TEXTES
1824, Poésies diverses (manuscrit autographe)
1824, L’Enterrement de la Quotidienne (manuscrit autographe)
1824, Poésies et poèmes (manuscrit autographe)
1825, « Pour la biographie des biographes » (manuscrit autographe)
15 février 1826 (BF), Napoléon et la France guerrière, chez Ladvocat
6 mai 1826 (BF), Complainte sur l’immortalité de M. Briffaut, par Cadet Roussel, chez Touquet
6 mai 1826 (BF), Monsieur Dentscourt ou le Cuisinier d’un grand homme, chez Touquet
20 mai 1826 (BF), Les Hauts faits des Jésuites, par Beuglant, chez Touquet
12 août 1826 (BF), Épître à M. de Villèle (Mercure de France du XIXe siècle)
11 novembre 1826 (BF), Napoléon et Talma, chez Touquet
13 et 30 décembre 1826 (BF), L’Académie ou les membres introuvables, par Gérard, chez Touquet
16 mai 1827 (BF), Élégies nationales et Satires politiques, par Gérard, chez Touquet
29 juin 1827, La dernière scène de Faust (Mercure de France au XIXe siècle)
28 novembre 1827 (BF), Faust, tragédie de Goëthe, 1828, chez Dondey-Dupré
15 décembre 1827, A Auguste H…Y (Almanach des muses pour 1828)
1828? Faust (manuscrit autographe)
1828? Le Nouveau genre (manuscrit autographe)
mai 1829, Lénore. Ballade allemande imitée de Bürger (La Psyché)
août 1829, Le Plongeur. Ballade, (La Psyché)
octobre 1829, A Schmied. Ode de Klopstock (La Psyché)
24 octobre 1829, Robert et Clairette. Ballade allemande de Tiedge (Mercure de France au XIXe siècle)
21 novembre 1829, Chant de l’épée. Traduit de Korner (Mercure de France au XIXe siècle)
19 décembre 1829, Lénore. Traduction littérale de Bürger (Mercure de France au XIXe siècle)
janvier 1830, La Lénore de Bürger, nouvelle traduction littérale (La Psyché)
16 janvier 1830, Ma Patrie, de Klopstock (Mercure de France au XIXe siècle)
23 janvier 1830, Légende, par Goethe (Mercure de France au XIXe siècle)
6 février (BF) Poésies allemandes, Klopstock, Goethe, Schiller, Burger (Bibliothèque choisie)
13 février 1830, Les Papillons (Mercure de France au XIXe siècle)
13 février 1830, Appel, par Koerner (1813) (Mercure de France au XIXe siècle)
13 mars 1830, L’Ombre de Koerner, par Uhland, 1816 (Mercure de France au XIXe siècle)
27 mars 1830, La Nuit du Nouvel an d’un malheureux, de Jean-Paul Richter (La Tribune romantique)
29 avril 1830, La Pipe, chanson traduite de l’allemand, de Pfeffel (La Tribune romantique)
13 mai 1830 Le Cabaret de la mère Saguet (Le Gastronome)
mai 1830, M. Jay et les pointus littéraires (La Tribune romantique)
juillet ? 1830, Récit des journées des 27-29 juillet (manuscrit autographe)
14 août 1830, Le Peuple (Mercure de France au XIXe siècle)
11 décembre 1830, A Victor Hugo. Les Doctrinaires (Almanach des muses pour 1831)
29 décembre 1830, La Malade (Le Cabinet de lecture )
29 janvier 1831, Odelette, Le Vingt-cinq mars (Almanach dédié aux demoiselles)
14 mars 1831, En avant, marche! (Cabinet de lecture)
23 avril 1831, Bardit, traduit du haut-allemand (Mercure de France au XIXe siècle)
7 mai 1831, Profession de foi (Mercure de France au XIXe siècle)
25 juin et 9 juillet 1831, Nicolas Flamel, drame-chronique (Mercure de France au XIXe siècle)
4 décembre 1831, Cour de prison, Le Soleil et la gloire (Le Cabinet de lecture)
17 décembre 1831, Fantaisie, odelette (Annales romantiques pour 1832)
24 septembre 1832, La Main de gloire, histoire macaronique (Le Cabinet de lecture)
14 décembre 1834, Odelettes (Annales romantiques pour 1835)
1835-1838 ? Lettres d’amour (manuscrits autographes)
26 mars et 20 juin 1836, De l’Aristocratie en France (Le Carrousel)
20 et 26 mars 1837, De l’avenir de la tragédie (La Charte de 1830)
12 août 1838, Les Bayadères à Paris (Le Messager)
18 septembre 1838, A M. B*** (Le Messager)
2 octobre 1838, La ville de Strasbourg. A M. B****** (Le Messager)
26 octobre 1838, Lettre de voyage. Bade (Le Messager)
31 octobre 1838, Lettre de voyage. Lichtenthal (Le Messager)
24 novembre 1838, Léo Burckart (manuscrit remis à la censure)
25, 26 et 28 juin 1839, Le Fort de Bitche. Souvenir de la Révolution française (Le Messager)
13 juillet 1839 (BF) Léo Burckart, chez Barba et Desessart
19 juillet 1839, « Le Mort-vivant », drame de M. de Chavagneux (La Presse)
15 et 16-17 août 1839, Les Deux rendez-vous, intermède (La Presse)
17 et 18 septembre 1839, Biographie singulière de Raoul Spifamme, seigneur des Granges (La Presse)
28 janvier 1840, Lettre de voyage I (La Presse)
25 février 1840, Le Magnétiseur
5 mars 1840, Lettre de voyage II (La Presse)
8 mars 1840, Lettre sur Vienne (L’Artiste)
26 mars 1840, Lettre de voyage III (La Presse)
28 juin 1840, Lettre de voyage IV, Un jour à Munich (La Presse)
18 juillet 1840 (BF) Faust de Goëthe suivi du second Faust, chez Gosselin
26 juillet 1840, Allemagne du Nord - Paris à Francfort I (La Presse)
29 juillet, 1840, Allemagne du Nord - Paris à Francfort II (La Presse)
30 juillet 1840, Allemagne du Nord - Paris à Francfort III (La Presse)
11 février 1841, Une Journée à Liège (La Presse)
18 février 1841, L’Hiver à Bruxelles (La Presse)
1841 ? Première version d’Aurélia (feuillets autographes)
février-mars 1841, Lettre à Muffe, (sonnets, manuscrit autographe)
1841 ? La Tête armée (manuscrit autographe)
mars 1841, Généalogie dite fantastique (manuscrit autographe)
1er mars 1841, Jules Janin, Gérard de Nerval (Journal des Débats)
5 mars 1841, Lettre à Edmond Leclerc
7 mars 1841, Les Amours de Vienne (Revue de Paris)
31 mars 1841, Lettre à Auguste Cavé
11 avril 1841, Mémoires d’un Parisien. Sainte-Pélagie en 1832 (L’Artiste)
9 novembre 1841, Lettre à Ida Ferrier-Dumas
novembre? 1841, Lettre à Victor Loubens
10 juillet 1842, Les Vieilles ballades françaises (La Sylphide)
15 octobre 1842, Rêverie de Charles VI (La Sylphide)
24 décembre 1842, Un Roman à faire (La Sylphide)
19 et 26 mars 1843, Jemmy O’Dougherty (La Sylphide)
11 février 1844, Une Journée en Grèce (L’Artiste)
10 mars 1844, Le Roman tragique (L’Artiste)
17 mars 1844, Le Boulevard du Temple, 1re livraison (L’Artiste)
31 mars 1844, Le Christ aux oliviers (L’Artiste)
5 mai 1844, Le Boulevard du Temple 2e livraison (L’Artiste)
12 mai 1844, Le Boulevard du Temple, 3e livraison (L’Artiste)
2 juin 1844, Paradoxe et Vérité (L’Artiste)
30 juin 1844, Voyage à Cythère (L’Artiste)
28 juillet 1844, Une Lithographie mystique (L’Artiste)
11 août 1844, Voyage à Cythère III et IV (L’Artiste)
15 septembre, Diorama (L’Artiste-Revue de Paris)
29 septembre 1844, Pantaloon Stoomwerktuimaker (L’Artiste)
20 octobre 1844, Les Délices de la Hollande I (La Sylphide)
8 décembre 1844, Les Délices de la Hollande II (La Sylphide)
16 mars 1845, Pensée antique (L’Artiste)
19 avril 1845 (BF), Le Diable amoureux par J. Cazotte, préface de Nerval, chez Ganivet
1er juin 1845, Souvenirs de l’Archipel. Cérigo (L’Artiste-Revue de Paris)
6 juillet 1845, L’Illusion (L’Artiste-Revue de Paris)
5 octobre 1845, Strasbourg (L’Artiste-Revue de Paris)
novembre-décembre 1845, Le Temple d’Isis. Souvenir de Pompéi (La Phalange)
28 décembre 1845, Vers dorés (L’Artiste-Revue de Paris)
1er mars 1846, Sensations d’un voyageur enthousiaste I (L’Artiste-Revue de Paris)
15 mars 1846, Sensations d’un voyageur enthousiaste II (L’Artiste-Revue de Paris)
1er mai 1846, Les Femmes du Caire. Scènes de la vie égyptienne (Revue des Deux Mondes)
17 mai 1846, Sensations d’un voyageur enthousiaste III (L’Artiste-Revue de Paris)
12 juillet 1846 Sensations d’un voyageur enthousiaste IV (L’Artiste-Revue de Paris)
16 août 1846, Un Tour dans le Nord. Angleterre et Flandre (L’Artiste-Revue de Paris)
30 août 1846, De Ramsgate à Anvers (L’Artiste-Revue de Paris)
20 septembre 1846, Une Nuit à Londres (L’Artiste-Revue de Paris)
1er novembre 1846, Un Tour dans le Nord III (L’Artiste-Revue de Paris)
22 novembre 1846, Un Tour dans le Nord IV (L’Artiste-Revue de Paris)
15 décembre 1846, Scènes de la vie égyptienne moderne. La Cange du Nil (Revue des Deux Mondes)
1847, Scénario des deux premiers actes des Monténégrins
15 février 1847, La Santa-Barbara. Scènes de la vie orientale (Revue des Deux Mondes)
15 mai 1847, Les Maronites. Un Prince du Liban (Revue des Deux Mondes)
15 août 1847, Les Druses (Revue des Deux Mondes)
17 octobre 1847, Les Akkals (Revue des Deux Mondes)
21 novembre 1847, Souvenirs de l’Archipel. Les Moulins de Syra (L’Artiste-Revue de Paris)
15 juillet 1848, Les Poésies de Henri Heine (Revue des Deux Mondes)
15 septembre 1848, Les Poésies de Henri Heine, L’Intermezzo (Revue des Deux Mondes)
1er-27 mars 1849, Le Marquis de Fayolle, 1re partie (Le Temps)
26 avril 16 mai 1849, Le Marquis de Fayolle, 2e partie (Le Temps)
6 octobre 1849, Le Diable rouge (Almanach cabalistique pour 1850)
7 mars-19 avril 1850, Les Nuits du Ramazan (Le National)
15 août 1850, Les Confidences de Nicolas, 1re livraison (Revue des Deux Mondes)
26 août 1850, Le Faust du Gymnase (La Presse)
1er septembre 1850, Les Confidences de Nicolas, 2e livraison (Revue des Deux Mondes)
9 septembre 1850, Excursion rhénane (La Presse)
15 septembre 1850, Les Confidences de Nicolas, 3e livraison (Revue des Deux Mondes)
18 et 19 septembre 1850, Les Fêtes de Weimar (La Presse)
1er octobre 1850, Goethe et Herder (L’Artiste-Revue de Paris)
24 octobre-22 décembre 1850, Les Faux-Saulniers (Le National)
29 décembre 1850, Les Livres d’enfants, La Reine des poissons (Le National)
novembre 1851, Quintus Aucler (Revue de Paris)
24 janvier 1852 (BF), L’Imagier de Harlem, Librairie théâtrale
15 juin 1852, Les Fêtes de mai en Hollande (Revue des Deux Mondes)
1er juillet 1852, La Bohême galante I (L’Artiste)
15 juillet 1852, La Bohême galante II (L’Artiste)
1er août 1852, La Bohême galante III (L’Artiste)
15 août 1852, La Bohême galante IV (L’Artiste)
21 août 1852 (BF), Lorely. Souvenirs d’Allemagne, chez Giraud et Dagneau (Préface à Jules Janin)
1er septembre 1852, La Bohême galante V (L’Artiste)
15 septembre 1852, La Bohême galante VI (L’Artiste)
1er octobre 1852, La Bohême galante VII (L’Artiste)
9 octobre 1852, Les Nuits d’octobre, 1re livraison (L’Illustration)
15 octobre 1852, La Bohême galante VIII (L’Artiste)
23 octobre 1852, Les Nuits d’octobre, 2e livraison (L’Illustration)
30 octobre 1852, Les Nuits d’octobre, 3e livraison (L’Illustration)
1er novembre 1852, La Bohême galante IX (L’Artiste)
6 novembre 1852, Les Nuits d’octobre, 4e livraison (L’Illustration)
13 novembre 1852, Les Nuits d’octobre, 5e livraison (L’Illustration)
15 novembre 1852, La Bohême galante X (L’Artiste)
20 novembre 1852, Les Illuminés, chez Victor Lecou (« La Bibliothèque de mon oncle »)
1er décembre 1852, La Bohême galante XI (L’Artiste)
15 décembre 1852, La Bohême galante XII (L’Artiste)
1er janvier 1853 (BF), Petits Châteaux de Bohême. Prose et Poésie, chez Eugène Didier
15 août 1853, Sylvie. Souvenirs du Valois (Revue des Deux Mondes)
14 novembre 1853, Lettre à Alexandre Dumas
25 novembre 1853-octobre 1854, Lettres à Émile Blanche
10 décembre 1853, Alexandre Dumas, Causerie avec mes lecteurs (Le Mousquetaire)
17 décembre 1853, Octavie (Le Mousquetaire)
1853-1854, Le Comte de Saint-Germain (manuscrit autographe)
28 janvier 1854 (BF) Les Filles du feu, préface, Les Chimères, chez Daniel Giraud
31 octobre 1854, Pandora (Le Mousquetaire)
25 novembre 1854, Pandora, épreuves du Mousquetaire
Pandora, texte reconstitué par Jean Guillaume en 1968
Pandora, texte reconstitué par Jean Senelier en 1975
30 décembre 1854, Promenades et Souvenirs, 1re livraison (L’Illustration)
1854 ? Sydonie (manuscrit autographe)
1854? Emerance (manuscrit autographe)
1854? Promenades et Souvenirs (manuscrit autographe)
janvier 1855, Oeuvres complètes (manuscrit autographe)
1er janvier 1855, Aurélia ou le Rêve et la Vie (Revue de Paris)
6 janvier 1855, Promenades et Souvenirs, 2e livraison (L’Illustration)
3 février 1855, Promenades et Souvenirs, 3e livraison (L’Illustration)
15 février 1855, Aurélia ou Le Rêve et la Vie, seconde partie (Revue de Paris)
15 mars 1855, Desiderata (Revue de Paris)
1866, La Forêt noire, scénario
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BF: annonce dans la Bibliographie de la France
Manuscrit autographe: manuscrit non publié du vivant de Nerval
[25] novembre 1854 — Épreuves du Mousquetaire, pour la deuxième partie de Pandora, non publiées (fonds Lovenjoul D 745 fol. 382-385)
La date du 25 se fonde sur une copie de ces épreuves dans le fonds Lovenjoul (D 745 fol. 386-391) où elle figure.
Après la publication manquée du Mousquetaire du 31 octobre, Nerval s’est rendu au journal et ne trouvant pas Dumas, a laissé pour lui
1° un billet à lui adressé ,
2° un « Prière d’insérer » qui manquait au début de la publication de la première partie de Pandora,
3° la fin du texte des Amours de Vienne de 1841 qui devait faire raccord,
4° les feuillets manuscrits de la suite de sa nouvelle (à partir de : « De colère »).
Maladresse, erreur volontaire ? on imprime le tout en épreuves. L’hiatus narratif entre le rappel du texte de 1841 et la reprise : « De colère » rendait le texte incompréhensible. Nerval a évidemment dû mettre son veto à cette publication ridicule. Pandora en restera là et il faudra attendre un siècle pour que le texte en soit finalement reconstitué à partir des fragments autographes retrouvés.
On connaît à ce jour trente-quatre fragments manuscrits autographes de Pandora, rédigés à l’encre rouge et à l’encre noire. Parmi eux se trouve la courte notice, prière d’insérer, depuis « Je suis obligé d’expliquer » jusqu’à « d’appuyer sur ce point », destiné à expliquer le retard apporté à la publication de la fin des Amours de Vienne.
Nous reproduisons ici les quatre feuillets d’épreuves.
******
[fol. 382] Mon cher Dumas,
Depuis que Mme Noé, que je soupçonne vaguement d’être la mère des trois races d’humains auxquels nous appartenons tous plus ou moins, que Mme Noé, dis-je, a fait fuir votre rédaction ordinaire, il est impossible de savoir à qui parler, soit au Mousquetaire, soit à votre hôtel. Je ne veux pas vous accabler d’une réimpression de l’article intitulé Pandora, publié il y a trois jours, reconnaissant que vous ne l’aviez pas récrit, mais ayant à me plaindre de ne pas y avoir lu l’en-tête que vous m’aviez promis et qui devait expliquer ce logogriphe — vous avez coupé la syrène en deux — j’apporte la queue. N’ayant pu parler qu’à une femme à votre service, et, étant allé déjeuner pendant que vous déjeuniez, cette même femme, que je qualifierai de dame, si elle y tient, m’a remis mon manuscrit avec cet autographe au crayon :
« Mon cher Gérard,
C’est la suite de la Pandora… Portez, je vous prie, à l’imprimerie. Je suis à la répétition. À vous,
Alex. Dumas.
Portez (l’article sans doute) ; mais à la répétition de quoi ?
______
LES AMOUREUX DE VIENNE.
[en marge, EUX est corrigé en s]
PANDORA.
(Suite et fin.)
Je suis obligé d’expliquer que Pandora fait suite aux aventures que j’ai publiées autrefois dans la Revue de Paris, et réimprimées dans l’introduction de mon Voyage en Orient sous le titre : Les Amours de Vienne. Des raisons de convenance qui n’existent plus j’espère m’avaient forcé de supprimer ce chapitre. S’il faut encore un peu de clarté, permettez-moi de vous faire réimprimer les lignes qui précédaient jadis ce passage de mes Mémoires. J’écris les miens sous plusieurs formes, puisque c’est la mode aujourd’hui. Ceci est un fragment d’une lettre confidentielle adressée à M. Théophile Gautier, qui n’a vu le jour que par suite d’une indiscrétion de la police de Vienne — à qui je pardonne — et il serait trop long, dangereux peut-être d’appuyer sur ce point.
Voici le passage que les curieux ont le droit de reporter en tête du premier article de Pandora.
« Représente-toi une grande cheminée de marbre sculpté. Les cheminées sont rares à Vienne et n’existent guère que dans les palais. Les fauteuils et les divans ont des pieds dorés. Autour de la salle il y a des consoles dorées ; et les lambris… ma foi, il y a aussi des lambris dorés. La chose est complète, comme tu vois.
« Devant cette cheminée, trois dames charmantes sont assises : l’une est de Vienne ; les deux autres sont, l’une Italienne, l’autre Anglaise. L’une des trois est la maîtresse de la maison. Des hommes qui sont là, deux sont comtes, un autre est un prince hongrois, un autre est ministre, et les autres sont des jeunes gens pleins d’avenir. Les dames ont parmi eux des maris et des amants avoués, connus ; mais tu sais que les amants passent en général à l’état de maris, c’est-à-dire ne comptent plus comme individualité masculine. Cette remarque est très-forte, songes-y bien.
« Ton ami se trouve donc seul d’homme dans cette société à bien juger sa position ; la maîtresse de la maison mise à part (cela doit être), ton ami a donc des chances de fixer l’attention des deux dames qui restent, et même il a peu de mérite à cela par les raisons que je viens d’exposer.
« Ton ami a dîné confortablement ; il a bu des vins de France et de Hongrie, pris du café et de la liqueur ; il est bien mis, son linge est d’une finesse exquise, ses cheveux sont soyeux et frisés très-légèrement ; ton ami fait du paradoxe, ce qui est usé depuis dix ans chez nous, et qui est ici tout neuf. Les seigneurs étran [fol. 383] gers ne sont pas de force à lutter sur ce bon terrain que nous avons tant remué. Ton ami flamboie et pétille ; on le touche, il en sort du feu.
« Voilà un jeune homme bien posé ; il plaît prodigieusement aux dames (1) ; les hommes sont très-charmés aussi. Les gens de ce pays sont si bons ! Ton ami passe donc pour un causeur agréable. On se plaint qu’il parle peu ; mais quand il s’échauffe, il est très bien !
(1) Nous disons encore les dames, quoiqu’il soit de bon goût, dans le monde, de dire les femmes.
« Je te dirai que des deux dames il en est une qui me plaît beaucoup, et l’autre beaucoup aussi. Toutefois l’Anglaise a un petit parler si doux, elle est si bien assise dans son fauteuil ; de beaux cheveux blonds à reflets rouges, la peau si blanche ; de la soie, de la ouate et des tulles, des perles et des opales : on ne sait pas trop ce qu’il y a au milieu de tout cela, mais c’est si bien arrangé !
« C’est là un genre de beauté et de charme que je commence à présent à comprendre ; je vieillis. Si bien que me voilà à m’occuper toute la soirée de cette jolie femme dans son fauteuil. L’autre paraissait s’amuser beaucoup dans la conversation d’un monsieur d’un certain âge qui semble fort épris d’elle et dans les conditions d’un patito tudesque, ce qui n’est pas réjouissant. Je causais avec la petite dame bleue ; je lui témoignais avec feu mon admiration pour les cheveux et le teint des blondes. Voici l’autre, qui nous écoutait d’une oreille, qui quitte brusquement la conversation de son soupirant et se mêle à la nôtre. Je veux tourner la question. Elle avait tout entendu. Je me hâte d’établir une distinction pour les brunes qui ont la peau blanche : elle me répond que la sienne est noire... de sorte que voilà ton ami réduit aux exceptions, aux conventions, aux protestations. Alors je pensais avoir beaucoup déplu à la dame brune. J’en étais fâché parce qu’après tout elle est fort belle et fort majestueuse dans sa robe blanche, et ressemble à la Grisi dans le premier acte de don Juan. Ce souvenir m’avait servi, du reste, à rajuster un peu les choses. Deux jours après, je me rencontre au Casino avec l’un des comtes qui étaient là ; nous allons par occasion dîner ensemble, puis au spectacle. Nous nous lions comme cela. La conversation tombe sur les deux dames dont j’ai parlé plus haut ; il me propose de me présenter à l’une d’elle : la noire. J’objecte ma maladresse précédente. Il me dit qu’au contraire cela avait très bien fait. — Cet homme est profond. »
De colère, je renversai le paravent, qui figurait un salon de campagne. — Quel scandale ! — Je m’enfuis du salon à toutes jambes, bousculant, le long des escaliers, des foules d’huissiers à chaînes d’argent et d’heiduques galonnés, et, m’attachant des pattes de cerf, j’allai me réfugier honteusement dans la taverne des chasseurs.
Là, je demandai un pot de vin nouveau, que je mélangeai d’un pot de vin vieux, et j’écrivis à la déesse une lettre de quatre pages, d’un style abracadabrant. Je lui rappelais les souffrances de Prométhée, quand il mit au jour une créature aussi dépravée qu’elle. Je critiquai sa boîte à malice et son ajustement de bayadère. J’osai même m’attaquer à ses pieds serpentins, que je voyais passer insidieusement sous sa robe. — Puis j’allai porter la lettre à l’hôtel où elle demeurait.
Sur quoi je retournai à mon petit logement de Leopoldstadt, où je ne pus dormir de la nuit. Je la voyais dansant toujours avec deux cornes d’argent ciselé, agitant sa tête empanachée, et faisant onduler son col de dentelles gauffrées [sic] sur les plis de sa robe de brocart.
Qu’elle était belle en ses ajustemens de soie et de pourpre lévantine, faisant luire insolemment ses blanches épaules, huilées de la sueur du monde. Je la domptai en m’attachant désespérément à ses cornes, et je crus reconnaître en elle l’altière Catherine, im[fol. 384] pératrice de toutes les Russies. J’étais, moi, le prince de Ligne, — et elle ne fit pas de difficultés de m’accorder la Crimée, ainsi que l’emplacement de l’ancien temple de Thoas. — Je me trouvai tout à coup moelleusement assis sur le trône de Stamboul.
— Malheureuse ! lui dis-je, nous sommes perdus par ta faute, et le monde va finir ! Ne sais-tu pas qu’on ne peut plus respirer ici ? L’air est infecté de tes poisons, et la dernière bougie qui nous éclaire encore tremble et pâlit déjà au souffle impur de nos haleines… De l’air ! de l’air ! Nous périssons !
— Mon seigneur, cria-t-elle, nous n’avons à vivre que sept mille ans. Cela fait encore mille cent-quarante…
— Septante-sept mille ! lui dis-je, et des millions d’années en plus : tes nécromanciens se sont trompés.
Alors elle s’élança, rajeunie des oripeaux qui la couvraient et son vol se perdit dans le ciel pourpré du lit à colonnes. Mon esprit flottant voulut en vain la suivre : elle avait disparue [corrigé en marge] pour l’éternité.
J’étais en train d’avaler quelques pépins de grenade. Une sensation douloureuse succéda dans ma gorge à cette distraction. Je me trouvais étranglé. On me trancha la tête, qui fut exposée à la porte du sérail, et j’étais mort tout de bon, si un perroquet, passant à tire d’aile, n’eût avalé quelques-uns des pépins qu[i se trouvaient mêlés avec le sang corrigé au crayon, selon J. Guillaume, illisible aujourd'hui]e j’avais rejetés.
Il me transporta à Rome sous les berceaux fleuris de la treille du Vatican, où la belle Impéria trônait à la table sacrée, entourée d’un conclave de cardinaux. A l’aspect des plats d’or, je me sentis revivre, et je lui dis : « Je te reconnais bien, Jésabel ! » Puis un craquement se fit dans la salle. C’était l’annonce du Déluge, opéra en trois actes. Il me sembla alors que mon esprit perçait la terre, et, traversant à la nage les bancs de corail de l’Océan et la mer pourprée des tropiques, je me trouvai jeté sur la rive ombragée de l’île des Amours. C’était la plage de Taïti. Trois jeunes filles m’entouraient et me faisaient peu à peu revenir. Je leur adressai la parole. Elles avaient oublié la langue des hommes. [demande de — en marge] Salut mes sœurs du Ciel, leur dis-je en souriant.
Je me jetai hors du lit comme un fou ; il faisait grand jour ; il fallait attendre jusqu’à midi pour aller savoir l’effet de ma lettre. La Pandora dormait encore quand j’arrivai chez elle. Elle bondit de joie et me dit : « Allons au Prater, je vais m’habiller. » Pendant que je l’attendais dans son salon, le prince *** frappa à la porte, et me dit qu’il revenait du château. Je l’avais cru dans ses terres. — Il me parla longtemps de sa force à l’épée, et de certaines rapières dont les étudians du Nord se servent dans leurs duels. Nous nous escrimions dans l’air, quand notre double étoile apparut. Ce fut alors à qui ne sortirait pas du salon. Ils se mirent à causer dans une langue que j’ignorais ; mais je ne lâchai pas un pouce de terrain. Nous descendîmes l’escalier tous trois ensemble, et le prince nous accompagna jusqu’à l’entrée du Kohlmarkt.
« Vous avez fait de belles choses, me dit-elle, voilà l’Allemagne en feu pour un siècle. »
Je l’accompagnai chez son marchand de musique ; et, pendant qu’elle feuilletait des albums, je vis accourir le vieux marquis en uniforme de maggiare, mais sans bonnet, qui s’écriait : « Quelle [fol. 385] imprudence ! les deux étourdis vont se tuer pour l’amour de vous ! » Je brisai cette conversation ridicule, en faisant avancer un fiacre. La Pandora donna l’ordre de toucher Dorothée-Gasse, chez sa modiste. Elle y resta enfermée une heure, puis elle dit en sortant : « Je ne suis entourée que de maladroits. — Et moi ? observai-je humblement. — Oh ! vous, vous avez le numéro un. — Merci ! répliquai-je. »
Je parlai confusément du Prater ; mais le vent avait changé. Il fallut la ramener honteusement à son hôtel, et mes deux écus d’Autriche furent à peine suffisans pour payer le fiacre.
De rage, j’allai me renfermer chez moi, où j’eus la fièvre. Le lendemain matin, je reçus un billet de répétition qui m’enjoignait d’apprendre le rôle de la Vieille, pour jouer la pièce intitulée : Deux mots dans la forêt. — Je me gardai bien de me soumettre à une nouvelle humiliation, et je repartis pour Salzbourg, où j’allai réfléchir amèrement dans l’ancienne maison de Mozart, habitée aujourd’hui par un chocolatier.
Je n’ai revu la Pandora que l’année suivante, dans une froide capitale du Nord. M [correction marginale S]a voiture s’arrêta tout à coup au milieu de la grande place, et un sourire divin me cloua sans force sur le sol. — Te voilà encore, enchanteresse, m’écriai-je, et la boîte fatale, qu’en as-tu fait ?
— Je l’ai remplie pour toi, dit-elle, des plus beaux joujoux de Nuremberg. Ne viendras-tu pas les admirer ?
Mais je me pris à fuir à toutes jambes vers la place de la Monnaie. — O fils des dieux, père des hommes ! criait-elle, arrête un peu. C’est aujourd’hui la saint Sylvestre comme l’an passé... Où as-tu caché le feu du ciel que tu dérobas à Jupiter ?
Je ne voulus pas répondre ; le nom de Prométhée me déplaît toujours singulièrement, car je sens encore à mon flanc le bec éternel du vautour dont Alcide m’a délivré.
O Jupiter ! quand finira mon supplice ?
GÉRARD DE NERVAL.
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