TEXTES

1824, Poésies diverses (manuscrit autographe)

1824, L’Enterrement de la Quotidienne (manuscrit autographe)

1824, Poésies et poèmes (manuscrit autographe)

1825, « Pour la biographie des biographes » (manuscrit autographe)

15 février 1826 (BF), Napoléon et la France guerrière, chez Ladvocat

19, 22 avril, 14 juin (BF), Complainte sur la mort de haut et puissant seigneur le Droit d’aînesse, chez Touquet

6 mai 1826 (BF), Complainte sur l’immortalité de M. Briffaut, par Cadet Roussel, chez Touquet

6 mai 1826 (BF), Monsieur Dentscourt ou le Cuisinier d’un grand homme, chez Touquet

20 mai 1826 (BF), Les Hauts faits des Jésuites, par Beuglant, chez Touquet

12 août 1826 (BF), Épître à M. de Villèle (Mercure de France du XIXe siècle)

11 novembre 1826 (BF), Napoléon et Talma, chez Touquet

13 et 30 décembre 1826 (BF), L’Académie ou les membres introuvables, par Gérard, chez Touquet

16 mai 1827 (BF), Élégies nationales et Satires politiques, par Gérard, chez Touquet

29 juin 1827, La dernière scène de Faust (Mercure de France au XIXe siècle)

28 novembre 1827 (BF), Faust, tragédie de Goëthe, 1828, chez Dondey-Dupré

15 décembre 1827, A Auguste H…Y (Almanach des muses pour 1828)

1828? Faust (manuscrit autographe)

1828? Le Nouveau genre (manuscrit autographe)

mai 1829, Lénore. Ballade allemande imitée de Bürger (La Psyché)

août 1829, Le Plongeur. Ballade, (La Psyché)

octobre 1829, A Schmied. Ode de Klopstock (La Psyché)

24 octobre 1829, Robert et Clairette. Ballade allemande de Tiedge (Mercure de France au XIXe siècle)

14 novembre 1829, Les Bienfaits de l’enseignement mutuel, Procès verbal de la Loge des Sept-Écossais-réunis, chez Bellemain

21 novembre 1829, Chant de l’épée. Traduit de Korner (Mercure de France au XIXe siècle)

12 décembre 1829, La Mort du Juif errant. Rapsodie lyrique de Schubart (Mercure de France au XIXe siècle)

19 décembre 1829, Lénore. Traduction littérale de Bürger (Mercure de France au XIXe siècle)

2 janvier 1830, La Première nuit du Sabbat. Morceau lyrique de Goethe (Mercure de France au XIXe siècle)

janvier 1830, La Lénore de Bürger, nouvelle traduction littérale (La Psyché)

16 janvier 1830, Ma Patrie, de Klopstock (Mercure de France au XIXe siècle)

23 janvier 1830, Légende, par Goethe (Mercure de France au XIXe siècle)

6 février (BF) Poésies allemandes, Klopstock, Goethe, Schiller, Burger (Bibliothèque choisie)

13 février 1830, Les Papillons (Mercure de France au XIXe siècle)

13 février 1830, Appel, par Koerner (1813) (Mercure de France au XIXe siècle)

13 mars 1830, L’Ombre de Koerner, par Uhland, 1816 (Mercure de France au XIXe siècle)

27 mars 1830, La Nuit du Nouvel an d’un malheureux, de Jean-Paul Richter (La Tribune romantique)

10 avril 1830, Le Dieu et la bayadère, nouvelle indienne par Goëthe (Mercure de France au XIXe siècle)

29 avril 1830, La Pipe, chanson traduite de l’allemand, de Pfeffel (La Tribune romantique)

13 mai 1830 Le Cabaret de la mère Saguet (Le Gastronome)

mai 1830, M. Jay et les pointus littéraires (La Tribune romantique)

17 juillet 1830, L’Éclipse de lune. Épisode fantastique par Jean-Paul Richter (Mercure de France au XIXe siècle)

juillet ? 1830, Récit des journées des 27-29 juillet (manuscrit autographe)

14 août 1830, Le Peuple (Mercure de France au XIXe siècle)

30 octobre 1830 (BF), Choix de poésies de Ronsard, Dubellay, Baïf, Belleau, Dubartas, Chassignet, Desportes, Régnier (Bibliothèque choisie)

11 décembre 1830, A Victor Hugo. Les Doctrinaires (Almanach des muses pour 1831)

29 décembre 1830, La Malade (Le Cabinet de lecture )

29 janvier 1831, Odelette, Le Vingt-cinq mars (Almanach dédié aux demoiselles)

14 mars 1831, En avant, marche! (Cabinet de lecture)

23 avril 1831, Bardit, traduit du haut-allemand (Mercure de France au XIXe siècle)

30 avril 1831, Le Bonheur de la maison par Jean-Paul Richter. Maria. Fragment (Mercure de France au XIXe siècle)

7 mai 1831, Profession de foi (Mercure de France au XIXe siècle)

25 juin et 9 juillet 1831, Nicolas Flamel, drame-chronique (Mercure de France au XIXe siècle)

17 et 24 septembre 1831, Les Aventures de la nuit de Saint-Sylvestre. Conte inédit d’Hoffmann (Mercure de France au XIXe siècle)

4 décembre 1831, Cour de prison, Le Soleil et la gloire (Le Cabinet de lecture)

17 décembre 1831, Odelettes. La Malade, Le Soleil et la Gloire, Le Réveil en voiture, Le Relais, Une Allée du Luxembourg, Notre-Dame-de-Paris (Almanach des muses)

17 décembre 1831, Fantaisie, odelette (Annales romantiques pour 1832)

24 septembre 1832, La Main de gloire, histoire macaronique (Le Cabinet de lecture)

14 décembre 1834, Odelettes (Annales romantiques pour 1835)

1835-1838 ? Lettres d’amour (manuscrits autographes)

26 mars et 20 juin 1836, De l’Aristocratie en France (Le Carrousel)

20 et 26 mars 1837, De l’avenir de la tragédie (La Charte de 1830)

12 août 1838, Les Bayadères à Paris (Le Messager)

18 septembre 1838, A M. B*** (Le Messager)

2 octobre 1838, La ville de Strasbourg. A M. B****** (Le Messager)

26 octobre 1838, Lettre de voyage. Bade (Le Messager)

31 octobre 1838, Lettre de voyage. Lichtenthal (Le Messager)

24 novembre 1838, Léo Burckart (manuscrit remis à la censure)

25, 26 et 28 juin 1839, Le Fort de Bitche. Souvenir de la Révolution française (Le Messager)

13 juillet 1839 (BF) Léo Burckart, chez Barba et Desessart

19 juillet 1839, « Le Mort-vivant », drame de M. de Chavagneux (La Presse)

15 et 16-17 août 1839, Les Deux rendez-vous, intermède (La Presse)

17 et 18 septembre 1839, Biographie singulière de Raoul Spifamme, seigneur des Granges (La Presse)

21 et 28 septembre 1839, Lettre VI, A Madame Martin (Lettres aux belles femmes de Paris et de la province)

28 janvier 1840, Lettre de voyage I (La Presse)

25 février 1840, Le Magnétiseur

5 mars 1840, Lettre de voyage II (La Presse)

8 mars 1840, Lettre sur Vienne (L’Artiste)

26 mars 1840, Lettre de voyage III (La Presse)

28 juin 1840, Lettre de voyage IV, Un jour à Munich (La Presse)

18 juillet 1840 (BF) Faust de Goëthe suivi du second Faust, chez Gosselin

26 juillet 1840, Allemagne du Nord - Paris à Francfort I (La Presse)

29 juillet, 1840, Allemagne du Nord - Paris à Francfort II (La Presse)

30 juillet 1840, Allemagne du Nord - Paris à Francfort III (La Presse)

11 février 1841, Une Journée à Liège (La Presse)

18 février 1841, L’Hiver à Bruxelles (La Presse)

1841 ? Première version d’Aurélia (feuillets autographes)

février-mars 1841, Lettre à Muffe, (sonnets, manuscrit autographe)

1841 ? La Tête armée (manuscrit autographe)

mars 1841, Généalogie dite fantastique (manuscrit autographe)

1er mars 1841, Jules Janin, Gérard de Nerval (Journal des Débats)

5 mars 1841, Lettre à Edmond Leclerc

7 mars 1841, Les Amours de Vienne (Revue de Paris)

31 mars 1841, Lettre à Auguste Cavé

11 avril 1841, Mémoires d’un Parisien. Sainte-Pélagie en 1832 (L’Artiste)

9 novembre 1841, Lettre à Ida Ferrier-Dumas

novembre? 1841, Lettre à Victor Loubens

10 juillet 1842, Les Vieilles ballades françaises (La Sylphide)

15 octobre 1842, Rêverie de Charles VI (La Sylphide)

24 décembre 1842, Un Roman à faire (La Sylphide)

19 et 26 mars 1843, Jemmy O’Dougherty (La Sylphide)

11 février 1844, Une Journée en Grèce (L’Artiste)

10 mars 1844, Le Roman tragique (L’Artiste)

17 mars 1844, Le Boulevard du Temple, 1re livraison (L’Artiste)

31 mars 1844, Le Christ aux oliviers (L’Artiste)

5 mai 1844, Le Boulevard du Temple 2e livraison (L’Artiste)

12 mai 1844, Le Boulevard du Temple, 3e livraison (L’Artiste)

2 juin 1844, Paradoxe et Vérité (L’Artiste)

30 juin 1844, Voyage à Cythère (L’Artiste)

28 juillet 1844, Une Lithographie mystique (L’Artiste)

11 août 1844, Voyage à Cythère III et IV (L’Artiste)

15 septembre, Diorama (L’Artiste-Revue de Paris)

29 septembre 1844, Pantaloon Stoomwerktuimaker (L’Artiste)

20 octobre 1844, Les Délices de la Hollande I (La Sylphide)

8 décembre 1844, Les Délices de la Hollande II (La Sylphide)

16 mars 1845, Pensée antique (L’Artiste)

19 avril 1845 (BF), Le Diable amoureux par J. Cazotte, préface de Nerval, chez Ganivet

1er juin 1845, Souvenirs de l’Archipel. Cérigo (L’Artiste-Revue de Paris)

6 juillet 1845, L’Illusion (L’Artiste-Revue de Paris)

5 octobre 1845, Strasbourg (L’Artiste-Revue de Paris)

novembre-décembre 1845, Le Temple d’Isis. Souvenir de Pompéi (La Phalange)

28 décembre 1845, Vers dorés (L’Artiste-Revue de Paris)

1er mars 1846, Sensations d’un voyageur enthousiaste I (L’Artiste-Revue de Paris)

15 mars 1846, Sensations d’un voyageur enthousiaste II (L’Artiste-Revue de Paris)

1er mai 1846, Les Femmes du Caire. Scènes de la vie égyptienne (Revue des Deux Mondes)

17 mai 1846, Sensations d’un voyageur enthousiaste III (L’Artiste-Revue de Paris)

1er juillet 1846, Les Femmes du Caire. Scènes de la vie égyptienne. Les Esclaves (Revue des Deux Mondes)

12 juillet 1846 Sensations d’un voyageur enthousiaste IV (L’Artiste-Revue de Paris)

16 août 1846, Un Tour dans le Nord. Angleterre et Flandre (L’Artiste-Revue de Paris)

30 août 1846, De Ramsgate à Anvers (L’Artiste-Revue de Paris)

15 septembre 1846, Les Femmes du Caire. Scènes de la vie égyptienne. Le Harem (Revue des Deux Mondes)

20 septembre 1846, Une Nuit à Londres (L’Artiste-Revue de Paris)

1er novembre 1846, Un Tour dans le Nord III (L’Artiste-Revue de Paris)

22 novembre 1846, Un Tour dans le Nord IV (L’Artiste-Revue de Paris)

15 décembre 1846, Scènes de la vie égyptienne moderne. La Cange du Nil (Revue des Deux Mondes)

1847, Scénario des deux premiers actes des Monténégrins

15 février 1847, La Santa-Barbara. Scènes de la vie orientale (Revue des Deux Mondes)

15 mai 1847, Les Maronites. Un Prince du Liban (Revue des Deux Mondes)

15 août 1847, Les Druses (Revue des Deux Mondes)

17 octobre 1847, Les Akkals (Revue des Deux Mondes)

21 novembre 1847, Souvenirs de l’Archipel. Les Moulins de Syra (L’Artiste-Revue de Paris)

15 juillet 1848, Les Poésies de Henri Heine (Revue des Deux Mondes)

15 septembre 1848, Les Poésies de Henri Heine, L’Intermezzo (Revue des Deux Mondes)

7 janvier-24 juin 1849, puis 2 septembre 1849-27 janvier 1850, Al-Kahira. Souvenirs d’Orient (La Silhouette)

1er-27 mars 1849, Le Marquis de Fayolle, 1re partie (Le Temps)

26 avril 16 mai 1849, Le Marquis de Fayolle, 2e partie (Le Temps)

6 octobre 1849, Le Diable rouge (Almanach cabalistique pour 1850)

3 novembre 1849 (BF), Le Diable vert, et Impression de voyage (Almanach satirique, chez Aubert, Martinon et Dumineray)

7 mars-19 avril 1850, Les Nuits du Ramazan (Le National)

15 août 1850, Les Confidences de Nicolas, 1re livraison (Revue des Deux Mondes)

26 août 1850, Le Faust du Gymnase (La Presse)

1er septembre 1850, Les Confidences de Nicolas, 2e livraison (Revue des Deux Mondes)

9 septembre 1850, Excursion rhénane (La Presse)

15 septembre 1850, Les Confidences de Nicolas, 3e livraison (Revue des Deux Mondes)

18 et 19 septembre 1850, Les Fêtes de Weimar (La Presse)

1er octobre 1850, Goethe et Herder (L’Artiste-Revue de Paris)

24 octobre-22 décembre 1850, Les Faux-Saulniers (Le National)

29 décembre 1850, Les Livres d’enfants, La Reine des poissons (Le National)

novembre 1851, Quintus Aucler (Revue de Paris)

24 janvier 1852 (BF), L’Imagier de Harlem, Librairie théâtrale

15 juin 1852, Les Fêtes de mai en Hollande (Revue des Deux Mondes)

1er juillet 1852, La Bohême galante I (L’Artiste)

15 juillet 1852, La Bohême galante II (L’Artiste)

1er août 1852, La Bohême galante III (L’Artiste)

15 août 1852, La Bohême galante IV (L’Artiste)

21 août 1852 (BF), Lorely. Souvenirs d’Allemagne, chez Giraud et Dagneau (Préface à Jules Janin)

1er septembre 1852, La Bohême galante V (L’Artiste)

15 septembre 1852, La Bohême galante VI (L’Artiste)

1er octobre 1852, La Bohême galante VII (L’Artiste)

9 octobre 1852, Les Nuits d’octobre, 1re livraison (L’Illustration)

15 octobre 1852, La Bohême galante VIII (L’Artiste)

23 octobre 1852, Les Nuits d’octobre, 2e livraison (L’Illustration)

30 octobre 1852, Les Nuits d’octobre, 3e livraison (L’Illustration)

1er novembre 1852, La Bohême galante IX (L’Artiste)

6 novembre 1852, Les Nuits d’octobre, 4e livraison (L’Illustration)

13 novembre 1852, Les Nuits d’octobre, 5e livraison (L’Illustration)

15 novembre 1852, La Bohême galante X (L’Artiste)

20 novembre 1852, Les Illuminés, chez Victor Lecou (« La Bibliothèque de mon oncle »)

1er décembre 1852, La Bohême galante XI (L’Artiste)

15 décembre 1852, La Bohême galante XII (L’Artiste)

1er janvier 1853 (BF), Petits Châteaux de Bohême. Prose et Poésie, chez Eugène Didier

15 août 1853, Sylvie. Souvenirs du Valois (Revue des Deux Mondes)

14 novembre 1853, Lettre à Alexandre Dumas

25 novembre 1853-octobre 1854, Lettres à Émile Blanche

10 décembre 1853, Alexandre Dumas, Causerie avec mes lecteurs (Le Mousquetaire)

17 décembre 1853, Octavie (Le Mousquetaire)

1853-1854, Le Comte de Saint-Germain (manuscrit autographe)

28 janvier 1854 (BF) Les Filles du feu, préface, Les Chimères, chez Daniel Giraud

31 octobre 1854, Pandora (Le Mousquetaire)

25 novembre 1854, Pandora, épreuves du Mousquetaire

Pandora, texte reconstitué par Jean Guillaume en 1968

Pandora, texte reconstitué par Jean Senelier en 1975

30 décembre 1854, Promenades et Souvenirs, 1re livraison (L’Illustration)

1854 ? Sydonie (manuscrit autographe)

1854? Emerance (manuscrit autographe)

1854? Promenades et Souvenirs (manuscrit autographe)

janvier 1855, Oeuvres complètes (manuscrit autographe)

1er janvier 1855, Aurélia ou le Rêve et la Vie (Revue de Paris)

6 janvier 1855, Promenades et Souvenirs, 2e livraison (L’Illustration)

3 février 1855, Promenades et Souvenirs, 3e livraison (L’Illustration)

15 février 1855, Aurélia ou Le Rêve et la Vie, seconde partie (Revue de Paris)

15 mars 1855, Desiderata (Revue de Paris)

1866, La Forêt noire, scénario

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BF: annonce dans la Bibliographie de la France

Manuscrit autographe: manuscrit non publié du vivant de Nerval

18 juillet 1840 — Faust de Goëthe, suivi du second Faust. Choix de ballades et poésies de Goëthe, Schiller, Burger, Klopstock, Schubart, Kœrner, Uhland, etc. Traduits par Gérard, Paris, Charles Gosselin, 9 rue St-Germain-des-Prés, 1840.

Tandis que Méphistophélès poursuit ses tours de charlatan devant la cour de l'empereur (tableau résumé par Nerval), Faust, dans le vide, assiste à une « fantasmagorie » où lui apparaissent Pâris et Hélène enlacés. Fou de désir, Faust est récupéré in extremis par Méphistophélès qui le ramène dans son cabinet d'étude, où Vagner, son disciple est en train de donner naissance à Homonculus, « bébé éprouvette » né de la science. Désormais le réel ne se dissocie plus de la fantasmagorie, et à Chiron, Faust déclare son besoin irrépressible de retrouver Hélène qu'il a entraperçue (séquences résumées par Nerval). Désormais la temporalité de l'Hélène antique et celles de Faust vont se mêler..

<<< Faust de Goethe suivi du second Faust, Introduction

<<< Second Faust, Une contrée riante, une galerie sombre

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SECOND FAUST.

UNE SALLE DU PALAIS.

Faust a disparu dans l’abîme du vide. Méphistophélès, qui vient de lui donner les moyens d’accomplir courageusement son épreuve, retourne près de l’empereur qui, dans une salle richement éclairée, attend le résultat de cette fantasmagorie. Le chambellan exprime à Méphistophélès l’impatience du souverain. Réduit à un rôle secondaire, le Diable semble ici chargé d’amuser le tapis en attendant le retour de l’illustre magicien. On l’accable de questions, de prières ; on lui demande des secrets de physique, de médecine, et même de toilette. Une jeune blonde se plaint des rougeurs qui tachent sa blanche peau dans la saison d’été. Méphistophélès lui donne la recette d’un onguent de frai de grenouilles et de langues de crapauds. Une brune expose piteusement son pied frappé de rhumatisme, qui ne peut ni danser ni courir. Le Diable applique seulement son pied fourchu sur le pied de cette belle, qui s’enfuit en criant, mais guérie. Bientôt ne sachant plus auquel entendre, le Diable se dérobe à cette cohue.

Dans la salle des chevaliers, l’empereur assis continue d’attendre ; le héraut exprime les vœux de l’assemblée, préparée aux plus étranges apparitions. L’astrologue, qui jusque-là a toujours sondé l’espace de son œil et de sa pensée, annonce enfin ce qu’aperçoit sa clairvoyance surnaturelle.

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DANS LE VIDE.

FAUST, d’un ton solennel.

J’invoque votre nom, ô Mères qui régnez dans l’espace sans bornes, éternellement solitaires, sociables pourtant, la tête environnée des images de la vie active, mais sans vie. Ce qui a une fois été se meut là-bas dans son apparence et dans son éclat, car toute chose créée se dérobe tant qu’elle peut au néant ; et vous, forces toutes puissantes, vous savez répartir toutes choses pour la tente des jours ou la voûte des nuits. Les unes sont emportées dans le cours heureux de la vie ; l’enchanteur hardi s’empare des autres, et se confiant dans son art, il prodigue noblement les miracles à la foule émerveillée.

L’ASTROLOGUE, sur le théâtre.

La clef ardente touche à peine le vase du trépied, qu’une vapeur épaisse s’en exhale et remplit l’espace. Elle roule, partage, dissipe et ramasse tour à tour les flocons nébuleux. Et maintenant, écoutez le sublime chœur des esprits ; leur marche répand l’harmonie autour d’eux, et quelque chose d’inexprimable s’exhale de ces sons aériens. Les sons qui s’éloignent se déroulent en mélodies ; la colonnade et le triglyphe résonnent, et il semble que le temple chante tout entier. La vapeur s’affaisse ; du sein de ses plus légers nuages, s’avance un beau jeune homme dont les mouvemens sont réglés par l’harmonie. Ici s’arrête ma tâche, et je n’ai nul besoin de le nommer. Qui ne reconnaîtrait le gracieux Pâris ?

UNE DAME.

Oh ! quel éclat de forte et brillante jeunesse !

UNE AUTRE.

Frais et plein de sève comme une pêche nouvelle.

UNE AUTRE.

J’admire le doux contour de ses lèvres finement coupées.

UNE AUTRE.

C’est une coupe où tu t’abreuverais volontiers.

UNE AUTRE.

Il est charmant, mais il a peu d’élégance.

UNE AUTRE.

Ses membres n’ont pas toute la souplesse qu’il faut.

UN CHEVALIER.

C’est le pâtre qui se trahit dans toute sa personne. Rien de la dignité du prince ni des manières de la cour.

UN AUTRE.

Eh ! c’est un beau jeune homme dans sa demi-nudité ; mais je voudrais bien voir la figure qu’il ferait sous le harnois.

UNE DAME.

Il s’assied à terre mollement, gracieusement.

UN CHEVALIER.

Sur son sein..... vous vous trouveriez bien, n’est-ce pas ?

UNE AUTRE DAME.

Il courbe son bras si gracieusement sur sa tête.

LE CHAMBELLAN.

Un homme sans usage. J’en suis révolté...

UNE DAME.

Vous autres seigneurs, vous trouvez à redire à tout.

LE CHAMBELLAN.

En présence de l’empereur, s’étendre ainsi !

LA DAME.

C’est une pose qu’il prend ; il se croit seul.

LE CHAMBELLAN.

L’acteur même doit ici suivre l’étiquette.

LA DAME.

L’aimable jeune homme est plongé dans un doux sommeil.

LE CHAMBELLAN.

Le voilà qui ronfle à présent ; c’est naturel ! c’est parfait !

UNE JEUNE DAME, ravie.

Quel est ce parfum mêlé d’encens et de rose... qui, en le rafraîchissant, descend jusqu’au fond du cœur ?

UNE AUTRE PLUS VIEILLE.

Il est vrai, un souffle divin répand dans l’air une odeur douce et pénétrante. C’est son haleine !

UNE PLUS VIEILLE.

C’est le sang frais de la croissance..... qui circule comme ambroisie par tout le corps de ce jeune homme et s’exhale dans l’atmosphère autour de lui !

MÉPHISTOPHÉLÈS.

C’est donc elle enfin !... Eh bien ! je ne sens pas mon repos compromis. Elle est parfaite ; mais sa beauté ne me dit rien !

L’ASTROLOGUE.

Pour moi, je n’ai cette fois rien à faire davantage. Je l’avoue en honneur et le reconnais. La beauté vient là en personne ; et quand j’aurais une langue de flamme..... On a beaucoup chanté de tous temps la beauté. Celui à qui elle apparaît se sent saisi, hors de lui-même. Celui à qui elle appartient possède le suprême bien !

FAUST.

Ai-je encore mes yeux ? Il semble qu’à travers mon âme s’épanche à flots la source de la beauté pure ! Ma course de terreur aura-t-elle cette heureuse récompense ? Combien le monde m’était nul et fermé ! Qu’il me semble changé depuis mon sacerdoce ! Le voilà désirable enfin ! solide, durable !... Meure le souffle de mon être si je vais jamais habiter loin de toi ! L’image adorée qui me charmait jadis dans le miroir magique n’était que le reflet vague d’une telle beauté ! — Tu deviens désormais le mobile de toute ma force, l’aliment de ma passion ! A toi désir, amour, adoration, délire !...

MÉPHISTOPHÉLÈS.

Contenez-vous ! Ne sortez pas de votre rôle.

UNE VIEILLE DAME.

Grande, bien taillée. Seulement, la tête trop petite !

UNE PLUS JEUNE.

Regardez donc le pied... comment ferait-il pour être plus lourd ?

UN DIPLOMATE.

J’ai vu des princesses de cette beauté. Des pieds à la tête elle me paraît accomplie !

UN COURTISAN.

Elle s’approche doucement du jeune homme endormi.

UNE DAME.

Qu’elle est laide encore près de cette pure image de la jeunesse !

UN POÈTE.

Il est éclairé de sa beauté.

UNE DAME.

Endymion et la Lune. C’est un vrai tableau.

LE POÈTE.

C’est juste. La déesse semble descendre et se pencher sur lui pour boire son haleine. O sort digne d’envie... Un baiser ! La mesure est pleine.

UNE DUÈGNE.

Quoi ! devant tout le monde ! C’est trop d’extravagance !

FAUST.

Redoutable faveur pour le jeune homme !

MÉPHISTOPHÉLÈS.

Silence ! Laisse l’image accomplir sa volonté.

LE COURTISAN.

Elle s’éloigne en glissant légèrement. Il s’éveille.

UNE DAME.

Elle regarde tout à l’entour. Je l’avais bien pensé.

LE COURTISAN.

Et s’étonne ! C’est un prodige que ce qui lui arrive.

UNE DAME.

Mais pour elle, il n’y a là nul prodige, croyez-moi.

LE COURTISAN.

Elle revient vers lui avec une attitude pleine de pudeur.

UNE DAME.

Je remarque qu’elle semble lui apprendre quelque chose. En pareil cas, les hommes sont bien sots. Il croit vraiment qu’il est le premier...

UN CHEVALIER.

Laissez-moi l’admirer... Délicate avec majesté !

UNE DAME.

L’impudique ! Cela est de la dernière inconvenance.

UN PAGE.

Je voudrais bien me trouver à sa place.

UN COURTISAN.

Qui ne se prendrait en une telle nasse !

UNE DAME.

C’est un bijou qui a passé par toutes les mains ! Aussi la dorure en est bien usée.

UNE AUTRE DAME.

Depuis sa dixième année, elle n’a plus rien valu.

UN CHEVALIER.

Chacun choisit ce qui lui plaît le mieux. Je me contenterais bien de ce beau reste.

UN SAVANT.

Je la vois clairement ici ; cependant j’avoue que je doute si c’est bien là véritablement Hélène, la réalité mène à l’absurde..... Je me tiens avant tout à la lettre des textes. Je lis donc : qu’elle a en effet séduit par sa beauté toutes les barbes grises de Troie. Et, comme il me semble, le fait s’accomplit même ici. Je ne suis pas jeune ; et cependant elle me plaît.

L’ASTROLOGUE.

Ce n’est plus un jeune homme, c’est maintenant un hardi héros, qui la saisit sans lui laisser la force de se défendre ; il la soulève de son bras puissant. Serait-ce qu’il veut l’enlever ?

FAUST, s’élançant.

Fou ! téméraire ! que fais-tu ? Tu ne m’entends pas ! Arrête ! c’est trop !

MÉPHISTOPHÉLÈS.

Cette fantasmagorie est cependant ton ouvrage.

L’ASTROLOGUE.

Un mot seulement. D’après tout ce que j’ai vu, j’appellerais cette scène : L’ENLÈVEMENT D’HÉLÈNE.

FAUST.

Quel enlèvement ? Suis-je pour rien à cette place ? N’ai-je point dans la main cette clef ! elle m’a guidé à travers l’épouvante, et le flot et la vague des espaces solitaires, et m’a ramené sur ce terrain solide. Ici je prends pied ! ici est le domaine du réel, et ici l’Esprit peut lutter avec les esprits, et se promettre l’empire du double univers !... Elle était si loin ; comment la vois-je maintenant si près ? Je la sauve, et elle est doublement à moi. Courage ! ô Mères ! Mères, exaucez-moi ! Celui qui l’a connue ne peut plus se détacher d’elle !

L’ASTROLOGUE.

Que fais-tu ? Faust ! Faust ! — De force il la saisit ; déjà l’image s’est troublée. Il attaque le jeune homme avec la clef ; il le touche. Malheur à nous, malheur !... Hélas ! hélas !

(Explosion. Faust tombe à terre. Les Esprits se fondent en vapeur.)

MÉPHISTOPHÉLÈS, relevant Faust et le chargeant sur ses épaules.

Voilà ce que c’est ; se charger d’un tel fou, c’est de quoi arriver à mal, fût-on le Diable lui-même !

(Ténèbres, tumultes.)

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LA CHAMBRE D’ÉTUDE DU DOCTEUR FAUST.

Méphistophélès a reporté le docteur Faust dans son ancienne demeure, il l’a couché sur le lit de ses pères ; et pendant que son corps endormi repose, le Diable retrouve tout en place, tel qu’ils l’ont laissé, jusqu’à la plume qui a servi au pacte, et où brille encore la goutte de sang tirée aux veines du docteur. C’est une pièce rare, et qui se vendra cher aux antiquaires, dit Méphistophélès.

Un chœur d’insectes salue le maître, et court, bourdonne et danse autour de lui ; la vieille fourrure de la robe doctorale bruit de ces chants légers. Méphistophélès revêt encore une fois ce costume, et voit la cloche pour appeler les gens de la maison. Un serviteur arrive, et s’effraie de voir cet hôte inattendu. Méphistophélès le reconnaît. — Vous vous appelez Nicodème ? lui dit-il. — Vous me connaissez ? — Je vous reconnais : vous avez vieilli beaucoup, et vous êtes étudiant encore, respectable sire !...

Le vieil étudiant a passé au service du docteur Vagner, qui se livre à de graves expériences de chimie transcendante. Un bachelier entre à son tour la tête haute et fier de son nouveau grade. Il parle et raisonne sur tout, et prétend argumenter contre le Diable lui-même, qu’il trouve arriéré, suranné, et sentant la vieille école. On reconnaît dans ce fier personnage l’humble étudiant de la première partie.

La scène se passe ensuite au laboratoire de Vagner, qui, las de la chimie et de la physique expérimentale, a imaginé de dérober le secret de la création. A force de combiner les gaz, les fluides et les plus purs élémens de la matière, il est parvenu à concentrer dans une fiole le mélange précis où doit éclore le germe humain. De ce moment, la femme devient inutile ; la science est maîtresse du monde… mais au moment où déjà la flamme reluit au fond de la fiole, Méphistophélès entre brusquement. — « Silence ! arrêtez-vous, dit Vagner. — Qu’y a-t-il ? — Un homme va se faire. — Un homme ? Vous avez donc enfermé des amans quelque part ? — Bon ! dit Vagner : une femme et un homme, n’est-ce pas ? C’était là l’ancienne méthode ; mais nous avons trouvé mieux. le point délicat d’où jaillissait la vie, la douce puissance qui s’élançait de l’intérieur des êtres confondus, qui prenait et donnait, destinée à se former d’elle-même, s’alimentant des substances voisines, d’abord, et ensuite des substances étrangères, tout ce système est vaincu, dépassé ; et si la brute s’y plonge encore avec délices, l’homme doué de plus nobles facultés doit rêver une plus noble et pure origine... »

En effet, cela monte et bouillonne ; la lueur devient plus vive, la fiole tinte et vibre, un petit être se dessine et se forme dans la liqueur épaisse et blanchâtre ; ce qui tintait prend une voix. Homonculus, dans sa fiole, salue son père scientifique. Il se réjouit de vivre et craint seulement que le père en l’embrassant ne brise trop tôt son enveloppe de cristal : c’est là la loi des choses. Ce qui est naturel s’étend dans toute la nature ; mais le produit de l’art n’occupe qu’un espace borné.

Homonculus salue aussi le Diable, qu’il appelle son cousin, et lui demande sa protection pour vivre dans le monde. Le Diable lui conseille de donner tout de suite une preuve de sa vitalité. Homonculus s’échappe des mains de Vagner, et s’en va voltiger sur le front de Faust, endormi. Là, il semble prendre part au rêve que fait le docteur dans ses aspirations vers la beauté antique ; il assiste avec lui à l’image de la naissance d’Hélène. Léda se baigne sous de frais ombrages, dans les eaux pures de l’Eurotas. Un bruit se fait entendre dans la feuillée ; des femmes s’échappent à demi nues, et la reine restée seule reçoit dans ses bras le cygne divin.

C’est par ce dénouement que la scène se lie à l’intermède qui va suivre. Il semble que dans cette partie l’auteur ait voulu donner un pendant à la Nuit du Sabbat de la première partie, en créant cette fois une sorte de sabbat du Tartare antique. Erichto ouvre la scène, et décrit les terreurs de cette nuit orageuse, qui se passe aux champs de Pharsale. Faust et Méphistophélès passent bientôt, portés sur le manteau magique, et guidés par Homonculus, qui voltige dans l’air en les éclairant, comme le follet du premier sabbat. Les sages de la Grèce, les sphynx et les syrènes, rêvent leurs pensées et chantent leurs chants. Méphistophélès les interroge curieusement, et discute avec eux sur des points d’histoire et de philosophie.

Pendant ce temps Faust se transporte aux rives du Pénéios et se plonge dans ses flots en interrogeant les nymphes qui l’habitent. Il rencontre Chiron, qui l’invite à sauter sur son dos et lui fait traverser le fleuve ; ce centaure l’emporte aux champs de Cynocéphales, où Rome vainquit la Grèce.

Chiron parle à Faust avec enthousiasme des héros de son temps, de Jason, d’Orphée et d’Achille, son élève. Mais Faust ne veut entendre parler que d’Hélène, la belle des belles, le type le plus pur de l’antique beauté.

Mais la beauté n’est rien selon Chiron, la grâce seule est irrésistible. Telle était Hélène quand elle s’assit sur son dos de coursier. — Tu l’as portée ? — Elle ? dit Chiron ; oui, sur ce dos même où tu es assis. Elle se tenait comme toi à ma chevelure où elle plongeait ses blanches mains, rayonnante de charmes, jeune, délices du vieillard. — Elle avait à peine sept ans alors, n’est-ce pas ? dit Faust. — Prends garde, observe Chiron, les philologues se trompent souvent et trompent les autres. C’est un être à part que la femme mythologique ; le poète la crée selon sa fantaisie. Elle ne sera jamais majeure, jamais vieille, elle a toujours l’aspect séduisant qui éveille les désirs. On l’enleva jeune, et vieille on la désire encore. En un mot, pour le poète, le temps n’existe pas.

— Ainsi, dit Faust, le temps n’eut sur elle aucun empire ! Achille la rencontra bien à Phéra, en dehors de tout espace de temps. Quel étrange bonheur ! cet amour fut conquis sur le destin. Et ne puis-je, moi, par la seule force du désir, rappeler à la vie les formes abstraites et uniques, la créature éternelle et divine, aussi grande que tendre, aussi sublime qu’aimable ? Tu la vis jadis, et moi aujourd’hui je l’ai vue, aussi belle que charmante, aussi belle que désirée ; maintenant tout mon esprit, tout mon être en sont possédés. Je ne vis point si je ne puis l’atteindre.

Ici Chiron juge que Faust a perdu la raison, il le renvoie à Manto, la fille d’Esculape, qui, moins sévère que Chiron, admire ce noble esprit humain possédé de la soif de l’impossible. Elle promet à Faust son aide puissante, et le guide vers l’antre obscur de Perséphone, creusé dans le pied du mont Olympe.

Méphistophélès parcourt d’un autre côté les vagues régions du monde des ombres ; de l’entretien des sages, il passe à celui des lamies, qui tentent de le séduire en lui offrant des charmes analogues à sa nature diabolique. Il en veut saisir une petite qui lui glisse dans les mains comme une couleuvre ; et une grasse plus appétissante, qui au toucher tombe en morceaux comme un champignon.

Le chœur des ombres antiques finit par reconnaître Méphistophélès pour un fils de sorcière, fille elle-même de sibylle, et Méphistophélès humilié se met à railler l’antiquité comme le temps présent. Il quitte enfin le séjour des ombres et retourne prendre pied sur la matière, formulée par un roc nommé Oréas, qui se prévaut de sa qualité pour mépriser les rêves des poètes et les fantômes des âges évanouis.

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