TEXTES

1824, Poésies diverses (manuscrit autographe)

1824, L’Enterrement de la Quotidienne (manuscrit autographe)

1824, Poésies et poèmes (manuscrit autographe)

1825, « Pour la biographie des biographes » (manuscrit autographe)

15 février 1826 (BF), Napoléon et la France guerrière, chez Ladvocat

19, 22 avril, 14 juin (BF), Complainte sur la mort de haut et puissant seigneur le Droit d’aînesse, chez Touquet

6 mai 1826 (BF), Complainte sur l’immortalité de M. Briffaut, par Cadet Roussel, chez Touquet

6 mai 1826 (BF), Monsieur Dentscourt ou le Cuisinier d’un grand homme, chez Touquet

20 mai 1826 (BF), Les Hauts faits des Jésuites, par Beuglant, chez Touquet

12 août 1826 (BF), Épître à M. de Villèle (Mercure de France du XIXe siècle)

11 novembre 1826 (BF), Napoléon et Talma, chez Touquet

13 et 30 décembre 1826 (BF), L’Académie ou les membres introuvables, par Gérard, chez Touquet

16 mai 1827 (BF), Élégies nationales et Satires politiques, par Gérard, chez Touquet

29 juin 1827, La dernière scène de Faust (Mercure de France au XIXe siècle)

28 novembre 1827 (BF), Faust, tragédie de Goëthe, 1828, chez Dondey-Dupré

15 décembre 1827, A Auguste H…Y (Almanach des muses pour 1828)

1828? Faust (manuscrit autographe)

1828? Le Nouveau genre (manuscrit autographe)

mai 1829, Lénore. Ballade allemande imitée de Bürger (La Psyché)

août 1829, Le Plongeur. Ballade, (La Psyché)

octobre 1829, A Schmied. Ode de Klopstock (La Psyché)

24 octobre 1829, Robert et Clairette. Ballade allemande de Tiedge (Mercure de France au XIXe siècle)

14 novembre 1829, Les Bienfaits de l’enseignement mutuel, Procès verbal de la Loge des Sept-Écossais-réunis, chez Bellemain

21 novembre 1829, Chant de l’épée. Traduit de Korner (Mercure de France au XIXe siècle)

12 décembre 1829, La Mort du Juif errant. Rapsodie lyrique de Schubart (Mercure de France au XIXe siècle)

19 décembre 1829, Lénore. Traduction littérale de Bürger (Mercure de France au XIXe siècle)

2 janvier 1830, La Première nuit du Sabbat. Morceau lyrique de Goethe (Mercure de France au XIXe siècle)

janvier 1830, La Lénore de Bürger, nouvelle traduction littérale (La Psyché)

16 janvier 1830, Ma Patrie, de Klopstock (Mercure de France au XIXe siècle)

23 janvier 1830, Légende, par Goethe (Mercure de France au XIXe siècle)

6 février (BF) Poésies allemandes, Klopstock, Goethe, Schiller, Burger (Bibliothèque choisie)

13 février 1830, Les Papillons (Mercure de France au XIXe siècle)

13 février 1830, Appel, par Koerner (1813) (Mercure de France au XIXe siècle)

13 mars 1830, L’Ombre de Koerner, par Uhland, 1816 (Mercure de France au XIXe siècle)

27 mars 1830, La Nuit du Nouvel an d’un malheureux, de Jean-Paul Richter (La Tribune romantique)

10 avril 1830, Le Dieu et la bayadère, nouvelle indienne par Goëthe (Mercure de France au XIXe siècle)

29 avril 1830, La Pipe, chanson traduite de l’allemand, de Pfeffel (La Tribune romantique)

13 mai 1830 Le Cabaret de la mère Saguet (Le Gastronome)

mai 1830, M. Jay et les pointus littéraires (La Tribune romantique)

17 juillet 1830, L’Éclipse de lune. Épisode fantastique par Jean-Paul Richter (Mercure de France au XIXe siècle)

juillet ? 1830, Récit des journées des 27-29 juillet (manuscrit autographe)

14 août 1830, Le Peuple (Mercure de France au XIXe siècle)

30 octobre 1830 (BF), Choix de poésies de Ronsard, Dubellay, Baïf, Belleau, Dubartas, Chassignet, Desportes, Régnier (Bibliothèque choisie)

11 décembre 1830, A Victor Hugo. Les Doctrinaires (Almanach des muses pour 1831)

29 décembre 1830, La Malade (Le Cabinet de lecture )

29 janvier 1831, Odelette, Le Vingt-cinq mars (Almanach dédié aux demoiselles)

14 mars 1831, En avant, marche! (Cabinet de lecture)

23 avril 1831, Bardit, traduit du haut-allemand (Mercure de France au XIXe siècle)

30 avril 1831, Le Bonheur de la maison par Jean-Paul Richter. Maria. Fragment (Mercure de France au XIXe siècle)

7 mai 1831, Profession de foi (Mercure de France au XIXe siècle)

25 juin et 9 juillet 1831, Nicolas Flamel, drame-chronique (Mercure de France au XIXe siècle)

17 et 24 septembre 1831, Les Aventures de la nuit de Saint-Sylvestre. Conte inédit d’Hoffmann (Mercure de France au XIXe siècle)

4 décembre 1831, Cour de prison, Le Soleil et la gloire (Le Cabinet de lecture)

17 décembre 1831, Odelettes. La Malade, Le Soleil et la Gloire, Le Réveil en voiture, Le Relais, Une Allée du Luxembourg, Notre-Dame-de-Paris (Almanach des muses)

17 décembre 1831, Fantaisie, odelette (Annales romantiques pour 1832)

24 septembre 1832, La Main de gloire, histoire macaronique (Le Cabinet de lecture)

14 décembre 1834, Odelettes (Annales romantiques pour 1835)

1835-1838 ? Lettres d’amour (manuscrits autographes)

26 mars et 20 juin 1836, De l’Aristocratie en France (Le Carrousel)

20 et 26 mars 1837, De l’avenir de la tragédie (La Charte de 1830)

12 août 1838, Les Bayadères à Paris (Le Messager)

18 septembre 1838, A M. B*** (Le Messager)

2 octobre 1838, La ville de Strasbourg. A M. B****** (Le Messager)

26 octobre 1838, Lettre de voyage. Bade (Le Messager)

31 octobre 1838, Lettre de voyage. Lichtenthal (Le Messager)

24 novembre 1838, Léo Burckart (manuscrit remis à la censure)

25, 26 et 28 juin 1839, Le Fort de Bitche. Souvenir de la Révolution française (Le Messager)

13 juillet 1839 (BF) Léo Burckart, chez Barba et Desessart

19 juillet 1839, « Le Mort-vivant », drame de M. de Chavagneux (La Presse)

15 et 16-17 août 1839, Les Deux rendez-vous, intermède (La Presse)

17 et 18 septembre 1839, Biographie singulière de Raoul Spifamme, seigneur des Granges (La Presse)

21 et 28 septembre 1839, Lettre VI, A Madame Martin (Lettres aux belles femmes de Paris et de la province)

28 janvier 1840, Lettre de voyage I (La Presse)

25 février 1840, Le Magnétiseur

5 mars 1840, Lettre de voyage II (La Presse)

8 mars 1840, Lettre sur Vienne (L’Artiste)

26 mars 1840, Lettre de voyage III (La Presse)

28 juin 1840, Lettre de voyage IV, Un jour à Munich (La Presse)

18 juillet 1840 (BF) Faust de Goëthe suivi du second Faust, chez Gosselin

26 juillet 1840, Allemagne du Nord - Paris à Francfort I (La Presse)

29 juillet, 1840, Allemagne du Nord - Paris à Francfort II (La Presse)

30 juillet 1840, Allemagne du Nord - Paris à Francfort III (La Presse)

11 février 1841, Une Journée à Liège (La Presse)

18 février 1841, L’Hiver à Bruxelles (La Presse)

1841 ? Première version d’Aurélia (feuillets autographes)

février-mars 1841, Lettre à Muffe, (sonnets, manuscrit autographe)

1841 ? La Tête armée (manuscrit autographe)

mars 1841, Généalogie dite fantastique (manuscrit autographe)

1er mars 1841, Jules Janin, Gérard de Nerval (Journal des Débats)

5 mars 1841, Lettre à Edmond Leclerc

7 mars 1841, Les Amours de Vienne (Revue de Paris)

31 mars 1841, Lettre à Auguste Cavé

11 avril 1841, Mémoires d’un Parisien. Sainte-Pélagie en 1832 (L’Artiste)

9 novembre 1841, Lettre à Ida Ferrier-Dumas

novembre? 1841, Lettre à Victor Loubens

10 juillet 1842, Les Vieilles ballades françaises (La Sylphide)

15 octobre 1842, Rêverie de Charles VI (La Sylphide)

24 décembre 1842, Un Roman à faire (La Sylphide)

19 et 26 mars 1843, Jemmy O’Dougherty (La Sylphide)

11 février 1844, Une Journée en Grèce (L’Artiste)

10 mars 1844, Le Roman tragique (L’Artiste)

17 mars 1844, Le Boulevard du Temple, 1re livraison (L’Artiste)

31 mars 1844, Le Christ aux oliviers (L’Artiste)

5 mai 1844, Le Boulevard du Temple 2e livraison (L’Artiste)

12 mai 1844, Le Boulevard du Temple, 3e livraison (L’Artiste)

2 juin 1844, Paradoxe et Vérité (L’Artiste)

30 juin 1844, Voyage à Cythère (L’Artiste)

28 juillet 1844, Une Lithographie mystique (L’Artiste)

11 août 1844, Voyage à Cythère III et IV (L’Artiste)

15 septembre, Diorama (L’Artiste-Revue de Paris)

29 septembre 1844, Pantaloon Stoomwerktuimaker (L’Artiste)

20 octobre 1844, Les Délices de la Hollande I (La Sylphide)

8 décembre 1844, Les Délices de la Hollande II (La Sylphide)

16 mars 1845, Pensée antique (L’Artiste)

19 avril 1845 (BF), Le Diable amoureux par J. Cazotte, préface de Nerval, chez Ganivet

1er juin 1845, Souvenirs de l’Archipel. Cérigo (L’Artiste-Revue de Paris)

6 juillet 1845, L’Illusion (L’Artiste-Revue de Paris)

5 octobre 1845, Strasbourg (L’Artiste-Revue de Paris)

novembre-décembre 1845, Le Temple d’Isis. Souvenir de Pompéi (La Phalange)

28 décembre 1845, Vers dorés (L’Artiste-Revue de Paris)

1er mars 1846, Sensations d’un voyageur enthousiaste I (L’Artiste-Revue de Paris)

15 mars 1846, Sensations d’un voyageur enthousiaste II (L’Artiste-Revue de Paris)

1er mai 1846, Les Femmes du Caire. Scènes de la vie égyptienne (Revue des Deux Mondes)

17 mai 1846, Sensations d’un voyageur enthousiaste III (L’Artiste-Revue de Paris)

1er juillet 1846, Les Femmes du Caire. Scènes de la vie égyptienne. Les Esclaves (Revue des Deux Mondes)

12 juillet 1846 Sensations d’un voyageur enthousiaste IV (L’Artiste-Revue de Paris)

16 août 1846, Un Tour dans le Nord. Angleterre et Flandre (L’Artiste-Revue de Paris)

30 août 1846, De Ramsgate à Anvers (L’Artiste-Revue de Paris)

15 septembre 1846, Les Femmes du Caire. Scènes de la vie égyptienne. Le Harem (Revue des Deux Mondes)

20 septembre 1846, Une Nuit à Londres (L’Artiste-Revue de Paris)

1er novembre 1846, Un Tour dans le Nord III (L’Artiste-Revue de Paris)

22 novembre 1846, Un Tour dans le Nord IV (L’Artiste-Revue de Paris)

15 décembre 1846, Scènes de la vie égyptienne moderne. La Cange du Nil (Revue des Deux Mondes)

1847, Scénario des deux premiers actes des Monténégrins

15 février 1847, La Santa-Barbara. Scènes de la vie orientale (Revue des Deux Mondes)

15 mai 1847, Les Maronites. Un Prince du Liban (Revue des Deux Mondes)

15 août 1847, Les Druses (Revue des Deux Mondes)

17 octobre 1847, Les Akkals (Revue des Deux Mondes)

21 novembre 1847, Souvenirs de l’Archipel. Les Moulins de Syra (L’Artiste-Revue de Paris)

15 juillet 1848, Les Poésies de Henri Heine (Revue des Deux Mondes)

15 septembre 1848, Les Poésies de Henri Heine, L’Intermezzo (Revue des Deux Mondes)

7 janvier-24 juin 1849, puis 2 septembre 1849-27 janvier 1850, Al-Kahira. Souvenirs d’Orient (La Silhouette)

1er-27 mars 1849, Le Marquis de Fayolle, 1re partie (Le Temps)

26 avril 16 mai 1849, Le Marquis de Fayolle, 2e partie (Le Temps)

6 octobre 1849, Le Diable rouge (Almanach cabalistique pour 1850)

3 novembre 1849 (BF), Le Diable vert, et Impression de voyage (Almanach satirique, chez Aubert, Martinon et Dumineray)

7 mars-19 avril 1850, Les Nuits du Ramazan (Le National)

15 août 1850, Les Confidences de Nicolas, 1re livraison (Revue des Deux Mondes)

26 août 1850, Le Faust du Gymnase (La Presse)

1er septembre 1850, Les Confidences de Nicolas, 2e livraison (Revue des Deux Mondes)

9 septembre 1850, Excursion rhénane (La Presse)

15 septembre 1850, Les Confidences de Nicolas, 3e livraison (Revue des Deux Mondes)

18 et 19 septembre 1850, Les Fêtes de Weimar (La Presse)

1er octobre 1850, Goethe et Herder (L’Artiste-Revue de Paris)

24 octobre-22 décembre 1850, Les Faux-Saulniers (Le National)

29 décembre 1850, Les Livres d’enfants, La Reine des poissons (Le National)

novembre 1851, Quintus Aucler (Revue de Paris)

24 janvier 1852 (BF), L’Imagier de Harlem, Librairie théâtrale

15 juin 1852, Les Fêtes de mai en Hollande (Revue des Deux Mondes)

1er juillet 1852, La Bohême galante I (L’Artiste)

15 juillet 1852, La Bohême galante II (L’Artiste)

1er août 1852, La Bohême galante III (L’Artiste)

15 août 1852, La Bohême galante IV (L’Artiste)

21 août 1852 (BF), Lorely. Souvenirs d’Allemagne, chez Giraud et Dagneau (Préface à Jules Janin)

1er septembre 1852, La Bohême galante V (L’Artiste)

15 septembre 1852, La Bohême galante VI (L’Artiste)

1er octobre 1852, La Bohême galante VII (L’Artiste)

9 octobre 1852, Les Nuits d’octobre, 1re livraison (L’Illustration)

15 octobre 1852, La Bohême galante VIII (L’Artiste)

23 octobre 1852, Les Nuits d’octobre, 2e livraison (L’Illustration)

30 octobre 1852, Les Nuits d’octobre, 3e livraison (L’Illustration)

1er novembre 1852, La Bohême galante IX (L’Artiste)

6 novembre 1852, Les Nuits d’octobre, 4e livraison (L’Illustration)

13 novembre 1852, Les Nuits d’octobre, 5e livraison (L’Illustration)

15 novembre 1852, La Bohême galante X (L’Artiste)

20 novembre 1852, Les Illuminés, chez Victor Lecou (« La Bibliothèque de mon oncle »)

1er décembre 1852, La Bohême galante XI (L’Artiste)

15 décembre 1852, La Bohême galante XII (L’Artiste)

1er janvier 1853 (BF), Petits Châteaux de Bohême. Prose et Poésie, chez Eugène Didier

15 août 1853, Sylvie. Souvenirs du Valois (Revue des Deux Mondes)

14 novembre 1853, Lettre à Alexandre Dumas

25 novembre 1853-octobre 1854, Lettres à Émile Blanche

10 décembre 1853, Alexandre Dumas, Causerie avec mes lecteurs (Le Mousquetaire)

17 décembre 1853, Octavie (Le Mousquetaire)

1853-1854, Le Comte de Saint-Germain (manuscrit autographe)

28 janvier 1854 (BF) Les Filles du feu, préface, Les Chimères, chez Daniel Giraud

31 octobre 1854, Pandora (Le Mousquetaire)

25 novembre 1854, Pandora, épreuves du Mousquetaire

Pandora, texte reconstitué par Jean Guillaume en 1968

Pandora, texte reconstitué par Jean Senelier en 1975

30 décembre 1854, Promenades et Souvenirs, 1re livraison (L’Illustration)

1854 ? Sydonie (manuscrit autographe)

1854? Emerance (manuscrit autographe)

1854? Promenades et Souvenirs (manuscrit autographe)

janvier 1855, Oeuvres complètes (manuscrit autographe)

1er janvier 1855, Aurélia ou le Rêve et la Vie (Revue de Paris)

6 janvier 1855, Promenades et Souvenirs, 2e livraison (L’Illustration)

3 février 1855, Promenades et Souvenirs, 3e livraison (L’Illustration)

15 février 1855, Aurélia ou Le Rêve et la Vie, seconde partie (Revue de Paris)

15 mars 1855, Desiderata (Revue de Paris)

1866, La Forêt noire, scénario

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BF: annonce dans la Bibliographie de la France

Manuscrit autographe: manuscrit non publié du vivant de Nerval

1839, 13 juillet (BF) — Léo Burckart, par M. Gérard, accompagné de mémoires et documents inédits sur les sociétés secrètes d’Allemagne, Paris, Barba, au Palais-Royal, Desessart, rue des Beaux-Arts 15, Brockhaus et Avenarius, à Leipzick, 1839.

« Les Universités d’Allemagne », publié en appendice, est la reprise quasiment textuelle d’un article paru dans la Revue germanique en février 1836 (t. V, p. 155-162) sous le titre : « Mœurs. / Les Universités d’Allemagne. / L’Étudiant. », signé Ed. Kollott (sic pour Ed. Kollof). Nerval ne cache pas son emprunt : en septembre 1839, au moment où Léo Burckart sort en librairie, il publie ce même document, sous le même titre, dans La Presse, en précisant : « Cette description des universités allemandes est de M. Kollott », reproduisant telle quelle la coquille de la Revue germanique sur le nom de l’auteur.

<<< Léo Burckart, Mémoires sur les sociétés secrètes d'Allemagne

<<< Léo Burckart, Prologue

<<< Léo Burckart, Acte I

<<< Léo Burckart, Acte II

<<< Léo Burckart, Acte III

<<< Léo Burckart, Acte IV

<<< Léo Burckart, Acte V

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LÉO BURCKART

APPENDICE.

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LES UNIVERSITÉS D’ALLEMAGNE.

Les peuples les plus sages de l’antiquité et des temps modernes ont toujours consacré une attention spéciale à l’éducation, et ont donné le plus large développement à cette haute question d’intérêt social. Mais de nos jours, où la science n’a pas acquis la puissance de l’enseignement populaire, où les professeurs oublient pour la plupart leur mission sociale, la pédagogie s’est couverte de la poussière des écoles, et a pris les couleurs du ridicule et du pédantisme. Les Allemands sont nés pédagogues, quoiqu’ils aient abandonné pour le moment cette gloire et paraissent l’avoir léguée aux Français, qui savent très-bien apprécier et employer l’influence que les mœurs et la civilisation françaises exercent sur la culture intellectuelle des nations. Patience, persévérance, amour, austérité, fidélité ; en un mot, toutes les qualités nécessaires à une occupation si grave que celle de l’éducation, sont particulières au caractère allemand à un degré supérieur. La pédagogie est une science favorite des savants d’au-delà du Rhin ; les méthodes et les ouvrages d’éducation les plus célèbres proviennent des Allemands, et leurs écrivains les plus illustres, tels que Herder, Fichte, Jean-Paul, ont voué leurs méditations à ce sujet important, que Goëthe lui-même a daigné traiter dans son dernier roman.

En effet, l’occupation d’apprendre et d’enseigner, sèche et prosaïque en elle-même, est entourée en Allemagne d’une lueur poétique, qui brille également pour les basses et les hautes classes de la société : il n’y a que les pauvres paysans qui ne participent point aux bienfaits d’une éducation particulière. Pour la bourgeoisie l’étude prend déjà une couleur agréable ; les voyages obligatoires des ouvriers et les anciennes coutumes du moyen âge sont les dédommagements heureux mis par la Providence au début de la vie industrielle. Les jouissances deviennent plus poétiques et plus nombreuses pour les classes plus élevées, qui doivent leur éducation aux universités. Il n’est pas pour l’Allemand de moment plus heureux que celui où, sortant de l’adolescence, il ouvre son esprit et son âme aux premières impressions de la science et de la vie d’étudiant, du Burschenleben, comme on dit là-bas, dont les charmes enivrants gonflent le cœur de la jeunesse et exaltent l’imagination du vieillard. La poésie, dont s’est revêtue l’éducation des Allemands qui apprennent un métier ou qui veulent entrer dans le service de l’état, a créé ainsi deux espèces d’hommes, les compagnons et les étudiants, qui renferment tout ce qu’il y a encore d’original dans la vie germanique. Nous choisissons ici, pour caractériser les étudians allemands, les traits qui nous ont le plus frappé et nous semblent les plus dignes de la curiosité publique.

L’étudiant d’Allemagne (le Student ou plutôt le Bursch) est un individu à part. Il réunit en lui les différentes phases de la civilisation de tous les siècles qui se sont écoulés depuis la fondation des universités jusqu’à nos jours. Le moyen âge et le siècle de chevalerie lui ont légué l’esprit de caste et les penchants pour les femmes, les armes, les chansons, les chiens et les chevaux ; la réforme de Luther lui a appris la haine de la discipline, l’étude de la théologie, le doute et le goût des controverses ; les seizième et dix-septième siècles lui ont légué la rudesse ; du dix-huitième il a pris les calembours et la débauche ; avec la révolution française il s’est fait jacobin et cordelier ; sous Napoléon, il est devenu soldat brave et glorieux ; pendant la restauration il s’est affilié aux associations secrètes, et s’est inféodé l’habitude de la pipe et de la bière ; après la grande semaine de 1830 il a dirigé les émeutes et a fait la propagande des rues ; actuellement il est muselé, et ne ressemble pas mal aux héros du boulevard de Gand.

L’étudiant commence sa vie par la jouissance d’une liberté illimitée qui le transporte. Dans les petites villes d’universités, telles que Iéna, Gœttingue, Heidelberg, Halle, Erlangen, il est roi absolu ; la foule des philistins (1) rampe à ses pieds et se prosterne devant la majesté de son formidable nom. C’est lui qui anime ces petites villes d’Allemagne, images vivantes de l’ennui mortel ; c’est lui qui boit le vin de Champagne de ces hôtelleries désertes, c’est lui qui fait des présents aux jolies filles des bourgeois et leur apprend les manières de la bonne société.

Il va sans dire que l’étudiant allemand a un crédit immense dans la ville et ses environs. Quand il reçoit, au commencement du mois ou du semestre, ses lettres de change, il jette l’or à pleines mains, paie ses dettes, et dépense le reste avec ses frères d’université dans ces banquets bruyants et affectueux, où l’on chante à gorge déployée et où le vin coule à flots. Le lendemain de l’orgie l’amphitryon n’a plus le sou ; mais qu’importe ! le propriétaire de la maison, le soi-disant Hausphilister, doit lui faire Pump, c’est-à-dire lui donner à crédit tout ce qu’il lui faut, du tabac, du café, de l’encre et du papier ; le maître d’hôtel, le Kneipphilister, lui fait crédit aussi longtemps qu’il lui plaira ; la blanchisseuse se laisse satisfaire par quelques mots flatteurs ; le tailleur et le bottier sont renvoyés au mois prochain avec des promesses ou des coups de cravache, car l’étudiant se fâche facilement, et s’empresse de mettre à la porte chaque créancier qui a l’impudence de lui présenter deux fois la note : il sait trop bien que ces gens, qu’il appelle Tittphilister, ne sont pas habitués à un meilleur traitement, et qu’ils ne peuvent aller porter plainte devant les tribunaux de la ville ; les lois universitaires défendent aux bourgeois de faire crédit aux jeunes gens. Aussi l’étudiant trouve toujours de quoi continuer sa vie insouciante. En conséquence il s’abandonne avec toute l’ardeur de la jeunesse à ses passions, à ses caprices : il fume, il boit, il monte à cheval, il donne l’aumône aux pauvres, il jette de la monnaie aux gamins et aux petites filles, auxquels il a donné les noms pittoresques de Geyer (vautours) et Geyerweible (petites maîtresses de vautours) ; il coudoie en passant les ouvriers, qu’il appelle Knoten ; il sort des salons resplendissants de richesses et de beautés pour aller entonner dans une guinguette sale ses joyeuses chansons, et il travaille à son heure, à sa guise, et goûte avec ses compagnons d’étude tous les plaisirs de la science et de l’amitié.

Tous les étudiants allemands sont égaux. Le fils d’un comte oublie ses blasons et son château, et demande à être immatriculé dans une université pour s’enivrer avec le fils d’un corroyeur. Un tutoiement général ôte toute différence d’âge et de naissance, et répand ce ton audacieux et cette fierté d’esprit qui sont les traits caractéristiques d’un étudiant. C’est la seule époque de sa vie où l’Allemand renonce à ses idées étroites sur le respect dû aux princes et aux puissants de la terre. L’étudiant lui-même est le grand seigneur, exempt de toute contrainte et supérieur à tous. Dans les cieux il y a Dieu père, Dieu fils et le Saint-Esprit ; viennent après les archanges, les anges, les têtes d’anges avec des ailes, les saints et les âmes pieuses. Selon les idées d’un étudiant allemand, le même ordre doit régner sur la terre : d’abord l’étudiant, l’étudiant encore, et l’étudiant pour la troisième fois ; ne se présente ensuite longtemps rien ; suivent enfin les philistins, c’est-à-dire les rois, les princes du sang, la haute et basse noblesse, les bourgeois, les manans et la canaille.

En 1827, je me trouvai aux eaux de mer de Dobberan (2). Un jour nous étions à table dans la grande salle des étrangers, où se réunit tous les ans une grande partie de la plus haute noblesse du nord de l’Allemagne. On comptait parmi les hôtes le prince régnant du pays, le grand-duc de Mecklembourg-Schwerin. Au dessert, la conversation de la société prit tout d’un coup un ton plus franc et plus bruyant qu’à l’ordinaire, provoqué surtout par deux étudiants de Iéna, qui faisaient sauter les bouchons de Champagne vers le plafond de la salle, et amusaient par leur gaîté extraordinaire les nobles baigneurs. Une jeune fille vint chanter des chansons populaires, et les deux fils des Muses applaudissaient hautement la prima don[n]a du carrefour. Lorsque la jolie musicienne fit le tour de la table pour recueillir les offrandes, elle présenta avec une révérence profonde son assiette au grand-duc. Le prince se mit à rire. « Ce jeune homme là-bas, ma fille, dit-il à la chanteuse en lui signalant celui des deux étudiants qui était le plus gai, paiera pour moi. » La jeune fille présente son assiette au caissier indiqué par son altesse royalee qui sans hésiter tire sa bourse, et en jetant deux frédérics d’or à la musicienne : « Voilà, s’écria-t-il, de l’or pour moi ! » et en ajoutant deux sous : « Voilà de la monnaie pour le grand-duc ! » Toute la société fut stupéfaite ; mais, par cette conduite, l’étudiant gagna les bonnes grâces du grand-duc et ses frais de voyage.

Il n’y a pas seulement pour l’étudiant allemand l’indépendance individuelle, mais la solidarité du compagnonnage. Les étudiants forment entre eux comme un réseau de petites républiques, qui ont leur discipline, leur hiérarchie, leurs mœurs, leur argot et leur histoire intérieure. Les deux associations les plus répandues dans les universités d’Allemagne sont les Burchenschaften et les Landsmannschaften. Ces dernières sont formées par les jeunes gens de la même province ; aux premières sont admis les étudiants de toutes les parties de l’Allemagne. Chacune de ces corporations a une charte, qui indique le but et contient les lois de l’organisation intérieure. Tous les membres de l’université reconnaissent en outre un code général, dit Comment, d’après lequel se règlent les affaires des étudiants entre eux et avec les bourgeois, et où se trouvent définies les lois sur le duel, valables pour tous ceux qui veulent être regardés comme Burschen.

Les Landsmanschaften sont institués seulement dans un but d’amusement et de défense communs. A la tête sont placés un sénieur, un consénieur et deux chargés d’affaires. Tous les étudiants honorent et respectent ces hauts dignitaires, qui peuvent tenter plus que les autres ; ils sont ordinairement les plus riches et les plus vaillants de la corporation ; ils dépensent beaucoup et boivent encore plus ; ils sont les plus forts à chercher des querelles et à blesser leur adversaire dans un combat particulier ; en un mot, pour parler le langage académique de l’Allemagne, ils savent mordre dans quelque chose (etwas herausbeissen). Les grands dignitaires dans toutes les Landsmannschaften forment la convention des sénieurs (Seniorenconvent), tribunal suprême, qui veille spécialement sur l’honneur de toutes les associations et accommode leurs différends mutuels.

Les membres de ces sociétés d’étudiants, se sentant plus forts par le grand nombre, regardent d’un air hautain tous ceux qui ne font partie d’aucune association : ils donnent à ces derniers les jolis noms de Kameele (chameaux) et de Finken (pinçons) ; ils les appellent également, avec moins de décence que de vérité, Nachttopfe (pots de chambre) et Nachstühle (chaises percées). Il n’est point permis aux écoliers de collège, Froschen (grenouilles), de prendre part à la réunion des Burschen ; l’honneur et l’orgueil académiques le défendent, il n’y a que les Maulesel (mulets) (on a appelé ainsi tous ceux qui, sortis du collège, ne sont pas encore immatriculés dans une université) ; il n’y a que les Maulesel, dis-je, qui sont assez heureux pour être reçus dans une société d’étudiants. Le mulet immatriculé devi[e]nt renard (Fuchs), et choisit comme tel une association qui lui fasse l’honneur de le compter parmi ses membres. Après six mois le renard est déclaré renard brûlé (Brandfuchs), lequel grade lui est déféré dans une réunion solennelle, où il doit se soumettre à une foule de cérémonies, les unes plus bizarres que les autres, et où un étudiant, en costume de perruquier, frise ses cheveux. La seconde année de ses études, le renard brûlé arrive au grade de Jungbursch ; au commencement de la troisième année, le Jungbursch reçoit les titres d’Altbursch, d’altes Haus (vieille maison) ou de bemoostes Haus (maison moussue). Les autres années de ses études la vieille maison moussue s’appelle renard d’or (Goldfuchs), et, ayant dans sa poche les attestats des cours qu’il a suivis et de bonne conduite et d’application, il rentre dans ses foyers paternels, devient Philister et tombe de toute la hauteur de ses dignités qui s’écroulent.

Voilà le cercle des transformations que le Bursch allemand est obligé de parcourir pour jouir de toute la somme de bonheur et d’émotions vives de la véritable vie d’étudiant. Cependant le début de cette carrière n’est pas sans amertume. Le Fuchs n’est admis à tant de jouissances et de libertés qu’après un grand nombre d’épreuves ; il joue au milieu de ses confrères d’association le rôle du conscrit parmi les vieilles moustaches. La vie d’un étudiant allemand nouvellement débarqué dans une université n’est qu’une longue orgie. Dès la huitième heure du matin il sort de son logis pour se rendre avec ses amis dans un café-estaminet, où il boit et fume jusqu’au moment de suivre un cours de logique, qui se fait gratis ou se paie tout au plus dix francs. Cela est indispensable pour se conformer aux lois académiques et pour ne pas être relégué de l’université, pigritiœ causa, comme il se dit dans les certificats. Une heure avant le dîner est consacrée à l’escrime ; le renard comme il faut ne néglige jamais d’aller tous les jours à la salle d’armes publique. A midi un mauvais repas vient suspendre ses travaux de corps et d’esprit. Après le dîner il joue aux cartes, au billard, ou se promène à cheval avec le sénieur, et après la cavalcade, dont il paie naturellement tous les frais, il rentre dans son estaminet, d’où il ne sort que pour se permettre avant le souper le plaisir d’une conversation graveleuse avec la demoiselle de comptoir d’une pâtisserie voisine. Après le souper il remplit son sac à tabac, et se hâte d’arriver le premier dans la grande salle de l’hôtel où se réunissent tous les soirs les membres de la même association. Chaque Landsmannschaft a loué une salle particulière, et l’hôtel où elle se trouve est connu sous le nom singulier de Commerzhaus (maison de commerce). Chaque association a son Commerzstag régulier, diète d’ivrognerie officielle, où l’on doit s’enivrer en grand, tandis qu’on ne fait chaque jour que s’enivrer en détail dans les cabarets protégés par les affiliés et appelés Exkneipen.

Revenons au renard, pour lequel la soirée est encore un moment de réjouissance et de fatigues. Là, au milieu de ses confrères plus vieux, notre renard, content de lui-même et de sa journée, est obligé de boire au moins six bouteilles de bière et quatre petits verres. Toutes les fois que le sénieur ou une maison moussue l’invite à boire une certaine quantité de bière, il faut qu’il se lève, ôte sa casquette, et porte en buvant le toast de la corporation. Il est inutile de dire qu’il fournit pendant toute la soirée du tabac aux vieilles têtes et qu’il fait venir à minuit un bol de punch. Enfin, après des libations abondantes, il va en chancelant chercher un sommeil qui lui permette de recommencer le lendemain les joies et les peines de cette vie de renard.

Il se réveille le matin avec ce malaise moral et physique que l’étudiant allemand caractérise si bien sous le nom de Katzenjammer (misère de chats). Mais il n’a pas le temps de faire de tristes réflexions : les jeunes Burschen sont déjà là pour aller déjeuner avec lui.

La vie du renard s’agite ainsi pendant toute une année dans la même sphère, c’est-à-dire celle des tavernes, de la salle d’armes et de la place publique. Le costume du renard est assez pittoresque. Il est vêtu d’une redingote à la polonaise : il a la tête couverte d’une casquette aux couleurs de la Landsmannschaft dont il fait partie, et les pieds plongés dans de grandes bottes éperonnées à la manière des postillons, et qui ne ressemblent pas mal aux seaux dont se servent les pompiers allemands pour éteindre le feu. Le renard, en se promenant dans les rues, siffle ou fredonne presque toujours l’air d’une chanson d’étudiant ; il salue en passant toutes les bonnes et toutes les jolies demoiselles de la ville, qu’il appelle les Besen (balais) ; dans sa main droite il brandit une grosse canne ferrée, avec laquelle il frappe sans cesse le pavé pour en faire sortir des étincelles ; sa main gauche est armée d’une longue pipe, de laquelle descendent les houppes tricolores de son pays ; il est suivi d’un grand chien, qui s’appelle ordinairement Ajax ou Hannibal.

Il faut s’étonner de la persévérance du renard. Après avoir subi les lois d’une association, sacrifié sa santé et son argent, rempli avec exactitude toutes les formalités voulues, usé son temps dans des pratiques ridicules (quand elles n’étaient rien de pis), vécu dans la crapule et la grossièreté ; après avoir appris à manier adroitement le fleuret, à boire une belle main (eine gute Handschrift zu saufen), à mépriser souverainement les philistins, et n’avoir de rapport avec eux que pour les battre ou en obtenir du crédit, le renard ,’est pas encore un membre d’association, un Corpsbursch ; il n’est qu’un Renonce, c’est-à-dire qu’il est placé sous la sauvegarde de la société, mais qu’il renonce encore à certains droits et bienfaits de l’association, tels que porter un cartel à un adversaire, être élu sénieur, etc. En tout cas, il est un renard comme il faut, et le Corpsbursch conçoit les espérances les plus fondées qu’il deviendra un jour un flotter Bursch (étudiant pur-sang). Une vieille maison le déclare son Leibfuchs (renard favori), et le montre avec orgueil aux autres renards, qui lui répondent par une noble émulation ; combats féconds en progrès pour l’art de boire, de ferrailler et de boire encore.

Suivrons-nous aussi le renard sur le terrain, où il doit paraître au moins trois fois par trimestre pour n’être pas accusé de lâcheté ? Assisterons-nous avec lui à ce festin appelé, d’après son nom, commerce de renards (Fuchscommerz), qui a lieu, avec la permission des autorités académiques, à la rentrée des écoles ? Les ordonnateurs de ces fêtes se font traîner d’une extrémité de la ville à l’autre à grand renfort de chevaux de poste. La nuit, ils se font ouvrir les portes de la salle, où ils vont présider, en habits de cérémonie, une fête nouvelle. La foule s’y installe ; elle y plante la bannière de souveraineté académique, et y règne. Arrière la froide bière ! arrière la querelle insipide ! arrière la chanson populaire ! Place, place au commerce des renards ! il a son drame à lui, l’orgie ; sa chanson à lui, le Landesvater.

Il y a dans le commerce de renards une attitude particulière, qui rappelle le désordre de Shakespeare et les rêves éveillés d’Hoffmann. Voyez le Fuchscommerz tourbillonner comme un derviche en délire de dévotion ; tantôt il se laisse bercer aux modulations de la musique, tantôt il se déchaîne en clameurs, tantôt il chante avec une surprenante harmonie. La salle est un enfer : les murs s’animent au bruit de la chaude conversation ; les planches résonnent ; les lustres tournent ; la fumée de tabac manque d’éteindre les lumières ; les corps se détendent par le grog ; les convives soulèvent des torrents de poussière et d’obscénités, et ne s’arrêtent que lorsque le jour vient.

Le lendemain de cette nuit d’ivresse, le renard est jeune Bursch, et devient comme tel le libre arbitre de son temps et de ses dépenses : il peut initier à son tour les nouveaux renards dans les charmes secrets de la licence académique, car le jeune Bursch travaille peu, boit beaucoup, se bat souvent et suit rarement un cours public. Le vieux Bursch rentre enfin en lui-même. « Je vais travailler comme un bœuf (ich wil ochsen), répond-il à ses frères, qui l’invitent à entonner avec eux leurs refrains en chœur ; il les quitte à regret, et va s’enfermer dans son cabinet, d’où il ne sort que pour voir si les renards fréquentent avec ardeur la salle d’armes et la maison de commerce. Un air grave et taciturne, une épaisse moustache et de larges cicatrices sont les traits distinctifs de la physionomie d’un étudiant vieille maison ; il avale son schoppen de bière tout d’un trait, et fait le grognard envers les renards, auxquels il envie la gaieté folle et bruyante ; il pense avec horreur à son examen qui s’approche, et devant lui apparaît dans toute sa laideur la vie du philistin, le Philisterium, qu’il ne regarde, pour citer ipsissima verba, que comme une longue misère des chats. Il y a cependant des vieilles maisons qui ne pensent guère à l’avenir, et continuent à mener le train des renards pendant toute la durée de leurs études. Le seul inconvénient de cette vie est que le jeune homme, après tant de jouissances et de liberté, trouve la carrière bourgeoise trop amère, et d’autant plus douloureuse qu’il n’y apporte ni connaissances, ni habitudes de travail, et se voit ainsi dans la triste nécessité de devoir sa place à la protection de ses parents, et de se faire le serviteur le plus obéissant du gouvernement.

On conçoit bien quelle influence ces associations d’étudiants doivent exercer sur les petites villes d’universités, sur leurs autorités et sur leurs habitants. Toutes les fois qu’elles croient flétri l’honneur académique, elles se lèvent comme un seul homme, et demandent satisfaction ou vengeance. Malheur au bourgeois qui se permet des injures envers un Corpsbursch ; celui-ci va dénoncer le philistin insolent à la convention des sénieurs, qui, après avoir entendu la défense du propriétaire accusé, prononce une déclaration de discrédit, le Verruf. Les locataires donnent congé, et si quelques chameaux osent rester à l’hôtel, on charivarise tous les soirs ces paisibles habitants. Le bourgeois épouvanté et presque ruiné, car chaque locataire est libre de payer ses dettes à un philistin discrédité ou non ; le bourgeois, dis-je, s’empresse de faire amende honorable devant la convention des sénieurs, et le discrédit est annulé.

A l’occasion de ces démélés des étudiants et des bourgeois, les autorités académiques osent rarement employer les mesures de la police générale qui leur est confiée, elles se contentent d’y envoyer deux agents de l’université, pour signaler au sénat les noms des principaux moteurs de troubles, auxquels on inflige ordinairement la peine de huit ou quinze jours de Carcer, prison académique, la plus innocente des prisons.

Quelquefois, quand les étudiants ne parviennent pas à imposer leur autorité au sénat académique, les affaires prennent un caractère sombre, riant et bizarre à la fois. La convention des sénieurs se rassemble en séance solennelle, et, après avoir frappé de discrédit l’université tout entière, elle avise aux moyens de mettre en œuvre le verdict. Vers les dix heures du soir, une sourde agitation se fait sentir dans la ville : les philistins et les pinçons se demandent entre eux ce qu’il y aura ; ils n’y comprennent rien. À minuit, un hurlement sauvage jette l’épouvante parmi les bourgeois et les professeurs. Le cri terrible de « Burschen raus ! » (étudiants, sortez) retentit dans toutes les rues ; les réverbères tombent ; les habitants éteignent la lumière, à moins qu’ils ne veuillent avoir les fenêtres brisées ; les pots de chambre se cachent derrière les rideaux, et les Burschen s’arment de fleurets, de rapières, de grosses cannes surmontées de petites haches en fer, et se réunissent sur la place devant l’édifice de l’université, où se font les cours publics. Ici un délégué de la convention des sénieurs lit, à la lueur des torches et au milieu d’un profond silence, la sentence de discrédit, et invite tous les honorables citoyens académiques à quitter la ville, jusqu’à ce que la violation de l’honneur d’étudiants soit vengée.

Avec le lever du soleil, le déménagement général commence. Cette émigration d’étudiants présente une image unique en son genre, et rappelle la migration des peuplades germaniques, dont chacune y a envoyé ses représentants et ses couleurs nationales. Les uns sont en voiture ou à cheval ; les autres marchent à pied. Le teint pâle, l’œil fatigué, la toilette en désordre, les fils d’Apollon s’acheminent lentement vers les campagnes, et répandent la terreur parmi la population villageoise. C’est une mêlés d’hommes, de chiens, d’armes, de pipes, de chevaux et de voitures. Les habitants de la ville, dont les étudiants font toute la richesse, s’empressent de suivre ce joyeux cortège ; les décrotteurs, les soi-disant Stiefelwischer, espèce de factotum des étudiants allemands, les blanchisseuses, les tailleurs, les maîtres d’hôtel, s’efforcent d’atteindre les fuyards. Dans un village à quatre lieues de la ville, on fait halte pour se récréer. La provision de pain, de beurre, de viande, de tabac, d’eau-de-vie et d’autres nécessités journalières est bien vite épuisée. Un sourd mécontentement se manifeste déjà parmi les émigrés, lorsque arrivent heureusement les professeurs pour parlementer. Le sénat académique promet par ses fondés de pouvoir une amnistie générale, un bill d’impunité pour tous ; la convention des sénieurs lève le discrédit, et les émigrés rentrent dans la ville. C’est ainsi que se sont passées les émigrations des étudiants de Gœttingue en 1823, de Halle en 1827, et de Heidelberg en 1830.

Il arrive même que les étudiants entreprennent le siège d’une ville entière. En 1831, ceux d’Iéna ont opéré la conquête de Blankenbourg, parce que le bourgmestre avait eu l’impudence de mettre à la porte deux étudiants ivres, qui troublaient par leur conduite un bal privé.

Un grand inconvénient de cette liberté académique est de développer chez les Allemands l’amour de la bière : ils laissent la politique se faire toute seule ou l’attendent à sa maturité, et ne songent pour le moment qu’à jouir de tout ce que Dieu a donné à l’homme sur la terre ; ils aiment avant tout la bière, la boisson de leurs aïeux. La bière est assurément une invention divine ; mais l’étudiant d’Allemagne use et abuse au-delà de toute satiété de ce don céleste. A Munich, j’ai connu des jeunes gens qui buvaient pendant la soirée, horribile dictu ! une quinzaine de litres de bière. Dans quelques universités ils y a des soi-disant Bierstaaten (États de bière), où est élu prince celui qui est le plus fort des buveurs. Les fameux États de bière étaient, il y a quatre ans ceux de Iéna et de Halle. L’empereur de Zwætzen et le prince régnant de Passendorf avaient une cour complète et exerçaient un pouvoir absolu. Chacun d’eux comptait une douzaine de titres et deux cents sujets : ils subventionnaient une gazette de cour et un historiographe de leurs exploits en fait de consommation de bière ; ils publiaient des ordonnances signées « Moi, le roi », distribuaient des croix d’honneur, imposaient à leurs sujets des contributions de bière ; en un mot, parodiaient d’une manière aussi gaie que spirituelle les grandeurs humaines. L’empereur de Zwætsen et le prince souverain de Passendorf avaient conclu entre eux une alliance offensive et défensive. En 1831, les augustes familles se lièrent encore plus intimement par le mariage du prince héréditaire de Passendorf et de la princesse impériale, dont la dot fut donnée en différentes sortes de bières étrangères. Ces deux puissants monarques résidaient pendant l’hiver à la ville et pendant l’été à la campagne. S’il arrivait que les caves de la monarchie fussent vides et celles de l’hôtellerie mal garnies, ses [sic] majestés ordonnaient une croisade dans un pays inconnu pour découvrir une bière meilleure, ou, pour parler comme un étudiant, une étoffe meilleure. Dans ces occasions, la royauté fut ordinairement prise par un maître d’hôtel barbare, qui ne voulait guère donner crédit. Le monarque prisonnier expédia alors à la hâte des courriers, qui devaient faire appel à ses fidèles sujets restés en ville. Comme professeurs des sciences inconnues et à découvrir, et comme humble vassal, j’ai déposé trois fois pendant une semaine aux marches du trône légitime le tribut de mes devoirs. Pour cela, il est vrai, j’avais le plaisir de faire sortir mon roi d’une captivité ignominieuse pour l’honneur national, et de le saluer à sa rentrée dans la ville, que faisait sa majesté assise sur un âne, et accompagnée des acclamations unanimes de la populace.

(1) Philistin ou Philister, synonyme de bourgeois, surtout dans l’acception que nos artistes donnent à ce mot.

(2) Cette description des universités allemandes est de m. Kollot.

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