille vide, la bouteille pleine de vieux vin du Rhin ; on a laissé le flacon ouvert, le parfum et la poésie se sont évaporés ! Ce n’est plus qu’une maison comme une autre, des murs de quatre côtés, plafond dessus, plancher dessous, l’espace au milieu... voilà ! C’est en vain qu’on chercherait quelque trace de son passage : le vol du colibri laisse-t-il un sillon dans l’air, le lac conserve-t-il le reflet du nuage, la feuille la goutte de rosée et le chant du rossignol qui a soupiré dans son ombre ?... Non, c’est le destin ! Qu’y faire ?... se résigner ; cacher au fond de soi, comme au fond d’un sanctuaire, sa douleur incommensurable ; environner son âme d’un fossé, couper le monde à l’entour, et, comme l’archange tombé, ramener ses ailes sur ses yeux de peur que les autres ne se prennent à rire en vous voyant pleurer ! Mais pourtant, si j’avais été cette muraille, cette dalle, j’aurais fidèlement retenu sa voix et son pas ; si j’avais été ce miroir je n’aurais pas laissé aller son image enchanteresse ; à la place de ce carreau jauni, j’aurais gardé la brume blanche qu’y avait déposée son haleine suave.... oh ! certes !...

(Traduit par GÉRARD.)

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GÉRARD DE NERVAL - SYLVIE LÉCUYER tous droits réservés @

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